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La deuxième phrase pose qu’on doit préférer les intérêts du tout aux siens propres. Nuance : bien que parfois (alors
même que Descartes écrit « il faut toujours » !) on peut juger avec discernement qu'il vaut mieux agir pour soi. Par
exemple, si je suis maire d’une ville (« si un homme vaut plus qu’un autre »), il vaut mieux que je sauve ma vie plutôt que
de me sacrifier pour sauver celles des autres. Alors j’aurai l’impression d’être égoïste et individualiste, mais à y regarder
de plus près, en me sauvant je privilégierai l’intérêt du tout, car je sers le tout : je ne suis pas n’importe quelle partie du
tout, je dois agir en conséquence. Il faut donc regarder la situation telle qu’elle est et faire preuve de discernement
(« discrétion » dans le texte : il fallait bien lire la note de bas de page pour lire ce terme correctement !).
La troisième phrase pose comme conséquence des deux parties précédentes que, contrairement à ce qu’on
pourrait croire, lorsque l’on se pense comme partie d’un tout (I) et que l’on préfère les intérêts de ce tout aux
siens (II), alors on y gagne soi-même davantage car « on prend plaisir à faire du bien à tout le monde » (III).
Nuance : bien qu’on n’ait rien à craindre vis-à-vis des autres à préférer ses intérêts particuliers aux intérêts collectifs.
L’enjeu est donc d’atteindre la perfection humaine, voilà ce qu’on y gagne à préférer les intérêts du tout. J’aurai plus de
plaisir, de véritables amis, une véritable vertu, (quoiqu’on puisse tout avoir en poursuivant ses intérêts particuliers, mais
cela ne sera pas « véritable », c'est-à-dire parfait).
Quel est l’enchaînement logique de la première à la deuxième phrase ? Si on pense qu’on est une partie d’un tout, alors,
quel que soit ce tout, on doit penser et agir en fonction de lui. On doit préférer les intérêts du tout à ses intérêts propres.
La deuxième phrase est une conséquence de la première. C’est une conséquence pratique sous la forme d’un impératif
moral : si on doit se penser en fonction des autres, alors on doit logiquement agir en fonction d'eux. Mais la seule
justification de ce rapport à autrui, c’est que nous formons un tout et qu’un tout se compose de parties. Chaque partie
doit alors avoir conscience qu’elle n’est qu’une partie et agir en conséquence en tant que telle.
La dernière phrase en tire la conséquence pour notre vie personnelle : on est plus parfaitement homme et on y gagne
donc personnellement en pensant et en agissant en tant que partie du tout auquel on appartient plutôt que par rapport à
soi-même.
V- Quelques pistes
●L'égoïsme, dont on peut penser que Descartes fait une profession mesurée, découle non de l'amour-propre (pour
parler comme Rousseau) mais au contraire de la conscience de sa propre valeur et de son appartenance à un
tout. La question n'est pas tant de savoir ce que vaut ma vie, si elle vaut plus que celle des autres, que de savoir ce
que ma vie peut valoir pour moi comme pour les autres. C'est cette valeur qui doit dicter mon choix, non pas ce
que je vaux pour moi-même, mais bien ce que je vaux en moi-même. Toute la question morale de ce que je dois
faire est donc ici soumise à un préalable, celui d'une juste estime de soi.
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corrigé bac 2013
Examen : Bac L
Epreuve : Philosophie
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