5 janvier 2015 Dénombrement I Ensembles I.A La notion d’ensemble On ne donnera pas la définition mathématique, mais plutôt une définition intuitive de ce qu’est un ensemble. Il s’agit d’une « collection d’objets » mathématiques à laquelle peut appartenir (ou non) un objet donné. Lorsque x appartient à l’ensemble E , on note x ∈ E et on dit que x est un élément de E . Dans le cas contraire, on note x ∈/ E . Exemple 1 : On peut définir un ensemble E par les méthodes suivantes : 1. En énonçant un à un les éléments entre des accolades. Par exemple, E 1 = {A, B,C , D}, E 2 = {vert,rouge}, E 3 = {1, 2, 3, . . . , 12}, N = {0, 1, 2, . . . , n, . . .}. Ces définitions sont dites par extension. 2. Par une liste de règles (axiomes). C’est par une définition de ce type que l’on construit N (axiomatique de Péano), et qu’on en déduit la construction des ensembles Z, Q, R et C. 3. À l’aide d’un ensemble de référence E 0 et d’un prédicat P (x). Ces définitions sont dites en compréhension. E = {x ∈ E 0 / P (x)} signifie que x ∈ E si et seulement si x ∈ E 0 et P (x) est vrai. Par exemple E = {n ∈ N/2n + 1 est premier }. Alors 2 ∈ E , mais 3 ∈/ E . On ne peut pas énumérer tous les éléments de E , mais on peut vérifier l’appartenance d’un entier à cet ensemble. I.B Parties d’un ensemble Définition 1 Si E et F sont deux ensembles, on dit que F est un sous-ensemble (ou une partie) de E , ou que F est inclus dans E , si tout élément de F est un élément de E . Notation : F ⊂ E . De manière usuelle, on écrit : — — — — — E = F si E ⊂ F et F ⊂ E (C’est la double inclusion, qui est utilisée pour démontrer l’égalité de deux ensembles) F Ú E si F ⊂ E et F 6= E . ; l’ensemble vide défini par ; ⊂ E et ∀x ∈ E , x ∈/ ;. {a} un ensemble ne contenant qu’un élément a (on l’appelle un singleton). P (E ) l’ensemble des parties de E . Par exemple, si E = {1, 2},l’ensemble des parties de E est l’ensemble P (E ) = {;, {1}, {2}, {1, 2}}. Remarque 1 : F ⊂/ E si ∃x ∈ F, x ∈/ E . Proposition 1 Soient E , F,G trois ensembles. On a : (i) ; ⊂ E (ii) E ⊂ E (iii) (E ⊂ F et F ⊂ G) ⇒ E ⊂ G Démonstration. (i) C’est évident par définition de l’ensemble vide. (ii) C’est également évident car ∀x ∈ E , x ∈ E. (iii) Soit x ∈ E, alors comme E ⊂ F , on a x ∈ F . De plus, comme F ⊂ G, on a x ∈ G. Donc E ⊂ G. Lycée Jean Perrin 2013/2014 1 / 19 I.C Opérations sur les parties d’un ensemble 5 janvier 2015 I.C Opérations sur les parties d’un ensemble Définition 2 Soient E un ensemble et A et B deux sous ensembles de E . On définit, à partir de A et B, les parties suivantes de E: • • • • A ∪ B = {x ∈ E , x ∈ A ou x ∈ B}, appelé réunion des ensembles A et B. A ∩ B = {x ∈ E , x ∈ A et x ∈ B}, appelé intersection des ensembles A et B. A \ B = {x ∈ E , x ∈ A et x ∈/ B}, appelé différence A moins B. ∁E A = E \ A le complémentaire de A dans E . Noté aussi Ā. E A ∁E A A B B A A ∪B A ∩B Définition 3 Deux parties A et B de E sont dites disjointes si A ∩ B = ;. Proposition 2 Propriétés des opérations sur les ensembles : Soient E un ensemble et A, B et C des sous ensembles de E . b) ∁E E = ; ¡ ¢ c) ∁E ∁E A = A 1. Avec la réunion : a) A ∪ ; = ; ∪ A = A b) A ∪ A = A 4. Les lois de Morgan : c) A ∪ E = E a) ∁E (A ∪ B) = (∁E A) ∩ (∁E B) d) A ∪ B = B ∪ A b) ∁E (A ∩ B) = (∁E A) ∪ (∁E B) e) (A ∪ B) ∪ C = A ∪ (B ∪ C ) 5. Union et intersection : f) A ∪ B = A ⇔ B ⊂ A a) A ∩ (B ∪ C ) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C ) 2. Avec l’intersection : (distributivité de ∩ par rapport à ∪). a) A ∩ ; = ; ∩ A = ; b) A ∪ (B ∩ C ) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C ) b) A ∩ A = A (distributivité de ∪ par rapport à ∩). c) A ∩ E = A c) A ∩ (A ∪ B) = A ∪ (A ∩ B) = A d) A ∩ B = B ∩ A 6. Différence : e) (A ∩ B) ∩ C = A ∩ (B ∩ C ) a) A \ B = ; ⇔ A ⊂ B f) A ∩ B = A ⇔ A ⊂ B b) A \ ; = A 3. Avec le complémentaire : c) A \ B = A ∩ ∁E B = A \ (A ∩ B) a) ∁E ; = E Démonstration. Nous allons effectuer une démonstration partielle de ces propriétés. La démonstration des autres propriétés est similaire et pourra être faite à titre d’exercice : • Montrons d’abord directement par équivalences la propriété 4a). Soit x ∈ E, alors : x ∈ ∁E (A ∪ B ) ⇔ ⇔ ⇔ ⇔ Lycée Jean Perrin 2013/2014 non(x ∈ A ou x ∈ B ) non(x ∈ A)et non(x ∈ B ) x ∈ ∁E A et x ∈ ∁E B x ∈ (∁E A) ∩ (∁E B ) 2 / 19 I.D Ensembles produits 5 janvier 2015 • Montrons maintenant la propriété 5a). On veut montrer une égalité d’ensembles et pour cela, on va montrer les inclusions réciproques (ou double inclusion) : — A ∩ (B ∪C ) ⊂ (A ∩ B ) ∪ (A ∩C ) Soit x ∈ A ∩ (B ∪C ), alors x ∈ A et(x ∈ B ou x ∈ C ). 