Questions de consultation
sur le vif
30
Correspondances en médecine - n° 4, vol. III - octobre/novembre/décembre 2002
prêtant particulièrement attention à l’état
gingivo-dentaire. Il faut aussi rechercher
des signes de dépression. Les examens
complémentaires type gustométrie et olfac-
tométrie ne sont pas de pratique courante.
Les principales causes des troubles récents
du goût sont les parodontopathies, le chan-
gement de prothèses dentaires ou la pose
d’amalgames, la sécheresse buccale –
qu’elle soit médicamenteuse ou post-
radique – et certains médicaments. Dans
les autres étiologies des dysgueusies,
telles qu’affection tumorale et endocrino-
pathie, le trouble est plus progressif. Le
risque d’un trouble du goût postopératoire
est signalé au patient avant toute interven-
tion sur l’oreille moyenne (tympanoplastie).
Martine François*
* Service ORL, hôpital Robert-Debré, Paris.
POUR EN SAVOIR PLUS...
– Bonfils P, Corre FL, Biacabe B. Sémiologie et étio-
logie des anosmies, à propos de 306 patients. Ann
Otolaryngol Chir Cervico Fac 1999 ; 116 : 198-206.
– Eloit C, Trotier D, Aubert P et al. Résultats d’un
observatoire des troubles de l’odorat, protocole
AROME. Lettre d’ORL 2002 ; 273 : 11-6.
– Gilain L. Étiologies et traitement des troubles du
goût. Impact Médecin 1994 ; 249 : X-XIV.
Une baisse brutale de l’acuité auditive est très
angoissante, et l’on comprend que les
patients viennent consulter rapidement.
Certaines étiologies sont faciles à traiter et le
patient vous sera reconnaissant de lui récu-
pérer rapidement son ouïe habituelle.
D’autres ont un pronostic plus incertain, mais
plus la prise en charge est rapide, meilleures
sont les chances de récupération…
La cause la plus fréquente de baisse bru-
tale de l’audition est… le bouchon de céru-
men. On ose à peine en parler ! Bien sou-
vent, le patient fait lui-même ce diagnostic,
mais il vaut mieux vérifier. Le bouchon n’ap-
paraît pas d’un coup, il faut quelques
semaines pour qu’il se constitue. Tant qu’il
est incomplet et qu’il reste un peu de pas-
sage pour l’air, il n’y a aucun symptôme. Les
symptômes ne vont apparaître que lorsque
le bouchon se complètera et deviendra obs-
tructif, à l’occasion d’un bain, de l’usage
intempestif d’un porte-coton, mais aussi
spontanément. Les symptômes sont très
variés d’un patient à l’autre et d’un épisode
à l’autre : otalgie, céphalées, douleurs de la
mâchoire, vertiges, et surtout hypoacousie.
À entendre les patients, la baisse d’audi-
tion est très importante et intolérable. En
fait, si on la mesure en cabine d’audiomé-
trie (en comparant l’audiogramme avant et
après ablation du bouchon), elle n’est que
de quelques décibels ! Le diagnostic de
bouchon de cérumen est facile à l’oto-
scopie. L’ablation du bouchon va soulager
immédiatement le patient et permettra
d’éliminer une autre cause d’hypoacousie
brutale.
Une autre cause fréquente de baisse bru-
tale ou du moins très rapide de l’audition
est le catarrhe tubaire. Celui-ci survient pré-
férentiellement chez un patient enrhumé,
après un voyage en avion (otite baro-
traumatique), mais pas toujours. Les sub-
tilités de l’examen otoscopique demandent
un matériel adéquat (au moins une loupe)
et beaucoup d’entraînement. Un aspect
classique est la rétraction globale du tym-
pan. Si on dispose d’un impédancemètre,
l’impédancemétrie est anormale, de type B,
c’est-à-dire avec une courbe complètement
plate, ou C, c’est-à-dire avec un pic dans les
pressions négatives. Le point essentiel,
c’est que l’examen au diapason montre que
la surdité est de type transmissionnel ((vvooiirr
eennccaaddrréé)). Le traitement repose sur les
corticoïdes par voie générale pendant 5 à
7 jours. En cas d’échec, il faudra demander
un avis ORL pour une éventuelle para-
centèse, voire une pose d’aérateur trans-
tympanique.
Les surdités de perception brutales sont
rares (environ 6 000 à 8 000 surdités
brusques par an en France) mais de pro-
nostic beaucoup plus préoccupant que les
Hypoacousie brutale :
diagnostic étiologique, conduite à tenir ?