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COMMENT PRÊCHER AUJOURD’HUI ?
JOURNÉE ROMANDE DE LA FORMATION
CCRFE ET CENTRE D’ÉTUDES PASTORALES COMPARÉES,
FACULTÉ DE THÉOLOGIE DE L’UNIVERSITÉ DE FRIBOURG
JEUDI 27 NOVEMBRE 2014
Dr Daniel Bourgeois
Prof. François-Xavier Amherdt
Théologie pastorale, pédagogie
religieuse et homilétique
1
DOCUMENT 2
DES FORMES RENOUVELÉES ET DIFFÉRENTES D’HOMÉLIES
1.
Un « refrain-leitmotiv », pour relancer l’attention. Exemple : La foi n’est pas ce qu’on croit.
2.
Une homélie rythmée par des temps de silence.
3.
Une prédication sous forme de lettre adressée à tel personnage mis en scène par l’Évangile (sortir la
lettre de l’enveloppe).
4.
Faire répéter par l’assemblée une phrase-clé au terme de chaque paragraphe. Exemple : Jésus,
montre-nous le Père (Jn 14, 8).
5.
Une homélie en trois / quatre parties brèves, après chacune des lectures.
6.
Une homélie après la 1
7.
Prêcher sur le Psaume.
8.
Commencer / finir l’homélie par un chant. Inviter l’assemblée à reprendre un refrain.
9.
Ponctuer l’homélie par les strophes d’un chant évangélique. Exemple : Le grain de blé, G228, sur Jn
12.
ère
lecture, la 2
ème
lecture.
10. Commentaire homilétique par des improvisations instrumentales (organiste) pendant / à la fin de
l’homélie.
11. Une voix off, répondant à une question. Exemple : - Mais qui es-tu, Jésus, pour nous aimer ainsi ? - Il
est le Maître et le Seigneur.
12. Homélie à deux voix, la deuxième voix ponctuant le discours sous mode de méditation.
13. Prédication insérant un ou plusieurs témoignages (de laïcs).
14. Homélie à partir de supports visuels :  objet de l’église  fleurs et couronnes du temps liturgique 
un panneau  la tenture de Carême (avec aussi transparents)  un objet symbolique montré. Bâtir
toute la prédication dans une interaction entre l’objet symbolique (issu des textes bibliques), le monde
des passages scripturaires et l’univers de l’assemblée (cf. recueils de « Symbolpredigten »).
15. Projection d’images, de diapositives, avec beamer. Exemple : Samedi Saint, sur le récit de Gn 1.
16. Gestes et démarches pendant la prédication. Exemple : Messe de minuit, démarche vers la crèche.
17. Prédication sur un élément des textes liturgiques et une partie du rituel (oraison, antienne, prière
eucharistique, symbole du sacrement…).
18. Série de prédications thématiques (sacrements, symboles liturgiques, Credo, fins dernières,
béatitudes, Décalogue, prière, Notre Père ou autre prière…).
19. Prédication méditative (à partir de prières, insérant des prières), littéraire ou poétique (poèmes) (cf.
recueils de textes littéraires ou poétiques en lien avec le lectionnaire).
20. Prédication narrative, conte biblique (cf. recueils de contes et histoires adaptés au lectionnaire).
21. Homélie itinérante, par exemple lors de baptêmes (entrée, parole, baptistère, autel à la Vierge).
22. Préparer l’homélie avec des groupes de la paroisse, des groupes témoins. Leur soumettre le texte
rédigé. Évaluer ensuite avec eux.
23. Prédications interactives dialoguées (célébrations avec des enfants, familles, petits groupes) (cf.
recueils de liturgies familiales).
24. Prédication sous forme de lectio divina, les gens recevant les textes, avec un moment de partage (cf.
« Dimanche de la Bible »).
25. Susciter au terme de l’homélie des réactions sous mode de prières spontanées.
François-Xavier Amherdt
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DOCUMENT 3
POUR UN RENOUVELLEMENT DE NOTRE PRÉDICATION
COMMENT PRONONCER L’HOMÉLIE ?