1er cas : x ∈ A et x ∈ B , alors x ∈ A ∩ B . 2ème cas : x ∈ A et x ∈ C , alors x ∈ A ∩C . En conclusion, x ∈ A ∩ B ou x ∈ A ∩C , donc x ∈ (A ∩ B ) ∪ (A ∩C ). — (A ∩ B ) ∪ (A ∩C ) ⊂ A ∩ (B ∪C ) Soit x ∈ (A ∩ B ) ∪ (A ∩C ), alors (x ∈ A ∩ B )ou(x ∈ A ∩C ). 1er cas : x ∈ A ∩ B , alors x ∈ A et x ∈ B , donc x ∈ A et x ∈ B ∪C . 2ème cas : x ∈ A ∩C , alors x ∈ A et x ∈ C , donc x ∈ A et x ∈ B ∪C . En conclusion, on a démontré que x ∈ A ∩ (B ∪C ). I.D Ensembles produits Définition 4 Soient E et F deux ensembles. On appelle ensemble produit de E et F , noté E × F , l’ensemble constitué des couples (x, y) où x ∈ E et y ∈ F . Exemple 2 : Si E = {A, B,C } et F = {1, 2}, alors : E × F = {(A, 1), (A, 2), (B, 1), (B, 2), (C , 1), (C , 2)} F E ×F 2 1 E A B C Définition 5 Soient E 1 , E 2 , . . . , E n des ensembles. On définit de même l’ensemble produit E 1 × E 2 × · · · × E n de ces ensembles, constitué des n-uplets (x1 , x2 , . . . , xn ) où xi ∈ E i pour tout entier i ∈ [[1, n]]. Remarque 2 : exemple. Lorsque E 1 = E 2 = . . . = E n = E , on note : E n = E × E × · · · × E comme on l’a déjà utilisé pour R2 par I.E Structure algébrique des ensembles Définition 6 On appelle loi de composition interne (ou opération) sur un ½ ensemble E une application ⊕ de E × E à valeurs E ×E → E dans E qui, à un couple (x, y), associe son image x ⊕ y. ⊕ : (x, y) 7→ x ⊕ y Exemple 3 : N × N est l’ensemble des couples de coordonnées (x, y), avec x et y des éléments de N. + est une opération sur l’ensemble N : l’image du couple (2, 3) est 2 + 3 = 5. × est également une opération sur l’ensemble N : l’image du couple (2, 3) est 2 × 3 = 6. Lycée Jean Perrin 2013/2014 3 / 19 I.E Structure algébrique des ensembles 5 janvier 2015 Définition 7 On appelle groupe un couple (G, ⊕), où G est un ensemble et ⊕ une loi de composition interne sur G vérifiant : 1. ⊕ est associative (c’est à dire que pour tout (a, b, c) ∈ G 3 , on a : (a ⊕ b) ⊕ c = a ⊕ (b ⊕ c)). 2. ⊕ possède un élément neutre (c’est à dire qu’il existe un élément e tel que ∀a ∈ G, a ⊕ e = e ⊕ a = a ) 3. Tout élément de G possède un symétrique pour la loi ⊕ (c’est à dire que ∀a ∈ G, ∃b ∈ G tel que a ⊕ b = b ⊕ a = e, et on note b = a −1 ou −a selon les groupes et les lois de composition). Si ∀(a, b) ∈ G 2 , on a : a ⊕ b = b ⊕ a, alors (G, ⊕) est un groupe commutatif (ou groupe abélien). Exemples 4 : — (Z, +),(Q, +),(Q∗ , ×),(R, +) et (R∗ , ×) sont des groupes commutatifs. Pour le groupe (R, +), l’élément neutre est 0 et le symétrique de a est noté −a (appelé opposé de a). Pour le 1 groupe (R∗ , ×), l’élément neutre est 1 et le symétrique de a est noté (appelé inverse de a). a — (N, +) et (Z∗ , ×) ne sont pas des groupes. On peut donner un exemple plus original et plus imagé de la notion de groupe si on considère l’ensemble des heures d’une pendule noté {0 = 12, 1, 2, 3, . . . , 11}, et muni de la loi d’addition + avec par exemple : 1+3 7+8 = = 4 15 = 3 On vérifie très facilement qu’il s’agit d’un groupe abélien (appelé en mathématiques Z/12Z) d’élément neutre 0, et où la notion de symétrique prend un sens géométrique. Le symétrique de 2 est 10... Définition 8 On appelle sous-groupe du groupe (G, ⊕) tout groupe (H , ⊕) contenu dans G (H est muni de la même loi que G). Remarque 3 : Ceci assure en particulier que ∀a, b ∈ H , a ⊕ b ∈ H , car ⊕ est également une loi interne pour H (on dit que H est stable par ⊕). Proposition 3 Soit (G, ⊕) un groupe, dont on note e l’élément neutre et a −1 le symétrique de a ∈ G, alors un ensemble H est un sous-groupe de G si et seulement si : (i) e ∈ H (ii) Si a ∈ H , alors a −1 ∈ H . (iii) Si a, b ∈ H , alors a ⊕ b ∈ H Dans l’exemple de la pendule, on peut par exemple vérifier que {0, 3, 6, 9} est un sous-groupe du groupe des heures. Définition 9 On appelle corps un triplet (K, ⊕, ⊗) vérifiant : 1. (K, ⊕) est un groupe commutatif. 2. (K∗ , ⊗) est un groupe. 3. ⊗ est distributive (à droite et à gauche) par rapport à ⊕. C’est à dire : ∀(x, y, z) ∈ K3 , x ⊗ (y ⊕ z) = x ⊗ y ⊕ x ⊗ z ∀(x, y, z) ∈ K3 , (x ⊕ y) ⊗ z = x ⊗ z ⊕ y ⊗ z De plus, ce corps est dit commutatif si (K∗ , ⊗) est un groupe commutatif. Lycée Jean Perrin 2013/2014 4 / 19 5 janvier 2015 Exemples 5 : (Q, +, ×) et (R, +, ×) sont des corps commutatifs. Exercice I.1 : 1. Montrer que l’ensemble C, muni des lois de composition + et × est un corps commutatif. 2. Montrer que l’ensemble (U, ×) des nombres complexes de module 1 est un sous-groupe de (C∗ , ×). 