Les livres choisis Prix lycéen du livre 2015/2016 de philosophie

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Les livres choisis
2015/2016
Prix lycéen du livre
de philosophie
Florent
Bussy,
Qu’est-ce
totalitarisme?, Éd. Vrin.
que
le
Les régimes totalitaires sont au cœur du
XXe siècle. On les confond souvent avec
les despotismes qui ont dominé l’histoire,
ignorant ainsi ce qui les anime et les
distingue : un fantasme idéologique
d’unification totale de la société, par une
violence inouïe visant à faire disparaître
les populations censées être responsables
des crises. Cet essai rend compte du
caractère révolutionnaire du totalitarisme,
en montrant qu’il s’en prend non
seulement à ses opposants réels, mais à
l’humanité de l’homme en sa spontanéité.
Les textes d’Arendt et d’Orwell étudiés
montrent ainsi que, dans le totalitarisme,
les lois, qui stabilisent les affaires
humaines, laissent place à une mise en
mouvement permanente de la société et la
réalité empirique à la fiction psychotique
d’une société totale.
Christophe Genin, Kitsch dans l’âme, Éd.
Vrin.
Le kitsch, par-delà l’enjeu esthétique d’une
affaire de goût ou de style, est un choix
existentiel dans lequel un parvenu met
toute son âme pour épater autrui. Cette
âme est le coeur mis à l’ouvrage par une
conscience morale en quête de bonheur
plus que de vertu. La question est de
comprendre cette âme de l’homme qui a
opté pour le kitsch ou qui veut s’y fondre
par une contrefaçon d’immortalité. Image
de soi fixée à un temps de jeunesse
radieuse, comme si l’instant joyeux
réfractait toute l’éternité possible, comme
si l’humain pouvait, dans l’ivresse d’une
seconde, retrouver l’Eden d’un monde
sans négativité où même les tragédies de
l’histoire seraient maquillées de paillettes.
1 Catherine Kintzler, Penser la laïcité, Éd.
Minerve.
La laïcité est une idée à la fois simple et
difficile – ce n'est pas incompatible. C'est
paradoxalement
sa
pauvreté
(son
minimalisme) qui en fait la puissance. Il ne
sert à rien de dire qu'elle est abstraite :
son efficacité concrète s'apprécie à la
quantité
de
liberté
qu'elle
rend
possible. C'est ce qu'on essaie de montrer
en examinant les questions « de terrain »
qui ont jalonné les deux dernières
décennies, entre autres : qu'est-ce que
l'extrémisme laïque ? Comment la laïcité
a-t-elle été offerte en cadeau à l'extrême
droite ? L'interdiction du masque intégral
est-elle d'inspiration laïque ? La liberté des
cultes requiert-elle un soutien public ? Une
entreprise peut-elle revendiquer la laïcité ?
Y a-t-il une « spiritualité laïque » ? Autant
d'occasions pour l'auteur de tester une
théorisation générale et d'élargir la
réflexion
par
des
échappées
philosophiques – sur la nature du lien
politique, les formes de la liberté, la notion
de communauté, l'identité, la notion de
position critique, le statut de la culture,
celui de la morale et de la perfectibilité.
Olivier Rey, Une folle solitude. Le
fantasme de l’homme auto-construit, Seuil.
Tout au long du XXe siècle, les enfants,
dans leurs poussettes, ont fait face à
l'adulte qui les promenait. Jusqu'aux
années 70, où un retournement massif est
intervenu : brusquement, on s'est mis à
orienter les enfants vers l'avant. Pourquoi
cette inversion ? La question, sous ses
apparences anodines, nous entraîne dans
une enquête inattendue et passionnante
au coeur du monde contemporain. La
démocratie et la science, nos références
cardinales, ont contribué conjointement au
retournement : l'une et l'autre privilégiant
un sujet libéré du poids du passé, des
entraves traditionnelles, un sujet regardant
d'emblée
vers
l'avant
et
autoconstruit. Sommes-nous
pour
autant
devenus des surhommes qui tirent leur
être d'eux-mêmes et élaborent de façon
autonome leurs valeurs ? Ou bien
sommes-nous restés des hommes qui, à
récuser toutes les autorités, risquent de
s'abandonner aux déterminismes aveugles
2 et aux fantasmes régressifs que, vaille que
vaille,
les
civilisations
s'efforçaient
d'apprivoiser ? Pour Olivier Rey, les récits
inventés depuis un demi-siècle par la
science-fiction sont moins fantaisistes
qu'on ne le pense : ils nous instruisent sur
un réel qui, sous des dehors rationnels,
est plus que jamais gouverné par
l'inconscient. Ses analyses éclairent les
orientations actuelles de la biologie qui,
s'emparant de la reproduction humaine, a
entrepris de matérialiser des théories
infantiles, de nous affranchir des chaînes
généalogiques et de l'obscurité de l'origine
sexuelle.
L'examen
des
doctrines
éducatives en usage, promouvant un
enfant délivré de la tutelle des adultes,
constructeur de ses savoirs et de luimême, nous permet de mesurer à quel
point l'utopie de l'auto-fondation a pénétré
notre monde.
Frédéric Worms, Revivre. Éprouver nos
blessures et nos ressources, ChampsFlammarion.
PARTICIPATION
http://prixphilo.org
http://prixphilo.org/Forums/
http://prixphilo.org/regelement.html
Un verbe exprime en français l'un des
secrets de notre être et l'une des clés de
notre époque maniaco-dépressive : ce
verbe, c'est revivre. Il a deux sens que tout
paraît opposer. Revivre, c'est en effet
renaître, retrouver le sentiment d'être
vivant et relié à autrui. Mais c'est aussi se
laisser rattraper par « un passé qui ne
passe pas » et se replier sur soimême. Chacun de nous fait cette double
expérience, souvent sans le savoir. Il faut
pourtant la penser, l'affronter, résister à ce
qui nous enferme, accéder à ce qui nous
délivre. Inventaire de nos blessures et de
nos ressources, diagnostic du moment
présent, parcours dans les idées et les
œuvres, ces propos renouent avec les
actes les plus intenses de notre vie. Un
art de vivre, c'est-à-dire de revivre, qui
pourrait bien être le seul possible
aujourd'hui.
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