*LIBERALE PSII 48 13/11/03 12:49 Page 39 Libérale Candidoses buccales Quand une levure devient pathogène Présent dans la cavité buccale de toutes les personnes saines, le Candida albicans devient pathogène quand se trouvent réunies un certain nombre de circonstances. C’est souvent le cas chez des patients soumis à des médications telles qu’une antibiothérapie prolongée ou une chimiothérapie. L orsque le Candida albicans devient pathogène, il en résulte une candidose, qui est une prolifération de champignons levuriformes (du genre Candida). Celle-ci demande à être dépistée et soignée suffisamment tôt, car elle est génératrice de souffrances. Exemple Suite à une sinusite aiguë rebelle, Gaëlle a dû subir deux traitements réunissant des antibiotiques et des corticoïdes. Si ses sinus vont mieux, elle a l’impression, depuis quelques jours, d’avoir un mauvais goût au niveau de la bouche, une difficulté à mâcher convenablement les aliments par manque de salive, mais elle a aussi une sensation de picotement, voire de brûlure en mangeant certains mets assaisonnés. Gaëlle présente une candidose buccale. Épidémiologie, physiopathologie Présent communément dans la cavité buccale, le Candida albicans a une incidence qui augmente avec l’âge. Il représente environ 5 % de la flore commensale chez le nouveau-né et atteint près de 90 % chez la personne âgée. Cette multiplication favorise le pathogène, d’autant plus important s’il existe un déséquilibre et certains facteurs de risques. Ainsi l’abaissement du pH buccal qu’elle provoque ainsi que la baisse de salivation, ou hyposialie, sont l’une des causes princeps. Physiologique aux âges extrêmes de la vie, celle-ci est pathologique dans certaines maladies comme celle de Parkinson, une hypertension artérielle ou un diabète non équilibré. Pathologique, elle peut l’être également lorsqu’elle est liée à certains traitements comme les antihypertenseurs, les diurétiques, les antihistaminiques, les antitussifs, les antibiotiques. Une corticothérapie locale, une hygiène buccodentaire insuffisante, un excès de consommation de sucres rapides, ou encore l’alcoolisme et le tabagisme sont également responsables de la prolifération de Candida albicans. En l’absence de causes locales, la candidose peut faire partie d’un tableau général comme celui réalisé au cours d’un syndrome d’immunodéficience, d’une anémie, d’une dénutrition, d’une avitaminose, voire de pathologies endocriniennes. Diagnostic Pour établir le diagnostic, il suffit de demander au patient d’ouvrir la bouche : on note un aspect inflammatoire de l’ensemble de la cavité buccale, avec une muqueuse érythémateuse. La langue est rouge et lisse, la paroi postérieure du pharynx, les amygdales sont recouvertes d’un enduit blanchâtre se détachant facilement à l’abaisselangue. Devant ce tableau clinique, les examens complémentaires, mycologiques en particulier, sont inutiles : ils ne se justifient qu’en cas de doute diagnostique ou devant des formes récidivantes ou particulièrement rebelles. Dans ce cas, un prélèvement permettra de tester l’efficacité des antimycotiques et l’examen histopathologique d’éliminer un autre diagnostic. Traitement Avant tout, le traitement doit être préventif : une candidose buccale chez un patient à risques se prévient par l’élimination de l’alcool, du tabac et des sucreries, surtout entre les repas, par une parfaite hygiène buccodentaire, un brossage dentaire soigneux et un bain de bouche après les repas. Pour lutter contre l’hyposialie, il faut boire abondamment et mâcher du chewing-gum. La prescription de teinture de jaborandi fait preuve d’une réelle efficacité. Dans les formes aiguës, on conseillera un traitement local débutant par un bain de bouche bicarbonaté suivi du médicament gargarisé, puis avalé, cela pendant trois semaines. En cas d’échec du traitement local ou d’atteinte généralisée, on préconisera un traitement par voie générale, en première intention chez un patient immunodéprimé. L’ensemble des traitements durera environ trois semaines, le patient étant revu à la deuxième semaine pour un bilan. Jacques Bidart Professions Santé Infirmier Infirmière - No 48 - août-septembre 2003 39