Nombres complexes, sous-groupe des unités et géométrie

Nombres complexes, sous-groupe des unit´es et g´eom´etrie
pr´erequis :
Table des mati`eres
1. Construction de Cet premi`eres propri´et´es . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1. Nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2. L’exponentielle complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3. Polynˆomes et racines dans C. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2. Racines n-`emes de lunit´e ................................................ 3
2.1. Etude du groupe U.............................................. 3
2.2. Polynˆomes cyclotomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.3. Corps cyclotomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.4. Dual d’un groupe ab´elien fini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.5. Analyse harmonique sur un groupe ab´elien fini . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.6. S´eries thˆeta ...................................................... 8
3. Nombres complexes et eom´etrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.1. eom´etrie affine euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.2. eom´etrie conforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4. Quelques ´enonc´es de g´eom´etrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.1. Porisme de Steiner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.2. Th´eor`eme de Miguel et applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
4.3. Le th´eor`eme des 7 cercles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.4. Ellipse de Steiner ................................................ 15
5. D´eveloppements ........................................................ 15
6. Questions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
7. Solutions ................................................................ 16
R´ef´erences .................................................................. 18
1. Construction de Cet premi`eres propri´et´es
1.1. Nombres complexes.
D´efinition 1.1. — Cest le corps de rupture sur Rdu polynˆome irr´eductible X2+ 1.
Remarque : le fait que X2+ 1 soit irr´eductible d´ecoule du fait qu’il ne prend que des valeurs
1. En d´esignant par iune racine quelconque de X2+ 1 dans C, la famille (1, i) est alors
une base de Cen tant que Respace vectoriel ; autrement dit tout nombre complexe zs’´ecrit
de mani`ere unique sous la forme x+iy. Le r´eel x(resp. y) s’appelle la partie r´eelle (resp. la
partie imaginaire) de zet se note Re (z) (resp. Im(z)).
Le corps Cest aussi le corps de d´ecomposition de X2+ 1 sur Re sorte que l’extension C/R
est galoisienne (comme toute les extensions de degr´e 2 sur un corps de caract´eristique nulle) :
son groupe de Galois est {Id, τ}o`u τ(x+iy) = xiy s’appelle la conjugaison complexe.
D´efinition 1.2. Le module de zCest la racine carr´ee positive du r´eel positif zτ(z) =
x2+y2; on le note |z|.
1
2
Remarque : le module d´efinit une norme sur Cqui est multiplicative, i.e. |zz0|=|z|.|z0|.
On en d´eduit en particulier que l’ensemble Udes complexes de norme 1 est un sous-groupe
multiplicatif de C×.
Th´eor`eme 1.3. — Toute extension du corps Rest Cou le corps des quaternions.
1.2. L’exponentielle complexe. — Comme Cmunie de la norme |.|est complet, toute
suite de Cauchy y admet une limite. Appliquons cela `a la s´erie Pn0zn
n!qui est une s´erie enti`ere
de rayon de convergence +et appelons ezsa limite. On a alors les propri´et´es suivantes :
τ(ez) = eτ(z),|ez|=eRe zet ezUsi et seulement si ziR;
ez+u=ezeu, pour ez6= 0, (ez)1=ez;
la d´eriv´ee de l’application z7→ ezest ´egale `a ez.
Th´eor`eme 1.4. — L’application eest un morphisme continu, surjectif et non injectif de
(C,+) dans (C×,×)dont la restriction `a iRest surjective `a valeurs dans Uet de noyau 2πZ
o`u f rmest le plus petit r´eel a > 0tel que eia = 1.
D´efinition 1.5. Pour zC×, on note arg(z) l’ant´ec´edent de z
|z|dans R/2πZinduit par
l’isomorphisme f:R/2πZ'U; on l’appelle l’argument de z.
Corollaire 1.6. — tout morphisme continu de (R,+) dans (C×,×)est de la forme t7→ eiαt.
