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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006
Syndromes de résistance
aux hormones stéroïdes
Arg391Cys
Arg391Ser
Trp286Arg
Tyr295stop
His305Gln Glu329Lys
366delC
Ile314Ser
Gln317stop
Leu233fs
Phe251Cys
Ile268Thr
Arg274Leu
Gln259Pro
Leu263Arg
Arg30stop
Arg50Gln
Gly33Asp Arg73Gln
His35Gln Arg73stop
Lys45Glu Arg80Gln
Gly46Asp Glu92Fs Gln152stop
Cys190Trp
Phe47Ile
Glu420Lys
H1 H2 H3 H4 H5 S1 H6 H7 H8 H9 H10 H11 H12
DBD
Hélice
domaine de liaison au ligand (LBD)
charnière
ß-turn
Zn2+ Zn2+
ATG TGA
1F 1E 1A 1D 1B 1C 2 3 4 5 6 7 8 9
Figure 2. Structure du récepteur de la vitamine D (ADN génomique et de protéine) et loca-
lisation des mutations décrites chez les patients avec rachitisme hypocalcémique résistant
à la vitamine D. Partie supérieure : structure de l’ADN génomique avec exons codants (2
à 9) et non codants. Partie médiane : structure de la protéine avec les deux structures en
doigt de zinc du domaine de liaison à l’ADN, le domaine charnière, et le domaine de liaison
au ligand avec ses structures en hélice et sa région a-turn. Partie inférieure : mutations
décrites et leur localisation sur la protéine (ponctuelles, codon stop, délétion, décalage du
cadre de lecture).
Près d’une trentaine de mutations
différentes sont décrites à ce jour
(figure 2, tableau III).
Le fort niveau de consanguinité dans
les populations sensibles du pourtour
méditerranéen rend compte de la
fréquence élevée de patients homo-
zygotes pour une mutation donnée.
Mais plusieurs cas de doubles muta-
tions hétérozygotes ont maintenant
été décrits (tableau III).
La plupart des mutations sont des
mutations ponctuelles localisées sur
l’un des 8 exons codants du gène
VDR, mais quelques mutations non-
sens et délétions ont été décrites
(figure 2). Ces mutations concernent
aussi bien le domaine de liaison à
l’ADN (exons 2 et 3) que le domaine
de liaison du ligand (exons 6-9),
ainsi que la région charnière (exons
4 et 5). Leurs conséquences sur la
fonctionnalité du VDR dépendent de
leur localisation : défaut de liaison
de l’hormone, défaut de transloca-
tion du complexe hormone-récepteur
ou défaut de liaison du complexe à
l’ADN. Certaines de ces mutations
altèrent également la capacité du
VDR à s’hétérodimériser avec un
autre récepteur, le RXR, et/ou à lier
des coactivateurs tels que SRC-1.
Défaut de fonction du
VDR et signes cliniques
non liés au métabolisme
calcique et osseux
(alopécie, cancer et
maladies auto-immunes)
Malgré leur diversité, les altérations
du gène codant pour le VDR ont
une traduction clinique assez uni-
voque : celle d’un rachitisme sévère
et résistant à l’administration de
1,25-(OH)2D. Plusieurs actions de
la vitamine D non liées au métabo-
lisme phosphocalcique et osseux ont
été documentées in vitro et en expé-
rimentation animale, sur la diffé-
renciation cellulaire et les fonctions
immunitaires, par exemple. Cepen-
dant, il n’y a pas, à l’heure actuelle,
d’évidence de risque plus élevé de
développer un cancer ou une mala-
die auto-immune chez les patients
porteurs d’un défaut de fonction du
VDR, même si quelques défauts de
leurs fonctions macrophagiques ont
pu être objectivés in vitro. De même,
les souris ayant subi une invalida-
tion de leur gène VDR présentent un
défaut de fonction macrophagique et
une maturation plus grande de leurs
cellules dendritiques présentatrices
d’antigènes, mais n’ont pas de risque
plus élevé de développer un diabète
de type I (5, 6).
Cependant, des études récentes sug-
gèrent l’existence possible, mais res-
treinte à certains patients avec muta-
tions du VDR, d’anomalies concernant
les actions de la vitamine D non liées
au métabolisme calcique et osseux.
Ainsi, les premières expériences de
transfection cellulaire avec des VDR
mutés montrent que l’effet délétère de
ces mutations sur la transcription de
gènes dépend du gène cible considéré
et du type de mutation (tableau IV).
Par exemple, certaines mutations blo-
quent l’effet de la 1,25-(OH)2D sur la
transcription de gènes impliqués dans
le métabolisme osseux et la minéra-
lisation du squelette (ostéocalcine et
ostéopontine), mais n’affectent pas
celle de gènes impliqués dans la proli-
fération/différenciation de granulocy-
tes/macrophages (GMCSF) ou dans
la maturation des cellules dendritiques
présentatrices d’antigènes (RelB).
À l’inverse, d’autres mutations, dont
Arg391Ser, bloquent l’effet inhibiteur
de la 1,25-(OH)2D sur la transcription
du gène RelB mais non l’effet acti-
vateur de cette vitamine sur le gène
CYP24 qui code pour la vitamine
D-24-hydroxylase, l’enzyme clé du
catabolisme de la vitamine D. Ainsi,
il est possible que certaines mutations
du gène VDR aggravent le risque de
développer une maladie auto-immune
ou une affection tumorale, sans lien
avec la sévérité du rachitisme que pré-
sentent les patients.
L’alopécie est une autre conséquence,
non liée au métabolisme calcique,
du défaut de fonction du VDR. Cette
anomalie n’est présente que chez cer-