Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant PLAN INTRODUCTION…………………………………………………… INTRODUCTION………………………………………………………………… ………………………………………………………………… 1 I. GENERALITES ………………………………………………………………… ………………………………………………………………… 3 1. Définition………………………………………………………………… 3 2. Historique ……………………………………………………………… 3 3. Epidémiologie…………………………………………………………… 3 3.1 La forme endémosporadique ………………………………… 4 3.2. Les poussées épidémiques …………………………………… 4 II.PHYSIOPATHOLOGIE II.PHYSIOPATHOLOGIE…………………………………………………… PHYSIOPATHOLOGIE………………………………………………………… ………………………………………………………… 7 III.SIGNES III.SIGNES CLINIQUES ………………………………………………………… ………………………………………………………… 11 1. Forme commune de l’enfant et de l’adolescent ………………… 11 2. Forme du nourrisson ………………………………………………… 14 3. Forme à début suraigu ……………………………………………… 15 4. Forme récidivante …………………………………………………… 17 5. Forme décapitée ……………………………………………………… 18 6. Forme néonatale2……………………………………………………… 18 7. Signes d’irritation méningée et PL ………………………………… 19 IV. EXAMENS EXAMENS COMPLAIMENTAIRES ………………………………………… 29 1. Analyse du LCR ………………………………………………………… 29 1.1. Aspect macroscopique ………………………………………… 29 1.2. Etude cytologique ……………………………………………… 30 1.3. Etude chimique ………………………………………………… 31 1.4. Etude bactériologique ………………………………………… 34 2. Bilan standard ………………………………………………………… 42 2.1. Hémogramme …………………………………………………… 42 2.2. Protéine C réactive (CRP) ……………………………………… 42 2.3. Hémoculture……………………………………………………… 44 2.4. Procalcitonine sérique ………………………………………… 44 2.5. En conclusion …………………………………………………… 46 3. Règles décisionnelles cliniques …………………………………… 46 3.1. Règle décisionnelle de Spanos ……………………………… 46 3.2. Règle décisionnelle de Hoen ………………………………… 48 3.3. Règle décisionnelle de Freedman …………………………… 50 3.4. Règle décisionnelle d’Oostenbrink ………………………… 51 3.5. Règle décisionnelle de Bonsu………………………………… 54 3.6. Règle décisionnelle de Nigrovic ……………………………… 56 3.7. Comparaison des cinq règles décisionnelles……………… 58 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 3.8. Règle décisionnelle de Dubos………………………………… 60 4. Imagerie ………………………………………………………………… 66 5. Surveillance et évolution …………………………………………… 67 5.1. Clinique …………………………………………………………… 67 5.2. Biologique ………………………………………………………… 67 5.3. Suivi évolutif……………………………………………………… 67 V. DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE ETIOLOGIQUE……………………………………………… UE……………………………………………… 68 1. Méningite cérébrospinale à méningocoque……………………… 68 2. Méningite à haemophilus influenzae……………………………… 69 3. Méningite à pneumocoque…………………………………………… 70 4. Méningite à streptocoque b ………………………………………… 72 5. Méningite à entérobactérie ………………………………………… 72 6. Méningites à Listéria monocytogenes …………………………… 72 7. Méningites à staphylocoques ……………………………………… 73 8. Méningites à bacille gram négatif ………………………………… 73 9. Méningites purulentes sans germe décelable…………………… 74 VI.T VI.TRAITEMENT…………………………………………………… RAITEMENT………………………………………………………………… ………………………………………………………………… 75 1. Traitement curatif……………………………………………………… 75 1.1. Principes de l’antibiothérapie………………………………… 75 1.2. Traitements adjuvants ………………………………………… 77 1.3. Indications………………………………………………………… 79 1.4. Utilisation du chloramphénicol ……………………………… 83 1.5. Corticothérapie associée ……………………………………… 83 2. Traitement préventif ………………………………………………… 85 2.1. Les mesures prophylactiques générales…………………… 85 2.2. La chimioprophylaxie de contact …………………………… 85 2.3. Vaccination ……………………………………………………… 87 2.4. Modification des facteurs de risque comportementaux… 89 2.5. La surveillance des méningites bactériennes……………… 90 VII. ÉVOLUTION…………………………………………………… ÉVOLUTION………………………………………………………………… ………………………………………………………………… 91 1. La guérison……………………………………………………………… 91 2. Le décès ………………………………………………………………… 91 3. Complications générales……………………………………………… 92 4. Complications neurologiques ……………………………………… 93 5. Séquelles neurologiques après la guérison ……………………… 99 6. Facteurs pronostics …………………………………………………… 100 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant VIII.NOTRE VIII.NOTRE TRAVAIL………………… TRAVAIL…………………………………………………………… …………………………………………………………… 102 MATERIEL ET METHODES …………………………………………………… 1. Critères d’inclusion …………………………………………………… 2. Critères d’exclusion…………………………………………………… 3. Recueil des données…………………………………………………… 102 102 102 102 IX. RESULTATS ……………………………………………………………… ………………………………………………………………… ………………… 104 1. Résultats épidémiologiques ………………………………………… 104 1.1. Répartition selon la fréquence hospitalière et en fonction de l’année……………………………………………… 104 1.2. Répartition selon la période de l’année …………………… 104 1.3. Répartition selon Le sexe……………………………………… 104 1.4. Répartition selon l’âge des patients………………………… 105 1.5. Répartition selon le terrain …………………………………… 105 1.6. Répartition selon la porte d’entrée suspectée et les antécédents ……………………………………………………… 105 2. Résultats cliniques …………………………………………………… 106 2.1. Durée d’évolution avant l’hospitalisation ………………… 106 2.2. Mode de début…………………………………………………… 106 2.3. Les signes fonctionnels………………………………………… 107 2.4. Les traitements reçus avant l’hospitalisation……………… 108 2.5. Les signes physiques…………………………………………… 109 3. Les aspects paracliniques …………………………………………… 111 3.1. Etude du LCR……………………………………………………… 111 3.2. Les autres examens biologiques …………………………… 115 3.3. Les examens radiologiques…………………………………… 116 4. Traitement ……………………………………………………………… 117 4.1. Traitement antibiotique………………………………………… 117 4.2. Les antipyrétiques ……………………………………………… 119 4.3. La corticothérapie ……………………………………………… 119 4.4. Les anticonvulsivants…………………………………………… 119 5. Evolution………………………………………………………………… 119 5.1. Favorable ………………………………………………………… 119 5.2. Décès ……………………………………………………………… 120 5.3. Les complications initiales …………………………………… 120 5.4. Séquelles ………………………………………………………… 121 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant X. DISCUSSION ………………………………………………………………… ………………………………………………………………… 1. 2. 3. 4. 5. 122 Résultats épidémiologiques………………………………………… Aspects cliniques ……………………………………………………… Les aspects paracliniques …………………………………………… Les aspects thérapeutiques ………………………………………… Les aspects évolutifs ………………………………………………… 129 5.1. Evolution globale………………………………………………… 137 5.2. Facteurs pronostiques ………………………………………… 139 CONCLUSION…………………………………………………… CONCLUSION…………………………………………………………………… …………………………………………………………………… 140 RESUME ………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………… 143 BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………… ………………………………………………………………… 149 ANNEXES…………………………………………………… ANNEXES………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………… 165 122 124 132 137 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant INTRODUCTION Les méningites purulentes constituent une urgence médicale majeure, touchant avec prédilection les enfants. Pathologie fréquente, elle reste actuellement un problème de santé publique dans les pays en voie de développement, notamment au Maroc où elles sont responsables de séquelles majeures et d'une mortalité importante. En Europe et en Amérique du nord, la politique vaccinale vise à réduire la fréquence de cette pathologie à forte morbidité malgré des soins adaptés. Les méningites purulentes chez l’enfant sont dues principalement à 3 germes : l'haemophilus influenzae b, le méningocoque et le pneumocoque. D’autres germes peuvent être rencontrés en fonction de l'âge (nouveau-né), du terrain (immunodépression), et de circonstances particulières (méningites iatrogènes). Les mauvaises conditions d’hygiène, le niveau socio-économique bas, le manque d’éducation sanitaire et probablement d’autres facteurs jouent un rôle important dans leur fréquence et leur gravité. Il existe deux grands aspects épidémiologiques : Les poussées épidémiques surtout à méningocoque (MNO) : méningite cérébro-spinale (MCS) qui sont rares et imprévisibles. Notre pays en a connu une en 1969 (à Méknès et Fès), et une autre en 1989 (à Er-Rachidia). La forme endémosporadique : qui caractérise le mode habituel vu dans notre pays, et pour lequel la surveillance épidémiologique ne doit pas être relâchée. On observe des modifications constantes de l’épidémiologie des méningites purulentes : la vaccination contre l'Haemophilus influenzae b a réduit l'incidence de 1 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant ce germe en Europe, par ailleurs on assiste depuis plusieurs années à l'émergence de souches de pneumocoques à sensibilité diminuée et il survient toujours des épidémies de méningites à méningocoque notamment en Afrique. Quelles sont les fréquences des différents germes ? Quel est le taux de mortalité ? Quelles sont les séquelles à distance ? Nous essaierons de voir s’il existe des différences significatives entre notre série et les autres séries faites notamment dans notre pays. À l’issue de ce travail, nous tenterons d’établir quelques recommandations pour une prise en charge optimale des méningites bactériennes de l’enfant dans les pays en voie de développement afin notamment de réduire la mortalité et les séquelles qui restent préoccupantes. 2 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant I. GENERALITES 1. Définition Une méningite est un processus inflammatoire généralement d’origine infectieuse atteignant les méninges et entraînant des modifications des constantes biologiques du liquide céphalo-rachidien (LCR). Une méningite purulente est une suppuration diffuse à pyogènes des méninges (arachnoïdite) s’accompagnant d’une turbidité du LCR qui contient des polynucléaires altérés en grand nombre. 2. Historique La première description clinique date de 1806 par Vieuseux. En 1843 Rillet et Barthes isolèrent les méningites aiguës et tuberculeuses. Pasteur décrit en 1876 des bactéries susceptibles d’induire des infections diverses. Le méningocoque est découvert en 1887. En 1891, Quincke rend la ponction lombaire (PL) systématique dans la prise en charge des méningites permettant une avancée importante pour le diagnostic et la thérapeutique. Le premier traitement proposé est la sérothérapie (sérum Anti-méningococcique en 1906 puis sérum anti-pneumococcique). Les premiers sulfamides sont synthétisés en 1935. L’utilisation large des antibiotiques date de 1950 permettant d’améliorer significativement le pronostic. 3. Épidémiologie Les méningites purulentes restent l'une des infections bactériennes les plus graves et les plus fréquentes de l'enfant. L’OMS et la banque mondiale ont calculé que les méningites purulentes frappent chaque année 426.000 enfants de moins de 5 ans et entraînent la mort de 85.000 d'entre eux [5]. Ces chiffres sont sous-estimés car ils ne prennent pas en compte les épidémies alors que l’épidémie de méningite à 3 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant méningocoque en Afrique de l'Ouest en 1996 a été à elle seule responsable de plus de 300.000 cas et de 30.000 morts [5]. Dans les pays en voie de développement, cette pathologie est responsable d’une forte mortalité, environ 50 %, et d'un taux élevé de séquelles chez les survivants, de 25 à 50 % [2]. Le nourrisson et le petit enfant sont préférentiellement atteints. Environ 25 % des nourrissons présentant une septicémie développent une méningite [1]. Une prédominance masculine est observée. Les étiologies varient suivant l'âge en raison de la maturation progressive du système immunitaire, de facteurs sociaux ou environnementaux et de la coexistence des maladies aiguës ou chroniques [3]. Les facteurs favorisants reconnus sont la vie en communauté, la pauvreté du milieu socio-économique, la malnutrition et les déficits immunitaires primitifs ou secondaires (drépanocytose, asplénie, déficit en complément). Toutefois, l’incidence élevée dans certains groupes ethniques (indiens d'Amérique, Inuit, noirs) présentant une synthèse défectueuse d'anticorps contre l'Haemophilus influenzae suggère qu'il existe probablement une prédisposition génétique au développement de l'infection [6]. Les méningites peuvent exister sous deux aspects épidémiologiques : 3.1. La forme endémosporadique : Elle est cosmopolite, des cas sporadiques peuvent survenir à n’importe quel moment de l’année (pneumocoque, haemophilus influenzae), parfois des endémies (notamment pour le méningocoque) surviennent en hiver et au printemps [4]. 