PHI 3505 Théories de l’interprétation
Hiver 2011
Professeur Marc Djaballah
PLAN DE COURS
Horaire : Lundi 14h-17h
Salle : SB-R430
Professeur Marc Djaballah
514.987.3000, poste 4910
Bureau : W-5240
DESCRIPTION (SELON L’ANNUAIRE)
Le développement du rapport de la production du sens à l’interprétation, en posant la
question des liens de celle-ci avec la compréhension. Par une approche historique, on
présente l’herméneutique comme théorie de l’interprétation selon différentes
acceptions. On peut aussi orienter l’exposition du processus interprétatif dans le sens
des problématiques psychanalytiques.
Préalable : Avoir réussi 30 crédits du programme.
CONTENU DU COURS
La théorie de l’interprétation, l’herméneutique, désigne le discours sur des
pratiques d’interprétation de textes ou d’actions. Nous aurons donc affaire
principalement à des discours concernant l’activité d’interpréter. Le terme est
richement polysémique, mais pour les fins du cours, nous entendons par «interpréter»
l’activité de penser qui vise à rendre intelligible ou compréhensible un sens qui apparaît
comme étranger. Ainsi, l’« interprétation » sera le produit de cette activité. Ce concept
organisateur met donc en relation les notions de sens, de compréhension et d’expérience
de sens, de ce qui peut être compréhensible ou pas. Or, l’objectif de l’activité
d’interpréter est d’effectuer la transformation de la relation de l’esprit au sens pour aller
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d’une relation d’inintelligibilité à une relation d’intelligibilité, c’est-à-dire passer d’une
expérience d’incompréhension à une expérience de compréhension. Dès lors, pour
pouvoir bien saisir l’importance et la portée de la théorisation de l’interprétation, il faut
s’interdire de limiter l’étendue de cette activité à des contextes discursifs, à l’analyse de
textes. En effet, pour les principaux auteurs à l’étude dans le cours, l’effort de
compréhension de l’étrange représente la forme d’une activité considérablement plus
générale de l’agir de l’être raisonnable. Pour certains, la généralité de l’activité
d’interpréter est de l’ordre de la nécessité et de l’universalité : on maintient que l’activité
d’interpréter est, en termes kantiens, une condition de possibilité de l’activité humaine
elle-même, de toute activité et de toute expérience humaines. Interpréter serait une
activité catégoriale, et sa fonction peut être décrite comme une capacité fondamentale
de la raison humaine, indispensable aux fonctionnements des autres capacités de
l’esprit, et donc pour toute autre activité.
Les discours, théorisations et réflexions méthodologiques sur cette activité
d’interpréter représentent l’objet direct du cours. La désignation traditionnelle de ces
théories de l’interprétation comme des « herméneutiques » n’est valable dans le
contexte du cours que sous réserve de pourvoir y reconnaître des discours comme
théories de l’interprétation qui ne s’identifient pas à la tradition herméneutique, et, en
certains cas, lui sont franchement hostiles.
Étant donné que la forme de ce discours théorique, c’est-dire le concept de
théorie en question, varie considérablement dans ces contextes, ayant à chaque fois un
enjeu conceptuel particulier, pour permettre une généralité d’approche aux théories
mises en œuvre dans le cours, nous nous situerons au niveau du déploiement de ces
théories comme supports et enregistrements de pratiques discursives.
