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traitement [23, 24], le cetuximab a d’abord été évalué chez
des malades en échec d’une ou de plusieurs lignes de
chimiothérapie.
L’étude randomisée, BOND, a évalué en deuxième ligne de
traitement ou au-delà, l’efficacité d’un traitement par cetu-
ximab seul ou en association avec l’irinotécan chez 329
patients ayant déjà reçu de l’irinotécan et surexprimant
EGFR. Les résultats montraient un taux de réponse tumo-
rale supérieur lorsque le cetuximab était associé à l’irinoté-
can (22,9 vs 10,8 %, p= 0,007), ainsi qu’un allongement
du temps jusqu’à progression (4,1 vs 1,5 mois, p< 0,001).
La médiane de SG n’était pas significativement différente
(8,6 vs 6,9 mois, p= 0,48) en raison probablement des
cross-over effectués dans le bras cetuximab seul [25].
Ces résultats ont permis d’aboutir à l’autorisation de mise
sur le marché du cetuximab. Par la suite, de nombreux tra-
vaux ont montré que le statut tumoral KRAS jouait un rôle
prédictif déterminant dans la réponse et la survie des
patients traités par cetuximab [23, 26-28].
Une étude a comparé chez des patients en impasse théra-
peutique (ayant déjà reçu du 5-FU, de l’oxaliplatine et de
l’irinotécan) soit du cetuximab en monothérapie, soit des
soins de support exclusifs [29]. Parmi les patients présen-
tant un statut tumoral KRAS sauvage, le traitement par
cetuximab, comparé aux soins de support exclusifs, était
significativement associé à une meilleure SG (9,5 vs
4,8 mois, p< 0,001) et SSP (3,7 vs 1,9 mois, p< 0,001).
En revanche, parmi les patients présentant un statut tumo-
ral KRAS muté, les médianes de SG et de SSP n’étaient pas
significativement différentes entre les deux groupes de
patients. La mutation du gène KRAS n’influençait pas la
survie des patients traités par des soins de support seuls.
Le cetuximab peut donc être utilisé en monothérapie ou
en association avec de l’irinotécan après échec d’un traite-
ment à base d’oxaliplatine ou d’irinotécan chez les patients
dont la tumeur présente un statut KRAS sauvage.
L’étude EPIC, réalisée chez 1 298 patients en échec du 5-FU
et de l’oxaliplatine, a montré qu’une chimiothérapie de
deuxième ligne par cetuximab associé à l’irinotécan donnait
de meilleurs résultats que l’irinotécan seul : augmentation
du taux de réponse (16,4 vs 4,2 %, p< 0,0001), allonge-
ment de la SSP (4 vs 2,6 mois, p< 0,0001), meilleure qualité
de vie (p= 0,047), cependant, sans amélioration significa-
tive de la SG (10,7 vs 10 mois, p= 0,71) [30].
En cas de réponse favorable à la chimiothérapie, la possibilité
d’un traitement chirurgical des métastases initialement non
résécables doit être systématiquement discutée. Une étude a
évalué le taux de résécabilité chirurgicale ainsi que les média-
nes de SG et de SSP après un traitement par cetuximab seul
ou en association avec une chimiothérapie chez 151 patients
présentant des métastases hépatiques initialement non résé-
cables et résistant à l’oxaliplatine et/ou à l’irinotécan [31].
Parmi ces patients, 25 ont pu avoir une résection chirurgicale
des métastases hépatiques après une médiane de six cycles
de chimiothérapie avec le cetuximab (dix résections R0 et 12
résections R1 ; un décès postopératoire). Après un suivi
médian de 16 mois, 23 patients (92 %) étaient en vie, et
dix (40 %) n’avaient pas présenté de récidive tumorale.
Les médianes de SSP et de SG, depuis l’introduction du cetu-
ximab, étaient de 13 et 20 mois, respectivement.
Panitumumab
Le panitumumab est un anticorps humain anti-EGFR de
type IgG2. L’évaluation de cet anticorps a été initialement
réalisée chez des patients en échec des traitements habi-
tuels. La première étude a comparé le panitumumab aux
soins de confort seuls chez des patients en échec de traite-
ment par 5-FU, oxaliplatine et irinotécan [32]. Les patients
avaient reçu au moins deux lignes de chimiothérapie et
devaient avoir une tumeur exprimant l’EGFR en immuno-
histochimie. Le panitumumab était administré à la dose de
6 mg/kg toutes les deux semaines. La différence en SSP
entre les deux groupes de patients était faible, mais signifi-
cative en faveur du groupe traité par le panitumumab (8,0
vs 7,3 semaines, p< 0,0001). Il n’existait pas de différence
significative en termes de SG en raison, probablement, des
cross-over effectués dans le bras soins de conforts seuls.
Comme pour le cetuximab, l’efficacité du panitumumab
dépend du statut KRAS. Chez les patients présentant une
tumeur KRAS sauvage, la médiane de SSP passait de 7,3 à
12,3 semaines (p< 0,0001), alors que chez ceux avec statut
tumoral KRAS muté, les SSP étaient similaires (7,4 vs
7,3 semaines) [33]. Plus récemment, une étude de phase
III a évalué l’efficacité du panitumumab en deuxième ligne
de traitement après échec d’une chimiothérapie à base de
fluoropyrimidine [34]. Les 1 186 patients inclus dans cette
étude étaient randomisés pour recevoir une chimiothérapie
par panitumumab et FOLFIRI ou FOLFIRI seulement. Le sta-
tut KRAS a été analysé de façon prospective pour plus de
90 % des patients. Les résultats d’efficacité ont montré,
chez les patients avec tumeur KRAS sauvage, une amélio-
ration significative de la médiane de SSP (5,9 vs 3,9 mois,
p= 0,004) avec le panitumumab en combinaison avec
FOLFIRI comparativement au FOLFIRI seul. La médiane de
SG était également améliorée, mais de façon non significa-
tive (14,5 vs 12,5 mois, p= 0,11). Chez les patients avec
tumeur KRAS mutée, le panitumumab n’augmentait pas
les médianes de SSP (5,0 vs 4,9 mois, p= 0,14) ou de SG
(11,8 vs 11,1 mois, p= 0,55). Il n’existe pas, à ce jour, d’étu-
des randomisées de phase III ayant évalué la combinaison
des deux thérapies ciblées au-delà de la première ligne de
traitement. Deux études randomisées de phase III ont mon-
tré que l’adjonction d’un anti-EGFR à une chimiothérapie
comportant du bevacizumab en première ligne de traite-
ment entraînait une majoration de la toxicité sans améliorer
la survie des patients [35, 36].
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HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 17 n
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spécial, mars 2010
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