3.2. Les poussées épidémiques : Elles apparaissent dans des pays et des régions divers, elles sont le plus souvent dues au méningocoque. 4 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant LAPEYSSONNIE a définit le niveau d’alerte à un cas par semaine pour mille habitants. Mais cette évaluation épidémiologique est difficile à réaliser dans les régions rurales. En pratique, on pourrait prononcer l’alerte lorsque le nombre hebdomadaire de cas de méningites admis dans une formation sanitaire est dix fois plus élevé que le nombre habituel [33]. Il existe des zones où la méningite sévit de façon préoccupante par son incidence annuelle élevée, c’est le cas des pays de l’Afrique sahélienne où l’incidence est proche de 25 cas par 100.000 habitants par an ou plus ; et sur ce fond endémique apparaissent des poussées épidémiques spectaculaires et graves. Dans d’autres zones, l’incidence annuelle reste faible de l’ordre de 1 à 5 cas pour 100.000 habitants par an, c’est l’exemple des pays tempérés et des pays développés où la maladie existe sur un mode continu, mais limité. Dans ce contexte cependant, on peut noter des élévations modérées et transitoires du nombre de cas pouvant faire parler d’épidémie [33]. En Afrique, plusieurs pays du sud du Sahara, forment la « ceinture méningitique de « LAPEYSSONNIE » dans laquelle existe une méningococcémie récurrente avec des taux d'infection atteignant 1 % de la population sur un fond endémique avec une prévalence d'environ 25 pour 100.000 en dehors des pics épidémiques. Cette région s’étend de la mer Rouge à l'Atlantique, couvrant une partie du Tchad, du Soudan, du Niger, du nord de la république centrafricaine, du Cameroun, du Nigeria, du Bénin, du Burkina Faso et du Mali. Le Sénégal et la Mauritanie sont mois atteints [3,25]. Ailleurs, la maladie apparaît simultanément sous sa forme épidémique en des points très éloignés et très disséminés de la planète. 5 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Figure 1 : carte géographique montrant la répartition des différents sérogroupes de Neisseria meningitidis [127]. 6 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant II. II. PHYSIOPATHOLOGIE L’infection des méninges se fait le plus souvent par voie hématogène à partir d'un foyer infectieux à distance, en particulier de la sphère naso-oro-pharyngée ou chez le nouveau-né à partir d'une infection maternelle. La méningite est donc précédée ou accompagnée d'une bactériémie. Beaucoup plus rarement, la méningite résulte d'une invasion bactérienne par continuité, à partir d'une affection otitique ou sinusienne, d'un sinus dermique, d'un myeloméningocèle, d'une communication directe entre muqueuse et méninges résultant de diverses malformations osseuses ou d'une fracture de la base du crâne, en particulier de la lame criblée [8,9]. La prolifération des micro-organismes dans le LCR est favorisée par la faiblesse des défenses immunitaires (immunoglobuline, complément, plasmocytes) dans ce liquide. En effet les mécanismes de défense de l'hôte au niveau cérébral sont inefficaces pour éliminer les pathogènes [10]. Multiplication et autolyse des bactéries induisent une réaction inflammatoire. C'est la réaction inflammatoire de l'hôte plutôt que l'agent pathogène lui-même qui est responsable des lésions du parenchyme cérébral, en dépassant son but [9, 11, 12]. L'inflammation provoque une altération de la barrière hémato-encéphalique (augmentation de la perméabilité vasculaire) et une vascularite. Elle gagne aussi l'oreille interne par l'aqueduc connectant les espaces sous arachnoïdiens à l'endolymphe. L'issue fatale des méningites bactériennes est principalement liée aux complications neurologiques. Une méningite bactérienne au stade aiguë peut entraîner les lésions cérébrales suivantes [8] : 7 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Un œdème cérébral (de mécanisme vasogénique, cytotoxique, ou interstitiel) dont les conséquences possibles sont un engagement temporal et cérébelleux et une réduction du flux sanguin cérébral. Des ramollissements ischémiques cérébraux par thrombose des artères méningées et des capillaires intracérébraux (envahissement des parois vasculaires par des cellules inflammatoires) ou par vasospasme. Des destructions neuronales non ischémiques par apoptose, liées en particulier à l'action des acides aminés et excito-toxiques. L'intervention d'autres agents, notamment de cytokines, d'oxyde nitrique, de molécules dérivés de l'oxydation partielle de l’oxygène moléculaire, et peut-être aussi l'effet toxique de produits bactériens fait l'objet d'études actuelles [8]. Nous allons voir plus en détail le mécanisme des lésions cérébrales dans un modèle expérimental de méningites à pneumocoque [14].(cf annexe n° 1) NFкB est un activateur de la transcription de nombreux gènes impliqués dans la pathogenèse des méningites bactériennes, il encode des facteurs de l'hôte notamment les cytokines pro-inflammatoires, l'interleukine 8 et les molécules d'adhésion. Les cytokines pro-inflammatoires IL1β (interleukine 1β) et TNFα (tumor necrosis factor) sont synthétisés sous forme de précurseurs inactifs et deviennent actifs sous l'action de protéase (caspase 1 [1] et TNF converting enzyme [TACE]).L’IL1β et le TNFα sont des activateurs de NFкB. Ce processus peut aboutir à une expression non contrôlée de médiateurs pro-inflammatoires et à une augmentation de l'expression des molécules d'adhésion sur l’endothélium (ICAM1: intracellular adhésion molecule) et sur les polynucléaires neutrophiles entraînant un 8 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant afflux massif de leucocytes dans l’espace cérébro-méningé. Une fois présent, les leucocytes activés relâchent de nombreux agents potentiellement cytotoxiques dont des oxydants et des enzymes protéolytiques (métalloprotéinases de la matrice MMP) qui pourrait contribuer à la destruction tissulaire. De plus l'oxyde nitrique pourrait causer des dégâts cellulaires via plusieurs mécanismes indépendants [13]. Les mieux étudiés sont la péroxydation des acides gras poly insaturés et l'activation des poly(ADP ribose)polymérase (PPAR) par l'intermédiaire de rupture multiple de l'ADN par les oxydants. Les PPAR initient un cycle intracellulaire consommant de l'énergie ce qui aboutit à une déplétion énergétique cellulaire puis à la mort cellulaire. Ces deux mécanismes, la peroxydation lipidiques et l'activation des PPAR, contribuent à créer des lésions des cellules endothéliales lors des méningites bactériennes. Le dysfonctionnement de l’endothélium aboutit à la perte : de l'autorégulation cérébrale, de la réactivité des vaisseaux cérébraux au C02, de l'intégrité de la barrière hémato-cérébrale [13]. " L'ouverture " de la barrière hémato-méningée permet l'entrée de constituants du plasma dans le cerveau, le résultat étant l’œdème cérébral vasogénique s'accompagnant d'une augmentation de la pression intracérébrale. Les autres éléments entraînant une augmentation de la pression intracrânienne sont l’œdème cytotoxique, l’œdème interstitiel et l'augmentation du volume sanguin [19]. L’œdème cytotoxique résulte de l'augmentation de l'eau intracellulaire par altération de la membrane cellulaire et perte de l'homéostasie, elle-même 9 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant conséquence de l'action de bactéries cytotoxiques, de réactions de l'hôte et de l’ischémie cérébrale [5]. L'œdème interstitiel est lié à une augmentation du volume du LCR principalement à cause du blocage de la résorption du LCR par le système villositaire arachnoïdien inflammatoire du sinus sagittal. L'augmentation du volume sanguin provient de l'hyperhémie ou de la congestion veineuse par occlusion veineuse sur thrombose inflammatoire. Une augmentation marquée de la pression intracrânienne peut-être nocive par phénomène d'engagement ou par diminution du débit sanguin cérébral ce qui conduit à des lésions cérébrales. Ainsi, la physiopathologie des lésions cérébrales lors d’une méningite bactérienne peut être résumée par le schéma suivant (Fig. 2) [5]: BMH : barrière hémato-méningée 10 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Figure 2 : Physiopathologie des lésions cérébrales lors d’une méningite bactérienne. III. III. SIGNES CLINIQUES 1. Forme commune de l’enfant et de l’adolescent : Le début est généralement brutal, aigu, sans prodromes. On observe l’association d’un syndrome infectieux, d’un syndrome méningé et des signes associés évocateurs de l’étiologie. Le syndrome infectieux : Il se caractérise par : -Une fièvre élevée constamment supérieure à 38°C (de l’ordre de 39°-40°), -Des signes fonctionnels d’intensité variable : Frissons, sueurs, instabilité hémodynamique, et parfois des arthralgies, -Parfois une discrète splénomégalie. Le syndrome méningé : Il se caractérise par : -Des céphalées intenses : c’est le signe le plus constant chez l'enfant, elles sont atroces, rebelles aux antalgiques, diffuses ou avec prédominance frontale ou occipitale, majorées par les mouvements, le bruit ou la lumière et irradiant vers le rachis. -Des vomissements : Signe capital du syndrome méningé. Ils sont précoces, faciles en jet, explosifs, sans rapport avec les repas. 11 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant -Une photophobie. Le syndrome rachidien : Il se manifeste par une contracture douloureuse du rachis. Parfois évidente à l’inspection, l'enfant est allongée en décubitus latéral en position de « chien de fusil » (la tête rejetée en arrière, les bras et les jambes demifléchies, le dos tourné vers la lumière). À l'examen clinique la contracture est mise en évidence par la recherche de la raideur de la nuque, du signe de Kernig et du signe de Brudzinski. - La raideur de la nuque : c'est le maître symptôme de l'atteinte méningée. Elle est presque constante chez le grand enfant, sa recherche se fait en glissant avec douceur la main sous la nuque: la flexion de la tête se heurte a une résistance invincible et douloureuse, alors que les mouvements de latéralité restent possibles [4]. Chez le nourrisson cette raideur est souvent remplacée par une nuque molle et ballante. - Signe de Kernig : Le soulèvement progressif, sans hâte des deux membres inférieurs maintenus en extension, ou le passage du malade à la position assise fait apparaître une flexion invincible des genoux. - Signe de Brudzinski : La flexion passive de la nuque provoque la flexion des jambes sur les cuisses (Fig. 3). 12 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Figure 3 : Signe de Kernig et signe de Brudzinski. (www.nlm.nih.gov) 13 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Les signes associés : -Une hyperesthésie cutanée et des signes végétatifs (tachycardie ou bradycardie, troubles respiratoires, troubles vasomoteurs). -Une constipation : Elle est retrouvée généralement chez le grand enfant, mais remplacée par la diarrhée chez le nourrisson. -Des manifestations cutanées telles qu’un herpès labial (évocateur de pneumocoque), un foyer infectieux ORL ou la notion de traumatisme crânien. Les complications possibles sont les convulsions, les signes de focalisation neurologique (parésie, paralysie des nerfs crâniens, signe de Babinski, modification des réflexes ostéotendineux), la méningo-encéphalite et le coma. 2. Forme du nourrisson : Le tableau clinique est celui d'un nourrisson fébrile présentant des modifications du comportement (irritabilité, somnolence), un état algique (enfant geignard, non calmé dans les bras) et souvent des troubles digestifs (refus d'alimentation, vomissements et diarrhée avec déshydratation). La raideur de la nuque est souvent absente et remplacée par une nuque molle et une tête ballante. La fontanelle antérieure est tendue avec perte de la pulsatilité, mais parfois déprimée ou normale en présence d'une déshydratation. Les crises convulsives sont fréquentes mais atypiques, partielles avec plafonnement du regard et révulsion de globes oculaires. 