
3
ennemie, l'être in-siste en lui-même en tant qu'in-dividu (indivis), de façon immanente ». De
même, Proust (2002) indique : « La résistance est un fait, elle est incluse dans l’être et non un
devoir-être ». Conscients de l’intérêt de développer un outil permettant aux professionnels
d’évaluer les attitudes et les comportements résistants des individus, Austin, Plouffe et Peters
(2005) ont proposé une échelle de mesure de la « rébellion anti-commerciale des
consommateurs » définie comme une « résistance ouverte et avouée aux pratiques marketing
institutionnalisées ». Sur la base d’une revue de la littérature et d’une étude qualitative, cette
échelle développe quatre dimensions. La dimension « artifice » capture les croyances que les
individus ont du marketing, des ruses utilisées pour les piéger dans un mode de vie orienté
vers la surconsommation. La dimension « évitement » rend compte du comportement de
certains consommateurs qui s’abstiennent volontairement d’acheter des produits aux
entreprises non-éthiques. La dimension « cynisme » saisit la tendance du consommateur à
douter de l’intégrité des entreprises et à se méfier des motifs qui sous-tendent leurs actions.
Enfin, la dimension « manipulation » traduit la perception qu’ont les consommateurs que les
pratiques marchandes sont autant de moyens de les exploiter et d’influencer leurs
comportements. Bien que l’outil présente des indices d’ajustement corrects, sa
conceptualisation est discutable. En effet, les dimensions qui la constituent intègrent à la fois
des antécédents situationnels (artifice, manipulation), des caractéristiques individuelles
(cynisme) et des manifestations du phénomène à mesurer (évitement), ce qui questionne sa
cohérence. D’autre part, les antécédents situationnels – artifice et manipulation – paraissent
très proches sur le fond et aucune information n’est reportée sur la corrélation des facteurs
(Roux, 2007). De plus, cette échelle conçue pour mesurer « la résistance ouverte et avouée »
des consommateurs saisit en fait le comportement de résistance lui-même, et non la
propension du consommateur à adopter ces comportements, ce qui en fait un outil limité pour
prédire et anticiper d’autres comportements hors du champ direct de l’étude.