Les névroses du sujet âgé, rappel et progrès thérapeutiques Page 5
IV. Les troubles obsessionnels-compulsifs
A. Rappel clinique
Il n'est bien sûr pas question ici de rappeler une séméiologie en général
tout à fait typique et qui date très souvent de longtemps, parfois de l'enfance,
même si des circonstances sociales favorisantes ont permis une insertion
apparemment bonne : là encore, il faut insister sur la nécessité absolue de
l'anamnèse : le sujet ne commence pas à exister quand le soignant entre en
contact avec lui. Il est plus intéressant de signaler des formes d'apparition
tardive, parfois cycliques d'ailleurs, disparaissant comme elles sont apparues
pour réapparaître sans que l'on sache trop pourquoi.
B. Traitement
Il s'agit à cet âge d'une affection ancrée dont le but se limitera à borner
l'extension. Les conseils à l'entourage ne sont pas inutiles : il ne doit par
exemple pas faire à la place du patient les rituels que celui-ci n'a plus la force
de faire par lui-même (cela se voit, surtout dans un vieux couple). Surtout, il
faut se méfier des décompensations mélancoliques, voire brutalement
suicidaires, que cette impuissance peut entraîner. Le plus efficace reste les
inhibiteurs de la recapture de la sérotonine à forte posologie (d'ailleurs parfois
déjà prescrits), en évitant les benzodiazépines ; chez le sujet jeune, le
traitement cognitivo-comportemental est en principe associé mais il réussit
beaucoup moins bien chez le sujet âgé, encore que les publications sur le sujet
soient rares car rares sont ceux qui s'y intéressent.
V. La névrose hystérique
A. Rappel clinique
Non, les hystériques ne meurent pas à quarante ans, elles (ou ils)
peuvent vivre âgé(e)s et même parfois très âgé(e)s, en restant toujours aussi
pénibles (voire toxiques) pour leur entourage, s'il en reste un. C'est d'ailleurs la
disparition plus ou moins progressive de celui-ci (sauf quelques bonnes âmes
vite détrompées) qui fait la gravité de l'affection à cette âge : sans spectateurs,
l'hystérique meurt, au sens propre, et son suicide, même s'il reste théâtral, peut
n'en être pas moins très efficace. L'hypochondriaque est beaucoup moins
dangereux : lui, il sait qu'il est malade, il n'a donc aucune raison d'être angoissé
et, s'il persécute les soignants, il n'a pas de raisons de se suicider pour prouver
sa douleur. Au contraire, chez l'hystérique, la maladie n'est qu'un médiateur lui
permettant une dernière fois de se rendre intéressant(e), fût-ce au détriment de
sa propre santé.
Inutile de dire que l'hyperexpressivité des émotions, le théâtralisme, les
tentatives de séduction, accompagnent la pauvreté des sentiments : rien ne
compte pour l'hystérique en dehors d'elle (ou de lui, car il y a des hommes
hystériques, il ne faut pas l'oublier), y compris les enfants.
B. Traitement
À cet âge, il est évidemment impossible et ne peut se limiter qu'à une
sociothérapie que, faute de mieux, je baptiserais "d'endiguement" : le moins de
médicaments possibles (mais paradoxalement, ce n'est pas trop difficile avec
les hystériques), sauf en cas d'agressivité manifeste, et surtout un travail
d'équipe sans faille, ce qui par contre est beaucoup plus difficile.