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LETTRE SPÉCIALE – AOÛT 2015
L E T T R E S P É C I A L E
L A F R A N Ç A I S E G E S T I O N P R I V É E
Août 2015 Achevée de rédiger le 25 | 08 | 2015
Les marchés boursiers mondiaux sont extrêmement volatils depuis le 19 août dernier, en raison d’un regain soudain d’aversion pour le
risque lié aux inquiétudes entourant la croissance mondiale, et particulièrement la croissance chinoise. Les indices boursiers ont ainsi
nettement corrigé sous l’effet conjugué de la baisse du prix des matières premières, conséquence du ralentissement d’activité dans
l’Empire du Milieu et de l’offre de pétrole très excédentaire, qui pourrait s’intensifier alors que les pays de l’OPEP excluent de revoir leur
production à la baisse pour s’ajuster à la demande mondiale.
La baisse substantielle de l’indicateur « PMI » manufacturier chinois (qui reflète le sentiment des directeurs d’achat des entreprises du
pays), revenu au plus bas de 2009, la chute marquée des ventes de véhicules neufs au mois de juillet, ou encore la baisse de la
consommation d’électricité recensée dernièrement, ont renforcé les craintes d’un ralentissement nettement plus prononcé que prévu
de l’activité économique en Chine.
En dépit des mesures prises par le gouvernement et la Banque Centrale du pays, les opérateurs de marché ont continué à fuir
massivement les actions, ayant temporairement perdu toute confiance dans la capacité des autorités à soutenir l’économie.
La Banque Centrale a notamment abaissé fortement par deux fois le taux de référence du yuan face au dollar (alors qu’une seule
dévaluation avait été annoncée, d’où la perte de confiance ressentie) afin de favoriser l’internationalisation du yuan et de le rendre
éligible comme monnaie de réserve auprès du FMI. Il s’agit aussi de relancer les exportations du pays (en améliorant sa compétitivité
face aux autres pays émergents dont les devises se sont au contraire beaucoup dévaluées par rapport au dollar). A ce stade, on peut du
reste s’interroger sur ces choix monétaires alors que la balance extérieure chinoise a atteint des niveaux excédentaires record ! La
Banque De Chine a également injecté de nombreuses liquidités sur le marché ces derniers jours.
La Chine étant aujourd’hui considérée comme la 2ème économie mondiale (13% du PIB Mondial pour mémoire), les perspectives d’une
plus faible croissance attendue pour le pays pour les années à venir impactent mécaniquement les perspectives d’activité mondiale,
revues systématiquement à la baisse. La croissance est encore actuellement estimée pour 2015 à 3.3% par le FMI, mais elle s’approche
dangereusement du seuil fatidique des 3%, considéré comme un rempart nécessaire pour lutter contre les forces déflationnistes dans
le monde.
Ainsi, c’est l’ensemble des places boursières mondiales qui est impacté à ce jour.
S’est ajoutée à tout ceci une série de publications de chiffres aux Etats-Unis qui a été jugée décevante, notamment sur les données
d’inflation ou encore sur l’activité manufacturière américaine. Dans ce contexte, toute remontée des taux par la Réserve Fédérale US
semble moins probable en septembre, ce qui provoque un recul du dollar contre euro (la parité Euro/USD est remontée à 1.15).
Ces révisions baissières d’anticipation de croissance et d’inflation mondiales ont bien évidemment entraîné les taux d’intérêts des
obligations du Trésor américain vers le bas. Cependant, force est de constater que cela n’a pas été le cas des taux allemands, qui sont
restés très stables sur la période, et qui n’ont pu ainsi jouer leur rôle de valeur refuge comme c’est le cas traditionnellement.
En Europe, les statistiques économiques récentes de bonne facture ne doivent cependant pas être occultées. Les résultats d’enquêtes
auprès des directeurs d’achats (« PMI ») ont encore souligné une amélioration de l’activité. De plus, les perspectives bénéficiaires des
entreprises restent à ce stade orientées à la hausse ce qui est plutôt rassurant.
Les politiques monétaires restent accommodantes, les taux d’intérêts mondiaux sont toujours bas et les perspectives de croissance
des bénéfices des sociétés pour 2015 tournent toujours autour de 13% en Europe.