Corrigé du devoir no 3 - Institut de Mathématiques de Bordeaux

CAPES DE MATH ´
EMATIQUES
Concours 2009 ´
Ecrit Math´
ematiques G´
en´
erales Renaud Coulangeon
Universit´
e Bordeaux 1
Corrig´
e du devoir no3
Exercice 1. Soit P(X)un polynˆ
ome unitaire (donc non nul) `
a coefficients r´
eels et scind´
e sur R, c’est- `
a-dire ayant toutes ses racines dans R.
Montrer que les propri´
et´
es suivantes sont ´
equivalentes :
1. Tous les coefficients de P(X)sont positifs ou nuls.
2. Toutes les racines de P(X)sont n´
egatives ou nulles.
´
Ecrivons P(X) = Xn+Pn1
i=0 aiXi,aiR,aiR. Les coefficients de P(X)s’expriment en
fonction de ses racines α1, . . . , αn(compt´
ees avec multiplicit´
e), grˆ
ace aux formules
ank= (1)kσk(α1, . . . , αn) = (1)kX
16i1<···<ik6n
αi1· · · αik.(1)
Si ai>0pour tout i, alors P(x) = xn+Pn1
i=0 aixiest strictement positif si xest un r´
eel stricte-
ment positif. Les racines de P(X), qui par hypoth`
ese sont toutes r´
eelles, sont donc n´
ecessairement
n´
egatives ou nulles. Inversement, si cette derni`
ere propri´
et´
e est satisfaite, les formules (1) ci-dessus
montrent que les coefficients de P(X)sont positifs ou nuls.
Application : soit Aune matrice sym´
etrique r´
eelle de taille n, et qla forme quadratique associ´
ee, c’est- `
a-dire q(x) = t
xAx pour xRn
(vecteur colonne). On dit que q(resp. A) est semi d´
efinie positive si q(x)>0pour tout xRn(resp. t
xAx >0pour tout xRn). Montrer que les
propri´
et´
es suivantes, pour une matrice sym´
etrique r´
eelle non nulle A= (Aij )i6i,j6nde taille n, sont ´
equivalentes :
1. Aest semi d´
efinie positive.
2. Les valeurs propres de Asont positives ou nulles.
3. Les coefficients du polynˆ
ome P(X) := det(A+XIn)sont positifs ou nuls (Ind´
esigne la matrice identit´
e de taille n).
4. Pour tout J⊂ {1,··· , n},ona:det (Ai,j )iJ,jJ>0.
Comme Aest une matrice sym´
etrique r´
eelle, elle est diagonalisable dans une base orthonormale,
c’est- `
a-dire qu’il existe une matrice Porthogonale (P1=tP) telle que t
P AP =P1AP =D:=
diag(λ1, . . . , λn), les λid´
esignant les valeurs propres de A. Ainsi, en posant Y=P X, on obtient
t
XAX =tY AY =Pn
i=1 λiy2
i. Pour que cette derni`
ere quantit´
e soit positive ou nulle pour tout X,
c’est- `
a-dire tout Y, de Rn, il est donc n´
ecessaire et suffisant que les λisoient positifs ou nuls, ce qui
´
etablit l’´
equivalence (1) (2).
Le polynˆ
ome caract´
eristique de la matrice As’´
ecrit χA(X) = det(XIn+A), o`
uInd´
esigne la
matrice identit´
e en dimension n. On a alors, avec les notations pr´
ec´
edentes,
χA(X) = χD(X) =
n
Y
i=1
(X+λi)
En appliquant le r´
esultat de la question pr´
ec´
edente au polynˆ
ome P(X) := χA(X), on obtient
l’´
equivalence (2) (3).
Enfin, pour montrer l’´
equivalence (3) (4) on proc`
ede comme suit :
(3) (4).
Clairement, la restriction `
a un sous espace d’une forme semi-d´
efinie positive est elle-mˆ
eme
semi-d´
efinie positive. Par ailleurs le d´
eterminant d’une matrice semi-d´
efinie positive est positif
ou nul, puisqu’il est ´
egal au produit de ses valeurs propres, lesquelles sont positives ou nulles
en vertu de l’´
equivalence (1) (2) ´
etablie pr´
ec´
edemment. Ainsi, pour tout J⊂ {1,· · · , n},
les matrices (Ai,j )iJ,jJ, que l’on peut voir comme matrices de la restriction `
a un sous espace
convenable de la forme initiale, ont un d´
eterminant positif ou nul, ce qui ´
etablit (4).
1
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EMATIQUES
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(4) (3).
