Les cours d’enseignement religieux n’ont plus leur place à l’école. Alors que
précédemment les cours d’enseignement religieux introduisaient les élèves catholiques et
protestants au phénomène religieux et aux valeurs, mais dans des groupes séparés, et que les
élèves du cours de morale n’entendaient pas parlé de religion, désormais, un même cours
(Éthique et culture religieuse) rassemble les élèves, dans les mêmes classes et quelle que soit leur
appartenance religieuse, pour y étudier le fait religieux, ses manifestations ainsi que les valeurs
morales.
Alors que précédemment, les cours d’enseignement catholique et protestant et le cours de
morale introduisaient les élèves, dans des groupes séparés, aux mêmes valeurs morales, mais les
justifiaient par des raisons différentes, la religion d’un côté ou la raison de l’autre, désormais un
nouveau cours, celui de l’éducation à la citoyenneté, fait partager aux élèves, dans les mêmes
classes, des valeurs communes, mais fondées sur des raisons communes, celles du vouloir vivre
ensemble dans une société démocratique.
Et ce cours est confié au professeur d’histoire. Il aurait pu venir compléter le cours
d’éthique et culture religieuse, mais on a tenu à le rattacher à l’enseignement de l’histoire. Pour
certains, l’importance donnée au cours d’histoire nationale dans un curriculum d’études ne
servirait qu’à nourrir le nationalisme ethnique. Au Québec, le cours d’histoire nationale est
désormais le lieu où les élèves sont introduits à ce qu’est le nationalisme civique.
L’école, un sanctuaire civique
Toutes ces choses sont maintenant réalisées. Elles ont déjà soulevé colères et
protestations. Malgré ces difficultés, Pauline Marois a persisté. Ces nouvelles dispositions ont fait
bouger les plaques tectoniques sur lesquelles étaient placés les curriculums d’études successifs
depuis plus de 100 ans. Or, qu’y a-t-il dans une école de plus structurant, pour les enseignants, les
élèves et leurs parents, qu’un curriculum d’études? Et si l’on veut connaître l’idée que se fait une
société donnée de la préparation de ses enfants au monde dans lequel ils vivront, quel meilleur
miroir que le curriculum d’études de son école?
Pour préparer à l’avenir, l’actuel curriculum d’études cherche à inclure et à rassembler.
Pour concrétiser cette intention, nous avons été conduits à le « laïciser ». Non au nom d’une
théorie, mais pour résoudre un problème. Les enseignements religieux ont été envoyés à
l’extérieur de l’école et à l’intérieur, une approche « neutre » est utilisée pour traiter des religions
et des valeurs. En fait, ces dispositions font maintenant de l’école un sanctuaire civique.
La très grande majorité de celles et ceux qui y travaillent, qui ont vécu ces changements et
qui constatent à travers les élèves qu’ils reçoivent à la fois le reflux du religieux et
l’accroissement de ses formes, a d’elle-même compris que, par politesse, par respect pour les
opinions et religions différentes des enfants et de leurs parents, les signes visibles d’appartenance
religieuse personnelle n’avaient plus de place dans un tel sanctuaire. C’est pourquoi il ne me
paraît pas déraisonnable que cette pratique soit étendue à tous et même fixée par la loi.
Certains considèrent une telle interdiction comme la manifestation de la non-acceptation
de la diversité puisqu’elle peut aboutir à exclure de l’école des adultes qui ne voudraient pas s’y