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affective. Si elle n’est pas dépourvue de base cognitive ou rationnelle, la confiance implique cependant
un au-delà en forme de pari, autrement dit une disposition à s’engager (ici dans une relation
thérapeutique) sans avoir toutes les informations nécessaires.
J’avais montré, par ailleurs, que la réforme HPST était assez emblématique d’un mouvement
réformateur plus général, en ce sens qu’il ne concerne pas le seul secteur de la santé et la seule France,
à savoir le New Public Management, lequel est un alliage de ces deux formes rivales du
professionnalisme que sont la bureaucratie et le marché. Et c’est la raison pour laquelle les
professionnels avaient vivement réagi à cette réforme. Quels étaient précisément les griefs de ces
derniers ? Rappelons les brièvement, puisqu’ils sont bien connus, surtout en cette enceinte :
- La loi HPST affirmait l’autorité d’un patron - chef d’établissement sur les médecins, dans un
projet de démédicalisation relative de la « gouvernance » hospitalière : ceci était un casus belli
à l’égard des principes d’autorité collégiale et d’autonomie de la profession ;
- La loi HPST renforçait la tutelle sur les établissements avec la transformation des ARH en
ARS, le chef d’établissement n’étant qu’un patron fictif tant que le contrat le liant à l’ARS est
léonin ; l’objectif, plus ou moins avoué, étant d’accélérer le processus de restructuration du
parc hospitalier (fermetures, reconversions, fusions) dans un contexte budgétaire tendu et de
tension sur certaines compétences médicales ;
- La loi HPST banalisait et vaporisait le service public hospitalier, réduisant drastiquement à 14
missions (pouvant être attribuée indistinctement au public et au privé) et sortant, dans le même
mouvement, 80% de l’activité des hôpitaux du champ du service public ; en ce sens elle
mettait la dernière pierre à la dynamique de mise en concurrence qui avait été enclenchée avec
l’adoption de la T2A et le principe de la convergence tarifaire ;
- La loi HPST, avec la transformation de la MEAH et d’autres agences en ANAP, confirmait la
volonté des pouvoirs publics de transférer les techniques de gestion de l’industrie aux
hôpitaux afin de leur faire réaliser des « sauts de performance » et d’exploiter les « gisements
d’efficience » dormant sous l’épaisse couche de bureaucratie professionnelle ; d’ailleurs,
emblématique du moment RGPP, HPST avait ouvert en amont et en aval de nombreux et
juteux marchés aux cabinets de conseil, particulièrement aux plus grands d’entre eux, tant sur
le volet gestion hospitalière que sur le volet ARS ; Finalement, tout se passait comme si
l’activité médicale était une activité comme une autre, banale, pouvant être rationalisée à
l’aide des indicateurs de performance et autre benchmarking…
Je pourrais détailler plus avant, mais le temps m’est compté. L’idée qu’il convient de retenir ici est que
la concurrence et la bureaucratie se renforcent l’une l’autre dans l’optique de « rationaliser » les
pratiques médicales pour obtenir le juste soin au juste coût. La prémisse est évidente : l’on ne peut pas