Correspondances en Onco-hématologie - Vol. III - n° 1 - janvier-février-mars 2008
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dossier thématique
Coordinateur : Sylvain Choquet
pu être objectivés pour les patients âgés de 60
à 69 ans, et aucun bénéfi ce en termes de survie
n’a été mis en évidence chez les patients les plus
âgés (2, 3). Il n’a jamais été décrit de différences
signifi catives lors du diagnostic de MM en ter-
mes de facteurs pronostiques liés à la maladie
entre des populations de sujets jeunes ou âgés.
Il existe en revanche une nette diminution de la
survie globale (SG) chez les sujets âgés, même en
cas de schémas thérapeutiques équivalents (1-
4). L’impact pronostique péjoratif de l’âge avancé
semble lié à la conjonction des divers facteurs que
sont la présence de comorbidités, le performans
status, les réserves physiologiques défi cientes,
le manque de support social et, plus particulière-
ment, un traitement spécifi que insuffi sant (5-7).
De surcroît, jusqu’à une période toute récente, les
patients âgés et, a fortiori, ceux qui sont très âgés
ne constituaient qu’une fraction marginale de la
population classiquement incluse dans les essais
thérapeutiques (1). L’association de melphalan et
de prednisone (MP), utilisée depuis les années
1960, est restée, jusqu’à une période toute récente,
le schéma thérapeutique le plus largement pres-
crit chez les patients âgés ne relevant pas d’une
procédure d’intensifi cation suivie d’autogreffe
de cellules souches (8, 9). Des associations plus
complexes de polychimiothérapies à base d’agents
alkylants ont été proposées par le passé et se sont
révélées source de toxicités supplémentaires sans
gain de survie comparativement au MP (10).
Toutefois, le “vieux” MP seul est en passe de
devenir obsolète depuis l’avènement récent de
son association avec le thalidomide chez le sujet
âgé, conduisant à un gain signifi catif en termes de
survie (11). La tendance actuelle visant à prendre
en compte les spécifi cités de cette population doit
se confi rmer afi n de préciser au mieux l’utilisation
des nouveaux agents que sont le thalidomide,
le bortézomib et le lénalidomide, seuls ou dans
diverses associations.
ASSOCIATIONS THÉRAPEUTIQUES
À BASE DE MELPHALAN ET DE PREDNISONE
Melphalan-prednisone et thalidomide
L’effi cacité du thalidomide a été initialement prou-
vée dans le cadre de MM en rechute ou réfractaire
(12). Son utilisation a ensuite été rapidement
testée en première ligne de traitement, en asso-
ciation avec le schéma MP. À ce jour, trois essais
successifs de phase III, l’un italien, les deux autres
menés par l’Intergroupe francophone du myélome
✔
(IFM) [IFM 99-06 et IFM 01-01], ont clairement
démontré la supériorité de l’association MP au
thalidomide (MPT) comparativement au MP seul
(11, 13, 14).
Profi ls des essais
Le Gruppo Italiano Malattie EMatologiche dell’
Adulto (GIMEMA) a comparé, de manière pros-
pective et randomisée, chez des patients âgés
de 60 à 85 ans, 6 cycles de MP (4 mg/m2 de melpha-
lan de J1 à J7) espacés de 4 semaines à un schéma
similaire associé à 100 mg/j de thalidomide (MPT)
en continu jusqu’à progression (13). Dans l’essai
IFM 99-06, étaient inclus des patients âgés de 65
à 75 ans (11). Le schéma MP était constitué de
12 cycles espacés de 6 semaines (0,25 mg/kg de
melphalan J1-J4, 2 mg/kg de prednisone J1-J4) ;
dans le schéma MPT, du thalidomide était ajouté
en continu à la posologie maximale de 400 mg/j, et
son administration cessait à l’issue du dernier cycle
de MP. Un troisième bras de traitement mettait en
œuvre une approche semi-intensive, constituée de
2 cycles de VAD (vincristine, doxorubicine, dexa-
méthasone), un recueil de cellules souches après
traitement par 3 g/m2 de cyclophosphamide, et une
double intensifi cation suivie d’autogreffe avec condi-
tionnement par melphalan à 100 mg/m2. De ce fait,
cet essai est le seul ayant comparé le schéma MPT
au MP ainsi qu’à une attitude intensive à condition-
nement réduit. L’essai IFM 01-01 avait pour première
particularité de ne s’adresser qu’aux patients âgés
de plus de 75 ans, une population habituellement
sous-représentée dans les essais thérapeutiques
malgré le fait qu’elle constitue 20 % de la totalité des
patients atteints de MM (14). La seconde particula-
rité de cet essai a été sa conception en double aveu-
gle versus placebo selon le schéma de traitement
suivant : 0,2 mg/kg de melphalan J1-J4, 2 mg/kg
de prednisone J1-J4 et 100 mg/j de thalidomide ou
placebo pendant 18 mois.
Résultats des essais (tableau I)
Dans les trois essais, la supériorité du schéma MPT
sur le schéma MP est clairement démontrée, tant
en termes de taux de réponse que de survie sans
événement (11, 13, 14). Dans les deux premiers
essais (IFM 99-06 et GIMEMA), les taux de réponse
obtenus avec le MPT s’avèrent superposables avec,
respectivement, 13 % et 16 % de réponse complète,
et 76 % de réponse globale dans les deux essais.
Dans l’essai IFM 01-01 portant sur des patients très
âgés, dont un tiers atteignaient plus de 80 ans, les
taux de réponse se révèlent légèrement inférieurs
(61 % de réponse globale et 7 % de réponse com-