leur métabolisme en eicosanoïdes) et transcriptionnels,
faisant intervenir trois facteurs de transcription auxquels
ils se lient : PPARa, LXR et SREBP-1c [23].
Effets sur l’adiposité viscérale
L’introduction d’huile de poisson dans la fraction lipi-
dique, en substitution d’une partie des autres acides gras,
diminue l’excès d’adiposité viscérale, voire la corrige
complètement chez le rat soumis à un régime riche en
saccharose ou hyperlipidique [26-29]. Cet effet résulte de
plusieurs mécanismes : moindre accumulation de TG
dans le tissu adipeux viscéral, due à la fois à une diminu-
tion de leur synthèse et à un accroissement de la lipolyse,
et augmentation de l’oxydation des acides gras. L’effet
inhibiteur sur la lipogenèse résulte, comme dans le foie,
d’une inhibition de l’expression des enzymes de la lipo-
genèse (acides gras synthase en particulier). Cet effet anti-
lipogénique ne s’exerce que sur le tissu adipeux viscéral
[30]. À la différence du foie, l’effet inhibiteur de la lipoge-
nèse par les AGPI-LC n-3 n’est pas direct mais met en jeu
la production d’eicosanoïdes dérivés de leur métabolisme
par les cyclo-oxygénases [31].
Un autre mécanisme est l’induction de l’expression et
de l’activité de la phosphoénolpyruvate carboxykinase
cytosolique (PEPCK-C). Cette enzyme synthétise du glycé-
rol 3-phosphate à partir du pyruvate, du lactate et de
certains acides aminés (glycéronéogenèse). Le glycérol
3-phosphate permet la réestérification in situ des AGL. La
libération nette des AGL par le tissu adipeux (lipolyse
nette) dépend non seulement de l’hydrolyse des TG stoc-
kés mais aussi de la réestérification in situ d’une partie des
AGL libérés. Lorsque l’activité de la PEPCK-C est dimi-
nuée, la réestérification des AGL est moins importante et
leur libération (lipolyse nette) est accrue. Le DHA inhibe
l’expression de la PEPCK-C dans des lignées d’adipocytes
murins [32]. S’il en est de même in vivo, ce pourrait être
un mécanisme d’augmentation de lipolyse.
Enfin, les oméga-3 marins augmentent dans le tissu
adipeux viscéral l’expression de la CPT1 et des enzymes
de la bêta-oxydation des acides gras [28].
Effets sur l’insulino-résistance
Le régime riche en saccharose ou hyperlipidique
induit une insulino-résistance chez le rat [33-35]. L’intro-
duction d’huile de poisson en substitution d’une partie des
autres types d’acides gras dans ces deux régimes prévient
et parfois corrige l’insulino-résistance [18-20, 22, 26, 27,
36-38]. Les mécanismes de cet effet restent encore mal
compris au cours du régime riche en saccharose. L’effet
hypolipidémiant tissulaire pourrait jouer un rôle. En effet,
l’introduction d’huile de poisson s’accompagne d’une
diminution ou d’une normalisation du contenu en TG
hépatiques et musculaires, ce qui pourrait lever la lipo-
toxicité. Il existe en effet une forte corrélation entre
l’insulino-résistance hépatique et musculaire et le contenu
en TG respectivement dans le foie et le muscle de rats
soumis à un régime riche en saccharose. Les oméga-3
marins pourraient aussi agir en levant l’altération de la
signalisation de l’insuline induite par le saccharose dans le
foie [39], mais l’on manque de données pour étayer cette
hypothèse. Un autre mécanisme pourrait être un effet via
la voie de signalisation de l’adiponectine et de la leptine.
En effet, le régime riche en saccharose induit une baisse
des concentrations circulantes d’adiponectine (adipokine
insulino-sensibilisatrice) et de son expression dans le tissu
adipeux, corrigée par l’introduction d’huile de poisson
[22].
Les mécanismes des effets de l’huile de poisson sont un
peu plus clairs chez le rat soumis au régime hyperlipidi-
que. Un régime très hyperlipidique (60 % apport énergé-
tique) à base d’huile de maïs induit une altération marquée
de la signalisation de l’insuline dans le foie, le muscle et le
TA [38]. Cette altération se caractérise par une diminution
de 50 % de l’activité de la phosphatidyl inositol 3’ kinase
(PI3K) dans le foie et le muscle et de son expression dans le
TA d’une part et par une diminution de 50 % du nombre
de transporteurs GLUT4 dans le muscle et de son expres-
sion dans le TA d’autre part. La substitution d’HP (1/3)
dans ce régime hyperlipidique prévient ces deux anoma-
lies dans le muscle et le tissu adipeux [38].
Il est à noter par ailleurs que la dose d’oméga-3 marins
joue un rôle important tissu-spécifique sur la signalisation
de l’insuline. En effet, un apport de 2,2 % d’huile de
poisson dans un régime normolipidique chez le rat induit
une baisse de l’activité de la PI3 kinase dans le foie et le
muscle, mais au contraire une forte augmentation dans le
tissu adipeux par comparaison aux rats soumis à un
régime à base d’un mélange d’huile d’arachide-colza
riche en acides gras mono-insaturés et polyinsaturés n-6
[40]. Cela illustre aussi la nécessité de poursuivre des
études mécanistiques portant en particulier sur les effets
de différents niveaux d’apport en oméga marins.
Effets de l’huile de poisson chez l’homme
Études épidémiologiques
Les études épidémiologiques conduites dans les
années 70 chez les Inuits du Groenland, les populations
indigènes de l’Alaska et d’autres régions arctiques et
subarctiques ont mis en évidence une bien moindre inci-
dence du diabète de type 2 que chez les Danois, les
résidents des États-Unis, et d’autres populations [41-44].
De plus, le diabète de type 2 avait une moindre préva-
lence chez les Japonais insulaires que chez les Japonais
continentaux [45]. La moindre incidence du diabète de
type 2 a été attribuée principalement à la consommation
d’aliments riches en oméga-3 marins. Au cours des 15
dernières années, l’incidence du diabète de type 2 a
augmenté rapidement chez ces populations indigènes et
migrantes [46, 47]. Cet accroissement de l’incidence a été
attribué à une alimentation différente de l’alimentation
traditionnelle, à un changement de mode de vie et à un
Revue
mt, vol. 12, n° 5-6, septembre-décembre 2006
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