Point sur les marchés
Focus sur la Chine
24 août 2015
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Il est fréquent que l’été, alors que le monde politique et celui des affaires sont en vacances, les
marchés boursiers fassent la une de l’actualité et des évènements. D’ordinaire cantonnée en page
intérieure, la moindre nouvelle prend une dimension démesurée. Une fois encore, cela a été le cas
cette année. Après le psychodrame autour de la Grèce en juin-juillet, l’actualité du mois d’août se
focalise sur la « dévaluation » du renminbi et la présente comme s’il s’agissait d’un tsunami financier.
Il faut savoir raison garder et analyser objectivement le contexte économique et financier.
Tout d’abord, en remettant en perspective les performances des principaux indices mondiaux, on
s’aperçoit que ce qui s’est passé en Chine n’a pas vraiment affecté les marchés qui, depuis
plusieurs mois, avaient peu à peu intégré le risque chinois.
PERFORMANCES BOURSIÈRES DES PRINCIPAUX INDICES
(Performances calculées sur les cours de clôture du 21/08/2015 – source Bloomberg)
PAYS États-Unis Zone euro
Grande
Bretagne Japon Australie Chine
INDICE SP 500 ES50 FTSE NIKKEI
A
S51 HSCEI
Sur 5 ans +85.13% +23.45% +18,96% +91.92% +19.32% -10.53%
Sur 12 mois -24.99% +3.78% -8.67% +25.08% -7.63% -7.81%
Depuis début 2015 -4.27% +3.20% -5.76% +11.38% -3.63% -14.93%
Puis en analysant le contexte économique et financier :
Économie mondiale : après un début d’année laborieux, alors que de nombreuses
économies mettent du temps à profiter de la baisse des coûts de l’énergie, la croissance
mondiale devrait être plus soutenue, à mesure que nous avançons dans l’année.
Actant les déceptions du premier trimestre (USA), le ralentissement de la Chine et de
nombreux pays émergents, la croissance économique mondiale devrait se situer entre 2,6 %
(niveau de l’an dernier) et 2,8 %.
Les principaux risques sur la croissance mondiale sont d’une part le risque grec et le
ralentissement de l’économie chinoise.
Mais si de tels événements mettaient en péril la stabilité financière et l’expansion mondiale, la
Fed et les autres Banques Centrales interviendraient, une fois encore, massivement.
États-Unis : malgré un mauvais premier trimestre, la croissance américaine a rebondi au
2ème trimestre 2015 grâce à la bonne santé du marché du travail, la vigueur de la
consommation des ménages et la forte activité dans le secteur de la construction. Seuls les
investissements des entreprises déçoivent.
La Fed devrait profiter de cette conjoncture pour initier le premier relèvement (depuis 9 ans)
des taux des fonds fédéraux en septembre pour l’amener autour de 0,75 % en fin d’année.
Du coté des entreprises, après une année décevante (+1 % de progression des bénéfices par
action en 2015), la croissance des bénéfices devrait retrouver le chemin de la hausse l’an
prochain et approcher +14 %. Le marché, aujourd’hui bien valorisé, redeviendrait alors plus
attractif.
Zone Euro : Malgré un deuxième trimestre plus faible à cause notamment des incertitudes
générées par le problème grec, la reprise se poursuit, soutenue par de meilleures conditions
de crédit, les bas prix de l’énergie et l’affaiblissement de l’euro.
L’inflation reste proche de zéro et le restera vraisemblablement jusqu’à la fin de l’année pour
redevenir franchement positive en 2016.La BCE maintiendra ses taux en l’état et poursuivra
sa politique d’assouplissement monétaire (« Quantitative Easing ») jusqu’en septembre
prochain.
Au plan boursier, les nouvelles sont plutôt bonnes : après plusieurs années de disette, les
bénéfices sont attendus en hausse de 7,7 % cette année et 10 % l’an prochain, avec des
révisions positives toujours possibles compte tenu de l’évolution probable de la conjoncture.
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Grande Bretagne : Le royaume profite de la conjonction d’une croissance solide, d’une
inflation et d’un chômage faibles. La normalisation de la politique monétaire de la Bank Of
England devrait débuter au premier trimestre 2016. D’ici fin 2016, elle devrait amener son
taux directeur à 1,5 %.
La forte exposition de l’indice aux producteurs de matières premières pèse sur les bénéfices.
Pour cette année nous attendons un recul de 10 % des bénéfices par action.
Japon : Après un bon premier trimestre, l’économie a traversé un creux au printemps à cause
d’un affaiblissement de ses exportations liées au ralentissement économique en Asie.
Pour les mois à venir, l’économie japonaise devrait retrouver le chemin de la croissance grâce
aux probables hausses des salaires et au rebond de l’activité chez ses partenaires
commerciaux. Toutefois, le formidable défi à long terme des « Abénomics », politique visant à
rééquilibrer le budget et réduire l’endettement public du Japon, n’est pas encore gagné.