On d´efinit ensuite les fonctions cosinus et sinus :
cos z=eiz +eiz
2,sin z=eiz eiz
2i
que l’on peut aussi exprimer sous forme de s´eries enti`eres. On v´erifie alors les faits suivants :
– (cos)0=sin et (sin)0= cos ;
– cos2z+ sin2z= 1 ;
π/2 est le plus petit r´eel a > 0 tel que cos a= 0 ;
l’ensemble des p´eriodes des restrictions de sin et cos `a Rest 2πZ.
1.3. Polynˆomes et racines dans C. —
Th´eor`eme 1.7. — (d’Alembert-Gauss) Pour tout PC[X]il existe αCtel que P(α) = 0.
Corollaire 1.8. — Cest alg´ebriquement clos.
Application : elles sont nombreuses, citons :
les polynˆomes irr´eductibles de R[X] sont de degr´e 1 ou 2 et dans ce dernier cas avec un
discriminant strictement n´egatif ;
tout endomorphisme de Cnest trigonalisable, ce qui permet en particulier de prouver le
th´eor`eme de Cayley-Hamilton.
D´efinition 1.9. Un nombre complexe ztel que Q[z] est une extension finie de Qest dit
alg´ebrique, ce qui revient `a dire qu’il est la racine d’un polynˆome `a coefficients dans Q.
La r´eunion des nombres alg´ebriques forme un corps ¯
Qappel´e la clˆoture alg´ebrique de Q
dans C. L’ensemble des polynˆomes de degr´e n`a coefficients dans Q´etant d´enombrable, chacun
poss´edant nracines dans C, on voit que ¯
Qest d´enombrable. Les nombres complexes znon
alg´ebriques sont dits transcendants ce qui revient `a dire que le sous-corps Q(z)Cest
isomorphe `a Q(X). Bien que les nombres transcendants soient ¿tr`es nombreux À, il n’est pas
si facile de les identifier,
3
Th´eor`eme 1.10. — Le nombre r´eel πest transcendant.
Remarque : le r´esultat peut se d´eduire d´esormais du th´eor`eme de Lindemann-Weierstrass,
car e= 1 est alg´ebrique de sorte que est transcendant. De la mˆeme fa¸con, le nombre
complexe i´etant alg´ebrique, d’apr`es le th´eor`eme de Hermite-Lindemann, eiest transcendant.
Citons alors le paradoxe amusant suivant du `a Sierpinski et Mazurkiewicz.
Proposition 1.11. — Soit S={P(ei), P N[X]} ⊂ Cet AS(resp. BS) le sous-
ensemble donn´e par les polynˆomes Ptels que P(0) = 0 (resp. P(0) 6= 0). On a alors
S=AaB, S =B1, S =eiA.
Preuve : En effet si P(X) = anXn+··· +a0avec ai0 et a0>0 alors Q(X) = P(X)1
est tel que Q(ei)Set r´eciproquement tout z=Q(ei)Ss’obtient ainsi. De la mˆeme fa¸con
si P(X) est tel que P(0) = 0 alors P(X) = XQ(X) avec Q(ei) = eiP(ei)Set tout point
de Ss’obtient ainsi.
Remarque : contrairement au paradoxe de Banach-Tarski, on n’utilise pas ici l’axiome du
choix, par contre l’ensemble Sn’est pas born´e. On ne sait pas s’il existe un tel sous-ensemble
Sde C¿paradoxal Àqui soit born´e.
2. Racines n-`emes de l’unit´e
Dans la suite nd´esigne un entier naturel non nul.
2.1. Etude du groupe U. — On a vu que U'R/Zdont le sous-groupe de torsion est
Q/Z. Notons G=Q/Zqui est clairement de torsion et pas de type fini puisque tout groupe
de torsion de type fini est fini. On note Un={zC:zn= 1} ' 1
pnZ/ZQ/Z; muni de la
multiplication on obtient un groupe isomorphe `a Z/nZdont les g´en´erateurs sont appel´es les
racines primitives n-`emes de l’unit´e. L’ensemble des racines primitives n-`eme de l’unit´e est
not´e U0
n: il est de cardinal ψ(n). Soit alors
Gp=[
n1
1
pnZ/Z=1
pZ/Z1
p2Z/Z⊂ ··· ⊂ 1
pnZ/Z⊂ ···
Lemme 2.1. — Gpest l’unique pro-p-groupe de Sylow de G.
