la traversée du désert

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À travers le désert
À travers la liturgie
LA TRAVERSÉE DU DÉSERT
Le Carême est un temps d’exode
Tout au long de l’exode du peuple hébreu tel que nous le rapportent les livres du
Pentateuque, nous voyons Dieu en plein débat avec Moïse et le peuple qu’il a fait
sortir d’Égypte. Dieu conduit vers la Terre Promise un peuple rétif et revendicateur ; il
doit sans cesse assurer le salut du peuple qu’il a élu, malgré ses résistances et ses
rebuffades.
Pour notre Carême, ce texte est fondateur comme l’est la Sainte Écriture pour toute
notre vie chrétienne. L’expérience spirituelle de doute et de révolte mais aussi de
maturation que vit le peuple hébreu pendant ces quarante années de désert éclaire
notre propre chemin de quarante jours qui passe par les questions qui jaillissent de
notre propre affrontement au mal, mal venu de l’extérieur et mal présent en nousmêmes : « Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous ou bien n’y est-il pas ? »
(Ex 17/7).
Comme au temps de l’Exode, Dieu nous parle
Aujourd’hui ce dialogue avec Dieu peut intervenir de bien des manières, au travers
de la diversité des événements et des rencontres de notre vie. Mais c’est la Parole
contenue dans l’Écriture qui peut nous aider à décrypter ces autres paroles, celles
que Dieu nous dit au cœur de notre vie quotidienne. Voilà pourquoi nous sommes
invités à lire ou entendre régulièrement cette Parole et particulièrement lorsqu’une
assemblée chrétienne se constitue liturgiquement : « Lorsqu’on lit dans l’Église la
Sainte Écriture, c’est Dieu lui-même qui parle à son peuple, et c’est le Christ présent
dans sa parole, qui annonce l’Évangile. C’est pourquoi les lectures de la parole de
Dieu, qui constituent un élément de très grande importance dans la liturgie, doivent
être écoutées par tous dans le plus grand respect. Mais, bien que la parole divine,
dans les lectures de la Sainte Écriture, s’adresse à tous les hommes de n’importe
quelle époque et leur soit intelligible, son efficacité est accrue par un exposé vivant,
c’est-à-dire par l’homélie, qui fait partie de l’action liturgique » (Présentation Générale
du Missel Romain n°9).
Dans ce paragraphe de présentation du Missel romain, deux éléments apparaissent :
d’une part c’est bien Dieu qui nous parle quand on lit l’Écriture ; elle est donnée
comme lumière pour comprendre notre vie ; d’autre part il nous faut accueillir cette
lumière et saisir quelle lecture ou relecture de notre vie elle nous permet.
C’est dans ce double mouvement de don de la parole et de réception de cette parole
que s’accomplit cette communion dont parle la Constitution de Vatican II sur la
Révélation ; « Dieu qui est invisible s’adresse aux hommes comme à des amis et
converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir
dans cette communion » (Dei Verbum n°2).
Points de repère Guide annuel 2011/2012
Formateurs / À travers la Bible
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Dans les liturgies eucharistiques, Dieu s’adresse à chacun
La liturgie de l’Église nous aide à entrer dans les dispositions d’esprit nécessaires à
cette opération par la ritualisation des lectures : la beauté du livre, le lieu où il est
posé comme la manière dont il est apporté sont les signes que ces lectures ne sont
pas seulement des lectures humaines mais des paroles que le Seigneur nous
adresse aujourd’hui. De même la manière dont le lecteur aborde et proclame cette
lecture doit exprimer aussi le sentiment que cette parole ne vient pas de lui. Benoît
XVI dans son exhortation apostolique « La parole du Seigneur » ajoute ce souhait :
que dans chaque église, de même qu’est installé le tabernacle qui conserve
l’Eucharistie, signe de la présence du Christ, existe un lieu permanent où le livre des
Écritures est exposé. « L’Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle
l’a toujours fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout
dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la parole de Dieu et
sur celle du Corps du Christ pour l’offrir aux fidèles » (Verbum Domini n°21).
L’homélie par le prêtre ou le diacre signifie que c’est le Christ lui-même qui interprète
l’Ecriture et nous en donne le sens pour nous aujourd’hui. L’adhésion des fidèles
passe par une écoute attentive de l’homélie, mais aussi par la proclamation du « Je
crois en Dieu ». Tout passage de l’Écriture dit quelque chose de l’action salvifique de
Dieu et en proclamant le Credo, l’assemblée dit sa confiance dans cette action
salvifique du Père, du Fils et de l’Esprit par le passé mais aussi pour le présent et
pour l’avenir.
Les assemblées de la Parole sont une manière renouvelée de se mettre à
l’écoute de Dieu
L’exhortation apostolique « La parole de Dieu » encourage aussi les célébrations de
la Parole. Et dans notre pays, de telles assemblées sont aujourd’hui fréquemment
promues : déjà pour elles-mêmes mais aussi lorsque, lors d’une assemblée
dominicale, aucun prêtre ne peut être présent. De nombreux diocèses ont édicté des
orientations pour la mise en œuvre de telles célébrations ou assemblées. Ces
assemblées ont pour centre la lecture de l’Écriture. Les orientations insistent sur le
coté solennel à apporter à cette proclamation de la parole de Dieu, mais plusieurs y
ajoutent un élément différent de ce qui est vécu habituellement dans les liturgies
eucharistiques où l’élément essentiel de l’actualisation de la Parole est l’homélie.
Dans les assemblées ou célébrations de la Parole, l’intelligibilité et l’actualité de la
Parole peuvent aussi passer par une expression de tous les participants et un
partage de la façon dont cette Parole atteint chacun : « Que la parole du Christ
habite en vous dans toute sa richesse ! Instruisez-vous et avertissez-vous les uns les
autres avec pleine sagesse » (Col 3/16). Tout chrétien par les sacrements du
baptême et de la confirmation qui lui ont donné l’Esprit a reçu l’intelligence spirituelle
qui lui permet d’interpréter la Parole que livre l’Écriture. L’expérience de tels partages
montre que la parole de Dieu peut susciter, selon les personnes, louange, doute,
questionnement ou résistance. L’accueil se fait dans la maturation et la patience
mais aussi dans l’écoute de ce que l’Esprit inspire à l’autre.
Père Joël Morlet,
professeur à l’Institut supérieur de pastorale catéchétique (ISPC) - Paris
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