Chapitre 5 : Probabilités Schéma de Bernoulli Le mot hasard vient de l’arabe al zahr qui désigne un dé à jouer. Les jeux de hasard sont connus depuis la plus haute antiquité. C’est l’étude des jeux de hasard qui a conduit Blaise Pascal (1623 - 1662) à s’intéresser au calcul de probabilité. I. Vocabulaire Le tableau ci-dessous résume les définitions et notations importantes relatives à la notion d’expérience aléatoire. Pour les exemples, on considère l’expérience consistant à lancer un dé non truqué à six faces numérotées de 1 à 6 et à noter le nombre figurant sur la face supérieure du dé. DÉFINITIONS ⋆ une expérience aléatoire est une expérience liée au hasard dont on ne peut pas prévoir le résultat à l’avance. EXEMPLES ☞ lancer un dé est une expérience aléatoire. ⋆ on peut cependant connaître les issues possibles, appelées éventualités. ☞ obtenir le chiffre 2 est une des éventualités. ⋆ l’ensemble de toutes les éventualités d’une expérience aléatoire est appelé univers. En général, on note cet ensemble Ω. ☞ l’univers est Ω = {1; 2; 3; 4; 5; 6} Événement : ⋆ un événement est une partie (ou un sous-ensemble) de l’univers Ω. Il est constitué d’une ou d’un ensemble d’éventualités. ☞ l’événement A : « obtenir un nombre pair » est composé de 3 éventualités. On note A = {2; 4; 6}. ⋆ lorsqu’une éventualité e appartient à un événement A, on dit que e réalise A. ☞ l’éventualité {2} réalise l’événement A . Événements particuliers : ⋆ un évènement impossible est un événement qui ne se réalise jamais. ☞ l’événement B : « obtenir 7 » est impossible. On note B = ∅. ⋆ un évènement certain est un événement qui se réalise toujours. ☞ l’événement C : « obtenir un nombre plus grand que 0 » est certain. On a C = Ω. ⋆ un évènement élémentaire est constitué que d’une seule issue. ☞ l’événement D : « obtenir le nombre 3 ». D = { 3 } ⋆ l’évènement contraire ou complémentaire de A est consitué de l’ensemble des issues qui ne réalisent pas A. On le note Ā. ☞ Ā = {1; 3; 5} II. Probabilité Définition Définir une loi de probabilité sur un univers, c’est associer à chaque éventualité xi sa probabilité pi . Lorsque toutes les issues ont la même probabilité, la loi est dite équi-répartie. On dit aussi que l’on a équiprobabilité des issues. Exemple 1 : Loi de probabilité du lancé d’un dé à 6 faces : Toutes les issues ont même probabilité. La loi est équi-répartie. xi pi 1 2 3 4 5 6 1 6 1 6 1 6 1 6 1 6 1 6 Chapitre 5 : probabilités et schéma de Bernoulli 2 théorème La probabilité d’un évènement A est la somme des probabilités des évènements élémentaires qui constituent A. Exemple 2 : On jette un dé à six faces équilibré. On considère l’événement A : « obtenir un nombre pair ». L’événement A est constitué des événements élémentaires {2} ; {4} et {6}. On a donc p(A) = p({2}) + p({4}) + p({6}) = De même, • la probabilité • la probabilité • la probabilité • la probabilité 1 1 1 3 1 + + = = . 6 6 6 6 2 de ne pas obtenir 2 est 56 ; d’obtenir un chiffre pair est 36 = 12 ; d’obtenir un chiffre inférieur à 9 est 1 ; d’obtenir un résultat négatif est 0. théorème Soit A un évènement. On a : • 0 6 p(A) 6 1. En particulier, p(∅) = 0 et p(Ω) = 1 ; • p(A) + p(Ā) = 1. En particulier, p(Ā) = 1 − p(A). • De plus, si la loi est équi-répartie, on a p(A) = nombre d’issues réalisant A nombres d’issues possibles III. Calculs de probabilités Définition L’ Intersection des évènements A et B est l’évènement, noté A ∩ B, formé des issues qui réalisent à la fois (simultanément) l’évènement A et l’évènement B. La Réunion des évènements A et B est l’évènement, noté A ∪ B, formé des issues qui réalisent l’évènement A ou l’évènement B, c’est à dire au moins l’un des deux. Illustration : On peut représenter graphiquement l’union et l’intersection de deux événements par un diagramme de Venn : Union de deux événements Intersection de deux événements Exemple 3 : On note A l’événement "obtenir un chiffre pair" et B l’événement "obtenir un chiffre strictement inférieur à quatre". On a : A = {2; 4; 6} et B = {1; 2; 3; 4} • A ∩ B = "obtenir un chiffre pair