Licence de Mécanique
Bases de la
Mécanique des Milieux Continus
A.U. 2004-2005
INTRODUCTION AU CALCUL TENSORIEL
P. Vannucci
LEMA – Laboratoire d'Etudes Mécaniques des Assemblages
UVSQ – Bâtiment Descartes RC27 – 45, Avenue des Etats-Unis. 78035 Versailles
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- 1 -
Chapitre 1
ELEMENTS D’ALGEBRE TENSORIELLE
1.1 ESPACE EUCLIDIEN
Les événements de la mécanique classique se placent dans l'espace euclidien à trois dimensions,
que nous définissons ainsi: on dit que E est un espace euclidien tridimensionnel s’il existe un
espace vectoriel V, qui lui est associé, de dimension trois, dans lequel il est défini un produit
scalaire, et tel que:
les éléments v de V, qui sont des vecteurs, sont des transformations de E en lui-même:
v V, v : E E ;
la somme de deux éléments de V est définie comme
E
=+ ppp et ))(())(( Vv u,vuvu ;
p et q E , ! v V : q = v(p).
Pour mieux comprendre tout cela, il faut d’abord introduire deux concepts assez importants.
1.2 POINTS ET VECTEURS
Nous choisissons une fois pour toutes un espace euclidien E; ses éléments sont appelés points. E
doit être identifié avec l'espace ordinaire où nous vivons.
L'espace vectoriel V sera appelé espace des translations de E et les éléments de V seront appelés
translations.
Analysons donc les propriétés énoncées ci-dessus; on commence avec la dernière. Ecrire q = v(p)
signifie que v est une transformation de E en lui-même, c’est à dire, on part d’un point de E pour
arriver encore en un point de E, et que cette transformation est intégralement déterminée par la
valeur prise sur un point de E. Graphiquement:
Figure 1.1
Remarque: le même vecteur peut opérer différentes transformations, en fonction du point
d’application: q = v(p), mais aussi q’= v(p’).
Nous utiliserons, à la place de l'écriture q = v(p), une écriture qui a un sens géométrique plus direct:
q= p + v.
Elle définit la somme d’un point et d’un vecteur comme un point. De la relation ci-dessus on tire
aussi la définition d’un vecteur de V comme la différence de deux points de E:
p
q
v
p
q
v
Chapitre 1
- 2 -
v= q p.
La somme de deux points, ainsi que la différence d’un point avec un vecteur, ne sont pas définies.
On revient maintenant à la deuxième propriété:
E
=+ ppp et ))(())(( Vv u,vuvu .
Soit q = v(p), ou q= p + v, et soit r= u(q), ou r= q + u. Alors,
r= p + v + u = p + w,
w est le vecteur formé par la somme de u et de v. Graphiquement tout cela correspond à la
fameuse règle du parallélogramme:
Figure 1.2
Remarque: par les propriétés générales d’un espace vectoriel, ou plus simplement
géométriquement, à l'aide de la figure ci-dessus, on a:
v + u = u + v.
En particulier, faire u + v équivaut à faire le chemin pointillé indiqué sur la figure 1.2.
Le vecteur nul o est défini comme la différence de deux points coïncidents. Le vecteur nul est
unique, et il est le seul vecteur tel que
v + o= v v V.
Ces deux propriétés du vecteur nul sont très facilement démontrables avec la propriété que l’on a
expliquée ci-dessus.
Un vecteur w tel que
,..., n, ikk i
n
i
ii 21 , ,
1
==
=
Ruw ,
est dit être une combinaison linéaire des n vecteurs ui, où les scalaires ki sont les coefficients de la
combinaison. Si, pour un w et pour les n ui donnés il n’existe aucun ensemble de ki tel que la
relation ci-dessus soit satisfaite, alors les n+1 vecteurs w et ui sont dits linéairement indépendants ;
cela signifie qu’il n’est pas possible d’exprimer w comme somme des ui, où, ce qui est la même
chose, que la combinaison linéaire des n+1 vecteurs w et ui peut avoir comme résultat le vecteur nul
si et seulement si tous les coefficients de la combinaison sont des zéros. Dans le cas contraire les
n+1 vecteurs sont dits linéairement dépendants.
La somme de vecteurs ci-dessus peut être écrite en forme abrégée comme
,..., n, , i kk iii 21 ,
=
= Ruw ;
cette notation est dite aussi somme d’Einstein : dans une somme d’Einstein il faut additionner par
rapport à l’indice saturé, dit aussi indice muet, qui est l’indice répété dans l’expression.
L’utilisation de la somme d’Einstein permet d’alléger la notation et de la rendre plus
compréhensible.
r
v u
w
v
u
p
q
Chapitre 1
- 3 -
1.3 PRODUIT SCALAIRE, DISTANCE, ORTHOGONALITE
Un produit scalaire est une forme bilinéaire symétrique définie positive. Cette définition doit être
bien comprise, parce qu’elle définit les propriétés, simples et de très grande importance, du produit
scalaire. D’abord, on dit que le produit scalaire est une forme: en mathématique une forme
ω
est
une application qui opère sur les éléments d’un espace vectoriel, donc sur des vecteurs, pour donner
comme résultat un scalaire. Une forme est bilinéaire si elle opère sur deux vecteurs et si elle est
linéaire par rapport à chaque vecteur. Donc le produit scalaire est une forme
ω
du type
ω
: V × V R
qu’on indiquera
V
=
vuvuvu ,)( ,
ω
.