14 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 3. Forme à début suraigu : Soit sous forme d’une méningo-encéphalite sévère Le syndrome méningé s’installe de façon brutale, mais il est associé à des troubles de conscience pouvant aller en moins de 24 heures du coma stade 1 (obnubilation) jusqu’au coma profond avec hyperthermie majeure, et des troubles neurovégétatifs. Peuvent s’y associer aussi des convulsions localisées ou généralisées. Soit un purpura fulminans [34] Le purpura fulminans n’est pas une méningite bactérienne grave, mais un état septicémique d’installation brutale et d’évolution extrêmement rapide, dont le traitement initial, qui repose avant tout sur la restauration prioritaire d’une hémodynamique correcte et l’instauration urgente d’une antibiothérapie parentérale, est l’élément prépondérant du pronostic. L’agent causal est le plus souvent bactérien, mais peut être aussi viral, puisque dans 40 % des cas la bactériologie reste négative : • Le méningocoque étant avant tout du groupe B (70 %) mais aussi du groupe C (16 %), • L’haemophilus influenzae (5 à 10 %), se caractérise par des troubles neurologiques sévères, et une évolution plus rapidement fatale, • Le pneumocoque survient essentiellement chez l’enfant splénectomisé, ou ayant une asplénie fonctionnelle, 15 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant • Enfin, dans un contexte généralement évocateur peuvent être à l’origine d’un purpura fulminans le staphylocoque doré, le streptocoque B, ou les bacilles gram négatif. L’évolution est extrêmement rapide avec une hyperthermie à 40°, des troubles de la conscience et une dégradation rapide de l’état général. Une éruption est souvent présente, discrète au début, pouvant être prise pour un érythème, mais dont la persistance après vitropression affirme le caractère purpurique. Ce purpura, de vascularite infectieuse, est inflammatoire, sensible, légèrement en relief, violacé et souvent extensif de minute en minute (Fig. 4 et 5). L’examen clinique met en évidence des signes de choc, des troubles neurologiques et un purpura. Figure 4 : Eruption maculaire (A) et éruption pétéchiale ne disparaissant pas à la vitropression (B et C) [127]. 16 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Figure 4 : - A : Purpura ecchymotique, - B : Hémorragie sous-conjonctivale durant un purpura fulminans, - C : Thrombose et gangrène des doigts chez un survivant d’un purpura fulminans, - D : Hémorragie surrénalienne après un purpura fulminans [127]. 4. Forme récidivante : Précocement, il peut s'agir de reprise évolutive d'une méningite incomplètement guérie, surtout au cours des méningites néonatales à germes intestinaux. Par contre, les récidives à longue distance s’observent dans des cas bien spécifiques : 17 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant - Solution de continuité de la boîte crânienne d'origine traumatique ou malformative [16]. - Suppuration prolongée des cavités aériennes supérieures : sinusite, mastoïdite. -Défaillance des résistances de l'organisme : agammaglobulinémie, déficit du complètement, splénectomie, immunodépression. 5. Forme décapitée : Situation où un antibiotique est administré à l'aveugle, rendant difficile le diagnostic de méningite purulente. Le syndrome infectieux initial s’estompe et les signes méningés sont absents ou frustes. Le diagnostic est établi sur le nombre de polynucléaires neutrophiles altérées, l’hypoglycorachie et le dosage de la CRP (c réactive protéine) dans le LCR. 6. Forme néonatale : Les signes cliniques neurologiques de la méningite bactérienne néonatale sont peu spécifiques : détresse respiratoire, apnée, hypotonie, cri aigu plaintif, troubles de la réactivité, fièvre ou hypothermie, distension abdominale, ictère, purpura pétéchial et pustules. La présence de trouble de la conscience, de convulsions, ou d'un bombement de la fontanelle antérieure sont en faveur d'une atteinte méningée [18]. En période néonatale, une méningite bactérienne complique 2 % des infections materno- fœtale. Le risque de méningite purulente s'élève à 30 % si l'hémoculture initiale positive [17]. Les méningites peuvent être précoces lors de la première 18 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant semaine, liées à une contamination périnatale, ou tardive entre la deuxième et la quatrième semaine : infections materno-fœtale, infection nosocomiale ou contamination par l'entourage. 7. Signes d’irritation méningée et PL : En 1909, Brudzinski avait rapporté que la présence des signes de Kernig et de Brudzinski permettaient d’identifier les patients ayant une méningite avec une sensibilité et une spécificité de 57% et 96%, respectivement [137]. Dès lors, la présence de ces signes est considérée comme preuve de l’inflammation méningée permettant d’évoquer le diagnostic de la méningite. Aucune évaluation de leurs performances diagnostiques n’était réalisée pendant presque100 ans. Dans un travail américain publié en 2002, Thomas et coll. [137] avaient étudié la performance diagnostique de la raideur méningée, des signes de Kernig et de Brudzinski dans le diagnostic des méningites de l’adulte. Cette étude avait porté sur l’ensemble des patients âgés de plus de 16 ans, pris en charge au département des urgences de « Yale-New Hospital » pour suspicion de méningite. Parmi les 301 patients inclus, 297 avaient subi une PL, dont 80 (27%) avaient une méningite confirmée. Dix-huit parmi ces 80 cas de méningites étaient d’origine bactérienne. Les sensibilités, les spécificités, les valeurs prédictives positives (VPP) et les valeurs prédictives négatives (VPN) de la raideur méningée, du signe de Kernig et du signe de Brudzinski, dans le diagnostic de la méningite aiguë, sont représentées dans le tableau I. 19 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Signes d’irritation d’irritation Sensibilité Spécificité VPP VPN méningée (%) (%) (%) (%) 30 68 26 73 Signe de Kernig 5 95 27 72 Signe de Brudzinski 5 95 27 72 Raideur méningée Tableau I : Sensibilités, Spécificités, VPP et VPN de la raideur méningée, du signe de Kernig et du signe de Brudzinski, dans le diagnostic des méningites aiguës [137]. Les résultats de cette étude montrent que la sensibilité de la raideur méningée à identifier les patients ayant une méningite était seulement de 30%. Ce qui revient à dire que la raideur méningée n’avait pas identifié 56 des 80 cas de méningites. La VPP était également faible, soit de 26%. Autrement dit, la probabilité d’avoir une méningite en présence d’une raideur méningée n’est que de 26%. Pour les signes de Kernig ou de Brudzinski, la sensibilité était également faible, soit de 5% seulement. Cela signifie que ces signes n’avaient pas identifié 95% des patients ayant une méningite et nécessitant une PL. De même que la VPP n’était que de 27%, c'est-à-dire que la probabilité d’avoir une méningite en présence du signe de Kernig ou de Brudzinski, n’était que de 27%. Les sensibilités et les VPP 20 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant étaient faibles même en combinant ces trois signes d’irritation méningée (raideur méningée, signes de Kernig et de Brudzinski) soit 30% et 25%, respectivement. Ces résultats confirment que les signes d’irritation méningée (la raideur méningée, le signe de Kernig et le signe de Brudzinski), sont peu sensibles à identifier les patients ayant une méningite. Par conséquent, l’indication de la PL ne devrait pas se fonder, uniquement, sur la présence ou l’absence de ces signes méningés. Dans un travail hollandais publié en 2001, Oostenbrink et coll. [138] avaient étudié la fréquence de la MB chez les enfants présentant des signes d’irritation méningée. Ces signes avaient inclus la raideur méningée, le signe de Kernig, le signe de Brudzinski et le trépied méningitique (céphalées, vomissement, et constipation). Chez les nouveau-nés, l’irritabilité et le bombement de la fontanelle antérieure étaient également inclus. Cette étude avait porté sur 326 patients dont 256 (79%) avaient subi une PL. Parmi ces 256 patients, 99 (39%) avaient une MB, 43 (17%) avaient une MV, alors que 61% d’entre eux présentaient d’autres pathologies (Tableau II). Tableau II Les auteurs de cette étude avaient, par la suite, évalué la fréquence de la MB, en présence de chacun des six signes d’irritation méningée (raideur méningée, signes de kernig et de Brudzinski, trépied méningitique, irritabilité, bombement de la fontanelle) chez l’ensemble des 256 enfants en fonction de l’âge (< 1 an ou ≥ 1 an). Les résultats sont reportés dans le tableau III. Parmi l’ensemble des patients, la MB était présente chez seulement 42% des enfants ayant une raideur méningée, et seulement 30% et 36% de ceux ayant un 21 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant signe de Kernig ou un signe de Brudzinki, respectivement. Par ailleurs, la MB était présente chez seulement 9 (29%) (IC 95% : 14 - 48%) des 31 enfants ayant présenté un signe de Kernig et un signe de Brudzinski associés, et chez seulement 15 (37%) (IC 95% : 22 – 53%) des 41 enfants ayant présenté une raideur méningée et un signe de Brudzinski associés. Chez les nourrissons de moins d’un an, la fréquence de la MB était plus élevée en présence d’irritabilité ou de bombement de la fontanelle (32%), qu’en présence d’un signe de Kernig (0%) ou d’un signe de Brudzinski (13%) [138]. * : Septicémie, infection urinaire ou gastro-entérite. # : Infection des voies aériennes supérieures, infections virales, ou autres causes non infectieuses (myalgie ou torticolis). Tableau II : Diagnostics retenus chez les 326 enfants présentant des signes d’irri d’irritati tation méningée, et le nombre de patients ayant subi une PL [138]. 22 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Tableau III : Fréquence de la MB en prés présence de chacun des six signe signes d’irri ’irritati tation méningée chez l’ensemble des 256 enfants [138]. [138]. D’après les résultats de cette étude, on constate que les signes d’irritation méningée ne sont pas pathognomoniques de la méningite. Ils sont absents dans 57% des cas et peuvent exister dans d’autres pathologies infectieuses ou non infectieuses dans 61% des cas. Aucun des six signes d’irritation méningée n’était corrélé à une fréquence élevée de MB, même en présence de plus d’un signe (39%). Les auteurs de cette étude avaient noté qu’à posteriori, 61% des 256 enfants n’ayant pas présenté de MB, ne devaient pas subir de PL. Cependant, laisser passer 23 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant une MB pourrait être fatal. Par conséquent, ces PL inutiles seront inévitables jusqu’à ce que d’autres examens cliniques ou biologiques puissent exclure, avec fiabilité, le risque de MB, dès l’admission [138]. La même équipe avait tenté d’élaborer une règle décisionnelle clinique permettant d’identifier, parmi les enfants ayant des signes d’irritation méningée, ceux ayant une MB, afin de réduire le nombre de PL inutiles chez ces enfants. Cette étude rétrospective sur une période de 10 ans, était antérieure à l’application du programme de vaccination contre l’Haemophilus influenzae type b (Hib) et avait porté sur 360 cas d’enfants âgés de 1 mois à 15 ans, répartis en deux populations, de construction (n = 286) dont 29% MB (IC 95% : 24-35%), et de validation (n = 74) dont 20% MB (IC 95% : 12-31%). La PL était réalisée chez 210 (73%), et 47 (64%) des populations de construction et de validation, respectivement. Aucun des patients n’ayant pas subi de PL n’avait de MB. Ceux ayant reçu une antibiothérapie préalable étaient également inclus. 