3. Montrer que l’ensemble (Un , ×) des racines n ièmes de l’unité est un sous-groupe de U. II Applications II.A Généralités On rappelle que f est une application d’un ensemble E vers un ensemble F si tout élément x de E admet une image notée f (x) dans F , et si cette image est unique. Autrement dit : ∀x ∈ E , ∃!y ∈ F tel que y = f (x) (! signifie unique) On note F (E , F ) l’ensemble des applications de l’ensemble E vers l’ensemble F . © ª On note Γ = (x, y) ∈ E × F, y = f (x) le graphe de l’application. Définition 10 Soit A ⊂ E . On appelle image de la partie A, le sous-ensemble de F noté f (A), par abus de langage, et défini par : f (A) = {y ∈ F , ∃x ∈ A tel que y = f (x)} C’est l’ensemble des images par f des éléments de la partie A. ’ Attention, f (A) n’est pas l’image d’un élément de E , mais le sous ensemble de F constitué des images des éléments de A. ½ N → N Exemple 6 : Soit l’application f : . n 7→ n + 1 On a par exemple f ({0, 1}) = {1, 2}, et f (N) = N∗ (car ∀n ∈ N∗ , n = f (n − 1) et 0 n’a pas d’antécédent par f dans N). Définition 11 Soit B ⊂ F . On appelle image réciproque de la partie B, le sous-ensemble de E noté f −1 (B), et défini par : f −1 (B) = {x ∈ E , f (x) ∈ B} C’est l’ensemble des antécédents par f des éléments de la partie B. Remarque 4 : Attention ! f −1 n’est pas une application en général ! Ne pas confondre image réciproque d’une partie par l’application f (celle-ci existe toujours) et application réciproque f −1 (qui n’existe que si f est bijective). Dans l’exemple suivant, f n’admet pas d’application réciproque sur R, mais R a une image réciproque par f (il s’agit de R). ½ R → R Exemple 7 : Considérons l’application f : x 7→ x 2 — — — — f −1 ({1}) = {−1; 1} car ∀x ∈ R, f (x) = 1 ⇔ x 2 = 1 ⇔ x = ±1. f −1 (R+ ) = R car ∀x ∈ R, f (x) = 1 ⇔ x 2 Ê 0 ⇔ x ∈ R. f −1 (R∗− ) = ; car l’inéquation f (x) < 0 n’a pas de solution dans R. p p De même, on a f −1 (R− ) = {0}, f −1 (R) = R et f −1 ([0, 2]) = [− 2, 2]. Lycée Jean Perrin 2013/2014 5 / 19 II.B Injections, surjections, bijections 5 janvier 2015 2 1 p − 2 p 0 2 Image réciproque de [0,2] II.B Injections, surjections, bijections II.B.1 Notion intuitive d’ensembles en bijection Deux ensembles E et F sont en bijection lorsque « tout élément de E est associé à un unique élément de F et que, de cette manière, tout élément de F se trouve associé à un unique élément de E ». Remarque 5 : Deux ensembles finis de même cardinal (i.e. avec le même nombre d’éléments) sont en bijection. • L’ensemble {a, b, c, d} est en bijection avec l’ensemble {α, β, γ, δ} (En définissant l’application a ↔ α, b ↔ β, c ↔ γ, d ↔ δ ou encore a ↔ β, b ↔ α, c ↔ δ, d ↔ γ, etc...) E a β c δ α b γ d F • Un ensemble composé de trois boules de couleurs différentes est en bijection avec l’ensemble {1, 2, 3} (on « numérote » les boules). 1 2 3 Exemples d’ensembles infinis en bijection En respectant la définition donnée, on peut établir que certains ensembles usuels sont en bijection. ½ N → N∗ — N et N∗ sont en bijection par la relation : f : (On a les associations 0 ↔ 1, 1 ↔ 2, 2 ↔ 3, . . . , n ↔ n 7→ n + 1 n + 1, . . .) — N et N × N sont en bijection. On a les associations : (0, 0) ↔ 0, (1, 0) ↔ 1, (0, 1) ↔ 2, (2, 0) ↔ 3, . . . N 18 9 1 0 5 8 2 4 7 11 0 1 1 3 6 10 N Bijection de N × N sur N (schéma) ½ N2 → N Une autre relation de bijection plus formelle est f : . (p, s) 7→ 2p (2s + 1) − 1 — N et Q sont en bijection. — R et R2 sont en bijections (il y a donc autant de points sur une droite que sur un plan). Exercice II.1 : Lycée Jean Perrin 2013/2014 Démontrer que les ensembles N et Z sont en bijection. 6 / 19 II.B Injections, surjections, bijections 5 janvier 2015 N n Solution. Il suffit de considérer la relation : n → 7→ 7→ Z n 2 n +1 − 2 si n est pair. si n est impair. Définition 12 Un ensemble en bijection avec N est dit dénombrable. On peut « indexer » ses éléments par les entiers naturels. Le cardinal d’un tel ensemble est noté ℵ0 Remarques 6 : • L’ensemble R n’est pas dénombrable. (résultat établi par Cantor en 1873, sa démonstration publiée en 1891 utilise l’argument aujourd’hui appelé « argument de la diagonale de Cantor »). Le cardinal d’un tel ensemble est noté ℵ1 • Hypothèse du continu formulée par Cantor, Cohen en 1963, démontre son indécidabilité dans le système axiomatique méthode de démonstration dite du forcing) • À quelles conditions deux ensembles E et F sont-ils en bijection ? : notion intuitive de surjection/injection. II.B.2 Applications injectives, surjectives, bijectives Définition 13 Soit f : E → F une