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conflits conjugaux, rejet par la fratrie ou la famille élargie,
discordances éducatives, isolement social...).
Le travail psychothérapeutique favorise une relance de la
dynamique relationnelle, en permettant à l’enfant hyperactif
d’expérimenter d’autres modalités interactives que celles qui
se sont structurées autour du symptôme. Dans l’échange
intersubjectif avec le thérapeute se construit une narration
commune qui progressivement aide l’enfant à devenir l’ac-
teur de sa propre histoire. En outre, le réinvestissement de
l’échange verbal et de la mentalisation autorise l’instauration
graduelle d’une inhibition comportementale.
Un dispositif thérapeutique
interactif et plurifocal
S’il semble être garant d’une amélioration symptomatique
sur le long terme, les espaces et les personnes doivent être
explicitement différenciés, ce qui permet d’intégrer les mo-
dalités spécifiques d’intervention de chacun au sein d’un dis-
positif cohérent et articulé. Dans ce cadre thérapeutique har-
monisé, chimiothérapie et psychothérapie ont leur
spécificité. Il convient en particulier de dissocier les lieux de
la prescription et de l’investissement psychothérapeutique
dans une perspective bifocale. Dans cette stratégie de soin
complémentaire, l’enfant peut progressivement intégrer des
repères stables, sur lesquels il peut s’appuyer pour expéri-
menter des modalités relationnelles différenciées dans une
continuité thérapeutique.
Il faut veiller à ce que l’acte prescripteur ne vienne pas seu-
lement répondre à la demande familiale d’être soulagé, mais
que la souffrance psychique de l’enfant reste au centre de
la démarche thérapeutique. L’acte prescripteur ne doit pas
venir oblitérer le travail d’élaboration au long cours, ce qui
implique un dispositif bifocal explicite dès l’initiation du trai-
tement. Un tel cadre de soin permet alors d’utiliser le mé-
thylphénydate lorsque la prégnance symptomatique est telle
qu’elle entrave toute capacité de symbolisation et d’investis-
sement du lien ; de ce fait, elle constitue dans certains cas
un étayage indispensable à la mise en place d’un travail psy-
chothérapeutique. Réciproquement, l’efficacité à long terme
d’un traitement médicamenteux semble dépendre de la pos-
sibilité d’une mise en mouvement des modalités relationnel-
les et de réaménagement des mécanismes de défenses.
L’association interactive entre chimiothérapie et psychothé-
rapie procure ainsi des effets synergiques, et permet d’amé-
liorer significativement le pronostic à long terme, notamment
en cas d’associations comorbides [22].
Déclaration d’intérêt :
Benoît Blanchard est interne et Yoann Loisel pédopsychiatre,
chef de clinique assistant
Fondation Vallée, 7, rue Bensérade, 94257 Gentilly
Conflits d’intérêt financiers : néant
Références :
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En résumé : le THADA
hLe diagnostic de THADA n’implique pas de recours systématique à une prescription de psychostimulant, réservé aux formes
d’emblée sévères en termes de répercussions fonctionnelles, ou en cas d’échec d’une prise en charge psychoéducative.
hLes modalités de la prescription initiale (hospitalière, liste des stupéfiants...) soulignent la nécessité d’une évaluation clinique
complète de l’hyperactivité avant d’envisager l’initiation d’un traitement.
hLe traitement médicamenteux doit s’insérer dans une prise en charge multidimensionnelle, avec dialogue permanent entre le
médecin prescripteur et le psychothérapeute. Cette « association » est synergique et améliore significativement le pronostic
à long terme.
hLa prise en charge intégrative des comorbidités est un élément à part entière de la démarche thérapeutique.
167avril 2008MÉDECINE
STRATÉGIES
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