24 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Après régression logistique multivariée, ces auteurs avaient élaboré une règle décisionnelle incluant les paramètres suivants : – Durée moyenne des symptômes (1 1 point/jour), – Signe d’irritation méningée (Oui : 6.5 points, Non : 0), – Altération de l’état de conscience (Oui : 8 points, Non : 0), – Vomissements (Oui : 2 points, Non : 0), – Pétéchies (Oui : 4 points, Non : 0), – Cyanose (Oui : 6.5 points, Non : 0), – C-réactive protéine sérique : - < 50 mg/l :0 point - 50-99 mg/l : 0.5 point - 100-149 mg/l : 1.0 point - 150-159 mg/l : 1.5 points - ≥ 200 mg/l : 2.0 points Ces paramètres étaient combinés selon l’équation suivante : Score total = 1 × score de la durée moyenne des symptômes + 2 × score des vomissements + 7.5 × score des signes d’irritation méningée + 6.5 × score de la cyanose + 4 × score des pétéchies + 8 × score de l'altération de l’état de conscience + 0.1 × score de la CRP sérique 25 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant En appliquant cette règle décisionnelle sur la population de construction, ces auteurs avaient trouvé qu’avec un score < 9.5, aucun des patients n’avait de MB, et que pour un score ≥ 20, tous les patients avaient une MB. Un score <9.5 avait permis d’identifier les 99 (35%) patients ayant subi une PL et n’ayant pas eu de MB (IC 95% : 29-40%). Dans la population de validation, un score <9.5 avait permis d’identifier les 7 (15%) patients ayant subi une PL et n’ayant pas eu de MB (IC 95% : 6-28%). Ils avaient ainsi conclu que cette règle décisionnelle clinique permettait d’éviter 35% des PL inutiles chez les enfants ayant des signes d’irritation méningée [138]. En 2004, la même équipe avait mené une étude prospective, cette fois sur une période de 18 mois, portant sur tous les enfants âgés de 1 mois à 15 ans et admis au département des urgences de « Sophia children’s hospital » avec des signes d’irritation méningée, afin d’évaluer la performance diagnostique de cette règle décisionnelle clinique [139]. Cette nouvelle population de validation avait inclus 226 enfants, dont 146 (65%) avaient eu une PL, et 25 (11%) avaient une MB. L’application de cette règle avec un score < 9.5 avait permis de détecter 23 des 25 enfants ayant une MB. Ils avaient tous un score ≥ 10.5. Par contre, 2 enfants ayant une MB avaient un score de 8.5, et n’étaient donc pas détectés par cette règle décisionnelle. C’est pourquoi, ces auteurs avaient ajusté la valeur seuil de ce score clinique. La valeur seuil de 9.5 était remplacée par une valeur de 8.5. Cette nouvelle valeur seuil de 8.5, était réévaluée sur l’ensemble des populations de l’étude précédente (n = 360) et celle de cette étude (n = 226). Au total 5 enfants ayant des signes d’irritation méningée, dont 257 avaient subi une PL (124 cas de MB). Le score < 8.5 avait permis d’identifier 205 enfants dont aucun 26 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant n’avait de MB (aucun cas de MB n’était manqué). Pour ces auteurs, ces 205 enfants ne devaient pas subir de PL. Ainsi, cette règle décisionnelle clinique avec un score < 8.5, éviterait 35% des PL inutiles chez les enfants présentant des signes d’irritation méningée [139]. Toutefois, d’autres études portant sur des populations plus larges, sont nécessaires pour confirmer la performance de cette règle décisionnelle. En conclusion, la moindre suspicion clinique de méningite doit conduire à la réalisation d’une PL, en l’absence de contre-indications. Il n’est évidemment pas question de recommander la PL chez tout enfant fébrile. Cependant, pour plus de sûreté, il faut toujours en discuter l’éventualité devant une fièvre non documentée ou associée à une altération de l’état général ou à des symptômes neurologiques et/ou méningés. Les signes d’irritation méningée (raideur méningée, signes de Kernig et de Brudzinski) sont suggestifs de la présence d’une méningite quand ils sont présents. Mais ils peuvent être absents, en particulier chez les nourrissons et les nouveau-nés. De même qu’ils peuvent être présents dans d’autres pathologies. 27 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant “A retenir : La sensibilité et la VPP de la raideur méningée à identifier les cas de MB, sont seulement de 30% et 26%, respectivement. La sensibilité et la VPP du signe de Kernig ou de Brudzinski à identifier les cas de MB, sont seulement de 5% et 27%, respectivement. La sensibilité et la VPP de ces trois signes (raideur méningée + signe de kernig + signe de brudzinski) à identifier les cas de MB, sont seulement de 30% et 26%, respectivement. La MB est présente chez seulement 42% des enfants ayant une raideur méningée, et 30% de ceux ayant un signe de kernig, et 36% de ceux ayant un signe de brudzinski. Même en présence de ces trois signes d’irritation méningée (raideur méningée + signe de kernig + signe de brudzinski), la MB est présente dans moins 50% des cas. 28 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant IV. IV. EXAMENS COMPLEMENTAIRES COMPLEMENTAIRES [21] Les recommandations suivantes sont basées sur les données de la conférence de consensus française de 1996 sur les méningites bactériennes [15]. 1. Analyse du LCR : Une ponction lombaire (PL) doit être réalisée chaque fois que le diagnostic de méningite est suspecté. Il existe cependant certaines contre-indications à cette PL : - présence de signes d'hypertension intracrânienne, - présence de signes de décompensation cardio-respiratoire ou de choc, - antécédents ou symptômes d'hémorragie, - signes d'infection au point de ponction : pyodermite, cellulite, - purpura fulminans. En dehors de ces situations, la PL ne doit pas être retardée et un traitement probabiliste adapté à l’âge doit être mis en route sans délai. Le recueil du LCR fera l'objet d'une analyse avec les résultats suivants : 1.1. Aspect macroscopique : Liquide hypertendu s'écoulant fréquemment par jet. La couleur est claire au début ou en cas de méningite décapitée; plus souvent le liquide est trouble voire franchement purulent [20,23]. 29 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.2. Etude cytologique cytologique : L’étude cytologique doit être réalisée en urgence car 32% des polynucléaires se lysent après 1 heure à température ambiante [66, 88, 89]. 1.2.a. Le nombre des éléments cellulaires : Il est normalement inférieur à 10 cellules/mm³ chez le nourrisson et inférieur à 5 cellules/mm³ chez l’enfant [147], dont moins de 10% de polynucléaires neutrophiles (PNN) par mm³. La méningite purulente typique comporte classiquement une cellularité importante du LCR (>1000/mm³) à prédominance de polynucléaires neutrophiles altérés. Les formules faiblement cellulaires sont habituellement retrouvées dans les MP au début, les formes fulminantes et les formes décapitées. 1.2.b. Le type des éléments cellulaire (formule cellulaire) : La phase initiale est caractérisée par une prédominance de PNN plus ou moins altérés. La formule cellulaire est plus intéressante que la numération pour suivre l'évolution sous traitement de la méningite purulente. Une réaction panachée, (PN et lymphocytes) est rare au début, mais elle est classique dans l'évolution de la méningite traitée et peut se voir aussi dans la méningite décapitée. L’inversion du rapport polynucléaires/lymphocytes est un bon élément d'efficacité thérapeutique et d'évolution favorable. Mais actuellement, la cytologie a un intérêt moindre, dans la surveillance biologique du traitement, par rapport à la bactériologie du LCR et à la glycorachie. 30 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.3. Etude chimique : 1.3.a. L’hyperalbuminorachie : Il existe des abaques en fonction de l'âge, l'albuminorachie à la naissance étant supérieur à 1g/l, sa valeur normale chez l’enfant est de 0,15 à 0,30 g/l. Mais on observe de façon constante une augmentation de l'albuminorachie pouvant atteindre 3 voir même 5g/l. Dans une étude incluant 167 enfants ayant une méningite aiguë, dont 146 virales et 21 bactériennes, une protéinorachie ≥ 0.5 g/l était notée chez 86% des MB, et une protéinorachie normale était notée chez 78% des méningites aseptiques [145]. Cependant, une MB ne peut être éliminée devant une protéinorachie normale ou inférieure à 1 g/l : 10 à 15% des méningites bactériennes, peuvent se présenter avec une protéinorachie inférieure à 1g/l, notamment si elles sont débutantes ou décapitées par une antibiothérapie préalable [146,147]. Dans la série de 146 méningites aseptiques décrite ci-dessus, la protéinorachie était normale dans 14% des MB, et une protéinorachie élevée (≥ 0.5 g/l) était notée dans 22% des méningites aseptiques [145]. Une protéinorachie augmentée doit également orienter vers une méningite tuberculeuse, en cas de contexte clinique évocateur d’une tuberculose ; 75 % des méningites tuberculeuses se présentent avec une protéinorachie ≥ 1 g/l [147, 148]. Une protéinorachie élevée peut être notée également en cas de PL traumatique, car la lyse des GR présents dans le LCR augmente la protéinorachie d'environ 0,1 g/l pour 1000 GR [149]. 31 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant En conclusion, la protéinorachie ne peut servir de base pour distinguer entre MB et MV, son interprétation doit toujours se faire en fonction du contexte clinique, des conditions de réalisation de la PL (éventuelle PL traumatique) et des autres paramètres biologiques. Néanmoins, une protéinorachie > 1 g/l oriente vers une MB, jusqu’à preuve du contraire. “ A retenir : Une protéinorachie > 1 g/l oriente vers une méningite purulente. Mais, 10 à 15% de celles-ci peuvent se présenter avec une protéinorachie < 1 g/l. 1.3.b. L’hypoglycorachie : L'effondrement de la glycorachie reste le signe biologique le plus fidèle des méningites bactériennes. Un rapport glycorachie/glycémie < 0,3 et glycorachie < 0,4 g/l (2mmol/l) sont très évocateurs chez l’enfant de plus de deux mois. Chez les nouveau-nés, un ratio ≤ 0,6 est considéré comme anormal [20,22]. Une concentration en glucose du LCR inférieur à 20 mg/l est associé à un taux supérieur de séquelles auditives [30]. Dans les recommandations américaines, publiées en 2004, sur les MB, il a été noté qu’un rapport de glycorachie/glycémie ≤ 0,4 permet d’identifier une MB, chez l’enfant âgé de plus de deux ans, avec une sensibilité et une spécificité de 80% et 98%, respectivement [150]. 32 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Toutefois, une glycorachie normale peut se voir au cours des méningites authentiquement bactériennes. Greenlee et coll. [151] avaient noté une glycorachie normale dans 9 % des MB prouvées. Dans la série de Dubos et coll. [145] publiée en 2006, une glycorachie normale était notée dans 14% des MB, de même qu’une hypoglycorachie ≤ 0.45 g/l était notée dans 78% des méningites aseptiques. Dans une autre étude canadienne, il a été rapporté qu’une hypoglycorachie peut se voir dans 18% des méningites à entérovirus, et dans au moins 25% des cas de méningites ourliennes [152]. Ainsi, une hypoglycorachie ne peut être retenue comme critère unique pour la distinction entre MB et MV. L’interprétation des valeurs de la glycorachie doit toujours être confrontée aux autres paramètres cliniques et biologiques. Néanmoins, une hypoglycorachie ≤ 0.30 g/l doit orienter vers une étiologie bactérienne. “ A retenir : Une MV peut se présenter avec une hypoglycorachie. Une MB peut se présenter avec une glycorachie normale. Mais, une hypoglycorachie ≤ 0.30 g/l doit orienter vers une étiologie bactérienne jusqu’à preuve du contraire. 33 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.3.c. Chlorurachie : La baisse des chlorures est un signe classique de la méningite, mais elle est d’intérêt diagnostic mineur car elle est liée pour sa plus grande part à une hyponatrémie et fort peu à une perturbation spécifique du LCR [88, 90-92]. 1.3.d. Acide lactique (AL) : Plusieurs auteurs [89, 93-97] ont démontré l’intérêt du dosage de l’acide lactique dans le LCR pour le diagnostic différentiel des méningites à liquide clair. Le taux d’acide lactique augmente au cours des méningites bactériennes, alors qu’il reste pratiquement inchangé en cas de méningites virales. 1.4. Etude bactériologique bactériologique : Elle est fondamentale, car permet d’identifier le germe en cause et de faire un antibiogramme, afin d’instaurer un traitement adéquat et une prophylaxie correcte. 