1. REMARQUES SUR L’AVANT-HOMÉLIE
1)
2)
3)
4)
5)
6)
7)
8)
Travail de la voix, de la diction, de l’élocution.
Lire l’Évangile à haute voix. S’exercer à prononcer l’homélie :  s’enregistrer, 
s’exercer devant un confrère.
Le jour même, chauffer la voix, comme avant un chant.
Prendre contact avec l’espace où vous aller prêcher. Voir où vous mettrez les feuilles, le
porte-documents. Comment ferez-vous s’il n’y a pas suffisamment d’espace pour placer
les feuilles ?
Voir où l’évangéliaire sera mis, sinon vous serez à l’étroit avec vos feuilles. Le placer sur le
lutrin ad hoc après la proclamation (jamais par terre). Régler les choses à l’avance.
Si l’ambon est trop bas, prendre les feuilles dans la main.
Type de micro : Attention aux micros directionnels ! Si l’église est en hémicycle, prendre
plutôt un micro-cravate (cf. messe avec les confirmands dans le dos : sans micro-cravate,
impossible de s’adresser à eux).
Que prendre avec soi à l’ambon ?
►
L’homélie entièrement écrite (recommandé dans les débuts) ?
►
Ou un plan avec quelques points principaux ?
►
Ou rien du tout ?
►
À vous de sentir ce qui vous convient le mieux.
►
Il vaut la peine d’écrire les passages spécialement délicats ou complexes.
►
De même, mieux vaut avoir le texte complet dans des circonstances émotionnelles
particulièrement « chargées ».
►
Varier la technique – parfois tout écrire et prendre les feuilles – tout écrire et ne
prendre que les idées-forces – tout écrire et mémoriser – ne rien écrire sauf le
canevas.
►
Attention à la prédication sans papier : ne pas perdre l’exigence de la précision du
langage. Danger de tomber dans la facilité, ou au contraire dans des termes du jargon
théologique. Toujours vous demander si les mots utilisés sont compris.
►
Si vous citez la Bible, bien repérer les passages dans le lectionnaire, ou les reprendre
entièrement dans votre texte.
►
Si vous faites des citations, recopiez-les plutôt que de prendre les ouvrages avec vous.
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DOCUMENT 3
9)
Importance de la préparation
►
spirituelle : invoquer l’Esprit. Croire en la puissance efficace de la Parole de Dieu ;
►
exégétique et théologique : croire que le temps « perdu » à méditer les textes,
gratuitement, pour le plaisir, à travailler des commentaires, est du temps gagné pour la
rédaction de l’homélie et votre propre nourriture spirituelle. Prêcher implique d’intégrer
et de refaire sa théologie ;
►
mentale et affective : notamment s’il s’agit d’une circonstance douloureuse
(funérailles) ;
►
physique : prêcher en étant reposé. Le corps est l’instrument dont le prédicateur joue
pour proclamer l’Évangile ;
►
pastorale : la communication commence bien avant la liturgie, dans la présence
« sacramentelle » du prédicateur à la vie des baptisés : « savoir-être » fondamental ;
►
liturgique : connaître l’ensemble des éléments de la célébration dans laquelle
l’homélie s’insère comme un élément constitutif.

2. LA PRÉDICATION ELLE-MÊME
1)
2)
3)
4)
L’idéal, c’est de lire l’Évangile pour signifier le lien entre l’Évangile et l’homélie, et avoir
ainsi un premier contact avec l’assemblée.
Prise de contact avec l’assemblée
►
Regarder les gens. Sourire.
►
Faire silence. Plus on a le trac, plus c’est important de faire silence (cf. les enfants qui
arrivent et qui lisent à toute vitesse). Attendre que le silence soit installé : si, par
exemple, les servants de messe font une procession, attendre qu’ils soient revenus en
place. Laisser sortir les enfants pour la liturgie de la Parole avant de commencer
l’homélie.
Convictions à emporter en montant en chaire
►
J’ai quelque chose d’important à transmettre à l’assemblée, et j’ai envie de le leur
communiquer.
►
Je suis persuadé que l’assemblée est « pour » moi et non « contre » moi. Sinon
j’interprète tout négativement : je vois un froncement de sourcil désapprobateur là où il
n’y a qu’un auditeur concentré.