Preuve : Remarquons tout d’abord que Gpest un groupe : soient x, y Galors il existe n
et mtels que x1
pnZ/Zet y1
pmZ/Zet donc pour r= max{n, m},x, y 1
prZ/Zqui est
un groupe et donc xyGp. Par ailleurs si xGest d’ordre une puissance de p, alors
clairement xGp.
Lemme 2.2. — Les sous-groupes stricts de Gpsont les 1
pnZ/Z.
Preuve : Pour tout n0, 1
pnZ/Zest un sous-groupe de Gp. R´eciproquement soit Hun
sous-groupe de Gpet supposons que Hne soit pas de la forme 1
pnZ/Zde sorte que pour tout
n, il existe x6∈ 1
pnZ/Z. Soit mtel que x1
pmZ/Zavec donc m>nde sorte que pmnxest
un g´en´erateur de 1
pnZ/Zet donc 1
pnZ/ZHet finalement H=Gp.
Lemme 2.3. — Tout sous-groupe Hde Gest la somme directe de ses sous-groupes de Sylow
Hp=HGp.
4
Preuve : Soit xHet ntel que x1
nZ/Z'Qp1
pαpZ/Zo`u n=Qppαpet donc x=Ppxp
avec xp=n
pαpxHGp. Ainsi HLpHp, l’inclusion eciproque ´etant ´evidente.
Notation 2.4. — Le groupe Gpci-dessus est g´en´eralement not´e µpet s’appelle le groupe
de Prufer.
2.2. Polynˆomes cyclotomiques. Le n-`eme polynˆome cyclotomique est
Φn(X) = Y
ζU0
n
(Xζ),
de sorte que Xn1 = Qd|nΦd(X).
Exemples On a Φ1(X) = X1, Φ2(X) = X+ 1, Φ3(X) = X2+X+ 1, Φ4(X) = X2+ 1,
Φ6(X) = X22x+ 1 et Φ8(X) = X4+ 1.
Remarque : en utilisant la formule d’inversion de Moebius, on obtient
Φn(X) = Y
d|n
(Xn/d 1)µ(d).
Par ailleurs si n=pr1
1.···.prs
salors Φn(X) = Φp1.··· .ps(Xpr11
1.··· .prs1
s) et si ppremier ne divise
pas nalors :
Φpin(X) = Φn(Xpi)
Φn(Xpi1).
Lemme 2.5. — Pour tout n1, on a ΦnZ[X].
Preuve : On calcule Φnpar r´ecurrence en utilisant l’´egalit´e Φn(X) = Xn1
Qd|nd
6=n
Φd(X)et donc
Φn(X)Q[X]. En outre par r´ecurrence les Φd(X) sont des polynˆomes de Z[X] unitaires,
de sorte que l’´egalit´e pr´ec´edente nous donne que Φn(X) est aussi `a coefficients dans Zet
unitaire.
Application : th´eor`eme de Wedderburn : tout corps fini est commutatif.
Th´eor`eme 2.6. — Pour tout n1, le polynˆome Φnest irr´eductible sur Z.
Remarque : la preuve consiste `a montrer que Φnest le polynˆome minimal d’une (et donc de
toute) racine primitive n-`eme de l’unit´e.
Application : version faible du th´eor`eme de Dirichlet : il existe une infinit´e de nombres premiers
congrus `a 1 modulo n.
Th´eor`eme 2.7. — (Kronecker) Un polynˆome unitaire de Z[X]dont les racines complexes
sont toutes de module inf´erieur ou ´egal `a 1alors ce sont des racines de l’unit´e.
2.3. Corps cyclotomiques. Soit ζnU0
net notons Kn=Q[ζn]. De l’irr´eductibilit´e de
Φn(X), on en d´eduit qu’il est le polynˆome minimal de ζnet donc [Kn:Q] = ψn. Par ailleurs
tout ´el´ement σGal(Kn/Q) est d´etermin´e par σ(ζn)U0
nqui est donc de la forme ζk
npour
kn. On d´efinit ainsi une injection Gal(Kn/Q)(Z/nZ)×qui est donc surjectif par ´egalit´e
des cardinaux. On a donc montr´e la proposition suivante.