1.4.a. L’examen direct : L’examen bactériologique direct, après coloration de Gram, permet de préciser la présence ou l’absence de bactéries, leurs morphologies (cocci ou bacilles), leur coloration (Gram positif ou négatif) et leur situation intra ou extraleucocytaire. L’examen direct peut également mettre en évidence, en présence d’encre de Chine, la présence ou l’absence d’une capsule à l’état frais [146]. L’examen direct après coloration de Gram est positif dans 60 % à 90 % des cas de MB (N. meningitidis, S. pneumoniae, et Hib) avec une spécificité supérieure à 97% [147, 150]. Cependant, la performance de cet examen dépend étroitement de la 34 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant densité bactérienne, des germes en causes et de la prise d’une antibiothérapie avant la PL : • Densité bactérienne : Des concentrations bactériennes ≤ 10³ UFC/ml (unités formant colonie par ml) sont associées à un examen direct positif dans 25% des cas, des concentrations comprises entre 10³ et 10⁵ UFC/ml sont associées à un examen direct positif dans 60% des cas, et des concentrations > 10⁵ UFC/ml sont associées à un examen direct positif dans 97% [153]. • Germes : L’examen direct est positif dans 90% des méningites à S.pneumoniae, 86% des méningites à H. influenzae, 75% des méningites à N.meningitidis, et dans 50% des méningites à bacilles Gram négatif [151, 154]. Classiquement, un examen bactériologique direct positif, permet au clinicien « d’évoquer » une hypothèse diagnostique sur l’espèce bactérienne en cause : un cocci Gram positif oriente vers un S. pneumoniae, un cocci Gram négatif oriente vers un N. meningitidis, et un bacille Gram négatif oriente vers un H. Influenzae. Mais, ce n’est que la culture bactérienne du LCR, obtenue en 24 à 48 heures après la PL, qui pourra confirmer le diagnostic de MB et identifier le germe responsable. En revanche, en cas d’examen bactériologique direct négatif, l’interprétation des autres paramètres du LCR (aspect macroscopique, cytologie, biochimie, antigène solubles) et du sang (CRP, procalcitonine, hémocultures) prend toute sa valeur [149]. 35 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.4.b. La culture du LCR : Elle permet l'isolement et l'identification du germe responsable. Ce n'est qu'au bout de 48 heures de stérilité de la culture que l’on peut parler de méningite aseptique pour les germes usuels. 1.4.c. L’antibiogramme : IL sera réalisé sur toute souche isolée, éventuellement directement à partir du LCR si celui-ci est suffisamment riche en bactéries. Les antibiotiques donnant des concentrations méningées élevées doivent être testés de même que ceux utilisables en prophylaxie. Les résistances de pneumocoques, des Haemophilus et des méningocoques doivent être recherchées (elles existent rarement en cas de méningocoques). 1.4.d. La recherche d'antigènes solubles (tests d’agglutination) : Par des méthodes immunologiques, les tests d’agglutination sont basés sur la détection d'antigènes bactériens dans le LCR. Ces antigènes sont libérés à partir de bactéries dans le LCR. Du fait de leur caractère soluble et diffusible, ils peuvent être retrouvés dans d’autres compartiments (sérum, urines). La quantité d’antigènes dans le LCR n’est pas toujours proportionnelle au nombre de bactéries [155]. Ils peuvent persister dans le LCR, alors qu’il n’y a plus de bactéries visibles ou viables, ce qui permet de porter un complément aux méthodes de culture et d'observation directe dans le diagnostic étiologique de certaines méningites décapitées [147, 148, 155]. On distingue deux principaux types de tests : la coagglutination, où des IgG spécifiques à un pathogène donné sont liées à des cellules de Staphylococcus aureus 36 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant via la protéine A, et l’agglutination au latex, où des anticorps spécifiques à un pathogène donné sont 1iés à des billes de latex [155]. L’agglutination au latex est généralement la plus utilisée car elle présente l'avantage d'être plus rapide (15 minutes) et plus simple. La préparation de l'échantillon consiste à le chauffer pendant 3 minutes jusqu’à ébullition, puis à le centrifuger (15 minutes à 3500 tours/min) et à recueillir le surnageant à partir duquel sont réalisés les tests d'agglutination. Seuls les antigènes solubles des bactéries les plus fréquemment responsables des méningites communautaires sont recherchés : S. pneumoniae, Hib, N. meningitidis A, B, C, Y, et W135, Streptococcus groupe B, S. agalactiae, et Echerichia coli sérotype K1 [155]. Ces techniques immunologiques connaissent des limites à ne pas méconnaître. La première limite est liée aux seuils de détection, car ces seuils dépendent certes de la technique choisie, mais aussi des temps de réaction et de la qualité des antisérums et réactifs [155]. La deuxième limite est liée aux communautés antigéniques. Elles sont nombreuses et certaines d’entre elles ont une importance pratique, notamment entre N. meningitidis B et E. coli K1, entre N. meningitidis C et E. coli K92, et entre Hib et E. coli K100. Ainsi, un LCR de nouveauné donnant une réponse positive avec un réactif détectant N. meningitidis B a toutes les chances de correspondre à une méningite néonatale à E. coli K1 [155, 156, 157]. Enfin, il peut y avoir des réactions non spécifiques et des réactions croisées, surtout en présence d'une forte quantité d'érythrocytes dans le LCR [154]. La sensibilité des tests aux latex dans le diagnostic des MB est variable d’une étude à l’autre. Plusieurs d’entre elles, effectuées dans des départements de microbiologie, avaient rapporté des sensibilités supérieures à 50% [158, 159, 160]. 37 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Dans un travail hollandais, Dirks et coll. [158] avaient étudié la sensibilité des tests au latex sur des échantillons de LCR de 201 patients ayant une méningite purulente confirmée, dont 73 à S. pneumoniae, 60 à H. influenzae, et 68 à N. meningitidis (17 sérotype A, 33 sérotype B, 16 sérotype C, et 2 sérotype W135). Ces auteurs avaient trouvé que ces tests étaient positifs chez 151 (75.1%) des 201 patients : 48 (70.5%) des 68 méningites à N. meningitidis, 57 (78.1%) des méningites à S. pneumoniae, et 46 (76.7%) des méningites à Hib. En 1996, Singhal et coll. [160] avaient recherché les antigènes solubles du S. peneumoniae et de l’Hib, par les tests au latex sur des échantillons de LCR de 298 patients suspects de méningites. Ces tests étaient positifs chez 42 de ces patients. Parmi eux, l’étiologie était confirmée par culture bactérienne chez 32, par examen direct chez 2, et par la clinique et la cytologie du LCR chez 7, dont 2 étaient des faux positifs. Ces auteurs avaient noté que la sensibilité et la spécificité de ces tests au latex à détecter les méningites à S. peneumoniae et à Hib étaient de 100% et 96.6%, respectivement. En 2004, Shivaprakash et coll. [159] avaient étudié 204 échantillons de LCR d’enfants suspects de MB, par un examen bactériologique direct, une culture bactérienne et une agglutination au latex (détectant le S. peumoniae et l’Hib). Ces auteurs avaient trouvé que parmi les 38 tests au latex positifs, l’examen direct et/ou la culture étaient positifs chez seulement 20 cas, et que 18 cas des MB étaient détectés seulement par les tests au latex. Parmi les 55 cas de MB partiellement traités, les tests au latex avaient permis de détecter 11 MB, alors que l’examen direct et/ou la culture n’avaient détecté que 4 d’entre eux. Ils avaient ainsi conclu que les tests au latex peuvent être utiles dans le diagnostic étiologique des MB. 38 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant D’autres auteurs [154, 155] avaient rapporté que les tests au latex permettaient de détecter les antigènes solubles sur LCR, dans 88.1%, 82.0%, 90.6%, et 80.1% des méningites à N. meningitidis, S. peumoniae, Hib, et à S. agalactiae, respectivement. Toutefois, l’utilité de ces tests en routine dans le diagnostic des MB était remise en doute par plusieurs cliniciens [144, 161-164] : En 1993, Ayaslioglu et coll. [165] avaient étudié la sensibilité des tests au latex à détecter les méningites à N. meningitidis, à S. pneumoniae, et à H. influenezae, chez 57 patients ayant une MB. Ces tests étaient positifs chez 32 (80.9%) des 42 MB confirmées par culture du LCR : 60% des méningites à N. meningitidis, 82.2% à S. pneumoniae, et 100% à H. influenzae. En revanche, aucun antigène n’a été détecté dans le LCR des quatre patients dont la culture et l’examen direct étaient négatifs. Dans un travail américain publié en 2001, Tarafdar et coll. [164] avaient étudié rétrospectivement, durant une période de 25 mois, les dossiers médicaux de 945 patients (adultes et enfants) ayant subi une PL pour suspicion de méningite. Les cas inclus étaient ceux dont l’examen direct et la culture bactérienne du LCR étaient négatifs, ayant au moins un des critères suivants (glycorachie < 0.34 g/l, rapport glycorachie/glycémie < 0.23, protéinorachie >2.2 g/l, GB du LCR > 2000 cellules/l, ou nombre absolu de neutrophiles >1180 cellules/l) et chez qui des tests au latex sur LCR étaient effectués. Le but de ces critères d’inclusion était d’évaluer la sensibilité des tests au latex à détecter les MB quand l’examen direct et les cultures bactériennes ne pouvaient pas le permettre, en utilisant des Kits (Wellcogen) détectant le S. pneumoniae, l’Hib, le N. meningitidis sérotype B, 39 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant l’Echerichia coli sérotype K1, le N. meningitidis A, C, Y, W135, le Streptococcus groupe B, et le S. agalactiae. Au total, 30 cas étaient retenus, (le nombre de cas ayant reçu une antibiothérapie avant la PL n’était pas précisé). Ces auteurs avaient trouvé que ces tests étaient positifs chez seulement 2 de ces 30 patients (sensibilité 7%). Ils avaient ainsi conclu que les tests d’agglutination au latex n’étaient d’aucun apport chez ces patients présentant très probablement une MB et dont l’examen direct et la culture du LCR sont négatifs. Pour ces auteurs, la décision de démarrer ou non une antibiothérapie, quand l’examen direct et la culture du LCR sont non concluants, devrait reposer sur les données de l’examen clinique et les autres paramètres du LCR, plutôt que sur la recherche d’antigènes solubles, vu leur faible sensibilité [164]. En 2004, Nigrovic et coll. [162] avaient étudié rétrospectivement, durant 10 ans, l’apport des tests au latex dans la prise en charge des méningites de l’enfant. Parmi les 382 cas de méningites recensées, 226 étaient partiellement traitées dont 50 étaient bactériennes confirmées, et 176 avaient des cultures bactériennes du LCR négatives. Parmi ces 50 patients ayant des MB partiellement traitées et confirmées par cultures, tous avaient des tests au latex positifs. En revanche, parmi les 176 méningites partiellement traitées avec des cultures bactériennes du LCR négatives, aucun test au latex n’était positif (0 de 176 ; IC 95% : 0-2%). Les auteurs de cette étude avaient ainsi conclu que les tests au latex ne sont d’aucun apport dans les cas de MB partiellement traitées avec un examen direct et cultures bactériennes négatifs [162]. Trois autres études effectuées chez l’enfant par Pusponegoro [163], Maxson [161] et Bhisitkul [144] avaient également trouvé de faibles sensibilités des tests au 40 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant latex à identifier les MB quand les cultures bactériennes étaient négatives, de 0%, 17%, et 25%, respectivement. En conclusion, les tests au latex sont rapides et peuvent détecter les méningites à S. pneumoniae, Hib, N. meningitidis A, B, C, Y, W135, Streptococcus groupe B, S. agalactiae, et à E. coli sérotype K1, avec des sensibilités supérieures à 50% quand les examens directs et/ou cultures bactériennes du LCR sont « positifs ». En revanche, quand ces derniers sont « négatifs », situation où l’apport des antigènes solubles est capital, la sensibilité des tests au latex est très faible, variant de 0 à 25%, ne pouvant ainsi servir de base pour une prise de décision clinique devant une méningite à examen direct et/ou culture du LCR négatif [144, 150, 161163]. “A retenir : La sensibilité des tests au latex à identifier les MB, quand l’examen direct et/ou la culture du LCR sont négatifs, ne dépasse pas 25%. Les tests d’agglutination au latex ne peuvent servir de base pour une prise de décision clinique devant un examen direct et/ou culture du LCR négatifs. 41 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 2. Bilan standard : 2.1. Hémogramme : Montre une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles ce qui oriente vers l’infection bactérienne, sauf en cas de méningococcémie où une leucopénie avec myélémie est retrouvée dans plus de 50% des cas, ainsi qu’une thrombopénie dans la majorité des cas [40]. 