Collaborer pour une chaîne alimentaire durable

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Collaborer pour
une chaîne alimentaire durable
La mission du SPF Economie, P.M.E., Classes moyennes et Energie consiste à créer les
conditions d’un fonctionnement compétitif, durable et équilibré du marché des biens et
services en Belgique. Dans ce cadre, la Direction générale des Analyses économiques
et de l’Economie internationale a édité cette publication ayant pour but de promouvoir
une économie durable qui tient compte des préoccupations économiques, sociales,
sociétales et écologiques.
Service public fédéral Economie, P.M.E., Classes moyennes et Energie
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Jean-Marc Delporte
Président du Comité de direction
Rue du Progrès 50
1210 Bruxelles
Dépôt légal : D/2016/2295/11
032-16-4
Table des matières
Introduction........................................................................................................................... 3
1.
L’industrie alimentaire vis-à-vis du développement durable ....................................... 4
2.
Travailler ensemble, c’est gagner ensemble ............................................................... 6
3.
Approche intégrée de l’alimentation durable dans un contexte de collaboration........ 6
4.
Vers une industrie alimentaire durable ........................................................................ 8
4.1. Divers formes de collaboration.............................................................................. 8
4.2. Consolidation du positionnement sur le marché et du pouvoir de négociation
dans la chaîne ................................................................................................................. 10
4.3. Chaînes alimentaires courtes .............................................................................. 10
4.4. Organisation sociale de la chaîne alimentaire .................................................... 11
4.5. Le consommateur individuel................................................................................ 11
5.
Conclusions ................................................................................................................. 12
Texte finalisé en septembre 2014
« Créer les conditions d’un fonctionnement compétitif, durable et équilibré du marché des biens et services
en Belgique. »
Introduction
Le présent article veut apporter quelques idées, suggestions et exemples dont peuvent
s’inspirer les entreprises se situant en amont ou en aval dans la chaîne alimentaire.
Collaborer ne signifie pas seulement installer des formes de collaboration entre des entreprises individuelles mais également collaborer entre différents acteurs économiques dans
différents secteurs d’activité, avec pour objectif final la réalisation d’une chaîne alimentaire
durable.
La préparation industrielle d’aliments à base de matières premières végétales et animales
ainsi que leur distribution jusqu’à l’assiette du consommateur constituent les maillons d’une
chaîne alimentaire devenue longue, complexe et mondiale.
La chaîne alimentaire représente un élément fondamental de notre économie mais elle est,
en même temps, controversée. Tant la qualité des aliments même que les conditions de travail dans la chaîne alimentaire mondiale - sans parler des besoins énergétiques pour la production, la transformation, le transport et la conservation des aliments – fort en effet régulièrement parler d’eux dans l’actualité, et pas toujours en termes positifs en ce qui concerne
la durabilité.
1. L’industrie alimentaire vis-à-vis du développement
durable
Les produits agricoles végétaux ainsi que les produits issus de l’élevage sont vendus par
l’agriculteur à d’autres entreprises où ils seront manufacturés, transformés, emballés et
entreposés avant d’être vendus à la distribution finale. De plus, un certain nombre de matières premières sont utilisées, après transformation, dans l’alimentation animale : il s’agit
d’un maillon de l’industrie alimentaire trouvant sa place entre l’agriculture et l’élevage.
L’ensemble des entreprises industrielles qui achètent, manufacturent ou transforment des
matières premières végétales ou animales forment le secteur de l’« industrie alimentaire ».
Grâce à la concurrence, mue par la recherche de la maximisation du profit, ce secteur connaît une tendance structurelle constante à l’accroissement d’échelle et à la concentration.
Cette concurrence pousse également en permanence les entreprises concernées à moderniser leurs outils de travail, à renouveler leurs technologies et à prendre des mesures visant
à accroître leur rentabilité.
Le revers de la médaille est l’évolution vers une économie mondialisée, ce qui a des conséquences écologiques et sociales.