Dans un contexte d’abondantes liquidités et de fortes progressions des bénéfices (+16,3 % en
2015 et +8 % en 2016) le marché japonais reste bien orienté. Un accroissement du
« Qantitative Easing » de la Bank Of Japan lui donnerait un coup de fouet supplémentaire.
Australie : la conjoncture économique reste morose en raison de la réduction des
investissements (des entreprises minières) qui n’a pas été compensée par une reprise des
investissements dans les secteurs non miniers. Par ailleurs, du fait de la baisse des prix des
matières premières, le pays souffre d’une détérioration des termes de l’échange qui érode son
pouvoir d’achat.
Au total, à l’image des autres pays développés, la croissance attendue de l’économie
australienne reste confinée entre 2 % et 2,5 % pour cette année.
Le marché actions évolue à deux vitesses : d’un té les actions des sociétés minières et des
producteurs de matières premières qui sont plutôt à la peine à la suite de la baisse des cours
et maintenant du ralentissement de l’économie chinoise. De l’autre, des valeurs plus
domestiques implantées sur d’autres types d’industrie ou celles ayant des liens avec les
États-Unis, qui sont, pour leur part, plus attractives.
Chine : le 11 août, la Banque Populaire de Chine (PBoC) a déprécié de 3,60 % la parité du
yuan
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par rapport au dollar. Deux autres dépréciations sont intervenues les deux jours
suivants. Dans le même temps, elle a modifié les règles de détermination du fixing quotidien
de sa monnaie en donnant plus de poids aux conditions de marché.
Cette décision a fortement surpris les investisseurs :
o car cela faisait 20 ans que la Chine n’avait pas touché à sa monnaie,
o car cela fait dix ans que le yuan s’apprécie contre le dollar et qu’un tel changement
pousse les intervenants à revoir significativement leurs prévisions,
o car elle intervenait après de mauvais chiffres pour le commerce extérieur,
o car les performances économiques des pays émergents restent décevantes et que ce
geste actait le manque de vigueur de ces économies.
Pourquoi cette décision : au vu de sa faible ampleur, ce n’est pas pour des raisons
économiques. D’ailleurs, même après les hausses de salaires, la Chine reste très compétitive.
Le coût moyen du travail dans l’industrie reste l’un des plus faibles du monde. En outre ses
réserves de change lui donnent largement les moyens de faire respecter la parité de sa
monnaie.
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Renminbi et Yuan sont les deux noms de la monnaie chinoise.
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Les raisons semblent être plus politiques :
o La Chine souhaite que le FMI accorde au yuan le statut de monnaie de réserve. Cela
implique une monnaie stable et complètement soumise aux règles du marché,
o La poursuite des réformes : la libéralisation du marché des capitaux et leur libre
circulation sont deux réformes inscrites à l’agenda du gouvernement,
o Redonner plus de marge de manœuvre à la politique monétaire grâce à une monnaie
plus flexible.
Y-a-t-il plus de risque à investir en Chine qu’avant l’été ?
Non ! Alors même que la dépréciation du yuan n’est pas terminée (la parité cible semble être
6,80 CNY pour un USD contre 6,40 aujourd’hui), cette décision ne modifie pas notre opinion
constructive sur la Chine et les marchés émergents. Le ralentissement de l’économie chinoise
est en marche depuis plusieurs trimestres déjà. Il est dû d’une part à des raisons structurelles
(réorientation de l’économie vers la consommation et les services qui créent moins de
croissance mais plus d’emplois) et d’autre part à l’affaiblissement plus conjoncturel du
commerce mondial qui pèse sur ses exportations.
Pékin est très conscient de l’insoutenabilité de la croissance passée et des risques d’un
ralentissement trop fort de son économie. Le choix a donc été fait d’une croissance plus lente
favorisant l’environnement et évitant le gaspillage du capital.
A court terme, les fondamentaux vont se stabiliser et s’améliorer grâce à une politique
monétaire certainement plus favorable à la croissance. Nous attendons au moins deux
baisses du taux directeur de la PBoC et des réductions du coefficient de Réserves
obligatoires des Banques.
Les bénéfices des sociétés devraient s’améliorer comparativement au reste du monde et les
valorisations des actions chinoises sont bon marché (7,4 fois).
Pour cette année, alors que la réforme des entreprises détenues par l’état, fortement
représentées dans l’indice HSCE (Hang Sen China Enterprise), démarre à peine, la
croissance des bénéfices reste modeste (+2,1 %). Pour l’an prochain la rationalisation de ces
sociétés avançant, la croissance de leurs bénéfices sera plus forte pour approcher de 9 %.
Les informations contenues dans le présent document sont fournies à titre indicatif, ne valent que pour le moment où elles ont
été données et ne constituent ni des conseils juridiques et fiscaux, ni une sollicitation ou une recommandation à
l'investissement.
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