application. On dit que f est injective (ou une injection) si tout élément de F a au plus un antécédent (par f ), ce qui s’énonce de la manière suivante : ∀x, x ′ ∈ E , f (x) = f (x ′ ) ⇒ x = x ′ ou de manière équivalente, par contraposée : ∀x, x ′ ∈ E , x 6= x ′ ⇒ f (x) 6= f (x ′ ) E F E Non injectif F Injectif Définition 14 Soit f : E → F une application. On dit que f est surjective (ou une surjection) si tout élément de F a au moins un antécédent (par f ), ce qui s’énonce : ∀y ∈ F, ∃x ∈ E , y = f (x) E F E Non surjectif (et injectif) Lycée Jean Perrin 2013/2014 7 / 19 F Surjectif (et non injectif) II.C Compléments sur les applications 5 janvier 2015 Définition 15 Soit f : E → F une application. On dit que f est bijective (ou une bijection) si tout élément de F a un et un seul antécédent (par f ), ce qui s’énonce de la manière suivante : ∀y ∈ F, ∃!x ∈ E , y = f (x) E F Bijectif (injectif et surjectif) Avec les définitions précédentes, on constate donc que f est bijective si et seulement si elle est injective et surjective. Remarque 7 : La propriété de surjectivité traduit l’existence d’un antécédent par f pour tout élément y de F . La propriété d’injectivité traduit l’unicité d’un éventuel antécédent de y. La propriété de bijectivité traduit donc l’existence et l’unicité d’un tel antécédent. Proposition 4 f : E → F est surjective si et seulement si f (E ) = F . Exercice II.2 : Discuter de l’injectivité et de la surjectivité des applications suivantes dans leur ensemble image : f : ½ i: ½ N n R x → 7 → N n +1 → 7→ l: R+ x2 ½ g: j: R θ → 7 → ½ ½ Z n → 7 → → 7 → N n C e iθ Z n +1 h: ½ N k: 2 n ½ C → m: z 7→ ½ Z n R+ x → 7 → → 7 → Z 2n + 3 R x2 C∗ ez II.C Compléments sur les applications II.C.1 Composée de deux applications et application réciproque On rappelle les définitions suivantes, déjà données dans les chapitres précédents pour des cas particuliers : 1. Si f : E → F et g : F → G sont deux applications, alors on définit la composée de f suivie de g par : g◦f : ½ E x → 7 → G g [ f (x)] 2. Si f : E → F est une application bijective, alors tout élément y de F a un unique antécédent x par f , et on définit l’application réciproque de f notée f −1 par f −1 (y) = x. On a alors : y = f (x) ⇔ x = f −1 (y) 3. L’application I dE : jective. Lycée Jean Perrin 2013/2014 ½ E x → 7 → E x est appelée application identique (ou identité) de E . Elle est trivialement bi- 8 / 19 II.C Compléments sur les applications 5 janvier 2015 Proposition 5 Soient f : E → F et g : F → G deux applications bijectives. 1. L’application I dE est bijective et I dE−1 = I dE . 2. f −1 ◦ f = I dE , et f ◦ f −1 = I dF 3. g ◦ f : E → G est bijective, et (g ◦ f )−1 = f −1 ◦ g −1 g◦f g f E F f G −1 g −1 (g ◦ f )−1 Exercice II.3 : Soit f : E → F une application : 1. Montrer que s’il existe g : F → E tel que g ◦ f = I dE , alors f est injective. 2. Montrer que s’il existe h : F → E tel que f ◦ h = I dF , alors f est surjective. 3. Montrer que si les deux conditions précédentes sont réunies, alors f est bijective et f −1 = g = h. Définition 16 On dit que l’application f : E → E est involutive (ou une involution) si f ◦ f = I dE . Si f est une involution, alors f est bijective et on a f −1 = f . 1. f : Exemples 8 : ( R∗ → R∗ 1 est une involution. x 7→ x II.C.2 Prolongement et restriction d’une application Définition 17 Soit f : E → F une application, et A une partie de E . On appelle restriction de f à la partie A, l’application notée f |A définie par : ½ A → F f |A : x 7→ f (x) D f |A = D f ∩ A. ½ R → R Exemple 9 : Soit f : . x 7→ |x| ½ ½ R− → R− R+ On a f |R− = −I dR− : et f |R+ = I dR+ : x 7→ −x x Remarque 8 : → 7→ R+ . x Définition 18 Soit f : E → F une application, et X un ensemble qui contient E (E ⊂ X ). On dit que l’application g : X → F est un prolongement de f si g |E est l’application f . En d’autres termes, g est un prolongement de f sur X si g coïncide avec f sur E . Exemple 10 : Lycée Jean Perrin 2013/2014 Soit f : ½ R+ x → 7→ R p x 9 / 19 5 janvier 2015 L’application : g1 : ½ Cf R x → 7 → pR |x| est un prolongement (continu) de f . R → pR x si x Ê 0 est aussi un prolongement (non continu) de f . x 7→ L’application g 2 : x 7→ −1 si x < 0 Remarque 9 : Dans la plupart des cas, on prolonge une fonction en un point seulement, qui se trouve hors de l’ensemble de définition, et de façon à ce que le prolongement soit continu (prolongement par continuité). III Ensembles finis, dénombrements Notation : On note [[1, n]] = ½ ; {1, 2, . . . , n} si n = 0 (par convention) si