Ainsi, les médias britanniques ont récemment fait mention d’un rapport du « National Audit
Office » présentant les résultats d’analyse des ingrédients d’une pizza. Selon cette analyse,
réalisée pour le compte de l’Autorité irlandaise de sécurité des aliments (Food Safety Authority of Ireland), une pizza contient à elle seule pas moins de 35 ingrédients originaires de
60 pays.
Un autre exemple est l’importation de matières premières riches en protéines pour
l’alimentation animale dans l’Union européenne, qui dépend pour 80 % de son approvisionnement des importations des États-Unis, du Brésil et de l’Argentine. Ces importations correspondent à la production de 40 millions d’hectares de terres arables 1.
La production et la commercialisation d’huile de palme constituent un autre exemple semblable. Entre 1965 et 2009, la superficie de cette culture en Malaisie et en Indonésie est passée de 200.000 hectares à 9,5 millions d’hectares, au détriment de la forêt tropicale, menaçant gravement sa biodiversité et dont les rejets de CO2 ont augmenté. Environ 10 % de la
production totale est importée dans l’Union européenne.
La bonne santé économique d’une entreprise agro-alimentaire peut être atteinte grâce à
l’optimisation de sa gestion, par exemple la minimisation des coûts des matières premières
et de la main-d’œuvre, ainsi que la maximisation du chiffre d’affaires.
1
Hebdomadaire Pleinchamp, 26 septembre 2013 (éditeur Front Wallonne de l’Agriculture, FWA).
« Créer les conditions d’un fonctionnement compétitif, durable et équilibré du marché des biens et services
en Belgique. »
Sur le plan de la durabilité, une opposition ou du moins une zone de tension, peut se produire
entre la recherche de la maximisation du profit à court terme pour chaque entreprise et la
recherche de la durabilité sociale. Cette zone de tension peut entraîner une répercussion des
coûts économiques, sociaux et écologiques sur la société, au sens large.
En principe, chaque méthode de production dans un contexte donné est associée à un coût
de production déterminé, entre autres, par les prix des matières premières et par les coûts
salariaux. Si une entreprise opte pour une méthode de production non durable en raison du
coût de production – souvent plus élevé pour une méthode de production durable –, il est
question d’une répercussion du coût de production réel sur la société (coût externe).
A titre d’exemple, il a paru plus intéressant d’importer du soja cultivé à coût salarial et environnemental plus bas à l’étranger que de nourrir le propre bétail sur sol. Mais la perte de la
biodiversité dans les pays exportateurs comme le Brésil, ainsi que les nuisances environnementales causées par l’élevage hors sol, comme l’eutrophisation 2, sont répercutées sur la
société.
Olivier De Schutter, rapporteur spécial auprès des Nations unies sur le droit à l’alimentation,
déclare : « En soutenant la multiplication de monocultures à grande échelle, nous risquons
d’élargir le fossé qui sépare ce modèle des petites exploitations familiales, tout en promouvant un schéma d’exploitation industrielle qui est déjà responsable d’un tiers des émissions
de gaz à effet de serre produites par l’homme. De même, les schémas exclusivement fondés
sur le recours aux pesticides et aux fertilisants chimiques ont également montré leurs limites écologiques (…). Dans ces circonstances, il est nécessaire d’adopter des modes de
production agro-écologiques si nous voulons à la fois nourrir le monde, lutter contre la pauvreté rurale et combattre le changement climatique. » (introduction au rapport du rapporteur
spécial au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, 8 mars 2011).
