PHILOSOPHIE DES LUMIÈRES...
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L’Homme machine (1748) et Discours sur le bonheur (1750), Claude-Adrien
Helvétius (1715-1771), dans son œuvre De l’Espirit (1754) et Paul-Henri
Thiry, baron d’Holbach (1723-1789), dans ses œuvres Le christianisme
dévoilé (1761) et Système de la nature (1770)4. Cette religion raisonnable,
sans dogmes et sans rites préconisée par les philosophes des Lumières était
le déisme, selon lequel Dieu existe, Il a créé le monde, mais Il n’est pas
présent dans le monde, Il n’intervient pas dans l’histoire. Donc, pas de
Providence, pas de miracle, pas de révélation. Le déisme est fondé sur la
libre pensée individuelle et se dit au service de la raison humaine
universelle. Il marque le début du sécularisme moderne dans toute
l’Europe5. C’est une sorte de religion minimale qui servait aussi comme arme
idéologique pour lutter contre la féodalité, contre le clergé et contre le pouvoir
monarchique royal, mais aussi pour se situer au-dessus des controverses
religieuses dans la société.
On a bien remarqué que toute la philosophie ou plutôt l’idéologie
des Lumières, même de point de vue théologique, était une arme
idéologique du pouvoir. „La bourgeoisie individualiste du début du (XVIIIe)
siècle avait besoin de cette arme (la philosophie) pour démystifier les obstacles
idéologiques, politiques ou religieux qui se dressaient devant elle”6. On peut
donc conclure que la philosophie des Lumières a essaié à promouvoir une
rationalisation du mystère de la foi, réduction fondée sur le progrès des
sciences de la nature, avec une fin précise, celle d’une idéologie de
pouvoir dans la société. L’Église était un obstacle à la philosophie des
Lumières surtout à cause de sa base transcendente et surnaturelle qui
place la foi et la révélation au-dessus de la raison humaine. Dans
L’Éncyclopedie française, l’article le philosophe contient cette sentence
révélatrice : „La raison est pour la philosophie ce que la grâce est pour les
chrétiens”7. On voit donc dans cette expression une totale séparation entre
4 Voir l’article Enlightenment, dans The Encyclopedia of Philosophy, editor-in-chief
Mircea Eliade, New York, 1995, vol. 5, p. 111.
5 Voir l’article Deism, in Encyclopedia of Philosophy, vol. 1-2, p. 326-336.
6 Voir l’article Lumières (esprit des), dans Encyclopédie française, Librairie Larousse,
Paris, 1974, vol. 12, p. 7365.
7 Voir l’article Enlightenment, The, dans The Encyclopedia of Philosophy, Collier –
MacMillan, New York, London, vol. 1-2, 1972, p. 520.