Plusieurs phénomènes coexistent:
- les aliments riches en fibres néces-
sitent une mastication lente et pro-
longée qui donne une sensation de
rassasiement plus intense. Une ali-
mentation pauvre en fibres est facile
à avaler, demande peu de mastica-
tion et surtout a une forte densité
énergétique (beaucoup plus de calo-
ries dans un faible volume). Un mor-
ceau moyen de fromage de 30 g
apporte environ 100 calories, et il est
vite avalé. C’est l’équivalent de 50 g
de pain complet ou de baguette, 200 g
d’orange ou de kiwi, 800 g d’endive
ou 400 g de haricot vert. Mêlés au
repas, les aliments riches en fibres
réduisent la densité calorique des ali-
ments et participent ainsi à la réduc-
tion de la densité calorique des repas ;
- dans l’estomac, ils ralentissent l’éva-
cuation gastrique, provoquent une
distension et un effet de distension.
La satiété est augmentée ;
- la digestion est plus longue ;
- ils modulent l’absorption des ali-
ments, en particulier des glucides, et
donc la réponse insulinique, ce qui
régule la prise alimentaire et le méta-
bolisme du tissu adipeux.
Les études sont discordantes, mais on
estime que les habitudes alimentaires
seraient responsables de plus de la
moitié des cancers actuellement. C’est
pourquoi le code européen contre le
cancer spécifie dans son cinquième
commandement : « consommez fré-
quemment des fruits et des légumes ».
On suppose que l’effet protecteur des
fibres dans la cancérogénèse colique
s’opère à un stade tardif, lors de la
croissance et de la transformation
maligne des adénomes coliques. On
a fixé l’effet protecteur à 30 g par
jour pendant des années.
Sur le plan lipidique, les fibres
solubles ralentissent l’absorption du
cholestérol, et participent ainsi à la
prévention et au traitement des hyper-
cholestérolémies.
Plusieurs études ont montré une cor-
rélation entre la survenue d’accidents
et de mortalité cardiovasculaires et
leur faible niveau d’ingesta. Un enri-
chissement de la ration en fibres a
permis de réduire la mortalité car-
diovasculaire. Celle-ci a été trouvée
quatre fois plus faible chez les
consommateurs de 37 g et plus de
fibres par jour.
Le germe de blé à la dose de 20 à 30 g
par jour a permis de baisser signifi-
cativement les chiffres du cholesté-
rol et des triglycérides. Le son
d’avoine, les flocons d’avoine, les
haricots blancs ont permis de baisser
les hypercholestérolémies et surtout
le LDL cholestérol. Il est à noter que
l’enrichissement de la ration des sujets
normaux en fibres induit un abais-
sement du cholestérol.
Au niveau des glucides, les fibres
solubles diminuent chez le sujet sain
et le diabétique la réponse glycémique
et insulinique post-prandiale par
ralentissement de l’évacuation gas-
trique, du transit intestinal, et réduc-
tion de l’absorption des glucides. Des
apports riches en fibres permettent
de plus un meilleur contrôle du dia-
bète, comme on peut le constater au
moyen des lecteurs de glycémie. Les
fringales, les coups de fatigue et les
compulsions vers les produits sucrés
sont nettement réduits. Dans certains
cas, il faudra savoir adapter l’aug-
mentation de l’apport en fibres aux
intestins fragiles.
Diverticulose colique et
transit intestinal améliorés
Une alimentation pauvre en fibres
ralentit le transit intestinal, favo-
rise une hyperpression dans la
lumière du tube digestif et peut
• TOUT PRÉVOIR n°330 • avril 2002• 31
- un légume vert cuit à un repas ou réparti sur
les deux repas, soit 200 à 300 g cuits, en
association avec des féculents ou du pain,
- une crudité à un ou deux repas (de 150 à
200 g),
- en moyenne deux ou trois fruits par jour,
- une portion de légumes secs 2 à 3 fois dans la
semaine.
Pour un bon apport en fibres, on conseille :
L’idéal est de consommer des aliments complets
riches en fibres en se méfiant du pain au son,du
pain aux six céréales ou des pains dits complets
qui ne semblent pas toujours bien tolérés par le
tube digestif. Le colopathe devra éviter les
légumes qui ont tendance à induire des gaz ou
des ballonnements intestinaux, comme le chou
ou les épinards.
entraîner à la longue la formation
de diverticules, essentiellement du
sigmoïde. Dans ce cas, on recom-
mande l’augmentation progressive
de la ration en fibres non irritantes.
En cas de crises aiguës seulement, il
sera demandé de suivre un régime
pauvre en résidus.
Les fibres insolubles luttent contre
la constipation en augmentant le
volume et le poids des selles. Elles
agissent tout au long de l’intestin
par un effet mécanique de gonfle-
ment du bol alimentaire. Selon le
type, 1 g de fibre peut lier 3 à 25 g
d’eau. Pour un meilleur effet
« fibre », il faut inciter les patients
à boire un ou deux verres d’eau ou
un bol de soupe au cours du repas.
Mon conseil : il ne faut pas abuser
des légumes crus mais les consom-
mer plutôt cuits. L’abus de crudités
peut engendrer des ballonnements
abdominaux, puis des phénomènes
de colopathie. On conseille de ser-
vir les crudités dans de petites
assiettes. De plus, la cuisson atten-
drit les fibres et on consomme pro-
portionnellement beaucoup plus
d’aliments (donc de fibres) lorsqu’ils
sont cuits. Par exemple, une endive
crue suffit pour une salade d’une
ou deux personnes ; cuites, on en
mange facilement trois ou quatre.●
Dr Paule Nathan
Référence :
Arnaud Basdevant, Martine
Laville, Éric Lerebourgs
Traité de nutrition clinique de
l’adulte
Médecine-Sciences, Flammarion,
juin 2001