n Ê 1 III.A Définition d’un ensemble fini. Propriétés La plupart des théorèmes ££ de ce ¤¤ paragraphe sont relativement intuitifs et seront admis. En particulier, on admet que s’il existe une bijection de 1, p sur [[1, n]], alors p = n. Définition 19 On dit qu’un ensemble E non vide est fini à n éléments s’il existe une bijection de [[1, n]] sur E . n est appelé cardinal de E et noté n = card E . On convient que l’ensemble vide est fini et que card ; = 0. Exemples 11 : 1. [[1, n]] est un ensemble fini et card ([[1, n]]) = n (l’identité est alors une bijection qui convient). ££ ¤¤ ££ ¤¤ 2. p, q avec q Ê p est un ensemble fini, et card ( p, q ) = q − p + 1. ¤¤ ££ ¤¤ ½ ££ p, q → 1, q − p + 1 En effet, ϕ : est une application bijective k 7→ k −p +1 (à démontrer). Remarque 10 : La définition signifie qu’on peut « indexer » les éléments de E . Si E est fini et de cardinal n, il existe une bijection : ϕ: ½ [[1, n]] i → 7→ E ϕ(i ) = ai a1 , a2 , . . . , an sont les éléments de E . Théorème 1 Soit E un ensemble fini et F ⊂ E . Alors card F É card E . De plus, card F = card E si et seulement si F = E . Théorème 2 Soit E et F deux ensembles finis. (i) Il existe une injection de E dans F si et seulement si card E É card F . (ii) Il existe une surjection de E dans F si et seulement si card E Ê card F . (iii) Il existe une bijection de E dans F si et seulement si card E = card F . Lycée Jean Perrin 2013/2014 10 / 19 III.B Opérations sur les ensembles finis 5 janvier 2015 Démonstration. Ces deux théorèmes sont admis. Les points (i) et (ii) du théorème 2 sont connus sous le nom de « principe des tiroirs ». (i) S’il y a plus d’objets que de tiroirs, l’un des tiroirs contiendra nécessairement deux objets (i.e. si card E > card F , alors f : E → F ne peut pas être injective). E F (ii) S’il y a plus de tiroirs que d’objets, l’un des tiroirs ne contiendra nécessairement aucun objet (i.e. si card E < card F , alors f : E → F ne peut pas être surjective). E F Corollaire 2.1 Soient E et F deux ensembles de même cardinal. Alors toute application f : E → F injective (resp. surjective) est bijective. Démonstration. On suppose card E = card F = n : • Si f : E → F est injective, alors f : E → f (E) ⊂ F est bijective (car injective et surjective). Donc d’après le théorème 2, on a : card f (E) = card E = n = card F En résumé, on obtient ½ f (E) ⊂ F , d’où f (E) = F d’après le théorème 1. Donc f est surjective. card f (E) = card F • Si f : E → F est surjective, alors en notant f 1 , f 2 ,... , f n les éléments de F , on peut écrire : f 1 = f (e 1 ), f 2 = f (e 2 ),... , f n = f (e n ) où les ( f i )1Éi Én sont tous distincts car f est une application surjective. Les n éléments e 1 ,e 2 ,... ,e n de E étant distincts, on a {e 1 ,e 2 ,... ,e n } = E (car card E = n). Enfin, comme les images de e 1 ,e 2 ,... ,e n sont distinctes, alors f est bien injective. Ce théorème s’interprète encore à l’aide du principe des tiroirs. On suppose qu’il y a autant de tiroirs que d’objets : E F Si on affecte chaque objet à un tiroir vide, tous les tiroirs sont remplis (i.e. f injective ⇒ f surjective). Réciproquement, si tous les tiroirs sont remplis par au moins un objet, alors il ne peut y avoir deux objets dans même tiroir (i.e. f surjective ⇒ f injective). III.B Opérations sur les ensembles finis Théorème 3 Soient E et F deux ensembles finis. Alors E ∪ F est fini, et : card (E ∪ F ) = card E + card F − card (E ∩ F ) Si E et F sont disjoints on a card (E ∪ F ) = card E + card F . Lycée Jean Perrin 2013/2014 11 / 19 III.C Dénombrement des applications 5 janvier 2015 E F Interprétation : Si on additionne le nombre d’éléments de E et celui de F , on compte deux fois le nombre d’éléments de l’intersection. Corollaire 3.1 Si E 1 , . . . , E n sont disjoints, alors : card (E 1 ∪ E 2 ∪ . . . ∪ E n ) = card E 1 + card E 2 + . . . + card E n Théorème 4 Soient E et F deux ensembles finis. Alors E × F est fini, et : F E ×F y2 card (E × F ) = card E × card F y1 x1 Démonstration. Soit E = {x 1 ,... , x n }. Alors : x2 x3 E E × F = ({x 1 } × F ) ∪ ({x 2 } × F ) ∪ ... ∪ ({x n } × F ) Cette réunion étant disjointe, E × F est donc fini et : card (E × F ) = Or ∀k ∈ [[1,n]] , card ({x k } × F ) = card F , car : ϕ: est bijective. Finalement : card (E × F ) = n X ½ k=1 F y n X k=1 → 7→ card ({x k } × F ) {x k } × F (x k , y ) card F = n card F = card E × card F Corollaire 4.1 Si E est fini et n ∈ N∗ , alors E n est fini et card E n = ( card E )n . Exemple 12 : Pour E = {0, 1}n = {0, 1} × {0, 