14 Août 2015 L’essentiel de la semaine ● La banque centrale de Chine a dévalué le yuan de manière inattendue ● Le parlement grec adopte le plan d’aide ainsi que la liste de réformes demandé par ses créanciers. ● Brésil : Moody’s a dégradé la note souveraine du Brésil, tout en gardant une perspective stable. L’événement : Pourquoi maintenant et pourquoi des décisions . d'une telle ampleur ? Ce document est rédigé par Amundi, Société de Gestion de Portefeuille agréée par l’AMF sous le n° GP 04000036. Société Anonyme au capital de 596 262 615 euros. Siège social : 90 boulevard Pasteur 75015 Paris – 437 574 452 RCS Paris. Les informations contenues dans ce document sont le reflet de l’opinion de la société de gestion et sont fondées, à la date d’édition du document, sur des sources réputées fiables. Du fait de leur simplification, les informations données dans ce document sont inévitablement partielles ou incomplètes et ne peuvent dès lors avoir une valeur contractuelle. Cette publication ne peut être reproduite, en totalité ou en partie, sans notre autorisation. Amundi décline toute responsabilité en cas de pertes directes ou indirectes causées par l’utilisation des informations fournies dans ce document. Selon le communiqué de la PBOC, les anticipations croissantes de hausse des taux américains en 2015 se traduisent par une appréciation du dollar et une baisse de l'euro, du yen, des devises émergentes et des prix des matières premières. Toutefois, le point médian de la parité USDCNY s'était trop écarté de l'offre et de la demande réelles pendant longtemps, compte tenu notamment de la persistance de l'excédent commerce chinois. Pourquoi une baisse aussi importante de 2 % ? La PBOC a déclaré qu'il s'agissait d'un ajustement ponctuel réalisé via les teneurs de marché en fonction des cotations de clôture de la veille, des anciens points médians, dans un contexte d'anticipations de baisse du RMB après la publication de données économiques mal orientées pour le mois de juillet. RMB/USD 7,5 7 6,5 Q1 2015 Q1 2014 Q1 2013 Q1 2012 Q1 2011 Q1 2010 6 Q1 2009 Cette semaine, contre toute attente, la PBOC (la banque centrale chinoise) a réduit le cours pivot du renminbi (RMB) de 1,9 %, à 6,2298, ce qui équivaut à une dévaluation effective de sa devise. Le même jour, le 11 août, il est décidé que le point médian du yuan (le taux de référence) reposerait dorénavant sur les cotations des teneurs de marché et sur les cours de clôture du marché interbancaire pour les devises. Quant aux teneurs de marché, pour établir leurs cotations, ils doivent tenir compte du cours au comptant (spot) de la séance de la veille, la demande et l'offre de devises ainsi que des taux de change des grandes devises internationales. La PBOC a donc modifié le mécanisme de formation du taux de parité centrale entre le dollar et le yuan (USDCNY), mais a maintenu la fourchette de fluctuations quotidienne à +/-2 % par rapport au fixing. 8 Q1 2008 Que s'est-il passé ? 8,5 Q1 2005 CNY : forte dépréciation Le taux de change CNY/USD Q1 2007 Informations générales Juridique et financière Marchés financiers Innovations et services Q1 2006 Source: Datastream, Amundi Research Quel impact, en particulier pour l'inclusion dans les DTS ? Cette décision constitue une étape majeure dans le cadre de la réforme du régime de change du RMB et ouvre la voie à l'inclusion du RMB dans le panier de devises des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI. Cette flexibilité insuffisante du taux de change est précisément la contrainte technique empêchant l'inclusion du RMB dans les DTS. Les mesures des autorités chinoises vont accorder un rôle accru aux forces de marché dans la formation du cours relatif du RMB. Quelles nouvelles mesures les autorités chinoises peuvent-elles prendre pour réformer le régime de change ? Le taux de change USDCNY sera davantage déterminé par les évolutions de marchés et donc davantage fonction de l'offre et la demande. De même, la fourchette de fluctuations sera encore élargie, selon le communiqué de presse de la PBOC. Marchés financiers A moyen et long terme, la valeur de marché du RMB coïncidera davantage avec ses fondamentaux que par le passé. Les derniers développements témoignent d'une