Éditorial Obésité, insulino-résistance, diabète : quels sont les liens ? A. Gancel* *Service de médecine interne, CHU de Rouen. L es liens entre l’obésité et le diabète de type 2 font toujours l’objet de recherches intenses. L’insulino-résistance, associée à des degrés divers d’insulinopénie, résume grossièrement la physiopathogénie du diabète, mais quels sont les chaînons entre obésité, insulino-résistance et diabète ? La réponse n’est évidemment pas univoque. Dans cette revue, P. Peraldi nous expose le rôle du TNF-α comme facteur d’insulino-résistance. Cytokine, sécrétée entre autres par le tissu adipeux, surexprimée chez la souris obèse, elle induit chez cette dernière un état d’insulino-résistance. Chez l’homme, les résultats sont plus contradictoires et il ne paraît pas y avoir de corrélation entre les taux de TNF-α, obésité et insulino-résistance, en dehors de situations particulières. Cela explique la mise en cause d’autres facteurs et nous ne ferons qu’évoquer la résistine, dont le rôle, déjà contesté, a été décrit récemment (1) . Le caractère plurifactoriel des liens entre ces différents éléments paraît donc de plus en plus évident. L'article de P. Muzzin et J.P. Giacobino sur les protéines découplantes souligne la complexité des phénomènes, sous-tendant l’obésité, et la multiplicité des approches possibles. L’UCP3, de découverte récente, abondante dans le muscle et non plus simplement localisée dans le tissu brun adipeux comme pouvait l’être l’UCP1, chez l’homme, est un médiateur important de la thermogenèse et sera peut-être une cible pour de futurs médicaments de l’obésité. Mais la cellule β, qui reste au cœur du diabète, fait également l’objet de recherches poussées. Les greffes d’îlots, annoncées depuis des lustres, sont enfin à l’ordre du jour. Les obstacles majeurs, comme le rappelle V. Contesse, semblent être surmontés. L’isolement des cellules β, l’emploi de nouveaux immunosuppresseurs avec l’abandon des corticoïdes ont rendu possible ces greffes. Les premiers résultats de l’équipe de Shapiro sont confirmés par des communications récentes. L’avenir paraît pourtant appartenir à la thérapie génique. Utiliserons-nous des cellules souches pluripotentielles ou transformeronsnous des cellules du foie ou de l’intestin en cellules β ? Telles sont les questions qui ne manqueront pas de se poser. 1. Steppan CM, Bailey ST, Bhat S et al. The hormone resistin links obesity to diabetes. Insight: Paths to Unforeseeable Science & Technology. Nature 2001 ; 409 (6818) : 307-12. 195 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 5, septembre-octobre 2001