Microtransfusions : un mode de transmission du VHC méconnu

Revue critique
de l'actualité scientifique internationale
sur le VIH
et les virus des hépatites
n°90 - février 2001
Microtransfusions : un mode de
transmission du VHC méconnu
Stéphane Lévy
Service d’hépato-gastroentérologie, Hôpital Robert Debré (Reims)
Association
between neonatal
blood
microtransfusions
in the 1960s and
hepatitis C virus
infection
De Paschale M,
Casiraghi MA,
Biagiotti S, Rossi
U, Zanetti AR
Lancet, 2000, 356,
1572-73
Le mode de transmission du virus de l'hépatite C reste
indéterminé dans 20 à 30% des cas. En dehors du cas de l'usage
de drogue non avoué et des causes anecdotiques, la
méconnaissance d'un antécédent transfusionnel (en particulier si
la transfusion a eu lieu dans la petite enfance) peut expliquer ces
incertitudes.
De Paschale et coll. ont donc repris 613 dossiers d'enfants
milanais transfusés à la naissance entre 1968 et 1974.
A l'époque, des transfusions de quelques millilitres de sang
étaient indiquées en particulier lorsque le poids du nouveau-né
était inférieur à 2500 g (bébé dit immature). En 1968, plus de
9% des nouveaux-nés à Milan recevaient ainsi du sang pour
décroître ensuite à 1,6% en 1974.
Parmi ces 613 enfants transfusés, 494 l'avaient été lors de leur
premier mois de vie. Les indications étaient les suivantes :
immaturité (n=343), asthénie (n=117), maladie hémolytique
(n=67), anémie (n=63) et autres (n=23). Les enfants ayant reçu
des transfusions multiples étaient exclus de l'étude. Le nombre
moyen de transfusion par enfant était de 2 (1-13). Parmi les 538
unités de sang provenant de 411 donneurs, 72,7% avaient reçu
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au moins une microtransfusion provenant d'un donneur unique
positif pour le VHC (même génotype 1b).
Cinquante-sept sujets transfusés (10,7%) ont accepté de
participer à l'étude. Une sérologie VHC était positive pour 28
d'entre eux (49%). Parmi ces 28, 4 étaient nés de mère positive
pour le VHC et un était toxicomane. L'ARN du VHC a été
détecté dans le sang de 15 sujets parmi 17 étudiés (tous génotype
1b). Dix-sept avaient reçu au moins une microtransfusion
provenant d'un même donneur virémique (ARN-VHC+,
génotype 1b). Seuls 3 sujets VHC+ et 2 séronégatifs
connaissaient cet antécédent transfusionnel.
Les auteurs suggèrent donc que la méconnaissance de ces
microtransfusions dans la période post-natale, communément
utilisées jusqu'au début des années 70 en Italie, peut expliquer
l'enquête négative au moment de la recherche d'un facteur de
risque chez un adulte contaminé par le VHC. Si cette pratique
était répandue dans d'autres pays, les résultats de cette étude
permettraient d'envisager un mode de contamination
supplémentaire qui va rester probablement le plus souvent
difficile à documenter.
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