LE KITSCH

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LE KITSCH
C’EST CHIC
Les origines du mot
Le terme « kitsch », introduit de manière plutôt accidentelle vers 1860, présente une étymologie incertaine. On recourt généralement à trois hypothèses différentes pour expliquer son origine. On relie parfois les sources du mot « kitsch » au verbe allemand
verkitschen, qui signifie « brader », « vendre en dessous du prix » ou encore « vendre quelque chose à la place de ce qui avait été
demandé ». On fait également remonter son origine au verbe allemand kitschen, qui signifie « ramasser des déchets dans la rue ».
Finalement, on voit parfois dans le mot anglais sketch, esquisse en fraçais, prononcé à l’allemande, l’origine possible du terme
« kitsch ».
Le caractère du Kitsch
Objets souvenirs en coquillage, coucou suisse en plastique, casquette avec ventilateur, cadre paysage qui s’allume pour imiter les
vagues, escarpins roses à pompon, dés en peluche pendus au rétroviseur de la voiture ou encore petit chien hochant la tête sur la
planche arrière, jusqu’au nain trônant dans nos jardins ; le «kitsch», mot qui évoque un certain côté péjoratif tout en ayant une certaine connotation affective, semble s’être immiscé partout dans notre vie quotidienne.
Le Kitsch porte toujours une connotation dévalorisante, une chose kitsch n´a pas de véritable valeur, elle est bon marché dans tous
les sens du mot.
De plus il est évident que le souvenir touristique semble être le prototype du kitsch. La fonction du souvenir touristique nous dit
bien des choses sur la fonction du Kitsch. Un souvenir est toujours une trace d´un voyage que l´on a fait, cette trace sert à conserver
la mémoire de cette expérience faite, elle est le lien entre l´experience passée et le présent. Ainsi le sujet s´identifie à l´objet pour
démontrer aux autres ce qu´il a fait. Le Kitsch détient donc toujours une fonction personnelle (l´identification), mais surtout une
fonction sociale : communiquer et démontrer ce que l´on a fait ou ce avec quoi on s´identifie.
Cette identification n´est pas une identification intellectuelle, il s´agit là d´une identification purement émotive. L´objet kitsch (comme
le souvenir touristique) est fortement chargé d´émotions. En même temps, cet objet n´est toujours qu´une reproduction. La petite
tour Eiffel à emporter n´est qu´une reproduction de la véritable expérience de l´original. De même, la carte postale qui nous montre
le coucher de soleil à la plage. Mais une telle copie nous semble toujours triviale, car elle n´est pas comparable à l´original.
Et finalement, cet objet est toujours l´expression d´une perspective irréelle, trop «romantique», démontrant un monde rêvé qui n´a
rien à faire avec la réalité.
Les trois conditions nécessaires d´une chose appelé Kitsch sont donc :
sa sentimentalité jusqu´à l´exagération des émotions
sa banalité et sa trivialité
son refus de la réalité, sa préférence pour l´irréel, le phantastique, un monde de rêves
Signe de l´irréalisme mentionné est toujours une certaine «inconvenance» de l´objet kitsch aux conditions de la réalité. Cette inconvenance se manifeste de façons très différentes, surtout dans le absence de ce qui est mal. Le kitsch est le refus du mal, l´expression
d´une fuite de la réalité. Comme le dit Milan Kundera, l´idéal du kitsch est un contentement catégorique avec l´Etre, il en résulte le
«rejet de la merde».
L´inconvenance de l´objet kitsch avec le réel se montre aussi par une certaine «fausseté», un «trop grand», «trop petit», «trop
monumental», des «fausses dimensions» ou un «faux lieu», et cette inconvenance est souvent la raison qui donne à l´objet son trait
ridicule.
-Le nain de jardin est un petit homme sous-dimensionné, toujours riant, toujours travaillant avec acharnement, une créature phantastique et habitant le jardin du «bonhomme». De point de vue critique, on pourrait en faire le symbole du bonhomme même, qui
n´ose se révolter, toujours gentil. Ce bonhomme, comme il n´a rien à dire, il est au moins le maitre de ces petites créatures surréelles.
-La petite réproduction de la tour Eiffel perd tout le caractère menaçant que possède l´original du fait de ses énormes dimensions.
Le kitsch aujourd’hui
Parallèlement à la globalisation progressive des marchés et des produits échangés, le kitsch est devenu involontairement un des styles
les plus répandus dans le monde à travers les produits de consommation courante. Le terme, entre péjoratif et affectif, reflète toutefois le point de vue esthétique d’individus généralement cultivés et occidentaux: la kitschité d’un objet est surtout corollaire des goûts
de son observateur. Ainsi, l’art rococo, les nappes napolitaines et les horloges bavaroises sont souvent taxées de kitsch, parfois avec
condescendance, ou avec humour.
.Du côté de l’art contemporain, le kitsch aussi s’est fait une place.
« Le champ de l’art c’est tellement agrandi qu’on serait presque tenté de dire que l’art lui-même est devenu kitsch »
Bertrand Lavier
Le kitsch, qui inspire la méfiance, premièrement parce qu’on ne sait pas trop ce que ce mot désigne et, parce qu’au-delà du flou, au
demeurant pas très esthétique le mot reflète une connotation péjorative le plus souvent associée au « mauvais goût » attire rarement les éloges des critiques d’art mais aussi des galeristes dont certains refusent même d’exposer des artistes se revendiquant en
tant que tel. Sans toutefois relancer le vieux débat sur le concept du « goût », où le « bon goût » s’oppose alors au « mauvais goût »
(le kitsch ?) nous tenterons d’analyser la place du kitsch dans l’art contemporain. Le kitsch c’est quoi au final ? Quels sont les artistes
contemporains pratiquant ou évoquant cette notion ? L’esthétique du kitsch a pénétré depuis longtemps les esprits et les musées,
mais rares sont les artistes qui acceptent le qualificatif, plutôt synonyme de faute de goût. Alors kitsch ou pas kitsch ?
Dans les années 1980, Jeff Koons a porté le kitsch à des hauteurs esthétiques transcendantales, trouvant dans la marketisation des
images des ressources de création potentielles. Au Japon, la culture manga, et notamment le style kawai (mignon) ont été les vecteurs
d’incalculables productions kitsch : Takashi Murakami a détourné la connotation puérile de ces productions dans ses œuvres.
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