Questions naïves, primordiales, questions de personnes, d’intimités : Combien de
professionnels du soin prennent le temps et ose aborder ce sujet pour lequel ils
n’ont pas toujours de réponses médicales ?
« Lorsque je racontais qu’au jour de l’an 2003, en pleine chimio, j’avais pu
embrasser un garçon, avec qui je suis restée 3 mois, mon psy m’a regardée
bizarrement, comme si une jeune femme malade ne pouvait pas séduire un
homme ! Or j’avais pleins de questions, de peurs, sur cette nouvelle relation et
personnes avec qui partager. »
Le cancer dans la relation à deux
Pour certains, il y a cette histoire d’amour toute neuve quand soudain la maladie fait
irruption. Pour d’autres le cancer est déjà présent ou l’a été et il faut construire une
relation avec cet élément de sa vie. Au-delà de la rencontre et du quotidien il y a
l’intimité, la peur de ne plus plaire, de n’être plus une femme, un homme désirable.
Voir son conjoint affaiblit, triste, inquiet ou se sentir impuissant, vulnérable, perdu,
sont des sentiments déstabilisent dans une relation. « Lorsque mon ami revenais
de chimiothérapie, il fallait que je lui fasse sa toilette, que je lui donne à manger, je
n’arrivais plus à le trouver désirable ». Aujourd’hui, la période des soins se passe
aussi bien à l’hôpital qu’au au domicile. Cette nouvelle façon de vivre la maladie
chez soi change les équilibres du quotidien. Peut-on être amant et soignant ?
La peur du regard de l’autre
«Ce qui m’a le plus aidée à surmonter le traumatisme de la maladie, c’est de voir
que je pouvais quand même susciter le désir d’un homme »
Au-delà de cette difficulté dans le dialogue, il y a la peur du regard de l’autre.
Nouveau ou ancien petit ami, il faut d’abord s’accepter soi pour être accepté de
l’autre. Des changements physiques, temporaires ou définitifs ont lieu durant la
période des traitements. De nouvelles questions chercheront une réponse. Qui
pourra m’aimer avec mon sein abîmé et sans mes cheveux ? Suis-je encore un
garçon normal J’ai une ablation du sein, je n’ose plus me mettre nue devant ma
petite amie ? La réponse à ces questions est là encore très personnelle. Il n’y a pas
de réponse universelle, voir parfois pas de réponse du tout ! D’où la difficulté de
chercher de l’information sur ces sujets. De plus, les fantasmes, qui entourent la
sexualité, accentuent encore l’impression d’anormalité. Et puis il y a la peur d’être
jugé : par son entourage et son partenaire.
Certes, ce qui compte c’est de soigner, mais il ne faut jamais oublier qu’il s’agit de
personnes avec les problématiques de leur âge souvent accentuées par la maladie.
Marie-Aude Sevaux
Vice-présidente de Jeunes Solidarité Cancer
17 Août 2007
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