L’ONCO-SEXOLOGIE… UNE NOUVELLE (SOUS) SPECIALITE ? MODERATEURS : REINIER STEPHANE PEREZ, ET HERVE BASSEMENT. OPSOMER, ALEXANDRA HUBIN, ALEX KARTHEUSER, L’ONCO-SEXOLOGIE : DEFINITION REINIER OPSOMER (UROLOGUE - BRUXELLES) Il s’agit une nouvelle spécialité s’articulant sur la sexologie et l’oncologie. Elle a pour objectif de prendre en charge les patients susceptibles de développer des problèmes sexuels suite au traitement d’un cancer digestif, génito-urinaire ou gynécologique. Le traitement chirurgical radical des cancers du petit bassin entraîne une dénervation parasympathique et/ou sympathique des organes-cibles avec des conséquences sur les plans sexuel mais aussi urinaire. Par ailleurs, la confection d’une dérivation urinaire ou digestive définitive altère l’image corporelle des patients qui, dès lors, peuvent se refuser à toute activité sexuelle. La radiothérapie et l’hormonothérapie peuvent également avoir un impact négatif sur la fonction sexuelle. A l’initiative de L. Incrocci (radiothérapeute à Rotterdam) une société internationale d’onco-sexologie a été créée il y a quelques années. Depuis lors, de nombreuses équipes multidisciplinaires d’onco-sexologie ont vu le jour notamment au Canada. LE COUPLE (PATIENT ET SA PARTENAIRE) FACE AU DIAGNOSTIC DE CANCER ET DE SES SEQUELLES POTENTIELLES. ALEXANDRA HUBIN (SEXOLOGUE –BRUXELLES) Sur base de la littérature scientifique, nous analyserons les portées conjugales et sexuelles consécutives à l’annonce d’un cancer et à ses répercussions cognitives, émotionnelles, comportementales, physiologiques et environnementales. Le cancer atteint entièrement l’individu malade mais également son entourage proche et ainsi tout particulièrement son conjoint. Tous deux doivent faire face à un stress existentiel profond associé à des préoccupations concrètes telles que l’organisation familiale, les finances, … Nous verrons que face au diagnostic de cancer et à ses séquelles potentielles, la dynamique de couple est fragilisée. Pourtant, quand elle est adéquate, elle se révèle d’une grande aide thérapeutique. Effectivement, le cancer peut resserrer ou desserrer les liens entre les membres du couple et ainsi mettre leur ménage en difficulté. Le défit du couple confronté à cette situation est de permettre une communication favorisant l’expression des joies comme des craintes, des plaisirs comme des souffrances, … malgré le cancer. De surcroît, la dynamique conjugale ne devra être ni trop fusionnelle ni trop distante pour ne pas engendrer des effets négatifs sur le bien-être mental et physique du patient cancéreux mais également sur son conjoint. Nous appuierons que le soutien d’une équipe pluridisciplinaire apporté aux patients et à son partenaire est tout à fait souhaitable. Y A-T-IL ENCORE UNE VIE SEXUELLE APRES TRAITEMENT POUR CANCER DE LA PROSTATE, DE LA VESSIE OU DU RECTUM ? PLAIDOYER POUR UNE PRISE EN CHARGE MULTIDISCIPLINAIRE REINIER OPSOMER (UROLOGUE) ET ALEX KARTHEUSER (CHIRURGIEN COLO-RECTAL) Depuis longtemps les urologues sont conscients des « dégâts collatéraux » engendrés par la chirurgie radicale des cancers de la prostate et de la vessie. Ils sont attentifs à préserver les bandelettes vasculo-nerveuses (nerve sparing surgery) situées de part et d’autre de la prostate et de la vessie. Ils ont ainsi pu réduire de manière significative l’incidence des troubles d’érection. Depuis quelques années, les chirurgiens colo-rectaux sont également sensibles à cette problématique. Nous menons depuis 2 ans dans notre institution, à l’initiative de nos collègues chirurgiens colo-rectaux, une étude prospective visant à évaluer l’impact de la TME (Total Mesorectal Excision) sur les fonctions urinaire et sexuelle des hommes et des femmes porteurs d’un cancer du rectum. Cette chirurgie radicale et extensive mais en même temps respectueuse des plans anatomiques, est réputée moins délabrante que la chirurgie classique (amputation abdominopérinéale ou résection