Les inconvenients de l’intégrale de Rieman :
1. On démontre que toute fonction intégrable Rieman est bornée. Pourtant on utilise
souvent des intégrales comme R1
0
1
√xdx. On ne peut pas définir une telle intégrale en
utilisant la définition vue ci-dessus car la fonction x7→ 1
√xn’est pas bornée (donc
elle n’est pas intégrable) sur ]0,1]. On doit faire alors une extension “artificielle” de
la définition. Pour ce cas on définira R1
0
1
√xdx par l’égalité
Z1
0
1
√xdx = lim
7→0+ Z1
1
√xdx
ce qui donne
Z1
0
1
√xdx = lim
7→0+[2√x]1
= lim
7→0+(2 −2√)=2.
On procède de manière analogue pour définir l’intégrale sur un domaine non borné.
2. Considérons la fonction suivante (appellée fonction de Dirichlet) :
f: [0,1] 7→ Rdonnée par
f(x) = 1si x∈[0,1] −Q
0si x∈[0,1] ∩Q
où Qest l’ensemble des nombres rationnels.
On voit facilement que cette fonction n’est pas intégrable au sense de Rieman
(car pour toute sous division 0 = x0< x1< x2<···xN−1< xN= 1 on peut choisir
d’abord ξ0, ξ1,···ξN∈[0,1] −Qce qui donne PN−1
j=0 f(ξj)(xj+1 −xj) = 1 et ensuite
ξ0, ξ1,···ξN∈[0,1]∩Qce qui donne PN−1
j=0 f(ξj)(xj+1 −xj) = 0, donc contradiction).
D’autre part, Q∩[0,1] est négligeable car dénombrable, alors “c’est comme si f≡1”.
On voudrait alors dire : R1
0f(x)dx =R1
01dx = 1.
3. Il est difficile de passer à la limite sous l’intégrale. Il faut des hypothèses fortes de
convergence uniforme.
Une présentation “intuitive” de l’intégrale de Lebesgue.
En 1902 H. Lebesque utilise une idée différente pour définir Rb
af(x)dx pour une fonction
f: [a, b]→R.
Nous présentons l’idée pour le cas f≥0et nous renvoyons à la Section 1.4 pour le cas
général.
Considérons N∈N∗un nombre “grand” et une division
0 = y0< y1< y2<··· < yN−1< yNde l’intervalle [0,+∞[avec yj−yj−1“petite” pour
tous j= 1,2,···Net yN“grande” (par exemple on peut prendre N=p2avec p∈N∗et
p→ ∞,yj=j
ppour j= 0,1,···p2).
On définit alors (quand elle existe)
Zb
a
f(x)dx = lim
N7→+∞"N−1
X
j=0
yj·“mesure(f−1([yj, yj+1[))00 +yN·“mesure(f−1([yN,+∞[))00#
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