Le prof. Tittonell (chaire de Farming Systems Ecology, Wageningen) le formule comme suit 3 : « le
modèle de la révolution verte, prônant une intensification par unité de surface ou par animal,
ne fonctionne plus. Nous avons besoin d’une nouvelle science, qui contribue à la conception
de systèmes intensifs en connaissance, telle que l’agriculture biologique, et qui repose davantage sur une technologie basée sur des processus plutôt que liée aux intrants. Le secteur
privé n’investira pas dans cette technologie basée sur les processus mais bien dans la technologie liée aux intrants. Afin de compenser cela, le secteur public doit investir dans la technologie liée aux processus, dans une approche systémique intégrée, dans une approche holistique. »
Enrichissement d’une eau en matières nutritives, ce qui amène une croissance accrue d’algues et de
plantes aquatiques. La cause est, entre autre, la surfertilisation dans l’agriculture, d’où le dépôt, au
niveau du sol, des nitrates et des phosphates présents dans l’eau. Une conséquence négative, par l'apparition d'efflorescences algales, est l'anoxie de l'eau et la mort des poissons.
2
3
Universiteit Wageningen, Inaugural Lecture 16 mai 2013, p. 32.
2. Travailler ensemble, c’est gagner ensemble
Comment une approche holistique et intégrée peut-elle prendre forme concrètement dans
l’économie existante ?
La collaboration coopérative entre différents acteurs économiques peut, en principe, apporter une solution étant donné qu’elle réunit différents atouts :
•
•
•
efficience économique ;
collaboration entre différents secteurs et acteurs économiques ;
réinvestissement des bénéfices de l’entreprise.
Le fonctionnement d’une économie durable se veut logique et cohérent. La production se fait
en fonction de ce qui est nécessaire et responsable du point de vue écologique. Le mode de
production en lui-même est aussi efficace et rationnel que possible, mais exclut de répercuter des coûts sur la société et / ou l’environnement. Il va de soi que ce principe s’applique
également à toute l’industrie alimentaire : l’agriculture, l’industrie de transformation et la
distribution.
Dans ce contexte, la collaboration ne peut être perçue comme un instrument servant à monopoliser le marché dans l’intérêt d’un seul maillon.
3. Approche intégrée de l’alimentation durable dans
un contexte de collaboration
Transposée à la chaîne alimentaire, cette approche nécessite que différents producteurs
œuvrent ensemble à la production de denrées alimentaires durables, répondant aux objectifs
de la vision stratégique à long terme relative au développement durable de la Commission
Interdépartementale pour le Développement Durable (CIDD).
L’alimentation durable repose sur les éléments suivants 4 :
•
des denrées alimentaires suffisantes, équilibrées et adaptées ; transformées ou raffinées au minimum, un équilibre entre protéines animales et végétales, un équilibre
entre les diverses sources de glucides, de protéines et de graisses ;
•
une utilisation maximale de matières premières locales de saison : cela signifie entre
autres une distance aussi limitée que possible entre les lieux de consommation et de
production (circuits de proximité) ;
Voir aussi la définition présentée au rapport du développement durable de l’industrie alimentaire
belge 2011.
4
« Créer les conditions d’un fonctionnement compétitif, durable et équilibré du marché des biens et services
en Belgique. »
•
un groupement des opérateurs concernés : agriculteurs, négociants, transformateurs,
distributeurs et consommateurs, en fonction de l’objectif, en tenant compte des conditions posées ;
•
le prix reflète le coût de production ; une juste rémunération du travail, des matières
premières et du capital tout au long de la chaîne.
Les produits nés de cette collaboration doivent :
•
être issus d’un processus de production durable : méthode de production aussi biologique que possible ;
•
être offerts à un prix équitable, aussi bien à l’égard du producteur que du consommateur ;
•
répondre à un besoin du consommateur, s’inscrire dans un régime alimentaire durable.
4. Vers une industrie alimentaire durable
Une industrie alimentaire durable est nécessaire mais aussi possible. Dans la pratique, différentes approches existent.
4.1. Divers formes de collaboration
La collaboration offre des vastes possibilités et présente différents avantages pour toutes les
parties prenantes, dans divers domaines, tels que :
•
l’échange des connaissances et des compétences ;
•
la diversification et l’élargissement de l’offre de produits : un meilleur positionnement
sur le marché tant en matière d’achat que de vente ;
•
le renforcement du pouvoir de négociation pour le financement des investissements ;
•
le développement du potentiel d’économie de coûts grâce à l’utilisation commune des
machines et moyens de transport et à l’organisation commune du transport ;
•
l’ouverture de perspectives sur le plan du marketing, de la publicité et de la commercialisation.
