Introduction
Le Maroc a adhéré aux principales conventions internationales relatives à l’enfance, à
commencer par celle des Nations unies sur les droits de l’enfant, ratifiée en 1993,
ainsi qu’aux règles de Beijing sur l’administration de la justice pour mineurs.
En vertu de l’article 1 de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE)
ratifiée par le Maroc : « un enfant s’entend de tout être humain de moins de 18 ans
sauf si la majorité est atteinte plus tôt ». Cette définition de la CIDE ne repose ni sur
une base physiologique ni psychologique, parce que l’être humain est capable de
comprendre les notions de bien et de mal avant dix huit ans. Toutefois, le droit se
trouve devant la difficulté de concilier la double nature de l’enfant qui est une
personne à part entière mais qui reste une personne vulnérable et inachevée.
La délinquance des mineurs se définie comme l’ensemble des infractions qui sont
commises par les mineurs c’est à dire par les jeunes de moins de dix huit ans. Selon la
CIDE, le mineur délinquant s’entend de « tout enfant suspecté, accusé ou convaincu
d’infraction à la loi pénale ».
Cette délinquance n’est pas l’apanage de notre pays, c’est un phénomène social qui se
retrouve dans toutes les sociétés. Elle reflète un échec de la socialisation et une crise
d’intégration d’une catégorie d’âge caractérisée par la fragilité et l’inachèvement de la
croissance. Elle peut revêtir soit un caractère initiatique :il s’agit des transgressions
observées lors du passage de l’adolescence à l’âge adulte ; soit un caractère
pathologique : elle est alors due à des troubles psychologiques fortement
individualisés ; soit enfin un caractère d’exclusion1 :elle est alors le produit de
facteurs socio-économiques liés au phénomène de la pauvreté et du chômage du père
ou de la mère, ce qui peut pousser les mineurs à s’adonner au vol pour compenser leur
pauvreté et subvenir à leurs besoins. A cela s’ajoute l’exode de la population rurale
vers les villes qui pose des problèmes d’intégration. Elle peut être également le
résultat des facteurs relatifs à la famille souvent dissociée, ou recomposée, dans
laquelle vit le mineur.
En plus de ces facteurs, on trouve le problème de l’inadaptation scolaire ou
professionnelle, le problème de la drogue et le bien facile qu’elle procure, tout cela
joue un rôle dans ces démarches de délinquance des mineurs. Ceci renvoi à ce que
l’on a pu appeler la crise des repères, à la défaillance du rôle socialisateur de la
famille, de l’école, et cela fait référence à ce que la sociologie appel la crise des
processus de socialisation, cette crise de civilisation c’est ce que Raymond Aron à
justifier en disant « l’incapacité des adultes de transmettre aux générations montantes
le respect des valeurs ou l’obéissance à des impératifs qui fondent la cohérence d’une
société.
Historiquement déjà, les civilisations ont connu ces rapports difficiles entre les
générations. Ainsi, chez les philosophes grecques Socrate soulignait déjà « notre
jeunesse aime le luxe, elle a de mauvaises manières, méconnaît l’autorité et n’a aucun
respect de l’âge » et Socrate concluait « les enfants d’aujourd’hui sont des tyrans ».
Toujours est il, la question qui se pose avec acuité est dans quelle mesure le mineur
délinquant est responsable de ses actes ou plutôt victime des circonstances ? faut il le
1 Cf. Lazeges et Balduyck, 1998, p. 5.