un espace d'échange moins contraint que le cadre formel d'apprentissage (la classe ou la plateforme de
cours s'il s'agit de FAD).
La collaboration peut bien entendu s'exercer dans la classe-même (réelle ou virtuelle), notamment au
travers des wikis qui, après une période de relative désaffection due à la concurrence des outils de
publication tels que les blogs, trouvent un regain d'intérêt chez les enseignants. Lucie Audet,
enseignante québécoise, a publié un important document qui fait la synthèse des différents usages du
wiki dans le cadre scolaire. On comprend à la lecture de ce document que le wiki permet aux apprenants
de développer leurs pratiques collaboratives pour enrichir et créer des documents, développer des
compétences de lecture critique, et résoudre des situations problèmes. Les enseignants de leur côté
peuvent y déposer des documents en libre accès, élaborer à plusieurs et à distance des ressources
pédagogiques. L'utilisation du wiki ouvre également d'intéressantes perspectives en matière d'évaluation
des compétences de synthèse, de lecture critique, de capacité à travailler en groupe.
Les professeurs de langues étrangères figurent parmi les plus actifs des utilisateurs des outils du Web
2.0 pour les apprentissages. Une récente étude européenne dresse l'inventaire des familles d'outils
utilisés. On y trouve là aussi les communautés d'apprentissage qui bénéficient notamment d'espaces
spécialisés (Babelweb par exemple) mais peuvent aussi être organisées sur les réseaux sociaux les plus
connus, tels que Facebook. Dans tous les cas, les échanges doivent être modérés par l'enseignant qui
veille à la correction linguistique des échanges. Certains sites proposent également de créer des
binômes entre un locuteur natif de la langue cible et un apprenant. L'idée est séduisante mais produit
finalement peu de résultats en termes d'apprentissage, car il ne suffit pas d'être natif d'une langue pour
savoir l'enseigner, et les conversations hors de tout contexte ne présentent pas grand intérêt. Les médias
traditionnels enfin, utilisent les réseaux sociaux et ouvrent parfois un espace aux apprenants. C'est le cas
de BBC Learning English, qui dispose de blogs pour les enseignants et les apprenants.
A un tout autre niveau, la collaboration de masse est élaborée comme le principe de base de ce qu'il
est convenu d'appelle le "crowdsourcing", ou alimentation par les foules : des centanes ou des milliers
d'internautes collaborent en ligne à la résolution de problèmes complexes (pliage de protéines par
exemple) ou à l'élaboration d'une oeuvre de très grande ampleur. Wikipedia est le symbole de ce mode
de participation massive. Une observation attentive des pratiques de crowdsourcing montre que la
collaboration est stimulée par l'adoption de pratiques ludiques : scénarios, défis, obstacles,
récompenses... Ce qui confirme la place prise par le jeu vidéo comme inspiration (parmi d'autres) de
l'apprentissage collaboratif.
Les communautés et réseaux d'enseignants et de chercheurs
La dimension communautaire concerne aussi les enseignants et les chercheurs. Parmi les communautés
d'enseignants les plus connues en France, on citera Sésamath (mathématiques), Weblettres
(enseignement du français) et Clionautes (histoire - géographie). Depuis peu existe une communauté
européenne de professeurs de sciences, Scientix. Ces communautés sont utilisées à des fins de
production collective et de formation continue. Sésamath se distingue par une intense activité de
production de ressources pédagogiques pour les élèves : manuels, exercices d'entraînement, etc. Les
sites évoqués accueillent les productions finalisées. Pour avoir une idée des productions en cours et des
discussions entre enseignants de la même discipline, on se tournera plutôt vers les communautés Ning,
telle la communauté Ning des Clionautes par exemple. Caroline Jouneau, la créatrice et principale
animatrice de cette communauté, confirme le fait que le niveau général des productions élaborées
avec / sous le regard des pairs est supérieur à celui des productions individuelles, ce qui rejoint les
observations faites sur les productions d'élèves et d'étudiants évalués par leurs pairs.
La création de ces sites et espaces communautaires relève généralement de l'initiative individuelle ou
de petits groupes; l'institution scolaire n'y est pas directement impliquée et rencontre des difficultés à
leur fournir un statut. Il est toujours nécessaire de faire valider les production par les instances
administratives avant de pouvoir les transférer sur les sites académiques.
Les enseignants utilisent aussi volontiers Twitter, le célèbre site de microblogging, pour mutualiser les
ressources trouvées sur la toile qui leur semblent intéressantes. Il s'agit là de réseaux informels, qui
dépassent l'espace strictement disciplinaire et national, prenant volontiers une dimension francophone,
voire encore plus large.
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