C’est principalement, mais pas exclusivement, dans le secteur de l’agriculture biologique
que des formes de collaboration existent entre les producteurs, qui s’occupent aussi bien de
la production et de la transformation (totale ou partielle, en sous-traitance ou non) que de la
distribution. On peut citer, à titre d’exemple, le centre de commercialisation « d’Ici » à Naninne, la coopérative « Biolé » à Petit-Thier (récolte de lait et production de fromages), le
« Groupement des producteurs de fruits et légumes bio (GPFL) » à Sombreffe ainsi que
la société coopérative « Lekkers uit het Pajottenland ».
Le magasin « d’Ici » est un projet collectif à long terme qui vise à contribuer à l’émergence
d’un comportement d’achat en faveur des produits alimentaires locaux. Il s’agit d’une forme
de collaboration à laquelle participent des producteurs agricoles, des consommateurs, la
(grande) distribution et des entreprises de transformation. Au total, il rassemble
90 entreprises qui collaborent dans le cadre d’une coopérative agricole.
Le projet « d’Ici » possède un magasin (ou une unité de vente) à Naninne, qui propose aussi
bien des produits frais que des produits d’épicerie et des boissons. En outre, il y a un restaurant, une boulangerie et un espace de rencontre.
La coopérative « Biolé » consiste également en une collaboration de 50 producteurs de lait
répartis en Flandre et en Wallonie. La production de lait est réalisée selon un cahier des
charges biologique. Le lait est traité en sous-traitance dans 5 fromageries, qui produisent en
tout 16 sortes de fromage. La collaboration présente divers avantages, entre autres :
•
un prix de vente stable et satisfaisant pour le lait ;
« Créer les conditions d’un fonctionnement compétitif, durable et équilibré du marché des biens et services
en Belgique. »
•
une matière première et un chiffre d’affaires pour les fromageries locales.
La coopérative « Groupement européen des producteurs de fruits et légumes » (GPFL)
est une organisation de producteurs belges regroupant tant des producteurs conventionnels
que des producteurs de fruits et légumes biologiques. GPFL loue 800 m2 d’entrepôts frigorifiques à Sombreffe. Ces entrepôts servent à la réception, à la préparation et à l’expédition de
fruits et légumes issus de l’agriculture biologique.
Pour la Flandre, on peut citer des exemples importants de collaboration structurelle 5 entre
producteurs agricoles et horticoles, issus des secteurs fruits & légumes et laitier. Il s’agit
des sociétés coopératives dont l’objectif est de concentrer l’offre et de commercialiser la
production primaire. Ce sont notamment les criées pour le secteur horticole et les coopératives laitières. Les avantages sont : une meilleure gestion de l’offre dans le but d’obtenir un
prix stable et par conséquent une meilleure protection contre les crises ainsi qu’un approvisionnement continu de produits.
Au cours des dernières années, une tendance à la coopération entre des producteurs agricoles est apparue. L’objectif est la vente directe des produits transformés aux consommateurs ou aux canaux de distribution fixes. Pour la Flandre, on peut citer la forme de collaboration entre agriculteurs « Lekkers uit het Pajottenland ». Il s’agit d’une société coopérative
de 8 producteurs spécialisés dans différents domaines. Ensemble, ils proposent une vaste
gamme de produits : entre autres, des produits laitiers, de la viande, des fruits et légumes,
de la bière régionale et des herbes aromatiques. Les produits sont commandés par internet
et livrés dans des points de distribution fixes, où ils peuvent être retirés.