2.2. Protéine c réactive (CRP (CRP) RP) : La C-réactive protéine (CRP) est un marqueur largement utilisé lors de l’évaluation de l’état d’un enfant fébrile. Il s’agit d’une protéine libérée durant la phase aiguë d’un processus inflammatoire ou infectieux [166]. La CRP est un composant important du système inné de défense contre les infections. Elle reconnaît la Phosphocholine présente à la surface de nombreuses bactéries. Elle active la voie classique du complément et facilite la phagocytose par les polynucléaires. Les taux de CRP augmentent entre la 12ème et la 18ème heure après le début de l’inflammation et atteint son maximum à la 30ème heure [167]. Un taux augmenté dans le LCR est en faveur d'une atteinte bactérienne, mais plusieurs auteurs insistent plutôt sur son dosage sérique car son augmentation dans le LCR est tardive : Le taux normal de la CRP sérique est ≤ 10 mg/l. Un taux élevé de la CRP sérique > 20 mg/l est hautement prédictif d’une atteinte bactérienne. 42 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Devant une méningite de l’enfant, la CRP sérique est souvent utilisée pour distinguer entre une étiologie bactérienne et une étiologie virale. Dans une métaanalyse publiée en 1998, incluant 35 études publiées depuis 1980, dont 10 évaluant l'intérêt du dosage de la CRP sérique dans la distinction entre MB et MV, Gerdes et coll. [168] avaient trouvé que pour des valeurs seuils comprises entre 19 et 100 mg/l (selon les études) la sensibilité et la spécificité de ce paramètre variaient de 92 à 94 %, avec des VPN supérieures à 97% [168]. Dans une étude incluant 325 enfants âgés de plus de 3 mois, dont 182 ayant une MV confirmée, et 55 ayant une MB à examen bactériologique direct négatif et culture bactérienne du LCR positive, Sormunen et coll. [169] avaient trouvé que la CRP sérique était le paramètre le plus discriminant entre MB à Gram négative (CRP moyenne = 115 mg/l) et MV (CRP moyenne < 20 mg/l), avec une sensibilité de 96%, une spécificité de 93% et une VPN de 99%. Cependant, plusieurs auteurs avaient montré que la CRP sérique possède un mauvais pouvoir discriminant entre MB et MV [150, 170-173]. Dans une série de 235 patients, 12% des cas de MB avaient une CRP <50 mg/l, et 10% des MV avaient une CRP > 50 mg/l [173]. Dans la série de Dubos [145], 10% des enfants ayant une MB prouvée, la CRP était < 20 mg/l, et 29% de ceux ayant une méningite aseptique, la CRP était ≥ 20 mg/l. Dans les recommandations américaines concernant les MB, il a été noté que la performance diagnostique de la CRP dans la distinction entre MB et MV est très variable d’une étude à l’autre. Les sensibilités et spécificités de ce paramètre varient 43 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant entre 69-99% et 28-99%, respectivement. Cette variabilité serait due à la cinétique de la CRP, qui lors d’infection bactérienne se positive dans un délai de 24 à 72 heures après l’apparition des symptômes et signes cliniques. Par conséquent, la CRP sérique n’était pas incluse dans les recommandations américaines concernant la prise en charge initiale des méningites aiguës [150]. En conclusion, la CRP sérique n’apparaît pas plus discriminante que les autres paramètres du LCR. Elle peut être initialement peu élevée au cours des MB, rendant compte d’une sensibilité variable et parfois insuffisante (69-99%) [150], tout comme elle peut être élevée dans certaines MV. Par conséquent, l’interprétation de la CRP sérique devrait toujours tenir compte de la clinique et des autres paramètres biologiques, pour distinguer entre MB et MV, ou pour décider de l’arrêt d’une antibiothérapie. 2.3. Hémocultures Hémocultures : L’hémoculture doit être systématique. Certains auteurs insistent sur son intérêt capital comme preuve bactériologique surtout lorsque l’examen du LCR est négatif car elle permet d’identifier le germe responsable dans près de 90% des cas [45]. 2.4. Procalcitonine sérique : La procalcitonine (PCT) est un polypeptide de 116 acides aminés et l’un des précurseurs de la calcitonine. Elle est synthétisée par les cellules C (cellules claires) de la thyroïde et subit plusieurs clivages enzymatiques et seul un des fragments, la calcitonine (hormone hypocalcémiante), est sécrété chez le sujet sain [98]. 44 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant En dehors de toute infection, les taux circulants de PCT sont extrêmement bas, habituellement inférieurs à 0,1 ng/ml. En cas d’infection bactérienne, les lipopolysaccharide (endotoxine) bactériens induisent fortement la libération de la PCT dans la circulation. Cette élévation de la PCT est corrélée à la gravité de l’infection [99]. La cinétique de la PCT est plus rapide que celle de la CRP, puisqu’elle est détectée dans le plasma dès la 2ème heure après stimulation par les endotoxines. Sa concentration atteint un pic vers la 6ème heure, d’où sont intérêt chez le nouveau né. La PCT est ensuite dégradée par une protéase spécifique, et se démarque aussi de la CRP par une normalisation plus rapide malgré la persistance de l'inflammation. La demi-vie de la PCT se situe entre 25 et 30 heures [100, 101]. La PCT est aussi extrêmement stable in vitro, ne nécessitant ni adjuvant pour la conserver, ni congélation immédiate, ce qui la rend très utile d’un point de vue pratique pour le clinicien [174]. La PCT sérique peut néanmoins être augmentée dans certaines situations en l’absence de toute infection, notamment en cas de défaillance multiviscérale, de brûlures graves, de polytraumatisme, de choc thermique, d’immunodépression, ou en postopératoire. Chez l’enfant normal, la PCT sérique est < 0,1 ng/mL. L’analyse de la littérature suggère que la PCT est un paramètre plus spécifique que la CRP en matière de distinction entre MB et MV. De même que la stabilité de la molécule, tant in vitro qu’in vivo, est un des atouts extrêmement importants. 45 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Toutefois, malgré les sensibilités et spécificités élevées de la PCT sérique à distinguer entre MB et MV, ces valeurs n’atteignent pas 100%, et des pièges diagnostiques peuvent toujours exister. 2.5. En conclusion : L’interprétation de chaque paramètre du LCR et du sang doit tenir compte des données de l’examen clinique et des autres paramètres biologiques, pour une prise de décision rationnelle et appropriée. 3. Règles décisionnelles cliniques : Devant la complexité potentielle de la distinction entre MB et MV aux urgences, plusieurs auteurs avaient proposé des règles décisionnelles cliniques pour aider le clinicien à faire cette distinction [139, 175-179]. Nous passerons en revue six règles décisionnelles élaborées [139, 175-179]. Par la suite, nous rapporterons les résultats d’une récente étude menée par une équipe française, ayant évalué la reproductibilité et les qualités de cinq de ces six règles [145]. 3.1. Règle décisionnelle de Spanos : En 1989, à partir d'une série de 422 patients (adultes et enfants) ayant eu une méningite bactérienne ou virale, Spanos et coll. [179] avaient proposé une règle de calcul de la probabilité de méningite bactérienne aiguë (pMBA) par régression logistique multivariée reposant sur quatre paramètres: – Le nombre absolu de polynucléaire dans le LCR, – Le rapport glycorachie/glycémie, 46 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant – L'âge, – Le mois de survenue dans l'année. Une fois les résultats de ces paramètres obtenus, le score pMBA pouvait être calculé par le biais d’un ordinateur selon l’équation suivante : pMBA = 1/ (1 + e-L) L = 0.520 × le nombre de mois après le 1er août (septembre = 1, octobre = 2) − 12.76 × le rapport glycorachie/glycémie (si ce rapport dépasse 0.6, utiliser la valeur 0.6) + 0.341 × le nombre de polynucléaires dans le LCR × 106/l)0.333 + 2.290 × âge + 2.79 (si l’âge ≤ 1 ans), − 2.710 × âge + 7.79 (si 1 an < âge ≤ 2ans), − 0.159 × âge + 2.69 (si 2 ans < âge ≤ 22 ans) ou + 0.100 × âge − 3.01 (si l’âge est > 22 ans). Ces auteurs avaient trouvé qu’avec une valeur seuil de pMBA de 0.1, ce score permettait d’identifier une MB avec une sensibilité de 97%, une spécificité de 82%, une VPP de 68% et une VPN de 99%. En 1995, cette règle était validée par Hoen et coll. [177] sur une population de 500 patients, âgés de 0.1 à 83 ans admis pour méningite aiguë, entre août 1983 et décembre 1995, au département des maladies infectieuses du centre hospitalier universitaire de Nancy, en France. Parmi eux, 115 avaient une MB, 283 avaient une MV et 102 avaient une méningite d’étiologie incertaine. Les méningites néoplasiques, tuberculeuses et secondaires à une procédure neurochirurgicale, 47 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant n’étaient pas incluses. Les patients ayant reçu une antibiothérapie préalable étaient par contre inclus. Pour Hoen, une sensibilité et une VPN élevées étaient les critères les plus importants pour évaluer la performance d’une règle décisionnelle à identifier une MB. En appliquant celle-ci avec une valeur seuil de 0.1 (pMBA = 0.1), elle avait permis d’identifier une MB avec une sensibilité de 97%, une VPN de 99%, une spécificité de 82% et une VPP de 68%. Une pMBA < 0.1 permettait ainsi d’exclure une MB, avec seulement 1% de risque de se tromper [177]. 3.2. Règle décisionnelle de Hoen : Une nouvelle règle décisionnelle était proposée par Hoen et coll. [177] associant quatre paramètres : – Nombre absolu de polynucléaires dans le LCR, – Protéinorachie, – Glycémie, – Nombre de GB dans le sang. Ces paramètres étaient combinés selon l’équation suivante : pMBA = 1/ (1 + e-L) L = 32.13 × 10-4 × Nombre de polynucléaires dans le LCR (106/l) + 2.365 × protéinorachie (g/l) + × glycémie (mmol/l) 0.6143 + 0.2086 × taux leucocytes sanguins (109/l) – 11. 48 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant En appliquant cette nouvelle règle, les auteurs de cette étude avaient trouvé qu’avec une valeur seuil de 0.1, la sensibilité et la VPN étaient identiques aux précédentes, avec une VPP plus élevée (85%). Ces auteurs avaient ainsi conclu que ces deux règles décisionnelles (celle de Spanos et celle de Hoen) peuvent aider les cliniciens à différencier les MB des MV aux urgences, quand l’examen direct et la recherche des antigènes solubles dans le LCR sont non concluants. Une antibiothérapie était indiquée si la pMBA était ≥ 0.1. La règle décisionnelle de Hoen était validée en 2000, par Jaeger et coll. [180] sur une population de 103 enfants âgés de 0.1 à 3.5 ans, présentant une méningite aiguë (48 bactériennes, 36 virales et 19 d’étiologie incertaine), colligés entre janvier 1984 et décembre 1996, au département des maladies infectieuses du centre hospitalier universitaire de Besançon, en France. Cette tranche d’âge (0.1 à 3.5 ans) était choisie, car l’incidence de MB y était plus élevée par rapport aux autres tranches d’âges. Les méningites tuberculeuses, néoplasiques et secondaires à une procédure neurochirurgicale n’étaient pas incluses. Les enfants ayant reçu une antibiothérapie préalable étaient par contre inclus. La sensibilité, la spécificité, la VPP, et la VPN de cette règle décisionnelle étaient calculées pour différentes valeurs seuils de 0.05, 0.1, 0.2 et 0.3. La sensibilité, la spécificité, la VPP, et la VPN selon ces valeurs seuils sont représentées dans le tableau (Tableau IV) [180]. Tableau IV 49 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Valeurs seuils Sensibilité Spécificité VPP VPN du pMBA (%) (%) (%) (%) 0,05 98 87 76 99 0,1 97,9 94,4 95,9 97,1 0,2 94 96 90 98 0,3 93 97 92 97 Tableau IV : Sensibilités, spécificités, VPP et VPN de la règle décisionnelle de Hoen en fonction de différentes valeurs seuils [180]. [180]. Ces auteurs avaient constaté que la meilleure valeur seuil permettant de distinguer les MB des MV, avec la sensibilité et la VPN les plus élevées (97.9% et 97.1%, respectivement), était de 0.1. La spécificité et la VPP étaient de 94.4% et 95.9%, respectivement [180]. Cette règle décisionnelle avait ainsi permis, d’identifier 34 des 36 MV et 47 des 48 MB. Le seul cas de MB (1/48) n’ayant pas été identifié par cette règle, était un cas de purpura fulminans, chez qui une antibiothérapie était mise en route dès l’admission. L’examen bactériologique direct et la culture du LCR étaient négatifs, les hémocultures avaient objectivées un Neisseria meningitidis. Jaeger et coll. avaient conclu que cette règle décisionnelle pourrait effectivement aider le clinicien à distinguer entre MB et MV chez les enfants âgés de moins de 3.5 ans, chez qui les paramètres classiques du sang et du LCR ne sont pas concluants. L’antibiothérapie était indiquée quand la pMBA était ≥ 0.1. Enfin, ces auteurs avaient insisté que cette règle décisionnelle devrait toujours être utilisée « en complément » des données de l’examen clinique et des autres paramètres 50 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant biologiques, sans pour autant les remplacer. Cependant, le calcul de la pMBA ne peut s’effectuer que par le biais d’un ordinateur. 