SUJET: « le respect de la différence, la recherche et l’optimisation des
qualités de chacun sont des facteurs puissants de lutte contre les
difficultés scolaires. » A. HEBRARD Reflexions et prespectives 1986 p. 42.
Comment le professeur d’EPS peut-il adhérer à une telle affirmation en 1997?
De la même manière nous pourrions écrire: « le respect de la
différence, la recherche et l’optimisation des qualités de chacun sont des
facteurs puissants de lutte » contre la fracture sociale. Si on parle de plus
en plus de tolérance, de citoyenneté, si on réinstaure l’éducation civique à
l’école, c’est que ces facteurs sont à présent trop bafoués. Cet état de fait
concerne tous les domaines, tous les milieux: la religion, la culture,
l’entreprise, l’école, les sans-emploi. Le lien social s’effrite à vitesse
croissante. Dans une société de plus en plus individualiste où la tolérance
reste plutôt au niveau du discours politique, où les valeurs de civilité se
perdent, où le lien social est en crise, peut-on un instant imaginer que tout
aille pour le mieux à l’école? Les difficultés scolaires ne sont que le
reflet des difficultés sociales. Sous le vocable de « difficultés
scolaires », nous envisageons tout ce qui peut être une entrave, des
obstacles, des gênes, des oppositions au bon fonctionnement du système
scolaire. Nous pouvons grossièrement distinguer de façon non exhaustive,
trois axes de difficultés scolaires: un axe « enseigner-apprendre » où se
situent les disciplines d’enseignement, les professeurs, les élèves
prioritairement avec des savoirs à transmettre et à acquérir. C’est l’axe sur
lequel nous nous positionnerons en tant que professeur d’EPS. Nous tenons
aussi à signaler les deux autres axes: celui de la vie scolaire avec les
règles communautaires, le Foyer socio-éducatif; ainsi que l’axe péri-scolaire
avec le domaine du social: Assistante sociale, stages en entreprise ou stages
d’insertion. Plus concrètement, nous envisageons les difficultés scolaires
d’un point de vue des inégalités sociales, de l’exclusion, de la violence, de
l’échec scolaire, des rapports au savoir négatifs (B. CHARLOT ?), des
élèves au comportement anomique (P. MEIRIEU « L’enseignant dans la crise »
SPIRALES n° 8, 1994). Les difficultés sont aussi dues au fait que « les
élèves n’ont pas intégrer le métier d’élève » (P. MEIRIEU op cit). Selon
l’affirmation d’Alain HEBRARD in « EPS Réflexions et Perspectives » 1986,
combattre les difficultés scolaires passerait par une reconnaissance et un
respect de l’identité de la personne en renforçant ce qu’elle a de meilleur
en elle, ses qualités morales, physiques... C’est une tâche pour laquelle
l’école est de plus en plus placée au premier rang. Cependant, nous sommes en
mesure de nous interroger afin de mieux comprendre cette crise et envisager
des moyens d’intervention au sein même de notre discipline.
En effet, la perte des valeurs sociales, des repères sociaux, d’une
part et, la démocratisation de l’école, sa massification, sa babélisation (P.
MEIRIEU - op cit), d’autre part, ne sont-ils pas autant d’éléments qui
mettent à mal l’institution scolaire?
Les difficultés scolaires sont-elle dues seulement aux difficultés des
élèves ou, devons-nous entendre par « CHACUN », tous les acteurs du système?
Quel est alors le poids du discrédit jeté sur l’école, ses enseignants et
autres personnels dans cette crise scolaire?
Plus encore aujourd’hui qu’hier (1986), le professeur d’EPS peut-il non
seulement adhérer à cette affirmation mais par une connaissance du milieu
physique et humain, tente de tout mettre en oeuvre, par des projets réels,
des contenus d’enseignement (CE° opérationnels, des relations appropriées,
pour combattre ou réduire les difficultés scolaires?
La volonté d’une telle entreprise chez l’enseignant d’EPS passe par une
analyse de la complexité de l’élève singulier dans son environnement physique
et humain. N’est-ce pas ici orienter l’élève vers la « connaissance de soi »,
« la connaissance de l’autre », « la connaissance du milieu » en tant
qu’éléments d’intégration et de maintien du tissu social?