►
J’aime les fidèles auxquels je m’adresse, je prie pour eux : importance de la qualité de
présence liturgique (beaux gestes, lents et expressifs).
►
Je suis assez sûr de ma mission, de mon homélie, pour « résister » aux événements
imprévus qui pourraient survenir (bruits d’enfants, animal domestique, sonnerie de
portable…). Ce qui ne supprime pas mes états d’âme ou mes émotions, si je sens de
l’opposition, de l’émotion dans l’assemblée.
Comment procéder avec le manuscrit, si j’en prends un ?
►
Essayer de me libérer des feuilles : bien structurer le texte sous les yeux. Bien aérer.
Bien mettre en évidence les paragraphes, les pauses. Mettre en évidence au
stabiloboss le texte. Ne pas prendre de papier trop petit, ni de feuilles volantes.
8
DOCUMENT 3
►
5)
6)
7)
8)
Animer le texte. Mettre en évidence les questions-clés, les points d’interrogation, les
points d’exclamation, les pauses, les mots principaux.
M’engager dans ma communication homilétique
►
Transmettre par contagion mon émerveillement devant la beauté de la Parole.
►
Donner ma voix, mon corps, mon cœur, mon être, avec passion et vibration :
l’ « âme » de la voix.
►
Me considérer comme le premier destinataire de mon homélie. Ne pas me placer « audessus de l’assemblée ».
Quels gestes ?
►
Critère : ceux qui viennent naturellement, comme lorsque je parle à des amis.
►
Faire participer le corps à la parole, me détendre, sans tomber dans la théâtralité ni
vouloir embraser l’espace.
►
Que les gestes soulignent les passages, les expressions, les mots importants :
chercher l’harmonie discours / attitudes / gestes.
Importance du regard
►
Il dit ce qui habite le prédicateur : la douceur ou la dureté, l’amitié ou la colère.
►
Après le premier regard de « captation », entrer dans un dialogue inspirant la
bienveillance et la confiance.
►
Rester en contact visuel avec l’assemblée. Choisir de temps en temps une personne
précise dans l’assemblée, comme si je m’adressais directement à elle.
Éléments-clés du processus de communication
►
L’introduction, qui fait entrer directement dans le sujet.
►
La conclusion ouverte, avec une interrogation, un vœu, en regardant l’assemblée, en
laissant du temps.
►
Une bonne prédication comporte une seule idée. Une homélie qui n’a pas de centre
prend de l’embonpoint. Ne pas vouloir tout dire : garder des « réserves » pour les
années ultérieures.
►
Employer un style aussi oral, direct et pédagogique que possible. Redire plusieurs fois
une question centrale.
►
Changement de ton : ne pas dire de la même manière « L’Esprit reposera sur vous »
ou « engeance de vipères ». Interpeller, raconter, s’étonner, commenter. Ceux qui ont
appris à prêcher sans micro prêchent toujours fort et crient toujours parce qu’ils ont
appris à forcer la voix. On ne prêche pas de la même façon devant 50, 300 ou 1000
personnes.
►
Changement de rythmes. Pauses expressives. Jeu des silences.
►
Oser dire « je ». Risquer de temps en temps une parole personnelle. La Parole
touche l’auditoire si elle m’a touché.
►
Oser risquer un peu d’humour, un jeu de mot, une plaisanterie, un bon mot d’enfant…
►
Oser nourrir la sensibilité des auditeurs, les toucher au cœur, rejoindre leurs émotions,
leurs préoccupations essentielles.
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DOCUMENT 3
9)
►
Le destinataire fait partie du message, il construit le sens. La communication orale
n’est pas comme un e-mail. Si l’auditeur n’est pas touché personnellement, il décroche.
On ne comprend que ce que l’on a déjà compris. Toujours relier mon propos à quelque
chose que l’auditoire peut assimiler et connaît déjà. D’où une forme invitatoire,
ouverte, permettant à l’auditeur de reconstruire ce qu’il a compris.
►
Éviter le ton « curé » artificiel : parler vrai, authentique, naturel.