évolution radicale de l'état d'esprit des dirigeants chinois mais aussi des acteurs de marché. Nous passons donc d'un mode « rien n'est possible s'agissant de la rigidité du RMB » à un mode « tout est possible pour refléter le ralentissement de l'économie ». Comme va évoluer la parité USDCNY à court terme et quel sera son impact sur les devises émergentes ? Le taux de change va selon nous continuer à baisser légèrement pendant quelque temps, le temps de refléter la prime de risque exigée en raison de la volatilité accrue des taux. Selon nous, le RMB ne devrait pas se déprécier de plus de 5 % par rapport au dollar d'ici la fin de l'année 2015. Cette évolution probable va faire baisser les devises des pays de la région. C'est pourquoi, la dépréciation du taux de change effectif du RMB sera plus faible que ne le laisse augurer le taux officiel RMB/USD. Faut-il s'attendre à des mesures de dépréciation compétitive ? Jusqu'à présent, nous ne prévoyons pas l'apparition d'une guerre des devises. La liquidité reste peu élevée sur les marchés à terme offshore en CNH et en CNY ; il n'existe aucun prix sur les marchés des options sur devises. Cette situation est très pénalisante pour les adeptes du portage sur le RMB et la question des sorties de capitaux va rapidement revenir sur le devant de la scène. Quelles sont les implications sur les différents secteurs ? La dévaluation du RMB va surtout peser sur les secteurs des transports et des matériaux. Dans le secteur des transports, le sous-secteur le plus malmené sera le transport aérien. S'agissant des matériaux, l'impact sera négatif car la plupart des entreprises chinoises interviennent en amont et importent l'essentiel de leurs matières premières en dollar, alors qu'une part relativement faible de leurs revenus est libellée en devises étrangères. Ce sont les secteurs des biens d'équipement, de l'énergie et du matériel informatique qui en bénéficieraient le plus. Cet impact positif s'explique par la part élevée des revenus que ces secteurs génèrent depuis l'étranger, alors que l'essentiel de leurs coûts est libellé en RMB. L'impact positif dans le secteur de l'énergie est dû à l'existence de nombreuses entreprises sur les segments en aval, qui génèrent des revenus en dollar. La semaine en un clin d’œil Autres événements Grèce Le Parlement grec a adopté la liste de réformes prioritaires exigée par les créanciers comme conditionnalité assortie au plan d’aide de €85 milliards décidé à la mi-juillet . La réunion du parlement grec, tenue la nuit du jeudi 13 août au vendredi 14 août, pour approuver les réformes préalables a été tumultueuse, certains députés représentant Syriza (dont la présidente du parlement Zoé Konstantopoulou) continuant de reprocher au premier ministre, Alexis Tsipras, d’avoir capitulé face aux créanciers. Même si un cette opposition était attendue, la surprise réside dans l’ampleur de l’opposition : en effet, une trentaine de membres du parti de Syriza ont voté non, dont l’ancien ministre des finances, Yanis Varoufakis). Les ministres des finances de la zone euro devaient se réunir ce vendredi 14 août en fin d’après-midi à Bruxelles, après la publication de cette lettre hebdomadaire. Cette réunion pourrait se révéler difficile car l’Allemagne maintient ses exigences relatives à la participation financière du FMI au programme d’aide, au possible délai d’un fonds pour privatiser les actifs publics grecs, et à la capacité de la Grèce à supporter les €320 milliards de dette, soulevant ainsi implicitement au moins la question de la soutenabilité de cette dette. Marchés financiers Si le processus d’adoption des éléments constitutifs de l’accord de dernière minute de juillet dernier progresse sans embuche majeure, la question centrale des moyens de restaurer la soutenabilité de la dette grecque reste pendante et, avec elle, celle de la participation du FMI au plan d’aide. En effet, les modalités de réduction de la charge de la dette restent à définir : l’Allemagne s’étant opposée à une réduction de principal, une réduction de taux et un allongement de maturité sont les seules options sur la table. Le FMI conditionnant sa participation au plan d’aide à un allègement de la charge de la dette grecque, l’Allemagne