1} × · · · {0, 1}, alors card E = 2n . {z } | n fois Par exemple, {0, 1}3 = {(0, 0, 0), (0, 0, 1), (0, 1, 0), (0, 1, 1), (1, 0, 0), (1, 0, 1), (1, 1, 0), (1, 1, 1)} et on vérifie bien que card ({0, 1}3 ) = 8 = 23 . III.C Dénombrement des applications Rappel : On note F (E , F ), ou encore F E , l’ensemble des applications de E dans F . Théorème 5 Si E et F sont finis, alors F E est fini et : Lycée Jean Perrin 2013/2014 card F E = ( card F ) card E 12 / 19 III.D Arrangements 5 janvier 2015 Exemple 13 : On cherche les applications de E = {1, 2} dans F = {1, 2, 3}. Le dessin suivant représente le nombre d’applications possibles : Image de 1 Images possibles Image de 2 1 1 2 3 2 1 2 3 3 1 2 3 Tirages successifs avec remise. Ce problème pourrait aussi se reformuler comme recherche du nombre de possibilités de deux tirages successifs de 3 boules distinctes dans une urne avec remise (3 choix pour le premier tirage suivi de 3 choix pour le second). Il y a donc clairement 32 = 9 applications possibles, qui sont : ½ ½ ½ ½ ½ 1 7→ 1 1 7→ 1 1 7→ 1 1 7→ 2 1 7→ 2 ; ; ; ; ; 2 7→ 1 2 7→ 2 2 7→ 3 2 7→ 1 2 7→ 2 ½ 1 7→ 2 ; 2 7→ 3 ½ 1 7→ 3 ; 2 7→ 1 ½ 1 7→ 3 ; 2 7→ 2 ½ 1 7→ 3 2 7→ 3 On constate que le nombre d’applications est exactement le nombre d’éléments de l’ensemble F ce qui s’explique par le fait que l’application ½ E F → {1, 2, 3}2 f 7→ ( f (1), f (2)) card E = {1, 2, 3}2 , est bijective. Démonstration. Principe de la démonstration du théorème 5. On note p = card E, et E = {x 1 , x 2 ,... , x p }. Comme dans l’exemple précédent, on construit une application bijective (à démontrer) : ½ E F → Fp ϕ: f 7→ ( f (x 1 ),... , f (x p )) On en déduit alors, d’après le théorème 2 et le corollaire 4.1, que F E est fini et que : card F E = card (F p ) = ( card F )p = ( card F ) card E III.D Arrangements Définition 20 Soient n et p deux nombres entiers tels que p É n. On appelle arrangement de p éléments parmi n, une injection d’un ensemble E fini à p éléments dans un ensemble F fini à n éléments. Exemple 14 : On peut reprendre l’exemple précédent en cherchant le nombre d’arrangements de 2 éléments parmi 3, ce qui revient à compter le nombre d’injections de E = {1, 2} dans F = {1, 2, 3}. Le dessin suivant représente le nombre d’applications injectives possibles : Image de 1 1 Images possibles 2 3 Lycée Jean Perrin 2013/2014 13 / 19 Image de 2 2 3 1 3 1 2 III.D Arrangements 5 janvier 2015 C’est le même principe que pour le dénombrement des applications, mais il faut prendre garde à ne pas répéter deux fois la même image. Tirages successifs sans remise Ce problème pourrait aussi se reformuler comme recherche du nombre de possibilités de deux tirages successifs de 3 boules distinctes dans une urne sans remise (3 choix pour le premier tirage suivi de 2 choix pour le second). Il y a donc clairement 3 × 2 = 6 applications possibles, qui sont : ½ F 1 7→ 1 ; 2 7→ 2 ½ 1 7→ 1 ; 2 7→ 3 ½ 1 7→ 2 ; 2 7→ 1 ½ 1 7→ 2 ; 2 7→ 3 ½ 1 7→ 3 ; 2 7→ 1 ½ 1 7→ 3 ; 2 7→ 2 On constate que le nombre d’injections de E dans F correspond au nombre d’éléments (a, b) de l’ensemble = {1, 2, 3}2 avec a 6= b. On peut d’ailleurs écrire les arrangements de la manière suivante : card E (1, 2); (1, 3); (2, 1); (2, 3); (3, 1); (3, 2); Plus généralement, on peut utiliser cet exemple pour compter le nombre d’arrangements de p éléments parmi n. Il s’agit, de même, de choisir p éléments parmi les n éléments de F en leur assignant un numéro : Il y a n choix pour le premier élément, puis n − 1 pour le second et ainsi de suite. Soit en tout : n(n − 1)(n − 2) · · · (n − p + 1) choix possibles. Proposition 6 p Le nombre A n d’arrangements de p éléments parmi n est : p An Exercice III.1 : les décrire. = n! = n(n − 1) · · · (n − p + 1) (n − p)! 0 si 0 É p É n si p > n On note E = {1, 2}, E ′ = {1, 2, 3} et F = {a, b, c, d}. Donner le nombre d’arrangements de E dans F , et Par exemple, l’arrangement ½ 1 7→ a se notera (a, b). 