En ce qui concerne les formes d’entreprises coopératives, on peut mentionner, par
exemple, les coopératives de distribution Migros et Coop en Suisse 6. Ces entreprises coopératives constituent le plus grand pourvoyeur d’emplois (160.000 travailleurs au total) en
Suisse. La coopérative Coop compte quelque 2,9 millions de membres et Migros environ
2,1 millions. En Suisse, ils détiennent ensemble une part de marché de 70 %. Outre le fait
d’investir le bénéfice dans les salaires des collaborateurs et dans des prix intéressants pour
les clients, ces coopératives sont des leaders sur le plan de la durabilité. Les produits labellisés (fair trade, bio, respectueux des animaux, produits régionaux…) génèrent une part de
chiffre d’affaires de 12,3 % chez Migros et de 10,9 % chez Coop. De plus, des investissements
sont également consentis en faveur du transport durable (achat d’une ligne de chemin de fer
par Coop), entre autres. Le chiffre d’affaires enregistré par les entreprises qui fabriquent des
produits avec le label « fair trade » en Suisse est 3,5 supérieur à celui réalisé en Belgique.
Les deux entreprises visent constamment à améliorer la durabilité.
5
Landbouwrapport Vlaanderen 2012, p. 330.
Série de reportages sur http://www.dewereldmorgen.be/artikels/2012/, 25 septembre jusqu’à 1
octobre 2012 ; Dirk Barrez.
6
4.2. Consolidation du positionnement sur le marché et du
pouvoir de négociation dans la chaîne
Des dizaines de milliers d’entreprises du secteur agricole proposent le même produit en vrac
(lait, viande, céréales…) à un nombre relativement limité de négociants ou d’entreprises de
transformation. Les entreprises agricoles et d’élevage possèdent ainsi un pouvoir économique ou de marché relativement faible du fait de leur morcellement. C’est pourquoi la législation agricole européenne prévoit la possibilité pour les agriculteurs de s’organiser en
groupements de producteurs mandatés pour négocier, au nom de leurs membres, avec les
clients de ceux-ci les conditions contractuelles, entre autres relatives aux quantités et prix à
proposer.
En principe, le prix de revient devrait servir de base pour déterminer le prix du marché.
Pour la Belgique, le code de conduite pour des relations équitables 7 entre fournisseurs et
acheteurs dans la chaine agro-alimentaire, signé le 20 mai 2010 entre les différents partenaires de la chaîne, représente un instrument de renforcement de la position de négociation
des producteurs agricoles.
Néanmoins, pour le COPA (Comité des organisations professionnelles agricoles européens),
au niveau de UE, l’autorégulation (accords volontaires) ne suffit pas et devrait être étayée par
une série convenue de principes clés ou « Bill of Rights » (catalogue de droits) qui devraient
être au cœur de toutes les négociations ou transactions.
4.3. Chaînes alimentaires courtes
Il convient d’entendre par « chaîne alimentaire courte » la vente directe du producteur au
consommateur, sans intermédiaire, à un prix avantageux pour chacune des parties.
Par exemple, en 1978 dans le petit village de Baaigem, en Flandre-Orientale, le premier
marché de produits fermiers en Belgique a vu le jour. Les agriculteurs et les consommateurs étaient ainsi réunis sur le terrain pour une vente directe de la ferme au consommateur.
L’objectif visait à vendre des produits frais sans intermédiaire en provenance directe de la
ferme à un prix avantageux tant pour l’agriculteur (prix plus élevé que le produit en vrac) que
pour le consommateur (prix plus bas que dans un magasin ou une grande surface ; produit
frais du jour et fiable).
Un deuxième exemple est la création de groupes alimentaires (connus sous le nom de Voedselteams en Flandre), permettant à des groupes de consommateurs de se faire livrer à intervalles réguliers et fixes des colis composés de produits de la ferme (frais et transformés).
Cf. « Landbouwrapport 2012 van de Vlaamse Overheid », p. 321-334 ;
http://www.vlaanderen.be/nl/publicaties/detail/landbouwrapport-lara-2012-1.