est maintenant confrontée à un arbitrage politique délicat dont la conclusion définitive de l’accord dépendra. Brésil Le 11 août dernier, Moody's a dégradé la note souveraine du Brésil de Baa2 à Baa3 avec une perspective stable. Cette baisse de la note a été motivée par une croissance plus faible que prévu, une augmentation des dépenses publiques et des obstacles politiques à la mise en place des réformes budgétaires, autant de facteurs qui ont contribué à l'alourdissement du fardeau de la dette. Parmi les forces du pays en matière de solvabilité, Moody's a mentionné la capacité du pays à faire face aux chocs externes grâce à des réserves de change abondantes et à une économie vaste et diversifiée. Alors que cette dégradation de la note de Moody's était attendue, le marché a été agréablement surpris par la perspective stable, suggérant que le Brésil reste pour le moment dans la catégorie investment grade. Pour notre part, la surprise était moins grande car nous estimons qu'à ce jour le Brésil mérite de conserver sa note investment grade. Néanmoins, l'année à venir s'annonce difficile sur le plan économique et politique et elle sera déterminante pour un éventuel renversement de ces tendances négatives. Indicateurs économiques Etats-Unis La consommation continue de soutenir la croissance. Conformément aux attentes, les ventes au détail ont progressé de +0,6% en juillet tandis que le chiffre de juin a été révisé en hausse (à 0 au lieu d'un recul de -0,2%). En revanche, les ventes au détail « control group » (indicatives de la consommation telle que mesurée dans le PIB) sont légèrement en-dessous des attentes, avec une hausse de +0,3% en juillet (contre +0,5% attendu) mais par rapport à un chiffre de juin lui aussi révisé en hausse. Alors que les chiffres des ventes au détail de juin avaient semé quelques doutes, leur révision et les bons chiffres de juillet viennent confirmer la vigueur de la consommation des ménages américains. Ceux-ci tirent en effet pleinement parti de la baisse du prix du pétrole et de l'amélioration du marché de l'emploi. Eurozone Croissance un peu moins forte qu'attendu au T2. Le PIB de la zone euro a progressé de 0,3% au T2, ce chiffre est le 7ème trimestre consécutif en territoire positif. Toutefois, il est légèrement en dessous des attentes (attendu à 0,4%), ce qui s’explique par la performance décevante de la France qui reste stable à 0,0% (contre +0,2% attendu). Les chiffres par pays figurent dans le tableau cidessous. Marchés financiers La reprise continue mais ne parvient toujours pas à accélérer. Les bonnes nouvelles viennent surtout des pays du Sud (forte reprise en Espagne, retour confirmé de l'Italie sur une trajectoire positive. En France, la croissance est freinée par la dynamique décevante de la demande interne, en partie compensée par l'amélioration du commerce extérieur (voir ci-dessous). En Allemagne, les chiffres détaillés ne sont pas encore disponibles, mais le communiqué officiel fait état d'une contribution positive du commerce extérieur, de la consommation des ménages et de la consommation publique, alors que l'investissement (notamment dans la construction) et la formation de stocks ont contribué négativement. En France : croissance du PIB nulle au T2. Le PIB français est resté stable au T2 (contre +0,3% attendu) après une progression au T1 légèrement révisée en hausse (+0,7% contre +0,6% annoncé précédemment). Cette déception s'explique notamment par un fort ralentissement de la consommation des ménages (+0,1% après +0,9% au T1) et une contribution négative (-0,4pp) de la variation de stocks. La consommation publique (+0,3%) et l'investissement des entreprises (+0,2%) progressent légèrement tandis que l'investissement résidentiel des ménages (-1,6%) poursuit sa chute. Le commerce extérieur apporte, pour sa part, une nette contribution positive (+0,3pp) en raison d'une progression des exportations (+1,7%) beaucoup plus forte que celle des importations (+0,6%). Bien qu'en dessous des attentes, ces chiffres montrent surtout une consolidation normale après une croissance du T1 qui était apparue trop élevée par rapport à la tendance réelle de la reprise. Dans le détail, les ménages n'ont pas bénéficié, au T2, d'un "effet pétrole" aussi net qu'au T1, l'investissement des entreprises n'accélère toujours pas et l'immobilier reste un point faible majeur. A l'inverse, le commerce extérieur commence probablement à tirer parti de l'euro plus faible. Nous continuons d'anticiper une reprise lente en France, qui n'accélérera que modestement en 2016. Chine La masse monétaire M2 pour le mois de juillet en Chine a augmenté de 13,3 % en glissement annuel (bien plus élevée que les attentes du consensus de 11,7 %, anciennement à 11,8 %). Au mois de juillet, les nouveaux prêts octroyés en yuan sont ressortis à un niveau largement supérieur aux attentes, avec un total de 1 480 Mds de yuan (contre 750 Mds attendus par le consensus, et 1 279,1 Mds précédemment). Et le Financement social total (TSF) de juillet a accusé une forte baisse pour s'établir à 718,8 Mds de yuan (contre 1 006,7 Mds attendu par le consensus et 1 858,1 Mds précédemment). En juillet, les données sur l'activité économique chinoise ont eu l'effet d'une mauvaise surprise : la croissance des ventes au détail a été de 10,5 % en GA (contre 10,6 % attendus par le consensus et niveau précédent), celle de la production industrielle est retombée à 6 % en GA (contre 6,6 % attendu par le consensus et 6,8 % précédemment) et la croissance de l'investissement en capital fixe s'est établie à 11,2 % depuis le début de l'année en GA (contre 11,5 % attendu par le consensus et 11,4 % précédemment). Nous pensons que cette importante augmentation de la masse monétaire M2 de l'ordre de 13,3 %, supérieure à l'objectif annuel de 12 %, ne laisse pas présager un resserrement monétaire d'ici la fin de l'année, mais plutôt que d'autres assouplissements sont à venir, étant donné que la très attendue stabilisation économique est loin de s’être déjà matérialisée, voire le contraire. La forte augmentation du nombre de nouveaux prêts en yuan est en partie due à l'intensification des injections de liquidités par les banques pour soutenir le marché des actions chinois. Cependant, cet écart entre les nouveaux prêts en yuan et le financement social total laisse penser à une détérioration des financements hors bilan qui viennent indirectement accentuer le recul de l'économie, notamment pour les PME, c'est-à-dire le secteur des exportations, qui reçoit généralement un financement hors bilan. Marchés financiers Inde L'IPC de l'Inde du mois de juin en glissement annuel s'est avéré bien inférieur aux attentes, à 3,78 % (contre 4,4 % prévu par le consensus et 5,4 % précédemment) avec un ralentissement général dû à des effets de base favorables. L'inflation des produits alimentaire est l'un des principaux moteurs de cette baisse, avec en tête la contraction des prix des légumes de 7,9 % en GA. Comme nous l'avions indiqué dans notre précédente lettre hebdo, nous nous attendions à un ralentissement de l'inflation officielle plus important que prévu. C'est en effet ce qui s'est passé avec un ralentissement plus fort et plus rapide que les attentes du marché et de la RBI. Nous pensons que cela va permettre à la RBI d'assouplir sa politique plus tôt que prévu, de 25 à 50 bps pour l'exercice 2015. Russie La croissance du PIB est ressortie pour le second trimestre de l’année à -4,6% en GA conformément aux attentes et bien plus bas qu’au premier trimestre (-2,2%). Ce résultat n’est pas une surprise. Il était attendu par les marchés et nous-mêmes avions maintenu notre prévision de -4,5% de croissance annuelle pour 2015 en arguant notamment que si les résultats du premier trimestre n’étaient pas aussi mauvais qu’escompté, cela s’expliquait par une relance budgétaire de près de 1% du PIB, qui ne pourrait pas être répétée. La question qui se pose maintenant est davantage celle de la capacité des autorités russes à stabiliser la situation dans un environnement où les prix des matières et notamment du pétrole chutent. Politique monétaire China Contre toute attente, la PBOC (la banque centrale chinoise) a réduit le cours pivot du renminbi (RMB) de 1,9 %, à 6,2298 le 11 août 2015, ce qui équivaut à une dévaluation effective de sa devise. Le même jour, il est décidé que le point médian du yuan (le taux de référence) reposerait dorénavant sur les cotations des teneurs de marché