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La médecine entre science et
technique
penser les conséquences éthiques
du progrès médical
H. G. Gadamer (1900-2002)
Et H. Jonas (1903-1993)
Le statut de la médecine entre science
et art / technique
• Soit on entend faire de la médecine une science. Médecine
qui érigerait les « sciences du corps humain en référence
absolue pour se donner comme objets les maladies, au
risque d’oublier la détresse de l’individu souffrant dont elle
tient sa raison d’être ».
• Soit au contraire la médecine assume son statut de
technique, ou d’art, un « art au carrefour de plusieurs
sciences ». On met alors « l’accent sur la clinique, sur
l’intuition et le tact dans l’approche des patients, envisagés
comme des personnes toujours singulières ».
D. Lecourt, « de l’infaillibilité médicale », dans C. Sureau, D.
Lecourt, G. David, L’erreur médicale, Paris, Puf, 2006, p. 15.
Comment penser le progrès en
médecine ?
La réflexion de H. G. Gadamer sur la médecine comme
« savoir pratique ». L’herméneutique.
Philosophie de la santé, Grasset / Mollat, 1998 (1993).
Avant propos, p. 8 : « On ne sera pas étonné, en ce siècle
hautement scientifique et technique, de voir qu’un
philosophe, sans être médecin ni patient, s’intéresse
cependant aux problèmes relatifs à la santé. En
médecine, plus que ds n’importe quel autre domaine, les
progrès de la recherche actuelle subissent les
répercussions des tensions politiques et sociales que
traversent
notre
époque
(…).
».
Statut de l’art médical et problème du
critère
Le problème du critère en médecine : comment évaluer
le progrès médical ?
La médecine comme « forme particulière de science
pratique ».
Le statut particulier de « l ’art médical »: « ce qui est
fabriqué n’est pas une œuvre … c’est le rétablissement du
malade dont il est impossible de dire s’il faut l’attribuer à
un succès de la science ou au savoir-faire du médecin. Un
homme en bonne santé n’est pas un homme à qui on
aurait fabriqué une santé ». Gadamer, « apologie de l’art
médical », dans Philosophie de la santé, Paris, Grasset,
1998, p. 43 et suivantes.
L’herméneutique : donner un sens au
concept de « science pratique »
ch. I, p. 14 : « … il existe une contradiction irréductible entre la
science et la pratique. La science est inachevée par essence,
quant à la pratique, elle exige des prises de décision
instantanées ». Les prises de décision impliquent et imposent
de considérer le savoir dont on dispose comme achevé, même
si l’on n’est pas sûr qu’il soit certain. Voir l’exemple du
diagnostic : le diagnostic implique certes un « savoir médical »
à la fois « général et spécialisé ». Mais il suppose surtout
d’être capable de rapporter un cas donné particulier à une
forme générale de maladie. Il suppose donc des compétences
pratiques, reconnaître dans un cas particulier la présence
d’une forme générale qui appartient à un savoir théorique. Le
« diagnostic erroné » n’est donc pas tant imputable à la
science, qu’à « l’art » et au « jugement » du médecin.
De la médecine comme art à l’usage
de techniques : art médical et
responsabilité humaine
H. Jonas, Le principe responsabilité, Paris, Cerf,
1990 (1970).
L’art médical et la responsabilité humaine, Paris,
Cerf, 2012.
Statut des techniques médicales par rapport à la
technique en général ? Une technique
bénéfique ?
Donner à la nature une « valeur »
« La présence de l’homme dans le monde était une donnée première,
ne posant pas de question… Désormais elle est devenue elle-même un
objet d’obligation ». Le principe responsabilité, p. 38.
« En faisant de la nature un matériau éthiquement neutre, la pensée
jette les bases de son exploitation sans limite. En outre, elle ôte au
sujet, désormais seul réceptacle de la valeur, toute possibilité de se
référer à un ordre normatif objectif (…). L’homme n’a plus de valeur en
soi. Il devient un produit aussi manipulable en droit que n’importe
quel être de la nature. Ouvert à la reconfiguration, le sujet devient
l’objet de la manipulation technique, commandée soit par des objectifs
sociaux, soit par des souhaits individuels privés ». C. Larrère et E.
Pommier, L’éthique de la vie chez Hans Jonas, Paris, Publications de la
Sorbonne, 2013, p. 5-6.
Art médical responsabilité limitée et
élargie du médecin
- Limitée parce que le médecin n’a pas à se
prononcer sur la valeur de la personne qu’il
soigne
- Elargie car il doit s’interroger sur les
conséquences à long terme des progrès
médicaux, pour la société, l’humanité
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