2 7→ b Donner le nombre d’arrangements de E ′ dans F . On peut utiliser la proposition 6 pour compter le nombre de permutations d’un ensemble fini E à n éléments (bijections de E dans E ). On sait, d’après le corollaire 2.1, que pour toute application f de E dans E , on a f bijective si et seulement si f est injective. Donc compter le nombre de permutations de E revient à compter le nombre d’injections de E dans E . Il y a ainsi : n! A nn = = n! 0! permutations de E . Ce que résume le théorème suivant : Théorème 6 Si E est un ensemble fini de cardinal n, alors le nombre de permutations de E est n!. Exercice III.2 : Soit E = {1, 2, 3}. Donner la liste des permutations de E . Exercice III.3 : Combien y-a-t-il de podiums possibles dans un 100 m ? Solution. A 38 = 336 Lycée Jean Perrin 2013/2014 14 / 19 III.E Combinaisons 5 janvier 2015 III.E Combinaisons Définition 21 Soit E un ensemble fini à n éléments, et p un entier compris entre 0 et n. On appelle combinaison de p éléments de E , toute partie de E à p éléments. Exemple 15 : Si E = {a, b, c, d}, les combinaisons de 3 éléments de E sont {a, b, c}, {a, b, d}, {a, c, d} et {b, c, d}. Cela revient à un tirage simultané Dans l’exemple précédent, {b, c, d} est une combinaison de E = {a, b, c, d}, composée des différents arrangements (b, c, d), (b, d, c), (c, b, d), (c, d , b), (d, b, c) et (d, c, b), soit en tout 3! = 6 arrangements qui correspondent aux permutations de {b, c, d}, l’ordre ne comptant pas pour les combinaisons. De même, chacune des autres combinaisons contient 6 arrangements. Au total, on obtient tous les arrangements de 3 éléments parmi 4 : A 34 = (Nombre de combinaisons) × 6 Ce qui permet d’en déduire le : Nombre de combinaisons = A 34 6 = 4×3×2 =4 6 à De ! manière générale, on peut compter le nombre de combinaisons de p éléments d’un ensemble à n éléments, noté n p (anciennement noté : C n ) en utilisant le p principe du berger : à ! n p = Nombre total d’arrangements (⋆) Nombre d’arrangements par combinaison (⋆) = n! An = p! p!(n − p)! p (⋆) de p éléments dans un ensemble à n éléments. Remarque 11 : Le principe du berger s’appelle ainsi en raison de l’évidence suivante : Nombre de moutons = Nombre total de pattes Nombre de pattes par mouton Théorème 7 Le nombre de combinaisons de p éléments d’un ensemble à n éléments est : à ! n n! = p!(n − p)! p Proposition 7 (Formules très importantes) à ! à ! n n 1) Pour 0 É p É n, on a : = p n−p 2) Pour n Ê p + 1, on a : Lycée Jean Perrin 2013/2014 à ! à ! à ! n +1 n n = + p +1 p +1 p 15 / 19 III.E Combinaisons Remarque 12 : 5 janvier 2015 1) Il faut connaître sans hésiter les valeurs suivantes : à ! à ! à ! à ! n n n n = =n = = 1 et 1 n −1 0 n 2) La deuxième formule de la proposition à ! 7 est connue sous le nom de formule du triangle de Pascal. Elle permet de n calculer de proche en proche les , en les disposant de manière triangulaire : on construit un tableau où, pour p à ! n ` 0 É p É n, on place l’élément à la n i eme ligne et p i ème colonne : p ❍ ❍❍ p 0 n ❍❍ 0 1 2 3 4 5 .. . .. . 1 1 1 1 1 1 .. . 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 3 6 10 1 4 10 1 5 1 ··· .. p +1 p ··· . à ! n p n n +1 .. . à à n p +1 n +1 p +1 ! ! La première colonne et la diagonale ne contiennent que des 1, et chacun des autres éléments est obtenu en faisant la somme des éléments haut et haut-gauche. Démonstration. Les deux alinéas de la proposition 7 peuvent être démontrés de deux manières différentes : par un calcul direct ou bien d’un point de vue « ensembliste » (plus explicatif). Nous allons procéder selon les deux méthodes, en commençant par le calcul : 1) Pour la première égalité : à ! n p = = n! n! = p!(n − p)! (n − p)!p! à ! n! n = (n − p)!(n − (n − p))! n−p 2) Pour la seconde égalité : à ! à ! n n + p p +1 = = n! (p + 1)n! + (n − p)n! n! + = p!(n − p)! (p + 1)!(n − p − 1)! (p + 1)!(n − p)! à ! (n + 1)! n +1 (n + 1)n! = = (p + 1)!((n + 1) − (p + 1))! (p + 1)!((n + 1) − (p + 1))! p +1 Effectuons maintenant la démonstration de ces propriétés à l’aide des ensembles. Celle-ci pourra servir de référence pour ce type de raisonnement : 1) Soit E un ensemble à n éléments. L’ensemble P p (E) des parties de E à p éléments est en bijection avec l’ensemble P n−p (E) des parties de E à (n − p) éléments par l’application : ½ P p (E) → P n−p (E) ϕ: F 7→ ∁E F Donc ces deux ensembles ont même cardinal. Autrement dit, compter le nombre de parties de E à p éléments revient à compter le nombre de complémentaires de ces parties (qui sont les parties à (n − p) éléments). Par exemple, si E = {a,b,c,d }, les parties à 3 éléments de E sont {a,b,c},{a,b,d }, {a,c, d } et {b,c,d }, et leurs complémentaires respectifs sont {d },{c},{b} et {a}. à ! n +1 2) Soit E un ensemble à (n + 1) éléments. Par définition, le nombre de parties de E à (p + 1) éléments est . Comptons ce nombre d’une autre p +1 manière. On fixe x ∈ E. E est composé : à ! n — Des parties de E ne contenant pas x, soit un choix de (p + 1) éléments parmi les n restants : choix. p +1 à ! n — Des parties de E contenant x, soit un choix des p autres éléments parmi les n restants : choix. p Lycée Jean Perrin 2013/2014 16 / 19 III.E Combinaisons 5 janvier 2015 On obtient ainsi l’égalité souhaitée. Théorème 8 (Formule du binôme de Newton) Soient a, b ∈ C et n ∈ N, alors : à ! n X n p n−p (a + b) = a b p=0 p n Exemple 16 : Pour n = 5, l’écriture de la formule nous donne : à ! 