et sur les cours de clôture du marché interbancaire pour les devises. Quant aux teneurs de marché, pour établir leurs cotations, ils doivent tenir compte du cours au comptant (spot) de la séance de la veille, la demande et l'offre de devises ainsi que des taux de change des grandes devises internationales. La PBOC a donc modifié le mécanisme de formation du taux de parité central entre le dollar et le yuan (USDCNY), mais a maintenu la fourchette de fluctuations quotidienne à +/-2 % par rapport au fixing. Jusqu'à maintenant, le fixing du yuan a baissé de 4,45 % cette semaine, ce qui est une surprise. Cette décision constitue une étape majeure dans le cadre de la réforme du régime de change du RMB et ouvre la voie à l'inclusion du RMB dans le panier de devises des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI. Cette flexibilité insuffisante du taux de change est précisément la contrainte technique empêchant l'inclusion du RMB dans les DTS. Les derniers développements témoignent d'une évolution radicale de l'état d'esprit des dirigeants chinois mais aussi des acteurs de marché. Nous passons donc d'un mode « rien n'est possible s'agissant de la rigidité du RMB » à un mode « tout est possible pour refléter le ralentissement de l'économie ». Le risque désormais serait une mauvaise gestion de ce processus de dévaluation. Cette probabilité semble d'ailleurs élevée, et laisse augurer une dépréciation beaucoup plus forte que celle voulue par la PBOC. Nous restons très prudents sur son impact réel sur l'économie ; selon nous, elle ne contribuera pas au rebond des exportations, comme semble le montrer l'échec de l'Europe et du Japon, dans un contexte d'atonie de la demande mondiale. Marchés financiers Korea Comme prévu, la Banque de Corée (BOK) a laissé son taux de base inchangé (taux repo à 7 jours) à 1,5 %. La Banque centrale de Corée (BOK) a débuté son cycle d'assouplissement en juillet 2012 (les taux étaient alors de 3 %) et a procédé à 7 baisses, dont 2 en 2014 (25 pb en août et en octobre) et 2 en 2015 (25 pb en mars et en juin), soit 25 pb par trimestre. L'horizon de l'économie est assombrie par plusieurs facteurs : fléchissement de l'économie intérieure, ralentissement en Chine et dans les pays émergents, dépréciation du RMB/des devises émergentes et future hausse des taux américains en 2015. La BOK devra donc encore assouplir sa politique, avec probablement une nouvelle baisse des taux de 25 pb avant la fin 2015. Marchés financiers Obligations souveraines Les décisions des dirigeants chinois en matière de change se sont répercutées à la fois sur les marchés des actions et des obligations des pays développés : cette dévaluation du RMB a entraîné un net rebond des prix des bons du Trésor américain, des gilts britanniques et des obligations de la zone euro. Comment s'explique cette baisse des rendements obligataires ? D'une part, certains estiment que la dévaluation illustre un ralentissement plus marqué que prévu de l'économie chinoise, qui serait source de pressions désinflationnistes à l'échelle mondiale, et, d'autre part, qu'elle poussera la Fed à retarder le processus de normalisation de sa politique de taux. Les rendements ont baissé également en raison de la « fuite vers la qualité » déclenchée par les pressions vendeuses exercées sur les actifs risqués. Après cette réaction initiale, il n'a fallu que deux jours pour que les rendements repartent à la hausse (jeudi) après des déclarations rassurantes des autorités chinoises vis-à-vis du RMB. A l'heure où nous écrivons, les rendements restent toutefois inférieurs à leur niveau de la semaine dernière : le bund à 5 ans était de retour en territoire négatif mercredi pour la première fois depuis la fin mai, avant de revenir à peine en territoire positif. La probabilité d'une première hausse des taux en septembre, sur la base de l'évolution du marché des Fed funds, a quelque peu diminué en raison de l'actualité en provenance de Chine. Nous continuons néanmoins à prévoir un aplatissement baissier de la courbe des taux américaine, et ce malgré la volatilité accrue des rendements obligataires due à l'inversion partielle de tendance par rapport à la semaine dernière, elle-même causée par l'embellie macroéconomique