et inférieure strictement à six" : A ∩ B = {2} ; • A ∪ B = "obtenir un chiffre pair ou inférieur strictement à six" : A ∪ B = {1; 2; 3; 4; 6}. théorème Soit A et B deux évènements. on a : p(A ∪ B) = p(A) + p(B) − p(A ∩ B) Chapitre 5 : probabilités et schéma de Bernoulli 3 Preuve. On comprend facilement cette proposition en observant les diagrammes de Venn. Si l’on additionne les probabilités de A et B, on compte deux fois la probabilité de A ∩ B. Pour obtenir celle de A ∪ B, il faut donc soustraire une fois p(A ∩ B). IV. Loi de Bernoulli Définition Une épreuve de Bernoulli est une expérience aléatoire qui ne possèdent que deux issues : • l’une appelée succès que l’on note S • l’autre appelée échec que l’on note communément S̄ Définition Soit E une épreuve de Bernoulli. On note p la probabilité de succès. Soit X la variable aléatoire qui est égale à 1 en cas de succès et 0 sinon. Alors on dit que X suit une loi de Bernoulli de paramètre p. On note X ∼ (B, p). On a alors le tableau suivant : X = xi p(X = xi ) 0 1−p 1 p Exemple 4 : Les expériences suivantes sont-elles des épreuves de Bernoulli ? Si oui, préciser leur paramètre (si ce n’est pas clairement indiqué, vous choisirez quelle issue correspond au succès et quelle issue correspond à l’échec). 1 On lance un dé équilibré et on gagne si on fait un 6. 2 On lance un dé tétraédrique et on regarde le résultat obtenu. 3 Un automobiliste arrive à un feu et a une probabilité de 0.3 qu’il soit vert. 4 On tire deux jetons dans une urne qui contient 4 jetons noirs et 6 jetons rouges. On gagne si ils sont rouges. Exemple 5 : On considère l’épreuve aléatoire : "on tire un jeton dans une urne qui contient 4 jetons noirs et 6 jetons rouges" et on s’intéresse à la sortie d’un jeton rouge. 1 L’expérience aléatoire est-elle une épreuve de Bernoulli ? 2 Soit X la variable aléatoire qui prend la valeur 1 en cas de succès et 0 en cas d’échec. Donner la loi de probabilité de X. V. Exercices Exercice 1 : Voici les résultats d’un sondage effectué au début de l’année 1998 auprès de 1000 personnes, à propos d’Internet : • 60% des personnes interrogées déclarent ne pas être intéressées par Internet ; • 35% des personnes interrogées ont moins de 25 ans et, parmi celles-ci, 80% déclarent être intéressées par Internet ; • 30% des personnes interrogées ont plus de 50 ans et, parmi celles-ci, 85% ne sont pas intéressées par Internet. 1 Compléter le tableau suivant : Intéressés par Internet Non intéressés par Internet Total Moins de 25 ans De 25 à 50 ans Plus de 50 ans Total 1 000 Chapitre 5 : probabilités et schéma de Bernoulli 2 4 On choisit au hasard une personne parmi les 1000 interrogées. On suppose que toutes les personnes ont la même probabilité d’être choisies. On considère les événements : A : « la personne interrogée est intéressée par Internet » B : « la personne interrogée a moins de 25 ans ». (a) Calculer les probabilités p(A) et p(B). (b) Définir par une phrase l’événement B̄, puis calculer p(B̄). (c) Définir par une phrase l’événement A∩B, puis calculer p(A ∩ B). (d) Définir par une phrase l’événement A∪B, puis calculer p(A ∪ B). (e) On sait maintenant que la personne interrogée n’est pas intéressée par Internet. Quelle est la probabilité qu’elle ait moins de 50 ans ? Exercice 2 : On place dans un sac quatre jetons marqués A, B, C et D. On tire au hasard, l’un après l’autre, sans les remettre, trois jetons du sac. 1 À l’aide d’un arbre, décrire toutes les situations possibles. 2 On s’intéresse aux événements suivants : • E : « Le premier jeton tiré porte la lettre B » ; • F : « Le jeton marqué C n’a pas été tiré ». Déterminer la probabilité de chacun des événements E et F. 3 (a) Quelles sont les issues qui réalisent l’événement E ∩ F ? (b) Déterminer la probabilité de l’événement E ∩ F . 4 Calculer la probabilité de l’événement E ∪ F . Exercice 3 : Une expérience aléatoire consiste à lancer un dé à 6 faces puis une pièce de 1 euro, les deux objets étant bien équilibrés. A pile on associe le nombre 1 et à face le nombre 2. Le résultat est le produit du numéro obtenu sur le dé et du nombre obtenu avec la pièce. 