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Reins-Échos n°11 - www.rein-echos.fr
dossier spÉcial greFFe
sont devenues très sensibles et très
spécifiques, permettant de détecter
des anticorps à titre faible, mais qui
peuvent s’avérer dangereux en cas de
greffe.
Etre joignable
24 heures sur 24 !
Lorsqu’on attend une greffe de rein
de cadavre, la date est inconnue
jusqu’au jour J. Il est donc indispen-
sable de pouvoir être joint en perma-
nence par le centre de greffe ou par le
médecin dialyseur, afin d’être alerté
en cas d’appel. Il est alors urgent de
se rendre dans le centre de greffe : le
délai peut être de quelques heures,
mais guère plus. En effet le rein pré-
levé en vue d’une greffe est placé
dans une solution de conservation à
4°C, et peut y être conservé quelques
heures, au mieux moins de 24 heures.
Il est important de savoir que plus le
temps de conservation (aussi appelé
ischémie froide) est court, et plus les
chances de reprise immédiate de la
fonction rénale sont grandes. Les
suites de la greffe sont alors plus
simples et la sortie du patient peut se
faire rapidement (5-10 jours environ).
En revanche, plus l’ischémie froide
est longue et plus le risque de reprise
retardée de fonction est important.
Le malade peut alors avoir besoin
de dialyse pendant 2 à 3 semaines
après l’opération. Sa sortie est retar-
dée d’autant, et la fonction rénale est
significativement moins bonne qu’en
cas de reprise immédiate. A long
terme, la durée d’ischémie froide a
aussi un impact sur le niveau de la
fonction rénale.
Pour autant, il n’est pas interdit de
voyager lorsque l’on est en attente de
greffe. Nombre de malades partent
en vacances en France ou à l’étran-
ger, parfois loin du centre de greffe. Il
faut en avertir le centre de greffe et lui
donner les coordonnées où le patient
peut être joint en permanence. Un
voyage en avion de 4 à 6 heures, voire
davantage, est possible, si le malade
peut bénéficier d’une place prioritaire
pour le retour au dernier moment, ce
qui est souvent négociable avec les
compagnies aériennes.
Dans le même ordre d’idée, il est
essentiel que tout changement de
centre de dialyse soit signalé au
centre de greffe, afin que le médecin
dialyseur puisse être joint, et puisse
donner toutes les informations néces-
saires sur l’état de santé actuel du
patient appelé à la greffe.
Un bon receveur
pour un bon rein
Cette équation idéale n’est pas tou-
jours possible. Les receveurs sont
aujourd’hui âgés de 54 ans en
rÉponses à vos questions
moyenne, et ont souvent de nom-
breuses facteurs de risque ou compli-
cations cardiovasculaires. Il convient
de limiter au maximum ces anoma-
lies, qui grèvent le pronostic de la
greffe. Bien suivre le régime, le trai-
tement anti-HTA et anti-diabétique si
nécessaire, limiter les prises de poids
interdialytiques, faire de l’exercice
physique, ne pas fumer (ou s’arrêter),
telles sont les principales recomman-
dations que le patient en attente de
greffe doit suivre.
Le contrôle de l’équilibre acido-
basique (taux de bicarbonates san-
guins) et du bilan phosphocalcique
(calcium, phosphore, PTH, vitamine
D3) participent aussi au maintien d’un
état métabolique et osseux satisfai-
sant et nécessaire à la greffe.
Il en est de même pour la qualité du
greffon. Les donneurs sont de plus
en plus âgés, et souvent décèdent
d’un accident vasculaire cérébral. Les
artères rénales sont volontiers athéro-
mateuses, et le geste chirurgical peut
être rendu difficile, voire impossible.
Il faut savoir que jusqu’au dernier
moment, la greffe peut être annulée
si une anomalie du greffon est décou-
verte : veine déchirée lors du prélève-
ment, irréparable ; artères multiples
ou athérome majeur ; tumeur du rein
passée inaperçue au prélèvement (le
rein est préparé juste avant la greffe,
en enlevant la graisse périrénale du
donneur, ce qui peut démasquer une
tumeur qui était passée inaperçue).
Les autres critères de qualité du gref-
fon sont pris en compte mais sont par-
fois inévitables: âge du donneur, état
de choc chez le donneur avant le pré-
lèvement, nécessité de catéchola-
mines, athérome diffus, antécédents
d’HTA, de diabète et d’hypercholés-
terolémie, de tabagisme… Les reins
prélevés chez les patients décédés
par arrêt cardiaque sont aussi à haut
risque de non reprise immédiate de
fonction, voire de non fonction pri-
maire. Le patient en attente de greffe
doit le savoir et peut refuser d’être
greffé avec de tels reins, en préférant
attendre une autre occasion. C’est
là qu’il est important que le patient
connaisse le médecin transplanteur et
puisse parler librement pour peser les
avantages et les inconvénients d’ac-
cepter ou de refuser un greffon dit
« limite ». \\\
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Lorsqu’on attend
une greffe de rein
de cadavre, la
date est inconnue
jusqu’au jour
J. Il est donc
indispensable de
pouvoir être joint
en permanence par
le centre de greffe
ou par le médecin
dialyseur, afin
d’être alerté
en cas d’appel.