aux États-Unis et en zone euro. En zone euro, les tendances des dernières semaines devraient se poursuivre en raison de l'accord à venir concernant le plan de sauvetage de la Grèce et des achats continus d'actifs de la BCE. Taux de change A l'image des marchés de taux, les devises ont très vite réagi à l'actualité chinoise, mais ont fini par effacer en partie leur évolution des deux premiers jours qui ont suivi l'annonce. Par conséquent, le rebond rapide de la parité EUR/USD (de 1,10 à 1,12 mercredi) n’a pas fait long feu et la parité est retombée à 1,10 après les premières déclarations officielles de la PBOC. Marchés financiers Cette semaine, la baisse partielle et limitée du taux de change effectif du dollar semble liée à la résurgence des doutes quant à un relèvement des taux par le FOMC dès le mois de septembre. Le potentiel d’appréciation de la devise américaine par rapport à l'euro demeure intact grâce à une dynamique économique positive et aux déclarations récentes des membres de la Fed qui se disent prêts à normaliser la politique monétaire, alors que le QE de la BCE se poursuit sans relâche. Crédit Pénalisés par les décisions chinoises comme les autres actifs risqués, les spreads de crédit se sont élargis lors des deux premiers jours qui ont suivi la dévaluation du RMB, avant de rebaisser quelque peu, en particulier sur les marchés des CDS. Une fois encore, les titres HY américains ont davantage souffert que les obligations HY en euro. Les spreads des émetteurs des secteurs de l'énergie et des métaux et des mines ont atteint des plus hauts record en raison de la baisse des prix des matières premières et des nouvelles craintes d'un ralentissement plus marqué que prévu de l'économie chinoise. Les marchés du crédit sont beaucoup plus stables en zone euro pour des raisons à la fois micro et macroéconomiques. Les tendances du secteur de l'énergie et la normalisation à venir de la politique monétaire américaine font peser des risques supplémentaires sur le crédit américain. Le crédit en zone euro est, lui, soutenu par la BCE et la dynamique économique positive, alors qu'approche à grands pas un accord en vue d'un troisième plan de sauvetage pour la Grèce. La qualité de crédit, en particulier des émetteurs spéculatifs, est un facteur clé à prendre en compte : nous maintenons notre préférence envers les signatures BB par rapport aux titres B, plus spécifiquement par rapport aux émetteurs les moins bien notés, à la fois en euro et en dollar. Grâce à une qualité plus élevée et à une moindre exposition aux secteurs de l'énergie et des matières premières, le crédit européen devrait présenter une meilleure résistance à la volatilité, malgré des rendements et des spreads plus faibles que le marché américain. Actions La dépréciation du yuan s’est répercutée de façon sélective. La baisse surprise de la monnaie chinoise a pesé sur les marchés d’actions, et notamment ceux de la zone euro, qui se sont repliés de 5,0% en cumul entre mardi et mercredi, contre seulement -2,4% pour le Royaume-Uni, -1,4% pour le Japon et -0,9% pour les Etats-Unis. Au-delà de son exposition à la Chine - qui demeure inférieure à celle du Japon - ce recul plus prononcé des actions de la zone euro est dû en partie à l’appréciation supplémentaire de sa devise, qui s’est renchérie de +1,9% contre $, contre +0,6% pour la £ et +0,5% pour le yen. Par ailleurs, avec une hausse de plus de 15% depuis le début de l’année, au lieu de quasiment zéro à New-York et à Londres, la tentation, notamment des investisseurs étrangers, de ne pas prendre de risques était forte. Au plan sectoriel en Europe, ces interrogations sur la demande chinoise et le regain de vigueur de l’euro ont tout particulièrement pesé sur les métaux et mines, le luxe et l’automobile, en baisse de de 6 à 7% entre mardi et mercredi. Du côté du MSCI émergents, en baisse de -2,9% en $ entre mardi et mercredi, les variations s’échelonnent autour de -1,5% en Thaïlande et aux Philippines, -3% en Chine, en Corée et en Inde, -4% à Taiwan et 6% et plus en Malaisie et en Indonésie. Après deux jours de baisse consécutive, les marchés d’actions ont commencé à se reprendre à partir de jeudi (mercredi pour Wall Street). Cette thématique chinoise