antérieure). De plus, le chirurgien tente dans la mesure du possible d’éviter la colostomie définitive en reconstituant un réservoir « interne ». Les résultats intermédiaires de cette étude démontrent des différences significatives entre les cohortes d’hommes et de femmes pourtant soumis à la même chirurgie. En bref, la population féminine se distingue de la population masculine par un « silence assourdissant » autour de la sexualité. Pour la majorité des patientes incluses dans l’étude, la priorité est donnée au traitement du cancer, la sexualité est tout à fait secondaire. La collaboration des psychologues et sexologues dans un cadre multidisciplinaire n’est pas un vain mot dans ce contexte! SEXUALITE DE LA FEMME APRES TRAITEMENT POUR CANCER GYNECOLOGIQUE STEPHANE PEREZ (MEDECIN SEXOLOGUE – LILLE) En présence d’un cancer, une croyance bien ancrée suggère qu’il n’est pas de bon ton d’aborder le thème de la sexualité. Tant en effet les associations liées à ces deux entités sont antinomiques. La sexualité serait liée à la vie et au plaisir ; le cancer confronterait inéluctablement à la mort. Dans la société occidentale actuelle, une idée répandue voudrait également que la sexualité se résume uniquement à la fonction sexuelle ou au coït. Un organe sexuel est atteint et le rapport sexuel n’est plus possible. Un organe sexuel est atteint et la sexualité dans sa globalité n’est plus possible. Les cancers gynécologiques en touchant des parties du corps liées à l’intime ont, en dehors des conséquences physiques, des répercussions psychiques. Ces modifications physiques, liées à la maladie et aux traitements, sont, en effet, autant d’atteintes à l’image de soi. Véritables blessures narcissiques, elles remettent bien souvent en cause les éléments constitutifs de l’identité du sujet : la féminité, la maternité. Et bien sûr la sexualité. Le but de cet exposé est de présenter les répercussions des cancers gynécologiques et de leurs traitements sur la sexualité de la femme et de son couple. L’intérêt étant surtout de démontrer l’importance d’aborder le poids de ces répercussions (souvent minoré ; parfois ignoré) lors d’une consultation pour cancer. Je vais donc tenter d’apporter durant ce court exposé quelques pistes pour aborder ce délicat sujet lors de la consultation. Parler de sexualité ne pouvant « malheureusement » pas se résumer à adresser la patiente à un sexologue… STOMIE EXTERNE (POUR CANCER DE VESSIE OU DU RECTUM), IMAGE CORPORELLE ET VIE SEXUELLE. HERVE BASSEMENT (STOMATHERAPEUTE - VALENCIENNES) Les cancers de vessie et du rectum touchent une population ayant 65 ans de moyenne d’âge. La première partie de mon exposé parle de l’annonce et de l’ « acceptation » du cancer. Le patient doit retrouver une force de vivre dans ce corps mutilé par la maladie et se reconstruire dans le couple. Le partenaire a un rôle difficile, il doit accepter la maladie, soutenir son conjoint tout en osant parler et en respectant sa douleur. Le personnel, par la consultation d’annonce, peut déjà évoquer la future sexualité du couple pour qu’à l’avenir, le patient sache qu’il peut demander de l’aide, ou recevoir de l’aide d’un personnel spécialisé. La deuxième partie de mon exposé traite des différentes interventions chirurgicales possibles entrainant chacune des séquelles sexuelles de différents ordres. Les traitements complémentaires du cancer ne sont pas anodins, nous verrons ici de quoi il s'agit vraiment. La troisième partie s’intéresse à la reprise des rapports sexuels, lorsque le patient y arrive et les peurs très présentes aussi bien chez l’homme que chez la femme. Le personnel se sent souvent démuni pour répondre aux questions et soulager les angoisses du patient et de son partenaire. Il existe des solutions pour rendre l’appareillage moins « gênant » lors des relations sexuelles, adaptées et adaptables à chaque couple. Médicalement, des solutions existent, il faut pouvoir les expliquer simplement au patient.