Les propriétés de bilinéarité sont évidemment les suivantes :
u·(v+w)= u·v+ u·w u, v V,
(u+vw= u·w+ v·w u, v V,
u·(k v)= (k uv= k u·v u, v V et k R.
Une forme est symétrique si elle commute par rapport aux deux éléments sur lesquels elle opère,
c’est à dire si
u·v= v·u u, v V.
Finalement, une forme est définie positive si le scalaire résultant de l’application sur le même
vecteur deux fois est toujours positif pour n'importe quel vecteur, sauf pour le vecteur nul, où le
résultat est zéro:
u·u> 0 u V, u·u=0 u= o.
Les propriétés listées ci-dessus sont les propriétés essentielles d’un produit scalaire en mécanique
classique; cela signifie que toute forme doit avoir ces propriétés pour être un produit scalaire et que
toute forme qui a ces propriétés est un produit scalaire.
Deux vecteurs u et v sont orthogonaux si et seulement si u·v= 0. On prouve facilement que le
vecteur nul est orthogonal à tout vecteur.
On sait de l'algèbre que l’on peut définir plusieurs normes pour un vecteur, et que dans un espace à
dimension finie elles sont toutes équivalentes. Nous prendrons comme norme d’un vecteur u, notée
|u| ou tout simplement u (lettre non en gras), sa norme euclidienne, définie comme:
uuu == u
Il faut remarquer qu’une telle opération a toujours un sens grâce à la définition positive du produit
scalaire. La norme a certaines propriétés générales:
vuvu ++ , inégalité triangulaire ou de Minkowsky;
uv uv⋅≤ , inégalité de Schwarz;
R= kkk ,uu .
La distance entre deux points p et q de E est le scalaire non négatif d(p, q) défini par
d(p, q) = |p q|= |q p|.
Chapitre 1
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Par extension, la distance entre deux vecteurs u et v de V est la norme des vecteurs différence:
uvvuvu, ==)(d.
On appelle sphère unitaire, et on l’indique avec S2, l’ensemble de tous les vecteurs de V dont la
norme est égale a 1: S2= {v V V / v=1}.
1.4 BASE DE V
Une base e de V est un ensemble quelconque de trois vecteurs e= {e1, e2, e3} tels que
3 2, 1, i, j=
ijji =
δ
ee .
Ici,
δ
ij est le delta de Kronecker:
δ
ij= 1 si i= j, autrement
δ
ij= 0. Donc, par la définition ci-dessus,
une base est composée de trois vecteurs de S2 mutuellement orthogonaux. Une telle base s’appelle
base orthonormée. Bien que l’on puisse introduire des bases de V qui ne sont pas orthonormées (on
sait de l'algèbre que la seule condition pour avoir une base d’un espace vectoriel n-dimensionnel est
d’avoir n vecteurs linéairement indépendants), nous nous bornons à ce type de bases, car elles ont
des avantages considérables en terme de simplicité.
Tout vecteur de V peut être écrit comme combinaison linéaire des vecteurs de la base choisie:
u= ui ei;
dans la définition ci dessus on a utilisé la convention d’Einstein; donc l'écriture ci-dessus signifie
tout simplement que
u= u1 e1+ u2 e2+ u3 e3.
Les scalaires ui sont les composantes cartésiennes du vecteur u; ils sont les coefficients de la
combinaison linéaire qui exprime u en fonction des vecteurs de la base choisie.
1.5 EXPRESSION DU PRODUIT SCALAIRE
Dans une base orthonormée, le produit scalaire a une expression assez simple, qui nous permet de le
calculer ; en fait, par les propriétés de linéarité du produit scalaire, il est :
u·v= ui ei · vj ej= ui vj
δ
ij = ui vi= u1v1+ u2v2+ u3v3.
En particulier, il est
,3,2,1
=
=
==iuuu iikkikki
δ
eeeu
à savoir, les composantes cartésiennes d’un vecteurs par rapport à une base donnée, sont le produit
scalaire du vecteur même avec les vecteurs qui composent la base. Géométriquement, ces
composantes sont les projections orthogonales du vecteur sur les vecteurs de la base.
On peut facilement montrer que le produit scalaire ainsi défini, équivaut exactement à l’opération
u·v= u v cos
θ
,
qui défini aussi l’angle
θ
entre les deux vecteurs. A remarquer que, par l'inégalité de Schwarz,
|cos
θ
| 1,
ce qui rend possible la dernière relation écrite ci-dessus.
Un repère cartésien est l’ensemble d’une base orthonormée e et d’un point o, dit origine. On définit
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