devrait toutefois continuer de poursuivre les marchés car, à défaut de guidance et, ou, de signes d’améliorations de l’économie il est trop tôt pour trancher si ce mouvement de baisse du yuan est largement entamé ou pas. Dans le premier cas, scénario central, les marchés d’actions devraient rapidement s’apaiser mais, dans le second, ceci viendrait raviver les craintes de grande stagnation. Rappelons en effet que, y compris pour les entreprises étrangères, le cours du yuan est clé à double titre ; qu’il s’agisse de juger de la confiance dans la conjoncture chinoise ou de l’impact du change sur les profits. A court terme, la prolongation de l’interrogation chinoise pourrait profiter au marché américain car ceci devrait, a minima, tempérer, le rythme de resserrement de la Fed. Du côté de l’Asie émergente, l’Inde - dont les exportations sont moins dépendantes de la Chine que celles de ses voisins - pourrait également en tirer parti. Événements clés à venir Marchés financiers Indicateurs économiques Date Pays 11 août Italie Indice des prix à la consommation, GA, juillet Allemagne Indice ZEW du sentiment économique, août 12 août Royaume-Uni Taux de chômage, juin Inde 14 août Données macroéconomiques attendues Consensus Dernier 0,4% 32,0 29,7 5,6% 5,6% Production industrielle, GA, juin 2,7% Zone euro Indice des prix à la consommation, GA, juillet 0,2% 0,2% Allemagne PIB, t/t, T2 0,5% 0,3% Italie PIB, t/t, T2 0,3% 0,3% Portugal PIB, t/t, T2 Zone euro PIB, t/t, T2 0,4% 0,4% 0,4% Etats-Unis Indice Michigan du sentiment des consommateurs, août 93,5 93,1 Source : Bloomberg, Stratégie Amundi Adjudications Adjudications d’emprunts d’Etat européens [maturité, montant (si disponibles)] Date Pays 17 août France Court terme, montants non disponibles vendredi 18 août Espagne Court terme, montants non disponibles vendredi 18 août Espagne Court terme, montants non disponibles vendredi 19 août Allemagne 2 ans, 5 Mds € 20 août Espagne Long terme, montants non disponibles vendredi Source : Bloomberg, Stratégie Amundi Evénements clés Date Comités de politique monétaire à venir 3 septembre Banque Centrale Européenne (BCE) 14 septembre Banque du Japon (BoJ) 17 septembre Réserve Fédérale (Fed) 28 octobre Réserve Fédérale (Fed) Date Octobre 2015 Evénements politiques à venir Elections présidentielles et législatives en Argentine Novembre 2015 Sommet du G20 à Antalaya (Turquie) Décembre 2015 Elections présidentielles et législatives en Espagne Mai 2016 Sommet du G8 à Shima (Japon) Source : Stratégie Amundi Aperçu sur les marchés : Marchés financiers Marchés d'actions 14/08/2015 Sur 1 semaine Sur un mois Dep. 31/12/14 S&P 500 2083 0,3% -1,2% 1,2% Eurostoxx 50 3491 -4,0% -3,2% 10,9% CAC 40 4955 -3,9% -1,5% 16,0% Dax 30 10970 -4,5% -4,8% 11,9% Nikkei 225 20519 -1,0% 0,7% 17,6% 865 -2,3% -8,1% -9,6% 14/08/2015 Sur 1 semaine Sur un mois Dep. 31/12/14 48 -0,4% -17,1% -14,2% 1118 2,2% -3,3% -5,4% 13 0,1 0,1 -5,7 14/08/2015 Sur 1 semaine Sur un mois Dep. 31/12/14 1,11 1,6% 1,2% -8,0% USD/JPY 124 0,1% 0,8% 3,8% EUR/GBP 0,71 0,7% 1,2% -8,2% EUR/CHF 1,09 0,8% 4,4% -9,7% 14/08/2015 Sur 1 semaine Sur un mois Dep. 31/12/14 EONIA -0,13 -1 bp -2 bp -27 bp Euribor 3M -0,03 -- -1 bp -10 bp Libor USD 3M 0,32 +1 bp +4 bp +7 bp Taux 2 ans (Allemagne) -0,27 -1 bp -4 bp -17 bp Taux 10 ans (Allemagne) 0,65 -1 bp -18 bp +11 bp Taux 2 ans (Etats-Unis) 0,73 +1 bp +9 bp +7 bp Taux 10 ans (Etats-Unis) 2,20 +4 bp -20 bp +3 bp 14/08/2015 Sur 1 semaine Sur un mois Dep. 31/12/14 France +31 bp +1 bp -7 bp +3 bp Autriche +27 bp - -8 bp +17 bp Pays-Bas +18 bp - -8 bp +3 bp Finlande +15 bp +13 bp +6 bp +4 bp Belgique +35 bp +2 bp -9 bp +6 bp Irlande +59 bp +1 bp -16 bp -12 bp Portugal +176 bp -3 bp -15 bp -39 bp Espagne +134 bp +1 bp +8 bp +27 bp Italie +114 bp -3 bp -9 bp -21 bp 14/08/2015 Sur 1 semaine Sur un mois Dep. 31/12/14 Itraxx Main +67 bp +1 bp +2 bp +5 bp Itraxx Crossover +313 bp +6 bp +29 bp -33 bp Itraxx Financials Senior +76 bp -- +1 bp +9 bp MSCI Marchés Emergents (clôture -1J) Matières premières - Volatilité Pétrole (Brent, $/baril) Or ($/once) VIX Marché des changes EUR/USD Marchés des taux Ecarts de taux 10 ans vs Allemagne Marchés du crédit Source : Bloomberg, Stratégie Amundi Données actualisées à 15h00