3.3. Règle décisionnelle décisionnelle de Freedman : En 2001, Freedman et coll. [176] avaient rapporté que les patients à haut risque de MB, chez qui une antibiothérapie probabiliste devrait être mise en route, étaient ceux ayant présenté un des critères suivants : – Nombre de leucocytes dans le LCR > 30/mm³, – Age < 6 mois, – Glycorachie < 0.40 g/l, – Rapport glycorachie/glycémie < 0.40, – Protéinorachie > 0.45 g/l, – Examen bactériologique direct positif. En appliquant cette règle décisionnelle lors d’une étude rétrospective portant sur des patients âgés de 2 mois à 17 ans, ayant été admis (entre le 1er janvier 1992 et le 1er octobre 1992) au « Hospital for Sick Children » de Toronto, au Canada, pour suspicion de méningite aiguë, ces auteurs avaient trouvé que leur approche avait une sensibilité de 100%, une VPN de 100%, une spécificité de 47.7%, et une VPP de 5.1%. Toutefois, cette règle décisionnelle n’a pas été validée par d’autres équipes. 3.4. Règle décisionnelle d’Oostenbrink : En 2002, une équipe hollandaise avait mené une étude rétrospective portant sur 227 enfants âgés de 1 mois à 15 ans, ayant été admis au département d’urgence de « Sophia Children’s Hospital » à Rotterdam, entre janvier 1988 et décembre 1998, avec des signes d’irritation méningée, dont 99 (44%) avaient une MB [138]. 51 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant L’objectif de cette étude était d’élaborer une règle décisionnelle permettant de déterminer les indications de l’antibiothérapie chez les enfants avec des signes méningés. Cette règle décisionnelle avait inclus deux scores. Un « score clinique » (Tableau V), et un « score du LCR » (Tableau VI). Tableau V Tableau VI Les auteurs avaient combiné ces deux scores (clinique et du LCR) dans un tableau, pour faciliter l’identification des patients nécessitant une antibiothérapie (Fig. Fig. 6) [138]. Cette règle décisionnelle avait permis d’exclure le diagnostic de MB chez 69 enfants (30%) (IC 95% : 24-36%) et par conséquent, avait permis d’éviter 30% d’antibiothérapie inutiles. 52 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Tableau V : Score clinique incluant la durée de la maladie, les vomissements, les données de l’examen clinique et la CRP sérique [138]. [138]. 53 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Tableau VI : Score du LCR incluant le nombre absolu de neutrophile neutrophiles et le rapport glycorachie/glycémie [138]. [138]. 54 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Figure 6: Combinaison du score clinique et du score du LCR [138]. [138]. 3.5. Règle décisionnelle de Bonsu : En 2004, Bonsu et coll. [175] avaient mené une étude rétrospective portant sur des enfants âgés de 1 mois à 18 ans, ayant été admis au service des urgences pédiatriques du «Children’s Hospital of Columbus » (entre juin 1998 et février 2002), et du «Children’s Hospital of Boston » (entre juin 1992 et juillet 1999). Au total, 142 enfants présentant une méningite (définie par un nombre de GB dans le LCR ≥ 7 éléments/mm3) ont été recensés, dont 60 avaient une MB prouvée, et 82 avaient une méningite à entérovirus (57 confirmées par culture virale du LCR, et 25 par PCR du LCR ou du prélèvement nasopharyngé). Les enfants âgés de moins d’un 55 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant mois, ou ceux dont la PL était traumatique (nombre de GR dans le LCR >10.000/mm3) étaient exclus. Ces auteurs avaient proposé une règle décisionnelle de calcul de la probabilité de méningite bactérienne aiguë (pMBA) permettant la différenciation entre MB et MV, chez les enfants ayant une pléïocytose dans le LCR. Cette règle décisionnelle était élaborée par régression logistique multivariée reposant sur trois paramètres : – Age de l’enfant (nombre en années), – Nombre de neutrophiles dans le LCR (cellules/mm3), – Protéinorachie (mg/dl). Ces paramètres étaient combinés selon l’équation suivante : Log (e) pMBA = − − + − 0.343 (0.003 (34.802 (21.991 (0.345 × nombre de neutrophiles dans le LCR) 0.5 × protéinorachie ) × protéinorachie) × âge). En utilisant une valeur seuil de 0.1, cette règle avait permis d’identifier 59 (98%) des 60 cas de MB. La sensibilité était de 98% et la spécificité était de 62%. Avec une valeur seuil comprise entre 0.1 et 0.4, les sensibilités étaient entre 92 et 98%, et les spécificités étaient entre 62 et 94%. Aucun cas de MV n’était détecté au-dessus d’une valeur seuil de 0.9, et aucun cas de MB n’était détecté au-dessous d’une valeur seuil de 0.03. Les auteurs de cette étude avaient ainsi conclu que les cliniciens pourraient se baser sur la pMBA, pour distinguer entre MB et MV, quand les paramètres standards du LCR ne permettent pas cette distinction. A notre connaissance, aucune autre étude n’avait validé la performance de cette règle décisionnelle. 56 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 3.6. Règle décisionnelle de Nigrovic : En 2002, dans une étude américaine, Nigrovic et coll. [178] avaient développé une règle décisionnelle appelée « Bacterial Meningitis Score » (BMS) pour distinguer entre méningites bactériennes et aseptiques. Ce score avait été utilisé sur 696 patients âgés de 29 jours à 19 ans, ayant été admis pour méningite confirmée, au service de pédiatrie du « Children’s Hospital of Boston » (entre le 1er juillet 1992 et le 30 juin 2000). Les enfants ayant subi une procédure neurochirurgicale, ceux ayant reçu une antibiothérapie dans les 72 heures avant la PL, immunodéprimés, dont la PL était traumatique (nombre de globules rouges dans le LCR > 10.000/mm³), ou encore ceux ayant reçu une antibiothérapie préalable, n’étaient pas inclus dans l’étude. Ce BMS avait inclus cinq paramètres, dont chacun correspondait à un nombre de points : – Coloration de Gram positive : 2 points – Protéinorachie ≥ 800 mg/l : 1 point – Nombre absolu de neutrophiles dans le LCR ≥ 1000 cellules/ml – Nombre absolu de neutrophiles dans le sang ≥ 10.000 cellules/ml – : 1 point : 1 point Convulsions précédant l’admission ou lors de l’admission au service : 1 point En appliquant ce BMS sur la population de l’étude, ces auteurs avaient constaté qu’un BMS de 0 permettait d’identifier les enfants ayant une méningite aseptique avec une VPN de 100% (IC 95%, 97-100%), et une spécificité de 73% (IC 95%, 91-100%). Un BMS ≥ 2 permettait d’identifier les enfants ayant une méningite 57 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant bactérienne avec une sensibilité de 87% (IC : 95%, 72-96%) et une VPP de 87% (IC : 95%, 72-96%). La performance de ce score était évaluée chez les jeunes nourrissons âgés entre 29 et 60 jours, ce qui avait permis d’identifier de manière fiable les trois patients ayant eu une MB. Ces auteurs avaient ainsi conclu que le BMS permettrait de faciliter la prise en charge des enfants admis aux urgences pour une méningite, en identifiant ceux ayant un haut risque de MB. Cependant, ce BMS ne peut pas être appliqué aux enfants ayant reçu une antibiothérapie dans les 72 heures précédant la PL, ou dont la PL était traumatique. La même équipe avait mené une deuxième étude rétrospective, publiée en janvier 2007 dans « JAMA », portant sur 3295 cas de méningites (définies par une pléïocytose du LCR > 7 GB/mm3) survenant chez des enfants âgés de 29 jours à 19 ans, ayant été admis aux services des urgences de 20 hôpitaux universitaires américains (entre janvier 2001 et juin 2004) [181]. Les enfants immunodéprimés, ayant eu une autre infection, ou ayant eu une intervention neurochirurgicale, n’étaient pas inclus. Les enfants dont la PL étaient traumatique (nombre de globules rouges dans le LCR > 10.000/mm³), ou ceux ayant reçu une antibiothérapie préalable, n’étaient pas inclus dans l’étude. Ces auteurs avaient recensé 121 (3,7%) cas de méningites bactériennes, et 3174 (96,3%) de méningites aseptiques dont 2518 (80%) avaient été hospitalisés. Parmi les 1714 patients considérés comme « à très faible risque » de MB car n’ayant présenté aucun des critères du BMS, seuls 2 avaient une MB. 58 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Globalement, la sensibilité du BMS était de 98,3%, tandis que la spécificité était de 61,5%. Nigrovic et coll. avaient ainsi conclu que l’intégration du BMS dans la pratique clinique de prise en charge des enfants présentant une pléïocytose du LCR, permettrait d'éviter les hospitalisations et les antibiothérapies agressives et superflues, notamment dans les pays où les méningites bactériennes sont devenues nettement moins fréquentes, grâce au programme de vaccination contre l’Hib. 3.7. Comparaison des cinq règles décisionnelles : Dans une étude rétrospective publiée en 2006, une équipe française de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris avait évalué la performance et comparé l’applicabilité des cinq règles décisionnelles précédemment décrites [139, 162, 175177] [182]. Dans cette étude, Dubos et coll. [182] avaient inclus tous les enfants âgés de 28 jours à 16 ans, hospitalisés pour une MB de 1995 à 2004, et pour méningite aseptique de 2000 à 2004. Au total, 166 enfants étaient recensés, dont 146 avaient une méningite aseptique et 20 avaient une MB. La sensibilité et la spécificité de chaque règle décisionnelle ont été calculées en appliquant les cinq règles aux patients de l’étude. Les sensibilités et les spécificités des cinq règles décisionnelles sont reportées dans le tableau VII. 59 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Règle décisionnelle Hoen [177] Bonsu [175] Freedman [176] Nigrovic [178] Oostenbrink [139] Sensibilité (%) Spécificité (%) (IC 95 %) (IC 95 %) 94 92 (73-99) (84-96) 100 57 (84-100) (48-65) 100 13 (84-100) (8-19) 100 66 (84-100) (57-73) 83 72 (55-95) (63-80) Tableau VII : Sensibilités et spécificités de des cinq règles décisionnelles cliniques appli appliquées sur une popul population de 166 enfants [182]. Pour ces auteurs, la meilleure règle était celle qui procure : – Une sensibilité de 100% pour le diagnostic des MB, – La meilleure spécificité, – La meilleure applicabilité clinique. Les règles décisionnelles élaborées par Bonsu [175], Nigrovic [178] et Freedman [176], avaient toutes les trois, des sensibilités de 100%. Les règles de Bonsu, et de Nigrovic avaient des spécificités de 57% et 66% (IC 95% : 48-65 et 5773, respectivement), en revanche, la spécificité de la règle de Freedman n’était que 60 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant de 13% (IC 95% 8-19). En comparant l’applicabilité des règles de Bonsu et celle de Nigrovic, la règle de Nigrovic avait une meilleure applicabilité clinique sur la population étudiée, car celle de Bonsu nécessitait un ordinateur pour calculer la pMBA. Dubos et coll. avaient ainsi conclu que la règle de Nigrovic, était la meilleure règle décisionnelle pour distinguer les méningites bactériennes des méningites aseptiques aux urgences. Son application permettrait d’éviter deux tiers des hospitalisations et des antibiothérapies inutiles pour les méningites virales, sans omettre un seul diagnostic de méningite bactérienne. Néanmoins, ces auteurs avaient noté d’autres études, portant sur une population plus large de patients présentant une méningite bactérienne, sont nécessaires pour confirmer ces résultats. Ils avaient également précisé que quelle que soit la règle décisionnelle choisie, elle devrait toujours être appliquée en complément des données de l’examen clinique et biologiques [182]. 