5 X 5 p 5−p 5 (a + b) = a b p p=0 à ! à ! à ! à ! à ! à ! 5 5 5 5 2 3 5 3 2 5 4 5 5 4 = b + ab + a b + a b + a b+ a 0 1 2 3 4 5 Les coefficients sont alors fournis par la ligne 5 du triangle de Pascal. On a finalement : (a + b)5 = b 5 + 5ab 4 + 10a 2 b 3 + 10a 3 b 2 + 5a 4 b + a 5 Lorsqu’on effectue un développement, il est d’ailleurs inutile de réécrire la formule : on écrit directement ces coefficients. à ! n n X n Remarque 13 : De part la symétrie des coefficients, on peut écrire de manière équivalente : (a+b) = a n−p b p p=0 p Démonstration. On va démontrer la formule par récurrence sur n (pour n Ê 0) : ◦ Initialisation : Pour n = 0, la formule est vraie car : à ! 0 0 X (a + b)0 = 1 et a p b 0−p = 1a 0 b 0 = 1 p=0 p ◦ Hérédité : Soit un entier n Ê 0 fixé : Supposons que la formule est vraie au rang n. Montrons qu’elle est vraie au rang n+1. Commençons par utiliser l’hypothèse de récurrence : à ! n n X n+1 n (a + b) = (a + b)(a + b) = (a + b) a p b n−p d’après l’hypothèse de récurrence. p=0 p à ! à ! n n n n X X = a p+1 b n−p + a p b n−p+1 p=0 p p=0 p Un décalage d’indice sur la première somme permet de trouver un facteur commun sous les deux sommes et de rassembler à nouveau l’expression : à ! à ! n+1 n n X X n n+1 p n−(p−1) (a + b) = a b + a p b n−p+1 p=1 p − 1 p=0 p à ! à ! n n n X X n a p b n−p+1 a p b n−p+1 + b n+1 + = a n+1 + p=1 p p=1 p − 1 Il reste à conclure à l’aide de la formule du triangle de Pascal : à ! Ãà ! à !! n+1 n X n + 1 p (n+1)−p X n n a p b n−p+1 + b n+1 = a b (a + b)n+1 = a n+1 + + p p p=0 p=1 p − 1 {z } | ¡n+1¢ p Donc la formule est vraie au rang (n + 1). ◦ Conclusion : Par récurrence, la formule est vraie pour tout n Ê 0. Exemple 17 : Si x ∈ R : à ! à ! n n n X X p n p n (−1) (1 + x) = x et (1 − x) = xp p p p=0 p=0 n Proposition 8 à ! n n X = 2n et p=0 p Lycée Jean Perrin 2013/2014 à ! n (−1) =0 p p=0 n X p 17 / 19 III.E Combinaisons 5 janvier 2015 Démonstration. Le principe de la démonstration, à l’aide de la formule du binôme, est à connaître : à ! à ! n n n n X X = 1p 1n−p = (1 + 1)n = 2n p=0 p p=0 p n X (−1)p p=0 à ! à ! n n X n = (−1)p 1n−p = ((−1) + 1)n = 0 p p=0 p Proposition 9 Si E est fini de cardinal n, alors l’ensemble P (E ) des parties de E est fini de cardinal 2n . Démonstration. On rappelle qu’on note P k (E) l’ensemble des parties de E à k éléments. On a P (E) = P 0 (E) ∪ P 1 (E) ∪ ... ∪ P n (E), d’où : card P (E) = = card P 0 (E) + card P 1 (E) + card P 2 (E) + ··· + card P n (E) à ! à ! à ! à ! à ! n n X n n n n + + = 2n + ... + = 0 1 2 n p=0 p Remarque 14 : Les problèmes de dénombrements se ramènent tous à un problème d’urne et de boules, on peut résumer le nombre de tirages de p boules dans une urne qui en contient n (avec p É n) : tirage avec remise tirage sans remise tirages successifs np An à p! n tirage simultané p Lycée Jean Perrin 2013/2014 18 / 19 TABLE DES MATIÈRES 5 janvier 2015 Table des matières I Ensembles I.A La notion d’ensemble . . . . . . . . . . . I.B Parties d’un ensemble . . . . . . . . . . . I.C Opérations sur les parties d’un ensemble I.D Ensembles produits . . . . . . . . . . . . . I.E Structure algébrique des ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 1 2 3 3 II Applications II.A Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.B Injections, surjections, bijections . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.B.1 Notion intuitive d’ensembles en bijection . . . . . . . . . . II.B.2 Applications injectives, surjectives, bijectives . . . . . . . . II.C Compléments sur les applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.C.1 Composée de deux applications et application réciproque II.C.2 Prolongement et restriction d’une application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 5 6 6 7 8 8 9 III Ensembles finis, dénombrements III.A Définition d’un ensemble fini. Propriétés III.B Opérations sur les ensembles finis . . . . III.C Dénombrement des applications . . . . . III.DArrangements . . . . . . . . . . . . . . . . III.E Combinaisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 10 11 12 13 15 Lycée Jean Perrin 2013/2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 / 19 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .