
RéQua-HAS – Check-list en endoscopie digestive, Questionnaire sur l’utilisation et l’implantation 5
Rapport d’évaluation
C
ONTEXTE
Les soins chirurgicaux constituent depuis plus d’un siècle une composante essentielle des soins
de santé partout dans le monde (234 millions d’interventions par an dans le monde)
1
. Ces soins
entraînent une part non négligeable de décès (0,5 à 5 %) et de complications postopératoires
(environ 25 %), qui s’avèrent dans la moitié des cas évitables, car liés à des dysfonctionnements
dans l’organisation des soins, l’information du patient ou le respect des protocoles. Face à ce
constat, l’Organisation Mondiale de la Santé a lancé en 2008 le programme « Safe Surgery Saves
lives »
2
, qui avait pour but de réduire les taux de complications et de décès postopératoires, en
renforçant l’implication des équipes afin d’améliorer la sécurité du patient en chirurgie.
Ce programme a conduit à la mise en place d’une check-list, outil simple et facile à mettre en
œuvre, qui a été testé dans plusieurs pays et dont des études publiées récemment ont montré
l’efficacité
3
,
4
. La HAS et les représentants des professionnels travaillant au bloc opératoire, en
association avec les représentants des patients, ont adapté cette check-list au contexte français, et
l’ont appelé « Check-list Sécurité du patient au bloc opératoire ». La certification des
établissements de santé a rendu obligatoire, à partir du 1
er
janvier 2010, la mise en place de ces
outils. Dans le cadre de l’accréditation, la mise en place de la check-list et l’étude de sa mise en
œuvre font partie du programme inter-spécialités des organismes agréés pour l’accréditation des
médecins.
Cet outil est apparu peu adapté aux spécificités de certaines chirurgies ou activités
5
. La Société
Française d’Endoscopie Digestive (SFED) et la HAS ont ainsi élaboré une check-list « Sécurité du
patient en endoscopie digestive » en juin 2010. Déclinée à partir de la check-list « Sécurité du
patient au bloc opératoire », cet outil apparaît plus adapté aux problématiques propres à cette
activité interventionnelle effectuée le plus souvent dans des unités dédiées (bloc d'endoscopie), ou
plus rarement au bloc opératoire.
Si la check-list permet manifestement un développement de la culture sécurité, en lien avec une
diminution des complications post-opératoires
6
, plusieurs études ont montré que l’implantation de
la check-list n’était pas encore optimale
7
,
8
,
9
. En effet, l’implantation de la check-list nécessite un
véritable changement culturel dans les blocs opératoires, imposant des échanges soutenus et un
partage d’information entre les différents professionnels concernés. De nombreux freins ont été
identifiés, liés au concept de l’outil (limitation de l’autonomie, réticence administrative,
1
Alliance mondiale pour la sécurité des patients. Une chirurgie plus sure pour épargner des vies. Deuxième défi
mondial pour la sécurité des patients. Organisation Mondiale de la Santé, 2008.
2
Programme « Safe Surgery Saves Lives »; site web: www.who.int/patientsafety/safesurgery/en/.
3
Haynes, Weiser TG, Berry WR, et al. A Surgical Safety Checklist to Reduce Morbidity and Mortality in a Global
Population. N Engl J Med 2009;360:491-9.
4
Weiser TG, Haynes AB, Dziekan G, et al. Effect of a 19-item surgical safety checklist during urgent operations
in a global patient population. Ann Surg 2010;251:976-80.
5
Panel P, Cabarrot P. Pourquoi une check-list au bloc opératoire ?. J Gynecol Obstet Biol Reprod 2010;39:362-70.
6
Haynes AB, Weiser TG, Berry WR, et al. Changes in safety attitude and relationship to decreased postoperative
morbidity and mortality following implementation of a checklist-based surgical safety intervention. Qual Saf
Health Care 2011;20:102-7.
7
Lingard L, Regehr G, Orser B, Reznick R, Baker GR, Doran D, Espin S, Bohnen J, Whyte S. Evaluation of a
preoperative checklist and team briefing among surgeons, nurses, and anesthesiologists to reduce failures in
communication. Arch Surg 2008;143:12-7.
8
Vats A, Vincent CA, Nagpal K, Davies RW, Darzi A, Moorthy K. Practical challenges of introducing WHO surgical
checklist: UK pilot experience. BMJ. 2010 Jan 13;340:b5433. doi: 10.1136/bmj.b5433.
9
Fourcade A, Grenier C, Bourgain JL, et al. Impact des conditions organisationnelles lors de l’application de la
checklist opératoire : exemple de la cancérologie. Symposium HAS - BMJ : Impact clinique des programmes
d'amélioration de la qualité (Clinical impact of quality improvement) - Nice, 19 avril 2010.