Vouloir faire l’analyse d’une théorie de l’interprétation comme la pratique d’un
discours, c’est d’abord vouloir rendre compte de l’unité et de la spécificité de cette
théorie en termes d’une forme ou une manière de penser déterminée. Cette forme de
pensée est décrite à l’aune d’une configuration de concepts qui fixent ce qui peut et ce
qui ne peut pas être pensé à l’intérieur de cette pratique, plutôt qu’en termes de la
cohérence et la validité de ses arguments, ou de sa scientificité. Ensuite, c’est vouloir
situer l’analyse sur un terrain l’accès à l’intentionnalité d’un discours ne se fait pas
par la voie nébuleuse des états psychologiques d’un auteur qui serait indépendants du
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texte qu’il produit, mais qui se fait plutôt par appel aux objectifs visés par une pratique,
et les stratégies et mécanismes déployés pour les atteindre, à savoir, le terrain des
pratiques et des actions des êtres raisonnables. Enfin, prendre des théories de
l’interprétation comme des pratiques de discours permet l’étude de discours sur
l’interprétation qui contestent et résistent à la pratique de la théorie de l’interprétation,
mais de l’intérieur, en demeurant dépendant de la façon de penser qui ordonne cette
pratique ; ces discours fonctionnent comme des contre-pratiques critiques. C’est à ce
niveau d’analyse que l’étude des théories de l’interprétation sera conduite dans ce cours.
Le cours s’ouvrira par un survol historique par lequel nous explorerons les
sources de l’herméneutique. La première partie du cours est consacrée à un survol d’une
version bien établie de l’histoire des théories de l’interprétation, à partir de la grille de la
pratique discursive. Un cursus s’établira qui passe des sources pré-herméneutiques à
l’émergence de la pratique de la théorie de l’interprétation et de la raison
herméneutique, de sa forme méthodologique ou normative à sa forme critique
(romantique et historiciste), à sa forme philosophique et phénoménologique. Cette
herméneutique phénoménologique, parmi les plus importants courants philosophiques
du 20e siècle, occupera la plus grande part du cours autour de l’étude de Heidegger,
Gadamer, et Ricœur. Nous nous attarderons, pour conclure, à quelques discours qui se
trouvent à l’extérieur de la grande tradition herméneutique. Ces discours mineurs, en
quelque sorte à l’intérieur, ou du moins en marge, de la forme dominante des théories
de l’interprétation, la contestent, afin de rééquilibrer certains de ses excès. Ces
positions disparates se rejoignent sur le plan de leur apport à la question de la logique
de la pratique de théorisation de l’interprétation.
ÉVALUATION
60% - Trois exercices d’interprétation :
4 février : 15% (env. 750 mots)
11 mars : 20% (env. 1000 mots)
1e avril : 25% (env. 1250 mots)
40% - Travail sur un auteur au programme (env. 2000 mots, 25 avril)
L’évaluation sera faite sur la base de la compréhension des textes, de leur forme, leurs
objectifs et leurs enjeux. La précision et la cohérence seront particulièrement valorisées.
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TEXTES OBLIGATOIRES
Disponibles comme documents électroniques par la voie de Google Documents
PLAN
1. 10 janvier - Survol du cours.
2. 17 janvier Kant et l’herméneutique
3. 24 janvier L’expressivisme romantique : Herder, Humboldt (Ch. Talyor)
4. 31 janvier L’herméneutique romantique : Schleiermacher et Dilthey (Ricœur)
5. 7 février - L’herméneutique phénoménologique I : Heidegger
6. 14 février - L’herméneutique phénoménologique I : Heidegger
7. 21 février - L’herméneutique phénoménologique II : Gadamer
8. 7 mars - L’herméneutique phénoménologique II : Gadamer
9. 14 mars - L’herméneutique phénoménologique III : Ricœur
10. 21 mars L’herméneutique phénoménologique III : Ricœur
11. 28 mars - L’interprétation et les sciences humaines : Charles Taylor
12. 4 avril Nietzsche et l’interprétation (Deleuze, Foucault)
13. 11 avril Foucault sur le discours
14. 18 avril Une perspective sémiotique : U. Eco
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
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Denis (T.), Critique et herméneutique dans le premier romantisme allemand,
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Œuvres 1, trad. S. Mesure, Paris, Cerf, 1992.
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Gadamer (H.-G.), L'art de comprendre. Herméneutique et tradition philosophique.
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Gadamer (H.-G.), L'art de comprendre. Herméneutique et champs de l’expérience
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Gadamer (H.-G.), La philosophie herméneutique, trad. J. Grondin, Paris, PUF, 1996.
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