
Pour une taille connue de 1,64 m (carte d’identité), la toise
actuelle est de 1,58 m. Des clichés rachidiens montrent une
arthrose dorso-lombaire étagée associée à 3 tassements ver-
tébraux asymptomatiques jusqu’alors. L’ostéodensitométrie
conclut à une ostéoporose confirmée puisque le T-score au
col fémoral et au rachis lombaire est évalué respectivement
à – 2,5 et – 2 écarts-types. La calcémie et la phosphorémie,
la VS et l’électrophorèse des protéines sériques, la TSH, les
phosphatases alcalines osseuses, la NFS, le ionogramme
sanguin et la fonction rénale (clairance de la créatininémie
calculée égale à 97 mL/minute), l’hémoglobine glyquée A1C,
la ferritinémie et le bilan hépatique complet sont normaux,
la parathormonémie est égale à 32,6 pg/mL (normale entre
6,7 et 38,8). La calciurie des 24 heures est abaissée (51 mg),
la 25 OH vitamine D (D2 + D3) est déficitaire à 22 ng/mL et
la testostéronémie nettement abaissée à < 0,10 ng/mL (nor-
male entre 1,75 à 7,81). Le 17 β-estradiol à 25 pg/mL est
normal (entre 20 et 47 pg/mL chez l’homme), ainsi que la
cortisolémie de 8 heures. Le statut protéique montre une dé-
nutrition légère avec albuminémie à 35 g/L, préalbumine à
0,15 g/L et la CRP à 71 mg/L. Pour une taille de 1,58 m et un
poids de 89,1 kg, l’IMC est de 35,7 kg/m2, ce qui classe ce
patient en net surpoids.
Monsieur CJ, âgé de 87 ans
Il a également été adressé via les urgences dans le ser-
vice de médecine gériatrique pour une chute compliquée
aux circonstances imprécises à l’origine de 2 fractures
dites majeures siégeant au col huméral gauche et à
l’hémi-bassin gauche. Le traitement est orthopédique et
ne nécessite par la chirurgie.
M. CJ est également un patient polypathologique : HTA, hy-
percholestérolémie, cardiopathie ischémique de type angor
spastique, fibrillation ventriculaire il y a 33 ans traitée par la
cardioversion électrique, syndrome d’apnées obstructives du
sommeil non appareillé, ostéonécrose du col fémoral gauche
en 1980 traitée par ostéotomie puis prothèse totale de han-
che en 2008 pour coxarthrose secondaire, ulcères variqueux
jambiers, exérèse de polypes coliques. L’IMC est de
37,1 kg/m2(taille estimée 1,58 m, poids 92,6 kg).
On retient surtout : cancer prostatique de type adénocarci-
nome non opéré et traité par Casodex®depuis plus de 6 ans
(2006), bulbite ulcéreuse avec œsophagite sur hernie hiatale
en 2011 (recherche d’Helicobacter pylori négative malgré une
gastrite chronique érosive à l’anatomo-pathologie), et tasse-
ment vertébral en L4 il y a 11 ans au décours d’une chute de
sa hauteur d’origine mécanique.
Le traitement médical comprend au moment de l’hospitali-
sation : Casodex®50 mg par jour, Tamoxifène®20 mg par
semaine, Loxen LP®50 mg matin et soir, Propanolol®40 mg
par jour, Kardégic®75 mg, Pravastatine®20 mg, Esomépra-
zole®20 mg, Tramadol LP®200 mg le matin, Dompéridone®,
Alprazolam®0,25 mg matin et midi, Zolpidem®au coucher,
Vésicare®10 mg.
M. CJ a une dénutrition modérée (CRP = 64 mg/L, albuminé-
mie = 34 g/L, préalbumine = 0,13 g/L, protidémie à 57 g/L),
une fonction rénale normale (clairance de la créatininémie
calculée : 104 mL/minute), ainsi que les ionogramme san-
guin, calcémie corrigée, phosphorémie, parathormonémie
(30,4 pg/mL), calciurie des 24 heures (106 mg), VS et élec-
trophorèse des protéines sériques (en dehors d’une hypo-
gammaglobulinémie à 5,2 g/L), bilan hépatique complet et
phosphatases alcalines osseuses (7,20 μg/L), 17 β-estradiol
(27 pg/mL, taux normal chez l’homme), cortisolémie de
8 heures. En revanche, la testostéronémie est modérément
abaissée (1,46 ng/mL, soit 5,06 mMol/L). Le taux des PSA
totaux est à 0,10 ng/mL. La NFS montre 10 170 GB dont
6 830 PNN et 1 880 lymphocytes par mm3et pas d’anémie
(12,3 g/dL d’hémoglobine).
L’examen radiologique du rachis montre une arthrose dorso-
lombaire, un écrasement complet de la vertèbre T4, un tas-
sement en diabolo de D11. L’ostéodensitométrie évalue au
col fémoral un T-score de – 0,6 (Z-score de 3,1 écarts-types)
et en lombaire un T-score de – 0,8 (Z-score de 2 écarts-
types), ce qui témoigne de chiffres normaux selon la classi-
fication WHO donc sans augmentation de risque fracturaire
apparemment, même s’il pourrait s’agir d’ostéopénie.
Un holter-ECG des 24 heures a par ailleurs révélé un bloc
paroxystique auriculo-ventriculaire de 3edegré faisant envi-
sager la pose d’un stimulateur cardiaque.
Au regard de ces 2 cas cliniques, 3 questions se posent :
– Doit-on conclure forcément à deux cas d’ostéoporose
masculine d’origine primaire ?
– Quel serait le « meilleur » traitement antiostéoporotique
dans ces 2 cas ?
– Y a-t-il priorité commune à instaurer un traitement vitami-
nique D ? Et comment ?
Qu'en est-il de l'ostéoporose
des hommes âgés ?
L’espérance de vie a augmenté depuis plusieurs décennies
en France comme partout dans le monde. Comme chez la
femme, l’ostéoporose masculine est devenue un véritable
problème de santé publique, sans doute resté silencieux du
fait que la plupart des études scientifiques se sont focalisées
sur un problème féminin de grande ampleur en rapport avec
la période post-ménopausique [1-3]. Or, les hommes aussi
sont victimes de la problématique des fractures et de leurs
214 MÉDECINE mai 2013
STRATÉGIES
Cas clinique
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