Distinguer ''enseignement du fait religieux'' et ''catéchèse''
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Distinguer "enseignement du fait religieux" et "catéchèse"
Prise en compte du fait religieux dans l’enseignement d’une part, catéchèse d’autre part : la distinction s’impose.
Est-elle si généralement acquise ? Rien n’est moins certain à l’heure pourtant où les instructions officielles intègrent la prise en compte du religieux
et des grands récits fondateurs dans les programmes. C’est au nom même de la laïcité, pour un meilleur enracinement des jeunes dans leur
culture ( les cultures ), pour faire avancer un nécessaire dialogue interculturel, pour lutter contre les fanatismes, et en définitive promouvoir un bien
commun pour tous que cette question prend toute son importance.
Pourquoi donc une prise en compte du fait religieux dans l’enseignement, ou pour employer un terme plus précis, la prise en compte des
dimensions religieuses de la culture dans l’enseignement ?
Le fait religieux
Le fait religieux est partie intégrante de notre culture, de nos cultures ! Il est partout dans les monuments, les oeuvres d’art, la littérature,
nos fonctionnements sociaux ( et même individuels ), nos institutions : pas un secteur de notre vie, pas une représentation de la réalité qui ne soient
imprégnés de cette réalité religieuse qui a participé à la construction de nos cultures et de nos sociétés.
Comment faire alors de l’histoire, du français, de la géographie, des sciences même, sans prendre en compte cette dimension pour une meilleure
formation des élèves. Comment enfin comprendre les enjeux de la société actuelle, faire la part des choses sans un minimum de connaissance sur les
religions et les courants spirituels ?
Mais au delà de la connaissance et de la curiosité, il s’agit d’un véritable défi anthropologique et éthique. Pour comprendre le fonctionnement
des civilisations et des grands groupes sociaux aujourd’hui, les religions qui les ont imprégnées ne sont-elles pas les vecteurs indispensables pour
mieux comprendre comment dans chacune et chacun sont envisagés les rapports de l’homme à lui-même, à l’autre, à la société, au monde, au
cosmos, et à la transcendance ?
Se connaître, connaître l’autre, se forger des convictions et une manière forte d’être enraciné dans une histoire tout en s’ouvrant à l’altérité et à
l’engagement pour demain: telles sont les meilleurs garants de faire obstacle aux mouvements sectaires et aux propositions politiques porteuses
d’exclusion. La prise en compte du fait religieux participe à cette action citoyenne.
Pour autant, il ne saurait être question d’établir les religions dans une position monopolistique par rapport aux valeurs. Les religions
instituées ne sortent d’ailleurs pas indemnes d’une analyse éthique de leurs pratiques. Les valeurs dont sont porteuses les religions, les valeurs
qu’elles ont permis parfois de faire émerger, se sont pour la plupart " laïcisées " : on ne peut que s’en réjouir. Tout croyant ne peut que s’en réjouir
: cela n’épuise pas son questionnement ; au contraire cela l’oblige à pousser plus loin son interrogation.
Aujourd’hui, les religions participent au débat éthique avec d’autres lieux d’élaboration de la pensée et de l’action. Elles doivent le faire dans la
rigueur et l’exigence mais avec beaucoup de respect, dans un pays laïc qui a la chance d’avoir mis en place la séparation claire et féconde, de l’Etat
et de l’Eglise.
En bref, la prise en compte des dimensions religieuses de la culture concerne
tout enseignant dans sa discipline, dont, au terme d’une circulaire de 1997, il doit prendre en compte toutes les dimensions anthropologiques et
toutes les implications sociales pour tous ses élèves. Il doit le faire avec rigueur et distance, dans le respect absolu des consciences, mais cette prise
en compte doit dépasser le seul niveau de l’information : derrière cela , il y a bien un enjeu de prise en compte de tout ce qui concoure à la
construction d’une personne libre dans toutes les dimensions de son humanité (intelligence, intelligence critique, ouverture à la symbolique,
ouverture à la dimension éthique et à l’engagement et à la citoyenneté, ouverture au sens , ouverture à la transcendance qui n’est pas que religieuse
).
La catéchèse
La catéchèse relève d’une logique radicalement différente.
Dans la religion chrétienne, et plus précisément catholique, il s’agit d’une proposition ( proposer n’est pas contraindre ) faite aux seuls
élèves qui le désirent ( directement ou par l’intermédiaire de leur famille, dans les petites classes ) de les ouvrir et les initier a une religion, vécue
de l’intérieur. Un catéchiste ne peut qu’être un croyant volontaire qui accepte de témoigner et de proposer un cheminement pour entrer dans une
relation de foi, dans le cadre d’une communauté, à travers trois grandes fonctions ecclésiales : le service (autrement dit l’engagement, y compris
social ), l’annonce (c’est-à-dire l’ouverture aux textes et à la tradition religieuse passée et présente ), et la célébration. On sait que ce travail
d’appropriation des textes et de la tradition n’empêche pas une prise en compte de l’intelligence et de l’intelligence critique, en particulier par
l’apport de l’exégèse.
Bien évidemment, une telle proposition ne peut être que facultative. Elle s’exerce dans le cadre des aumôneries de l’enseignement public ou
des communautés chrétiennes qui existent dans les établissements catholiques d’enseignement.
La loi Debré ( qui a fixé en 1959 les rapports entre les établissements privés sous contrat et l’Etat ) rappelle bien dans son article 2 cette nécessité