canal lombaire. Au maximum, le canal vertébral peut être le
siège d’une véritable hernie avec méningocèle. Clinique-
ment, cette anomalie est le plus souvent asymptomatique,
mais peut entraîner une compression, généralement radicu-
laire. Elle est facilement mise en évidence par la tomoden-
sitométrie ou l’IRM, et peut être recherchée par une radio-
graphie de rachis lombaire de profil.
Poumons
La complication pulmonaire la plus classique est le pneu-
mothorax spontané, par rupture d’une bulle apicale. Les
anomalies observées lors des épreuves fonctionnelles res-
piratoires sont la conséquence des déformations thoraci-
ques ou le résultat de la surestimation des capacités théori-
ques du fait de la longueur excessive des jambes hors de
proportion avec le développement thoracique.
Manifestations cardiovasculaires
Son atteinte centrait le pronostic vital avant que la chirurgie
de remplacement de l’aorte ascendante ne se soit dévelop-
pée : 90 % des patients présentant un syndrome de Marfan
décédaient alors de complications cardiovasculaires, dis-
section et rupture aortique, insuffisance aortique ou mitrale
ou l’insuffisance cardiaque qui peut en résulter [6]. Depuis
l’amélioration de la prise en charge, le pronostic des pa-
tients s’est transformé et l’espérance de vie était de 72 ans
sur une étude publiée en 1995 [7]. Il est utile de faire le
diagnostic !
Atteinte valvulaire
La valve mitrale est souvent redondante, avec allongement
des cordages et dilatation de l’anneau mitral, comme dans
la maladie de Barlow. Il peut en résulter une insuffisance
mitrale parfois importante et il s’agit de la principale com-
plication cardiaque chez les patients jeunes. Mais la fuite
valvulaire peut aussi se développer avec le temps.
La grande majorité des fuites valvulaires aortiques résulte
de la dilatation de l’aorte ascendante, au niveau de la partie
supérieure de l’attache valvulaire, au-dessus de l’anneau
aortique proprement dit qui n’est habituellement pas dilaté,
au moins au début. Il est donc au moins théoriquement
possible de restaurer la continence de l’orifice en reformant
la géométrie de la racine aortique.
Anomalies de l’aorte
La paroi aortique des patients présentant un syndrome de
Marfan est fragilisée : son élasticité est altérée, et ce sur
l’ensemble de son trajet, thoracique et abdominal. Mais la
propriété élastique des parois des autres vaisseaux n’est pas
modifiée [8]. En conséquence, l’aorte initiale se dilate,
typiquement en « bulbe d’oignon ». Cette dilatation peut
débuter in utero et sa progression est très difficile à prévoir.
Deux complications sont à craindre : tout d’abord une fuite
aortique peut résulter de la modification de la position des
feuillets valvulaires (du fait de la dilatation), et dépend
donc directement du degré de dilatation de l’aorte initiale.
Ensuite et surtout, le risque de dissection ou de rupture
aortique.
Bien que la dilatation et le risque de dissection prédominent
au niveau de l’aorte ascendante, ces complications peuvent
également survenir sur l’aorte thoracique descendante ou
abdominale (les propriétés élastiques de la paroi aortique
sont modifiées sur l’ensemble de son trajet). Ceci est impor-
tant à considérer pour la thérapeutique (et il faudra poursui-
vre les béta-bloquants même après remplacement de l’aorte
ascendante) et pour la surveillance (il faut surveiller l’aorte
dans son ensemble).
Critères pronostiques :
facteurs favorisant la dissection aortique
La dissection de l’aorte ascendante a d’autant plus de risque
de survenir que
•Le diamètre aortique est plus élevé ; on considère que le
risque est faible (bien que non nul) lorsque le diamètre
aortique au niveau des sinus de Valsalva reste en dessous de
50 à 55 mm.
•Le diamètre aortique augmente, en valeur absolue chez
l’adulte ou plus que ne le voudrait la croissance chez
l’enfant : la dilatation rapide d’une aorte jusque là stable
doit faire considérer l’intervention avant que la dissection
ne survienne.
•Il existe une histoire familiale de dissection de l’aorte :
bien qu’une grande variabilité phénotypique soit observée à
l’intérieur d’une même famille, il semble que le risque de
dissection précoce soit plus important si un autre membre
de la famille a présenté une dissection aortique jeune ou
alors que les sinus de Valsalva n’étaient que peu dilatés.
•Le patient réalise des efforts isométriques qui s’accom-
pagnent d’une augmentation importante de la pression arté-
rielle systolique et augmente ainsi la contrainte appliquée à
l’aorte initiale. Il faut donc déconseiller les sports qui
impliquent ce type d’effort, tels le basket ball, le tennis, le
hand-ball, le volley-ball... et bien sur la musculation que ces
patients pourraient être désireux de la pratiquer du fait de la
diminution de la masse musculaire qui accompagne parfois
le syndrome.
STV, n° 2, vol. 15, février 2003 113
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 05/06/2017.