Créé en 1981, celui-ci avait su, jusqu’en janvier 2008, maintenir un équilibre financier et poursuivre son
développement. Pour mémoire, de 1000 tonnes de fruits et légumes commercialisés en 1982, le groupe passait à
10.000 tonnes -commercialisés ou transformés- en 2007. Dans la même période, le nombre de producteurs membres
de la coopérative faisait un bond de 42 à 250, sans compter les 150 autres agriculteurs qui livraient directement leurs
produits à SOCOPMA Distribution ou à l’unité de transformation SOCOPGEL. Le nombre de salariés à temps plein qui
n’était que de 8 en 1982 s’élevait à 70 en 2007.
A partir de cette période-qui coïncide avec le départ de l’ancien directeur général en 2005 et la mainmise de plus en plus
importante du conseil d’administration sur la gestion de la structure- on observe une dégradation rapide des
performances de gestion et de la capacité d’anticipation stratégique de la structure. Cette évolution inquiétante conduisit
le comité d’entreprise et les salariés à déclencher, dès 2009, une procédure d’alerte et à mandater un expert comptable,
plaçant ainsi le conseil d’administration devant ses responsabilités.
Ainsi, entre 2008 et 2011, les pertes cumulées s’élèvent à environ 3 millions d’euros… L’activité a chuté entre 2007 et
2011 : -21% pour la SOCOPMA, -28% pour la SOCOPDIS, -32% pour la SOCOPGEL. Cette chute concerne aussi le
résultat d’exploitation et les capitaux propres qui, à la fin de l’année 2011, constituaient moins de 50% du capital social.
Au vu de la gestion peu exemplaire du conseil d’administration, on peut légitimement s’interroger sur les motifs de la
précipitation avec laquelle le président de région, sans en référer aux instances de l’assemblée, a décidé de soutenir le
plan de continuation de ceux-là mêmes qui ne sont pas vierges de toute responsabilité dans la faillite d’un outil qui
pouvait constituer un fleuron de l’économie agricole.
Quelle est donc la part des réseaux d’intérêts et « d’amitiés » (ou autres !) dans cette prise de décision ?
Pourquoi l’offre de reprise de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif (composée d’acteurs expérimentés du secteur),
déposée dans les délais (le 5 juin 2012) et solidement conçue, n’a-t-elle pas eu droit à une analyse plus sérieuse et à un
traitement plus équitable ?
VENT DE PREDATION
Le groupe SOCOPMA aurait pu devenir un joyau du secteur agricole. Ses trois entités (l’Organisation des Producteurs
avec 250 adhérents, la filiale distribution et la SOCOPGEL spécialisée dans la surgélation des produits agricoles) offrent
un potentiel de développement incontestable.
En outre, le site de Place d’Armes (contigu à 8300 m² appartenant au Conseil Régional), propriété du Conseil Général,
sur lequel le groupe a édifié ses structures, est en mesure de manipuler jusqu’à 15 000 tonnes de fruits et légumes par
an, soit 25% de la consommation locale.
Une telle plate-forme ne saurait ne pas aiguiser l’esprit de convoitise de ceux qui préparent leur reconversion dans les
cultures maraîchères et vivrières, anticipant les incertitudes de la banane dite « européenne » de plus en plus
marginalisée, en Europe même, par la « banane dollar.
L’agonie lente de la SOCOPMA, depuis cinq ans, favorise en réalité une stratégie de récupération d’un patrimoine
logistique et matériel-bâti depuis trente ans par les petits producteurs martiniquais-au profit d’intérêts que nous ne
connaissons que trop bien.