Pour montrer cette implication, il faut exprimer les coefficients de P(X) := det(A+XIn) =
χA(X)en fonction des det (Ai,j )iJ,jJ. En notant C1, . . . , Cnles colonnes de la matrice Aet
Γ1,...,Γncelles de la matrice identit´
e, on a
P(X) = det(A+XIn) = det (C1+XΓ1, . . . , Cn+XΓn).
Les propri´
et´
es de multilin´
earit´
e du d´
eterminant permettent alors d’´
etablir facilement que le
coefficient de Xkdans P(X), pour 06k6n1est ´
egal `
a
X
J⊂{1,··· ,n},Card J=nk
det (Ai,j )iJ,jJ
En particulier, ces coefficients sont tous positifs ou nuls si det (Ai,j )iJ,jJ>0pour toute partie
Jde {1,· · · , n}.
Exercice 2. Soit Kun corps commutatif et P(X)un polynˆ
ome `
a coefficients dans K, scind´
e sur K, et n’ayant que des racines simples. Montrer
que
1
P(X)=
n
X
i=1
1
P0(xi)(Xxi).
Application : d´
eterminer la d´
ecomposition en ´
el´
ements simples de la fraction rationnelle 1
Xn1dans R(X), o`
und´
esigne un entier naturel non nul.
Note : l’´
enonc´
e oubliait (sic) de pr´
eciser que nest le degr´
e de P(X)et que les xisont ses racines
(cela allait sans dire...).
Quitte `
a diviser P(X)par son coefficient dominant, ce qui multiplie par une mˆ
eme constante les
deux membres de l’´
egalit´
e`
a d´
emontrer, on peut supposer P(X)unitaire, auquel cas
P(X) =
n
Y
i=1
(Xxi)
On en d´
eduit que P0(X) = Pn
i=1 Qj6=i(Xxj)et en particulier
P0(xi) = Y
j6=i
(xixj).
La d´
ecomposition en ´
el´
ements simples de la fraction rationnelle 1
P(X)s’´
ecrit
1
P(X)=
n
X
i=1
ai
Xxi
(2)
o`
u les aisont des constantes (c’est ici qu’intervient l’hypoth`
ese que les racines sont simples). En
multipliant successivement chaque membre de l’´
egalit´
e (2) par (Xxi)pour chaque valeur de i, et
en sp´
ecialisant la formule obtenue en X=xi, on obtient que ai=1
Qj6=i(xixj)=1
P0(xi).
Pour P(X) = Xn1, la d´
ecomposition en ´
el´
ements simples dans C(X), est donc donn´
ee par
1
Xn1=
n1
X
k=0
1
n(ζk)n1(Xζk)=
n1
X
k=0
ζk
n(Xζk)
o`
uζ=e2
n. En regroupant deux par deux les termes correspondants `
a des racines conjugu´
ees, on
obtient la d´
ecomposition dans R(X):
2
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si nest pair :
1
Xn1=1
n
1
X11
X+ 1 +
n
21
X
k=1
2(cos 2kπ
nX)1
X22(cos 2kπ
n)X+ 1
.
si nest impair :
1
Xn1=1
n
1
X1+
n1
2
X
k=1
2(cos 2kπ
nX)1
X22(cos 2kπ
n)X+ 1
.
Exercice 3. Soit Pune parabole dans le plan affine euclidien et Cun cercle rencontrant Pen quatre points distincts. Montrer que l’isobarycentre
de ces quatre points appartient `
a l’axe de la parabole [on pourra se placer dans un rep`
ere orthonorm´
e d’origine le sommet de la parabole et d’axe des
abscisses la tangente `
aPen ce sommet].
On identifie le plan euclidien `
aR2. Modulo une isom´
etrie convenable, on peut suposer que l’axe
de Pco¨
ıncide avec l’axe des ordonn´
ees d’´
equation x= 0 et que son sommet est au point (0,0).
Autrement dit, Pest la parabole d’´
equation
y=ax2,(3)
o`
uaest une constante. Le cercle Cpeut ˆ
etre d´
ecrit par une ´
equation du type
x2+y2+bx +cy +d= 0
o`
ub,cet dsont des constantes. En injectant la relation (3) dans cette ´
equation, on voit donc que les
abscisses des points d’intersection de Cet Psont les racines de l’´
equation
a2x4+ (1 + ac)x2+bx +d= 0.
Les relations, rappel´
ees plus haut, entre racines et coefficients d’un polynˆ
ome, montrent alors que la
somme de ces abscisses est nulle (c’est le coefficient de x3dans l’´
equation pr´
ec´
edente), ce qui prouve
bien que l’isobarycentre des points correspondants est sur l’axe des ordonn´
ees.
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