Module 6 : Comprendre comment l'activité économique est financée et analyser les conséquences de la globalisation financière 6.1 : Identifier les modes de financement de l'activité économique et analyser le développement du marché des capitaux. Identifier les modes de financement de l’activité économique et comprendre le fonctionnement du marché des capitaux Financer l’économie nécessite d’importants capitaux. L’activité économique de tous les agents économiques (ménages, entreprises, administrations) implique des besoins de financement plus ou moins importants. Les agents économiques connaissent rarement un équilibre parfait entre leurs recettes et leurs dépenses : ils se trouvent en situation de capacité ou de besoin de financement. Certains agents économiques sont en capacité de financement, c’est-à-dire qu’une fois leurs investissements assurés, une partie de leur épargne brute reste disponible pour financer d’autres agents, le plus souvent les entreprises ou les administrations publiques. Le bon fonctionnement de l’activité économique suppose alors que les capacités de financement puissent être mises à la disposition des besoins de financement. La rencontre peut se faire directement sur des marchés de capitaux. Depuis ces 30 dernières années, le marché des capitaux (composé du marché monétaire et du marché financier) s’est considérablement développé. Comment L’économie est –elle financée ? Schéma global : I – Le Fonctionnement du marché des capitaux Le marché des capitaux regroupe deux catégories de marchés : A – Le marché monétaire 1 – Le marché interbancaire Il est exclusivement réservé aux agents financiers et met donc en relation : les établissements de crédit le Trésor Public la banque centrale Ce marché permet aux offreurs disposant d’excédents de trésorerie et aux demandeurs de liquidités de se rencontrer et d’effectuer leurs échanges. En France, ce sont les banques qui empruntent, tandis que les caisses de dépôt disposent de trésorerie en permanence. La banque centrale assure par ses interventions l’équilibre du marché : lorsque les banques manquent de liquidités, la banque centrale leur prête de la monnaie centrale (ce qui permet d’effectuer les paiements entre banques ou entre organismes appartenant à des circuits monétaires différents. 2- Le marché des titres et créances négociables Sur ce marché tous les agents économiques peuvent intervenir, s’émettre et s’échanger des titres de créances négociables. Ce marché occupe une place importante sur le marché des capitaux. Les titres et créances négociables portent un nom différent selon l’émetteur : – bons du trésor négociable, pour l’Etat – billets de trésorerie, pour les entreprises - certificats de dépôt, pour les banques Ce marché est difficilement accessible pour les particuliers car le montant minimum des titres est de un million de francs. Néanmoins, il permet de trouver des financements plus souples dans la durée et à des taux inférieurs à ceux des prêts bancaires. B – Le marché financier C’est le lieu d’émission et d’échanges des valeurs mobilières (actions et obligations). 1 - Marché primaire et marché secondaire - Le premier marché qui regroupe les plus grandes sociétés. Il est composé du marché à règlement mensuel (RM) et du marché au comptant (celui-ci devrait dans le future disparaître « avalé » par le marché à RM). - Le second marché a un rôle d’antichambre du marché à RM Ces notions ne doivent pas être confondues avec celles qui suivant 2 - Marché primaire et marché secondaire Le marché primaire Le marché primaire a une fonction de financement de l’économie, c’est le marché sur lequel les titres « neufs » sont mis en vente. Pour financer leurs investissements, les entreprises émettent des actions et des obligations. L’Etat peut aussi pour se procurer les ressources financières nécessaires émettre uniquement des obligations. Les banques et les sociétés de bourse jouent un rôle de courtage entre emprunteurs et préteurs. Le marché secondaire ou bourse des valeurs mobilières Ce marché est le lieu d’échange des titres déjà émis. Ils permettent aux détenteurs de titres d’obtenir des liquidités ou de modifier la composition de leur portefeuille. En France, la bourse de Paris est composée de deux marchés subdivisés en plusieurs sous marchés 3 - Différents acteurs interviennent sur ces marchés Ils ont chacun différentes fonctions : SOCIETES DE BOURSE * négociation * exécution des ordres d’achats et de ventes BANQUES * rôle d’intermédiaire en maîtrisant la plus part des fonds opérant sur le marché des obligations et des actions. *co* compensation des flux de titres et de capitaux *conservation des titres de leurs clients En France, la société de bourse française assure le bon fonctionnement du marché bousier, et en particulier la cotation journalière des valeurs mobilières INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS COMMISSIONS DES OPERATIONS DE BOURSE (COB) * collectent des fonds auprès des agents économiques Gendarme du marché * opèrent des placements diversifiés sous forme de titres Elle veille au respect de la transparence et de l’intégrité du marché par les émetteurs et les intermédiaires pour que Ce sont les organismes de placement collectif, les compagnies d’assurance, les fonds de pension et les fonds spéculatifs. En France, ce sont les SICAV (société d’investissement en capital variable) et les FCP (fonds communs de placement). tous les investisseurs soient traités également en matière d’informations financières II- Le développement du marché des capitaux A – L’économie d’endettement (avant 1980) Dans une économie d’endettement, le marché financier est peu développé, dès lors une faible part des besoins des entreprises est financée par émission de titres financiers. Une économie d’endettement est une économie dans laquelle prédomine le financement par crédit bancaire. Les entreprises sont donc fortement endettées auprès des banques qui se refinancent auprès de la Banque centrale. B – Economie