7
« Créer les conditions d’un fonctionnement compétitif, durable et équilibré du marché des biens et services
en Belgique. »
L’industrie alimentaire pourrait jouer un rôle d’intermédiaire avec les PME pour la transformation, en tout ou en partie, en sous-traitance ou non, de certains produits.
4.4. Organisation sociale de la chaîne alimentaire
En toute logique, dans une économie alimentaire durable, la chaîne alimentaire doit reposer
au maximum sur le besoin en denrées alimentaires durables. La voie la plus indiquée consiste ainsi à mettre en place une gestion durable de la préparation des repas dans les cuisines de collectivité des écoles, des maisons de repos, des crèches et des entreprises.
Ceci permettrait d’inculquer un plus grand sens du respect de la nourriture et de réduire,
voire d’éviter, le gaspillage alimentaire.
Une autre possibilité est d’organiser des restaurants populaires dans les quartiers et les
immeubles à appartements.
Telle est l’approche suivie par les Dorpsrestaurants au Limbourg, une initiative lancée par le
Limburgs Instituut voor Samenlevingsopbouw visant à répondre activement au besoin des
personnes âgées de se nourrir sainement. D’autres projets comparables sont les Sociale
Restaurants et Sociale Kruideniers.
Un autre exemple, bien qu’il s’agisse d’un projet éducatif créé à la base à la suite de problèmes de santé et de mauvaises habitudes alimentaires décelés chez des enfants d’un
quartier défavorisé, est le projet VITAmike, dans le cadre duquel des écoles et des organisations de quartier collaborent pour transmettre des habitudes alimentaires plus saines dans
un certain nombre de garderies et d’écoles primaires à Gand.
Ces projets ont été développés dans une optique sociale, certes, mais peuvent être une
source d’inspiration pour étendre cette forme de collaboration.
Tout au long de la chaîne, de la production agricole jusqu’au produit dans l’assiette, il est dès
lors recommandé d’arrêter des conventions sur l’ensemble des éléments relatifs aux quantités, à la qualité (cahiers des charges) et aux prix. Par exemple, une telle convention pour le
restaurant du personnel d’un service public, pourrait stipuler que le cahier des charges contienne 5 % de repas bio et fair trade en 2014 et que ce pourcentage évolue vers 10 % en 2020.
4.5. Le consommateur individuel
En général, aussi hors des collectivités, il convient naturellement d’instaurer un dialogue
entre le consommateur et le fournisseur ainsi qu’un encadrement du consommateur permanents.
À titre d’exemple, on peut se référer au Sustainable Partnerships Award 2013 décerné, dans
la catégorie des grandes entreprises, à Delhaize S.A., en partenariat et sous conseil avec
WWF, pour son engagement en matière de durabilité de la pêche (poisson frais et surgelé
issu de la pêche durable). À partir de 2013, après une période transitoire impliquant tant le
personnel que le consommateur, Delhaize n’a plus acheté que du poisson capturé selon le
cahier des charges du Marine Stewardship Council (MSC).
Le consommateur individuel reste également un acteur important de la durabilité.
Le maintien d’un réseau de distribution alimentaire de proximité, aussi ramifié que possible,
reste dès lors une priorité. Les épiceries, boucheries, e.a., du quartier restent importants
afin d’éviter des besoins accrus de mobilité vers des grandes surfaces, éloignées des zones
résidentielles.
5. Conclusions
Certaines formes de collaboration entre acteurs économiques, comme la coopérative, peuvent apporter une alternative pour la répercussion des coûts économiques, sociaux et écologiques sur la société. Cet article présente des exemples de tels formes de collaboration
entre les différents opérateurs de la chaîne alimentaire et montre comment les résultats de
cette collaboration sont plus compatibles avec les aspects d’une alimentation durable.
Nous invitons les entreprises déjà inscrites dans l’une ou l’autre forme de collaboration à
nous contacter pour nous faire part de leurs expériences et, pourquoi pas, pour faire connaître leurs démarches positives pour l’économie durable, lors d’une prochaine édition de
cet article.
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