Proposition 2.8. — Le groupe de Galois de Q[ζn]/Qest isomorphe `a (Z/nZ)×.
5
Remarque : dans le cas particulier o`u pest premier comme (Z/pZ)×est cyclique, il poss`ede un
unique sous-groupe de cardinal 2 (resp. d’indice 2) et donc Knposs`ede un unique sous-corps
Ktel que [K:Q] = (p1)/2 (resp. [K:Q] = 2) qui est ´egal `a Q[cos(2π/n)] (resp. Q[pp]
o`u p= 1 si p1 mod 4 et p=1 si p3 mod 4).
Application : les polygones r´eguliers constructibles `a la r`egle et au compas sont ceux dont le
nombre de cˆot´es est nde la forme 2kp1···pro`u les pisont des nombres premiers de Fermat.
Remarque : si Gest un groupe ab´elien fini, il est alors de la forme Z/n1Z×···×Z/nrZde sorte
qu’en prenant des nombres premiers pi1 mod niet N=p1···pr,Gest isomorphe `a un
sous-groupe de (Z/NZ)×. Ainsi il existe KQ[ζN] tel que Gal(K/Q)'G. R´eciproquement
on a le r´esultat suivant.
Th´eor`eme 2.9. — (Kronecker-Weber) Toute extension Kde Qtel que Gal(K/Q)est ab´elien,
est contenue dans une extension cyclotomique Q[ζn]pour un certain entier n.
En ce qui concerne les entiers alg´ebriques de Q[ζn] on peut montrer que ce sont exactement
les ´el´ements de Z[ζn] ; nous nous proposons de montrer le cas n=ppremier.
Proposition 2.10. — L’anneau des entiers Opde Q[ζp]est Z[ζp].
Preuve : L’inclusion Z[ζp]⊂ Opest ´evidente, il s’agit alors de montrer l’inclusion inverse.
La trace de ζi
pest T(ζi
p) = T(ζp) = ζp+ζ2
p+··· +ζp1
p=1 de sorte que
T(
p2
X
i=0
aiζi
p) = (p1)a0
p2
X
i=1
ai=pa0
p2
X
i=0
ai
La norme de 1 ζpest N(1 ζp) = Qp1
i=1 (1 ζi
p) = Φp(ζp) = p.
Soit alors α=a0+a1ζp+···+ap2ζp2
p∈ OKet consid´erons αζk
pαζp. On a T(αζk
p
αζp) = T(a0ζk
p+··· +ak+···+ap2ζpk2
pa0ζp− ··· − ap2ζp1
p) qui est donc ´egal `a
pak(a0+··· +ap2)(a0− ··· ap2) = pak. Ainsi on obtient bk=pakZ.
On pose λ= 1 ζp, de sorte qu’en substituant 1 λ`a ζpdans =b0+···+bp2ζp2
pon
obtient
ci=
p2
X
j=i
(1)i(i
j)bjZbi=
p2
X
j=i
(1)i(i
j)cj.
En particulier on a c0=b0+··· +bp2=p(T(α) + b0) et donc p|c0. Supposons alors que
pour k0, et pour tous ik1, les cisont divisibles par p. De l’´egalit´e
p=N(1 ζp) = (1 ζp)p1
p1
Y
i=1
(1 + ζp+···+ζi1
p) = λp1κ
on en d´eduit que pappartient `a l’id´eal (λp1) de OKcar κZ[ζp]⊂ OK. On reprend alors
l’´egalit´e =c0+··· +cp2λp2que l’on regarde modulo (λk+1) ce qui donne ckλk0
mod (λk+1) et donc ck=µλ pour µ∈ OK. En prenant les normes on obtient cp1
k=pN(µ)
et donc pdivise ck. On en d´eduit alors que pdivise bket donc akZce qui prouve que
OpZ[ζp] et donc l’´egalit´e.
Remarque : le discriminant de Q[ζp] est ´egal `a (1)(p1)(p2)/2N0
p(ζp)) avec Φp(X) = Xp1
X1
et donc Φ0
p(ζp) = p1
p
λde sorte que N0
p(ζp)) = pp2.
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