Développement n◦ 8/74 Benjamin Groux Calcul de l’intégrale de Dirichlet Mon développement Proposition. On a : Z +∞ 0 π sin t dt = . t 2 On note F : [0, +∞[ → R R +∞ −xt sin t x 7→ 0 e dt t et f: R+ × R∗+ → R −xt sin t . (x, t) 7→ e t La fonction F est bien définie sur [0, +∞[. En effet, pour tout x > 0, la fonction f (x, .) est continue sur ]0, +∞[, se prolonge par 1 continuité en 0 par f (x, 0) = 1 et quand t → +∞, f (x, t) = O t2 . Donc f (x, .) est intégrable sur ]0, +∞[ pour tout x > 0. De plus, pour tout A ≥ 1, on a Z 1 A A Z A cos t sin t cos t − dt = − dt t t 1 t2 1 d’après la formule d’intégration par parties appliquée aux fonctions t 7→ − cos t et t 7→ 1t . t t Or la fonction t 7→ cos est continue sur [1, +∞[ et quand t → +∞, cos = O t12 , donc t2 t2 R A t t 7→ cos est intégrable sur [1, +∞[. Quand A → +∞, l’intégrale 1 sint t dt admet donc une t2 R +∞ cos t dt. On peut donc définir également F (0). limite égale à cos 1 − 1 t2 Ensuite, – f est de classe C 1 sur R∗+ × R∗+ , – pour tous x, t ∈ R∗+ , on a ∂f (x, t) = −e−xt sin t, ∂x – pour tout compact [a, b] inclus dans R∗+ , tout x ∈ [a, b] et tout t ∈ R∗+ , on a ∂f (x, t) ≤ e−at . ∂x D’après le théorème de dérivation sous le signe intégral, F est donc C 1 sur R∗+ et pour tout x > 0, on a Z +∞ Z +∞ −1 x+i 1 ′ −xt −(x−i)t = − Im = 2 F (x) = − . e sin t dt = − Im e dt = − Im 2 x−i x +1 x +1 0 0 Il existe donc C ∈ R tel que pour tout x ∈ R, F (x) = C − Arctan x. Or, il est clair que pour tout x > 0, Z +∞ 1 |F (x)| ≤ e−xt dt = x 0 donc F admet une limite en +∞ égale à 0, donc C = π2 . Finalement, pour tout x > 0, on a F (x) = π − Arctan x . 2 1 (1) Développement n◦ 8/74 Benjamin Groux De plus, en notant G: [0, +∞[ → R R t sin u , t 7→ 0 u du R +∞ on a F (x) = 0 e−xt G′ (t) dt pour tout x ≥ 0. Soient alors 0 < a < b. En intégrant par parties sur [a, b], on obtient Z b Z b −xt b −xt ′ e−xt G(t) dt . e G (t) dt = e G(t) a + x a a R +∞ En faisant tendre a → 0 et b → +∞, on obtient alors F (x) = x 0 e−xt G(t) dt. Ainsi, Z +∞ Z +∞ u −xt −u − F (0) du . G |F (x) − F (0)| = x e (G(t) − F (0)) dt = e x 0 0 Or, G admet une limite en +∞ égale à F (0). Étant de plus continue sur R+ , la fonction G est donc bornée sur R+ . Ainsi, – pour tout u > 0, quand x → 0, e−u G ux − F (0) tend vers 0, – pour tous u > 0 et x > 0, on a e−u G ux − F (0) ≤ e−u (kGk∞ + |F (0)|). D’après le théorème de convergence dominée, quand x → 0, Z +∞ u e−u G − F (0) du x 0 tend vers 0, donc F (x) admet une limite égale à F (0). En utilisant (1), on en conclut que F (0) = π2 . Références J’ai utilisé [FGN10, p. 214]. On peut aussi consulter [FGN10, p. 217]. Leçons correspondantes J’utilise ce développement pour les leçons 236, 239. Remarques – Le niveau de ce développement est relativement bas. De plus, il y a d’autres choses intéressantes à proposer dans les leçons 236 et 239. – La fonction t 7→ sint t n’est pas intégrable sur [0, +∞[. En effet, pour tous n ∈ N et π π t ∈ nπ + 6 , (n + 1)π − 6 , on a 1 1 | sin t| ≥ ≥ t 2t 2(n + 1)π donc Z +∞ 0 L’intégrale +∞ Z (n+1)π +∞ X X sin t sin t 2π 1 dt = dt ≥ = +∞ . t t 3 2(n + 1)π n=0 nπ n=0 R +∞ 0 sin t t dt est donc ≪ impropre ≫ . 2 Développement n◦ 8/74 Benjamin Groux Figure 1 – Non-intégrabilité de la fonction t 7→ sin t . t – L’idée sous-jacente dans ce développement est que la transformée de Laplace de la fonction sin est t 7→ t21+1 , donc t 7→ sint t est la transformée de Laplace inverse de R +∞ x 7→ x t2dt+1 . – Il existe de nombreuses autres manières de calculer l’intégrale de Dirichlet. Par exemple, iz – on peut appliquer la formule de Cauchy à la fonction z 7→ ez et au contour C1 ou C2 ci-dessous ; iz – on peut aussi l’appliquer à la fonction z 7→ e z−1 et choisir comme contour un demicercle ; – de la même manière, on peut appliquer la formule de Green-Riemann à la forme différentielle ω= e−y [(x sin x − y cos x) dx + (x cos x + y sin x) dy] x2 + y 2 et au contour C2 ci-dessous ; Figure 2 – Contours C1 et C2 . – on peut montrer que la suite de terme général Z 0 π/2 sin((2n + 1)t) dt sin t 3 Développement n◦ 8/74 Benjamin Groux est constante, puis, en appliquant le lemme de Riemann-Lebesgue, que ! Z π/2 Z π/2 sin((2n + 1)t) sin((2n + 1)t) lim dt − dt = 0 ; n→+∞ t sin t 0 0 – on peut aussi intégrer f : (x, t) 7→ e−xt sin x sur un domaine [ε, T ] × [0, +∞[ ; – on peut montrer que pour tout x > 0, Z π/2 −x cos(t) e 0 π cos(x sin(t)) dt = − 2 Z x 0 sin t dt ; t – on peut utiliser les transformées de Laplace d’une autre manière (voir [FGN10, p. 217]). Questions possibles sin t t n’est pas intégrable sur [0, +∞[. R +∞ cos t 2. Que peut-on dire de l’intégrale 0 dt ? t 1. Montrer que la fonction t 7→ 3. Montrer que Z 0 +∞ sin t dt = t 4. Montrer que pour tout x > 0, on a Z 5. Calculer la somme +∞ x Z 0 +∞ sin t t 2 dt . sin t 2 dt ≤ . t x Z +∞ X 1 +∞ sin t dt . n t 2nπ n=1 Références [FGN10] Serge Francinou, Hervé Gianella et Serge Nicolas : mathématiques, Oraux X-ENS, Analyse 3. Cassini, 2010. 4 Exercices de