de marchés financiers (après 1980) Le marché des capitaux se modernise et en particulier la bourse qui accueille plus largement l’épargne des ménages, la fiscalité sur les placements boursiers devient plus intéressante. Economie d’endettement Economie de marchés financiers Financement - Principes - Faible autofinancement des entreprises (environ 65 %). - Fort autofinancement des entreprises (environ 90 %). - Système de financement externe surtout direct. - Système de financement externe surtout indirect. - Le crédit ne joue qu’un rôle complémentaire. - Le crédit joue un rôle moteur. Le refinancement Endettement structurel des banques commerciales auprès de la Banque centrale. Le problème du refinancement est incontournable. Le recours de la Banque centrale est systématique. Le refinancement est une nécessité pour les banques commerciales et une obligation pour la Banque centrale. Le marché monétaire est « en banque » et fermé. Non-endettement des banques commerciales auprès de la Banque centrale. Le problème du refinancement n’est pas fondamental. Le recours à la Banque centrale est ponctuel. Le refinancement est un privilège pour les banques commerciales et un droit pour la Banque centrale. Le marché monétaire est « hors banque » et ouvert. Les taux d’intérêts Les taux d’intérêt sont peu flexibles et leur fixation est administrée : ils sont peu représentatifs des conditions Les taux d’intérêt sont flexibles et leur détermination est libre : ils sont bien significatifs des relations entre l’offre des marchés de capitaux. et la demande de capitaux. Politique monétaire Contrôle monétaire seulement possible sur les conditions de la demande de crédit par les agents non financiers (politique d’encadrement et de sélectivité du crédit). Contrôle monétaire efficace sur les conditions d’offre de crédit par les agents financiers : en agissant sur leur liquidité au moyen d’une régulation par les taux et par la base. Dictionnaire d’économie, Foucher La désinflation et l’augmentation des taux d’intérêt nominaux augmentent le coût du crédit (les emprunts sont moins intéressants pour les entreprises).Les entreprises ont d’avantage recours aux investissements directs. C- Le développement du marché financier en France Les administrations publiques françaises doivent faire face depuis plusieurs années à un besoin de financement pour couvrir les dépenses budgétaires. Ne pouvant pas les financer par création monétaire à cause de l’aggravation de l’inflation et de l’interdiction de ce procédé dans le projet de la monnaie unique européenne, elles utilisent le marché des capitaux. Son développement a permis à l’Etat de financer en partie les dépenses budgétaires sans complication. Toutefois, l’Etat devra pourtant un jour rembourser sa dette ainsi que les intérêts qui l’accompagne. Après la guerre et grâce à de nombreux traités européens, la France à ouvert ses frontières sur le monde et principalement sur l’Union Européenne, pour la libre circulation des capitaux. Toutes ces innovations ont accru la concurrence entre les professionnels du marché et les offres de placement, permettant aux demandeurs de capitaux (entreprises, Etat…) de trouver un financement adapté et le moins coûteux possible A partir des années 70, les innovations technologiques, la croissance des besoins de financement et l’influence des économistes néolibéraux ont entraîné une profonde transformation des systèmes financiers. Cette évolution a pris principalement 3 formes : La dérèglementation - adapter l’organisation et le contrôle des marchés aux nouveaux instruments issus de l’innovation financière (produits dérivés…) - démanteler les barrières pour répondre à l’accroissement des volumes échangés - substituer des instances professionnelles de gestion et de contrôle à la tutelle de l’Etat (ex : le big bang réalisé en 1986 par la bourse de Londres : abolition des métiers du titre, libéralisation des commissions, dématérialisation par la mise en place d’un système informatique des cotations La désintermédiation bancaire Le rôle des banques est modifié : leur métier de créancier s’est réduit tandis que se sont développées, leurs prestations de services aux entreprises qui accèdent directement aux marchés des capitaux. Les besoins de financement de l’état Le volume de la dette obligataire s’explique par la croissance de la dette publique dans la plupart des pays développés, elle-même issue des déficits budgétaires. La crise des subprimes Crise immobilière aux Etats-Unis Pour financer leur consommation et l’acquisition de leur logement, les ménages américains n’hésitent pas à s’endetter à des niveaux qui dépassent largement nos plafonds européens. En contrepartie, ils mettent leur bien immobilier en gage. Ce bien est une garantie pour les banques, car si le débiteur ne parvient pas à payer, il voit son bien vendu pour honorer le traitement de sa dette. Lorsque le phénomène prend de l’ampleur et touche un grand nombre de ménages, la vente de leurs biens immobiliers entraîne l’effondrement de la valeur de ces biens. Cette perte de valeur est un manque à gagner pour tout un ensemble d’acteurs. Depuis le début de l’année 2007. Les ménages n’ayant plus les moyens de rembourser les instituts de crédit, leur défaillance a provoqué la faillite des établissements prêteurs, qui n’ont plus pu se rembourser. Car même en saisissant la maison, celle-ci a désormais une valeur inférieure à celle de départ. Et ce n’est que le début du mécanisme de contamination. Les banques sont à leur tour touchées. Celles-ci avaient été nombreuses à investir dans ces établissements prêteurs, véritables mines d’or lorsque le marché immobilier était en bonne santé. Mais aujourd’hui, les fonds investis sont partis en fumée. Pour compenser les pertes d’argent sur le marché immobilier, les banques sont obligées de vendre leurs actions. Or, ces cessions massives d’actifs de la part des banques provoquent aussi la chute des valeurs sur les marchés financiers © surfeco21.com