1 Représenter cette expérience par un arbre. 2 Indiquer au bout de chaque branche de l’arbre le résultat ainsi obtenu. 3 Donner dans un tableau la loi de probabilité des résultats. 4 Déterminer les probabilités des événements suivants : A : le produit est pair ; B : le produit est multiple de 3 ; C : le produit n’est ni 6, ni 5 ; D : le produit est supérieur ou égale à 4 ; E : le produit est strictement inférieur à 6. 5 (a) Lister tous les cas constituant l’événement A ∩ B. (b) En déduire la probabilité de l’événement A ∩ B. 6 (a) Lister tous les cas constituant l’événement A ∪ B. (b) En déduire la probabilité de l’événement A ∪ B. (c) Est-il vrai que p(A ∪ B) = p(A) + p(B) ? Si oui, le prouver. Sinon, corriger la formule. Exercice 4 : On lance un dé équilibré à six faces. On s’intéresse aux événements suivants : • A : « Obtenir le numéro 1. » • B : « Obtenir un nombre strictement supérieur à 2. » • C : « Obtenir un nombre pair. » 1 Écrire les évènements A, B et C sous forme ensembliste. Représenter l’ensemble E de toutes les issues, ainsi que A, B et C à l’aide d’un schéma. 2 Déterminer les évènements A ∪ B et A ∩ B. 3 Déterminer la probabilité de chacun des évènements A, B, C, A ∪ B et A ∩ B. Chapitre 5 : probabilités et schéma de Bernoulli 5 Exercice 5 : Une entreprise fabrique des calculatrices de poche en grandes séries. Elles peuvent présenter deux types de défaut : le défaut A ou le défaut B. Une étude statistique portant sur un lot de 800 calculatrices a fait apparaître les résultats suivants : • 15% des calculatrices présentent le défaut A. • Parmi les calculatrices présentant le défaut A, 95 % ne présentent pas le défaut B. • Parmi les calculatrices ne présentant pas le défaut A, 5 % présentent le défaut B. 1 Compléter le tableau d’effectifs ci-dessous : Défaut A Pas le défaut A Total Défaut B Pas le défaut B Total 2 800 On choisit au hasard une de ces 800 calculatrices, chacune ayant la même probabilité d’être choisie. (a) Déterminer la probabilité de l’événement A : « la calculatrice choisie présente le défaut A ». (b) Déterminer la probabilité de l’événement B : « la calculatrice choisie présente le défaut B ». (c) Définir chacun des événements A ∩ B et A ∪ B par une phrase, puis calculer leurs probabilités. (d) Déterminer la probabilité de l’événement : « obtenir une calculatrice sans défaut ». 3 On choisit une calculatrice parmi celles qui présentent le défaut A. Déterminer la probabilité qu’elle ne présente pas le défaut B. Exercice 6 : On lance deux dés équilibrés et on s’intéresse à la somme des deux dés. 1 Quel est l’univers associé à cette expérience aléatoire. 2 Représenter la situation à l’aide d’un tableau. 3 Donner la loi de probabilité de cette expérience. Exercice 7 : Dans chacune des quatre situations suivantes, reconnaître une épreuve de Bernoulli en définissant le succès et la probabilité associée. ⋆ situation 1 : on lance un dé cubique équilibré dont les faces sont numérotées de 1 à 6 et on regarde si le nombre obtenu est un multiple de 3. ⋆ situation 2 : on tire au hasard une carte dans un jeu de 32 cartes et on regarde si la carte tirée est un as. ⋆ situation 3 : on jette une pièce de monnaie non truquée. ⋆ situation 4 : on extrait une boule au hasard, d’une urne contenant 5 boules vertes et 2 boules rouges toutes indiscernables au toucher, et on note sa couleur. Exercice 8 : Une urne de Bernoulli contient deux boules blanches et une boule noire. 1 On tire deux boules successivement avec remise et on appelle X le nombre de boules blanches. Donner la loi de probabilité de X. 2 On tire deux boules successivement sans remise et on appelle X le nombre de boules blanches. Donner la loi de probabilité de X. 3 On tire deux boules simultanément et on appelle X le nombre de boules blanches. Donner la loi de probabilité de X. Exercice 9 : On lance deux dés tétraédriques parfaits et on regarde si la somme des dés est supérieure ou égale à 5. Donner la loi de probabilité associée à cette expérience.