MAPAR 2015
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D’autres Candida, notamment C. glabrata n’ont pas besoin de passer par un stade
lamenteux pour être invasif. La présence d’un Candida dans le péritoine serait
donc pathogène dans 2situations: quand elle est responsable d’une inamma-
tion péritonéale avec des conséquences systémiques (choc) ou locales (abcès),
et quand elle entraîne une candidémie. Leur incidence est classiquement faible
dans les péritonites à Candida, mais a récemment été rapportée comme étant
plus élevée: 28% de candidémies dans une série de 93patients inclus pour une
péritonite à Candida [23].
2.2. RÔLE PATHOGÈNE DU CANDIDA PÉRITONÉAL
P. Montravers dans un bel éditorial paru en 2013[24] individualise plusieurs
situations cliniques à la suite d’une culture de Candida dans le liquide péritonéal:
• La péritonite d’origine communautaire où il n’y a pas d’indication à traiter.
• La péritonite postopératoire, notamment chez les patients devant être réopérés
pour des fuites anastomotiques, où l’évolution de la ore se fait vers la sélection
de bactéries multi-résistantes et de Candida [18].
• Le patient exposé aux facteurs de risque classiques d’infection à Candida : anti-
biothérapie prolongée à large spectre, chirurgie abdominale antérieure, cathéter
central, nutrition parentérale, hémoltration, corticothérapie. L’infection à Candida
apparaît alors de manière torpide, sous la forme de candidémie ou de collection
abdominale positive.
Il existe un certain nombre d’arguments en faveur d’une aggravation du
pronostic en cas de péritonite à Candida[25], notamment pour les péritonites
nosocomiales : une étude rétrospective multicentrique publiée en 2006 [26],
retrouvait que la présence de levures dans le liquide péritonéal était associée
de manière signicative avec une augmentation de la mortalité (48 versus 28%,
p<0,01). Par ailleurs, l’étude Amarcand retrouvait une mortalité de 38% chez les
93patients inclus[23].
2.3. COMMENT FAIRE LA DIFFÉRENCE ENTRE COLONISATION PÉRITO-
NÉALE (PAS D’INDICATION À UN TRAITEMENT ANTIFONGIQUE) ET
PÉRITONITE À CANDIDA (INDICATION)?
Il existe un certain nombre d’arguments cliniques ou paracliniques pour aider
à la décision
2.3.1. Premier niveau de discussion : existe-t-il des levures ?
• Résultat de l’examen direct du liquide péritonéal : l’examen est difcile avec une
mauvaise sensibilité : une série rétrospective de péritonite à Candida ne retrouvait
un examen direct positif que pour 30patients sur 83péritonites (36%)[27]. Le
résultat était encore plus médiocre sur une série de 103 patients opérés à Bicêtre
pour une péritonite, où l’examen direct n’était positif que chez 5 patients alors
qu’on allait retrouver des Candida en culture chez 34 patients (15 %) [28].
• Score de Dupont [29] : les auteurs retrouvaient dans une étude rétrospective de
221 péritonites, 4 items associés à la présence de Candida : le genre féminin,
une origine sus-mésocolique, un état de choc, et une antibiothérapie antérieure.
Chaque item valait un point et le score a été validé en prospectif sur 57 patients.
Le meilleur compromis était trouvé pour l’existence de 3 items sur 4 : la sensibilité
du score était de 84 %, la spécicité de 50 %, la VPP de 67 % et la VPN de 72 %.
Cependant ce score n’est pas prédictif de candidémies [24], n’a pas été conrmé
par d’autres équipes, et n’a pas été testé en prospectif entre des patients traités
et non traités.