Chapitre 1
Le vocabulaire des lois de composition sur un ensemble
Ce premier chapitre est consacré à l’introduction de quelques structures algébriques fondamentales de
l’algèbre générale, en particulier les groupes, les anneaux et les corps. Nous étudierons particulièrement le
groupe symétrique qui sera très utile dans la suite du cours à travers notamment la notion de déterminant.
I. Groupes
Nous allons commencer par la notion de groupe. Le concept se développa à travers différents travaux
notamment d’ Évariste Galois, d’Augustin Louis Cauchy, d’Arthur Cayley, de Felix Klein, de Sophus Lie
et c’est finalement Walther von Dyck pour la définition générale abstraite employée aujourd’hui.
I.1. Définition et premières propriétés. On commence par introduire la notion de groupe.
Définition 1. Un groupe est un ensemble Gmuni d’une loi de composition interne ∗, c’est-à-dire d’une
application :
G×G→G
(x, y)7→ x∗y
vérifiant les propriétés suivantes :
(1) La loi ∗est associative :x∗(y∗z)=(x∗y)∗zpour tout x, y, z dans G.
(2) (G, ∗)possède un élément neutre, c’est-à-dire un élément e∈Gtel que e∗x=x∗e=xpour tout
xdans G.
(3) Tout élément de Gest inversible : pour tout x∈G, il existe y∈Gtel que x∗y=y∗x=e.
Si de plus, x∗y=y∗xpour tout x, y appartenant à G, on dit que (G, ∗)est un groupe commutatif (ou
abélien, en l’honneur de Niels Abel).
Remarque 2. On ne doit pas être impressionné par le vocabulaire employé ci-dessus : une loi de composition
interne désigne seulement une opération interne dans cet ensemble, qui, à deux éléments quelconques de
cet ensemble en associe, de manière unique, un troisième, toujours dans ce même ensemble.
Remarque 3. L’axiome d’associativité permet de définir l’opération sur trois éléments et non plus deux,
en enlevant les parenthèses. Evidemment par une récurrence triviale le principe se généralise à un nombre
quelconque fini d’éléments.
Remarque 4. Dans les exemples qui vont suivre, nous verrons que l’opération ∗peut désigner suivant les
cas l’addition +, la multiplication ×ou encore la composition ◦. Il faut donc en pratique toujours avoir à
l’esprit l’opération ∗associée au groupe.
Remarque 5. Notons que l’on a précisé dans (2) que le neutre est neutre à gauche et à droite, et dans (3)
que l’inverse est inverse à gauche et à droite car dans le cas général d’un groupe non commutatif le résultat
des opérations x∗yet y∗xpeuvent différer. Cependant les axiomes peuvent être réduits. Par exemple, on
obtient une définition équivalente si on remplace les deux derniers axiomes de la définition ci-dessus par
les conditions suivantes : il existe un élément ede Gqui est neutre à gauche et tout élément admet un
inverse à gauche, i.e. (si vous n’avez pas l’habitude, i.e. est une abréviation latine pour id est, ce qui veut
dire c’est-à-dire) pour tout élément ade G, il existe bdans Gtel que b*a=e(ce qu’on peut exprimer en
disant que tout élément de Gadmet un symétrique à gauche en association avec e).
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