Convulsions fébriles chez l`enfant

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Convulsions fébriles chez l’enfant
Définition
Les convulsions fébriles simples (CFS) ou typiques sont caractérisées par des convulsions
brèves (< 15 min), généralisées, survenant une seule fois par 24 h avec rétablissement dans les
60 minutes, chez un enfant fébrile entre 6 mois et 5 ans, sans infection intracrânienne ni
trouble métabolique. Elles touchent 2 à 5% des enfants, ce qui en fait le premier trouble
neurologique en pédiatrie. Les convulsions peuvent précéder la fièvre dans 50% des cas1.
Elles récidivent chez 30% des enfants, surtout avant l’âge de 3 ans et dans l’année qui suit le
premier épisode2.
La fréquence d’apparition d’épilepsie semble à peine plus élevée que dans la population
générale. Ce risque est majoré lorsque les enfants ont au moins deux des facteurs suivants :
- antécédents familiaux de convulsions non fébriles
- anomalies neurologiques
- convulsions fébriles atypiques ou complexes.
Les convulsions fébriles sont complexes ou atypiques lorsqu’elles :
- surviennent chez un enfant < 5 mois avant la fièvre
- récidivent au cours d’un même épisode ou en moins de 24 h
- durent plus de 15 minutes
- sont focales
- sont accompagnées de pétéchies
- sont suivies d’anomalies transitoires ou persistantes
Elles surviennent chez 10 à 20% des enfants qui ont un risque accru de développer une
épilepsie et doivent être prises en charge.
Prise en charge des CFS
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Il faut avant tout rassurer les parents, la plupart du temps éprouvés par le premier
épisode, les écouter, dédramatiser et les informer sur la bénignité du symptôme, le
pronostic à long terme étant excellent. Il convient d’expliquer la prise en charge en cas
de récidive.
La démarche diagnostique est importante notamment afin d’écarter une infection du
SNC.
Un traitement médicamenteux n’est généralement pas nécessaire en cas de
convulsions fébriles typiques: l’évolution est en effet spontanément favorable dans la
plupart des cas (dans les 10 minutes chez 87% des enfants) et le traitement n’influence
pas le pronostic.3
Un traitement antipyrétique n’a pas d’effet sur la prévention ni l’évolution des crises
mais améliore le confort chez l’enfant. Le paracétamol reste le premier choix à la dose
de 15mg/kg jusqu’à 4x par jour, idéalement par voie orale en raison de son absorption
aléatoire par voie rectale.
Lorsqu’il est indiqué d’interrompre une crise convulsive fébrile chez l’enfant, le
recours au diazépam par voie rectale est un premier choix. Son intérêt dans le
traitement curatif des CFS est démontré.
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Folia pharmacotherapeutica 03/2010
Idée force Prescrire n° 307 05/2009
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idem
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e-news médecin-pharmacien
avril 2010
L’administration de diazépam par voie rectale permet d’obtenir un taux plasmatique
optimal très rapide (dans les 3 à 4 min)4. La voie intramusculaire est inadéquate.
La dose est de 0,5 mg/kg avec un maximum de 10 mg à administrer en 1 à 2 min. par
voie rectale. L’administration peut se répéter toutes les 12 heures si la température est
> 38,5°C, elle ne sera pas répétée plus de 48heures soit 4 prises maximum.
• Le diazépam induit essentiellement de la sédation et de l’ataxie, parfois de
l’irritabilité.
• On utilise des ampoules de Valium® 10 mg/2 ml. Les canules rectales sont distribuées
en Belgique par la firme Codalis et sont disponibles auprès des grossistes répartiteurs,
les pharmaciens peuvent donc facilement se les procurer.
Prévention
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Les convulsions fébriles exposent à un risque de récidive (30% des cas) le plus
souvent avant l’âge de 3 ans5. Ces récidives sont habituellement sans gravité et
l’apparition d’une épilepsie ultérieure est rare. Les facteurs prédictifs de récurrence
sont :
o T° basse et de courte durée avant l’épisode convulsif initial
o Survenue avant l’âge de 18 mois
o Antécédents familiaux de convulsions fébriles
o Après une 2ème convulsion
L’administration d’antipyrétiques n’est pas efficace pour la prévention des
convulsions fébriles.
Administrer du diazépam en cas de fièvre de manière préventive a une efficacité
modérée. Il peut être envisagé en cas de récidive fréquente, de développement
neurologique anormal ou de convulsions fébriles complexes. On utilisera une dose de
0,33 mg/kg toutes les 8 heures en cas d’épisode fébrile6.
Un traitement anticonvulsivant continu diminue le risque de récidive mais celui-ci
peut exposer à des effets indésirables graves. Notamment des cas d’hépatites toxiques
et de pancréatites, des troubles hématologiques avec l’acide valproïque. Le
phénobarbital n’est plus indiqué pour les CFS étant donné sa balance bénéfice-risque
défavorable. D’autre part, il n’y a pas de preuve qu’un tel traitement prévient le
développement d’une épilepsie ou de déficits neurologiques patents. La bénignité de
l’affection et les effets indésirables des traitements antiépileptiques continus incitent à
ne plus les utiliser que de manière exceptionnelle.
Une prophylaxie anticonvulsivante peut être envisagée :
o En cas de développement neurologique anormal (retard mental,
encéphalopathie néonatale,…)
o Quand la convulsion fébrile est
ƒ > 15 min
ƒ focale
ƒ suivie par des anomalies neurologiques transitoires ou persistantes
o Quand il existe des antécédents familiaux de convulsions non fébriles
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Prescrire n°35 05/1984
Prescrire n°219 p 534-537 juillet- août 2001
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Folia pharmacotherapeutica 03/2010
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e-news médecin-pharmacien
avril 2010
Remarque
La vaccination anticoqueluche ne constitue plus une contre-indication chez les enfants à
risque, vu l’utilisation des vaccins combinés contenant les antigènes coquelucheux
acellulaires, sauf en cas d’affection évolutive ou d’encéphalopathie d’étiologie inconnue
apparue dans les 7 jours après une vaccination antérieure avec un vaccin à composante
pertussis.7
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Health.fgov.be mai 2009
e-news médecin-pharmacien
avril 2010
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