►
Éviter le « concret – abstrait ». Exemple : la conversion, sans expliciter.
►
Éviter le piège du moralisme, de la spiritualisation, du discours idéologique à thèse.
Varier les styles de dimanche en dimanche, si vous vous adressez à la même
assemblée :
►
historique, explicatif,
►
dogmatique, argumenté,
►
sacramentel, liturgique
►
ecclésial, communautaire
►
exhortatif, bousculant
►
engagé, « politique »
►
narratif, conteur
►
poétique, évocateur
►
anecdotique, enraciné
►
méditatif, priant

3. « APRÈS » L’HOMÉLIE
1)
2)
3)
4)
Retravailler le texte de mon homélie, après l’avoir prononcée. Le samedi, la modifier pour
le dimanche.
Demander à des confrères prêtres ou diacres, à des personnes engagées dans la
paroisse, de nous donner des échos « en vérité ».
Une fois par trimestre / semestre / année, offrir un temps d’échange et de relecture de
l’homélie avec les paroissiens qui le souhaitent.
Relire l’homélie du dimanche précédent avec un groupe de la paroisse (groupe biblique,
conseil de communauté ou pastoral, équipe de foyers). Préparer ensemble la prochaine.
François-Xavier Amherdt
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DOCUMENT 4
BIBLIOGRAPHIE
1
AMHERDT F.X. (dir.)
La joie de prêcher, Lumen Vitae 69, Bruxelles, 2/2014.
2
AMHERDT F.X.
Prêcher l’Ancien Testament aujourd’hui : un défi herméneutique, coll.
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2006.
3
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Écriture et prédication, coll. « Recherches et débats », Paris, DDB, 1976.
INTELLECTUELS FRANÇAIS
4
COLLECTIF
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5
CRADDOCK F.B.
Prêcher, coll. « Pratiques », n. 4, Genève, Labor et Fides, 1985.
6
DENEKEN M. – PARMENTIER E.
Pourquoi prêcher. Plaidoyers catholique et protestant pour la
prédication, coll. « Pratiques », n. 25, Genève, Labor et Fides, 2010.
7
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Si vous vous ennuyez pendant le sermon, coll. « Pratiques chrétiennes »,
n. 17, Paris, DDB, 1998.
8
GUÉRIN P. – SUTCLIFFE T.
Guide du prédicateur. À l’usage des laïcs et des prêtres, Paris, Centurion,
1994.
9
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Le théâtre de Dieu. Discours sans prétention sur l’éloquence chrétienne,
Paris, Parole et Silence, 2003 (chapitre 6, « Raison et imagination », pp.
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10
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Comment prêcher ou l’art de communiquer l’essentiel, St-Légier, Éd.
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11
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Prêcher ou essayer de parler juste, coll. « Épiphanie », Paris, Cerf, 2000.
12
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Pratiques de la prédication. Positionnements, élaborations, expériences,
coll. « Pratiques », n. 24, Genève, Labor et Fides, 2009.
13
LORETAN-SALADIN F. –
AMHERDT F.X.
Prédication : un langage qui sonne juste, coll. « Perspectives
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14
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Comment « ils » prêchent. Analyse du langage religieux, coll. « Rites et
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15
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Propos sur la prédication, Paris – Châteaufort, Cerf – Socéval, 20002.
16
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De vive voix. Oraliture et prédication, coll. « Pratiques », n. 18, Genève,
Labor et Fides, 1998.
17
ROUTHIER G. (dir.)
Faire écho au Verbe. Réinvestir dans l’homélie, Paris – Montréal,
Médiaspaul, 1999.
18
THEISSEN G. et alii
Le défi homilétique. L’exégèse au service de la prédication, coll.
« Pratiques », n. 13, Genève, Labor et Fides, 1994.
19
WAGNER M.
L’Évangile en flagrant délit d’actualité. Essai sur une prédication pour le
temps présent, Paris, Les Bergers et les Mages, 1994.
20
VIVARÈS P.
L’appel de la Parole. Essai sur la prédication, coll. « Prédication », n. 4,
Châteaufort, Socéval, 2000 (pp. 95-160).
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