3.8. Règle décisionnelle de Dubos : En se basant sur la population de cette étude et sur le BMS élaboré par Nigrovic, Dubos et coll. [183] avaient proposé une nouvelle règle décisionnelle clinique, pour distinguer aux urgences les enfants atteints de MB de ceux atteints d’une MV, avec une sensibilité de 100%, une spécificité élevée et une bonne applicabilité, qu’ils ont appelée « Méningitest ». Le méningitest élaboré par Dubos avait inclus six paramètres : – Convulsions, – Purpura (quel que soit le type), 61 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant – Aspect toxique : léthargie, irritabilité, perfusion périphérique altérée, hypoventilation ou hyperventilation importantes, – Procalcitonine sérique ≥ 0,5 ng/ml, – Coloration de Gram du LCR positive, – Protéinorachie ≥ 0,5 g/l. Pour ces auteurs, l’hospitalisation et l’antibiothérapie étaient indiquées si au moins un de ces critères était présent. En revanche, si tous ces critères sont absents, le retour à domicile est envisageable sans antibiothérapie mais sous stricte surveillance des parents. Cependant, l’application du méningitest nécessitait la présence des critères d’inclusion suivants : – Age compris entre 29 jours et 16 ans, – Méningite aiguë (définie par un nombre de GB dans le LCR ≥ 7 cellules/mm³), – Absence d’antibiothérapie dans les 48 heures précédentes, – Absence d’intervention neurochirurgicale, – Absence d’immunodépression connue, – PL non traumatique (≤ 10 000 hématies/mm³), L’application du méningitest était ainsi exécutée en deux étapes. La première consistait à vérifier les critères d’application, et la deuxième à rechercher les paramètres du méningitest (Tableau VIII) [183]. 62 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Tableau VII VIII : Récapitulati Récapitulatif des étapes d’applicatio d’application ion du Meningitest [183]. Pour valider la performance du méningitest, ces auteurs avaient réparti la population de l’étude (n = 167) au hasard, en une population de construction (n = 111 ; 14 MB) et de validation (n = 57 ; 7 MB). L’application du méningitest avait ainsi permis d’obtenir la sensibilité recherchée, de 100%, sur les populations de construction et de validation (IC 95% : 78-100% et 65-100% respectivement) et une 63 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant spécificité de 62% et 51% (IC 95% : 52-71% et 65-100% respectivement). Enfin, ces auteurs avaient estimé que cette règle permettrait d’éviter, sans risque, plus de 50% du nombre d’antibiothérapie et d’hospitalisations, à posteriori inutiles, chez des enfants ayant une méningite virale. D’autres études portant sur des populations plus larges sont nécessaires pour valider la performance diagnostique du méningitest. “ A retenir : L’application des règles décisionnelles permettrai d’éviter plus de 50 % du nombre d’antibiothérapies et d’hospitalisations inutiles. Mais, aucune règle décisionnelle ne peut remplacer le bon sens du clinicien. Au terme de cette mise au point de la littérature, et en tenant compte des caractéristiques épidémiologiques de notre contexte marocain, nous proposons un arbre décisionnel permettant au bactériennes méningites virales des praticien à de partir distinguer les méningites des examens biologiques précédemment décrits. 64 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 65 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 4. Imagerie : Devant des signes neurologiques focalisés faisant évoquer un autre diagnostic ou faisant craindre une complication intracrânienne, le scanner doit être réalisé avant la PL. Dans tous les autres cas, la réalisation d'un scanner avant la PL expose à un retard à la mise en route de l’antibiothérapie et n'est donc pas souhaitable [15]. Il faut noter que l'IRM, plus performante mais d'accès plus difficile, n'apporte pas d’éléments supplémentaires décisifs dans ce contexte d'urgence. Après la mise en route de l'antibiothérapie, le diagnostic des complications intracrâniennes repose sur l'imagerie. Le scanner suffit pour le diagnostic de la plupart des complications intracrâniennes (hydrocéphalie, empyème, abcès, infarcissement hémorragique, ventriculite). Toutefois, en cas de thrombophlébite, la réalisation d'un angioscanner s'impose. L'IRM est l'examen de choix lorsqu'elle est accessible, permettant le diagnostic de toutes les lésions intracrâniennes avec une sensibilité et une spécificité supérieure à celle du scanner [15]. Chez le nourrisson l'échographie transfontanellaire, de réalisation facile est un examen de dépistage permettant les diagnostics d'abcès, de ventriculite et d’hydrocéphalie (sauf s’ils sont périphériques) [15]. De plus le scanner peut être réalisé pour rechercher une porte d'entrée en cas de suspicion de mastoïdite, en cas d'évolution non satisfaisante de la méningite, de complication intracrânienne, ou à la recherche d'une brèche ostéodurale [15]. 66 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 5. Surveillance et évolution : 5.1. Clinique : - Pouls, tension artérielle, température (apyrexie en deux à quatre jours selon le germe). La persistance d'une fièvre au delà des délais habituels ou sa réapparition doit faire suspecter une complication infectieuse. - Etat de conscience, périmètre crânien biquotidien chez le nourrisson, examen neurologique régulier à la recherche de signes déficitaires. - Recherche de signes de dissémination cutanée, articulaire ou pulmonaire. 5.2. Biologique : Le bilan biologique ultérieur est dicté par l'évolution clinique et par les données bactériologiques initiales. La PL peut être répétée à 36-48 heures de traitement pour juger de l'efficacité du traitement sur la stérilisation du LCR et la remontée de la glycorachie [22,24]. Elle doit être réalisée systématiquement dans trois situations : lors des méningites à pneumocoque, chez le nouveau-né, et lorsque l'évolution est défavorable pour un autre germe ou dans une autre tranche d'âge [22,24]. Les autres paramètres cytologiques et biochimiques du LCR n'ont aucune valeur diagnostique ni pronostique. En cas d'échec thérapeutique, un dosage d'antibiotiques dans le LCR peut être effectué. 5.3. Suivi évolutif : Pour le suivi évolutif, il faudra réaliser des potentiels évoqués visuels et auditifs à 1 et 9 mois à la recherche de séquelles visuelles et auditives et un audiogramme un mois après la méningite. Des tests psychomoteurs pourront également être utiles [15]. 67 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant V. DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE ETIOLOGIQUE Les trois germes les plus fréquents chez l'enfant sont l’haemophilus, le pneumocoque et le méningocoque. Chez le nouveau-né, le streptocoque b prédomine, suivi d’E.coli puis Listéria monocytogenes. 1. Méningite cérébrospinale à méningocoque : Le méningocoque ou Neisseria Meningitidis est un diplocoque gram négatif (Fig. Fig. 7), il s’assemble en grains de café. On distingue 12 sérogroupes: le sérogroupe A prédomine en Afrique, le sérogroupe B prédomine en Europe et le sérogroupe C est sporadique notamment présent aux USA. La méningite à méningocoques s'observe chez l'enfant d'âge scolaire, mais peut survenir aussi chez le très jeune nourrisson. Elle est de plus en plus sporadique dans les pays développés alors qu'en Afrique et en Amérique du Sud elle sévit sous forme de fortes épidémies. En Afrique sahélienne dans la région appelée « ceinture méningitique de Lapeyssonnie », il existe une méningococcémie récurrente avec des taux d'infection atteignant 1 % de la population sur un fond endémique avec une prévalence d'environ 25 pour 100.000 en dehors des pics épidémiques [3]. Ces épidémies surviennent exclusivement lors de la saison sèche (décembre à mai), la maladie disparaissant brusquement avec le début des pluies [25]. Plusieurs facteurs entrent en jeu : la sécheresse, les vents de sable et la co-infection par des mycoplasmes ou des virus qui irritent les muqueuses nasopharyngées altérant les capacités de défense, la fraîcheur qui oblige les populations à s’entasser dans les habitations. De plus, le tabagisme augmente le portage pharyngé [3]. Cliniquement la forme typique débute par une rhinopharyngite puis brutalement apparaît un syndrome infectieux franc. 68 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Chez l’enfant, le syndrome méningé est franc et complet, on retrouve souvent un purpura pétéchial qui est très évocateur du méningocoque sans être pathognomonique. Un herpès et une arthrite inaugurale sont possibles. La méningite peut se compliquer de septicémie ou purpura fulminans de Hénoch avec syndrome de Waterhouse Frederichsen (insuffisance surrénale aiguë par hémorragie surrénalienne). Le pronostic de la forme commune est relativement bon alors que les formes gravissimes nécessitent une prise en charge en réanimation. 2. Méningite à haemophilus influenzae : Haemophilus influenzae est un germe commensal des muqueuses notamment des voies aériennes supérieures. C'est un bacille gram négatif, isolé, de petite taille, immobile, non sporulé, encapsulé (Fig.5). Six types capsulaires sont décrits dont le type b est le plus virulent. Il est responsable de méningites, d’épiglottites, de cellulites, d'arthrites et de pleuropneumonies. Les méningites à H.influenzae s'observent dans 90 % des cas avant d'âge de trois ans, en Afrique, elles surviennent essentiellement à la saison froide entre octobre et mars. Leur incidence en Afrique de l'Ouest est égale à 60/100 000 enfants de moins de cinq ans et de 132 à 197/100000 enfants de moins d'un an. Chaque année dans le monde, 350 à 700 000 enfants décèdent suite à une méningite à Haemophilus [3]. Ceci souligne l'intérêt d'une vaccination précoce, étant donné le pic de fréquence avant un an. Ces méningites à Haemophilus posent un problème thérapeutique : à Dakar [26], Gaye en 1991 avait trouvé 17,8 % de résistance à l'ampicilline et Cissé en 1989 5,8 %. En France, 25 % des souches sont résistantes aux pénicillines par production de β lactamases. Au Niger et au Mali, ce pourcentage est de 17,6 % [27]. Les céphalosporines de troisième génération sont très actives sur les haemophilus 69 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant producteur de β lactamases mais leur coût est élevé. On associe fréquemment des corticoïdes en début traitement afin de diminuer les séquelles à long terme. Cependant, les complications et les séquelles sont encore fréquentes. La prévention efficace repose sur la vaccination anti-haemophilus influenzae b. En France [4], on observe une stabilité de l’incidence des infections invasives à haemophilus influenzae depuis 1995 pour les méningites comme pour les bactériémies. L’incidence des méningites a brusquement diminué à partir de la généralisation de la vaccination des enfants en 1992. C’est chez les enfants de moins d’un an que la réduction du nombre de cas a été la plus spectaculaire après 1992.A partir de 5 ans, l’incidence des méningites était inférieure à 0,1 cas sur 100.000 [7]. Au Maroc, on espère atteindre les mêmes résultats après la généralisation de la vaccination en 2007. 3. Méningite à pneumocoque : Le pneumocoque ou streptococcus pneumoniae est un cocci gram positif non sporulé, immobile, assemblé en diplocoque et encapsulé. Il vit à l’état commensal au niveau des téguments et des muqueuses de l’homme notamment le rhinopharynx et il est responsable d'infections graves ORL, pulmonaires et méningées. Les méningites à pneumocoque s'observent à tout âge avec une prédilection chez l’enfant de moins d’un an, le splénectomisé et le drépanocytaire. Il existe des formes récidivantes en cas de brèche crânienne (ostéite infectieuse, déhiscence congénitale, traumatisme) avec souvent une rhino-otorrhée de LCR. Elles surviennent sur un mode endémique sans recrudescence saisonnière ni flambée épidémique. La porte d’entrée est généralement ORL, pulmonaire ou ostéoméningée. Le début est brutal et le tableau est vite alarmant avec des signes encéphalitiques : convulsions, 70 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant paralysies ou contractures, troubles de la conscience et coma. Le pronostic est souvent assez sombre avec des complications graves notamment des paralysies, des encéphalites, des cloisonnements méningés, des micro-abcès cérébraux et des séquelles à type d'hydrocéphalie ou de troubles psychomoteurs. La prise en charge thérapeutique se heurte au problème posé par l'émergence de souches à sensibilité diminuée à l'ampicilline voire aux céphalosporines de troisième génération ce qui pousse à trouver des alternatives efficaces et réalistes dans les pays en voie de développement [28]. bactériologique Figure 7 : Examen bactér iologique direct du LCR après coloration de Gram [45] – A : S. pneumoniae, – B : N. meningitidis, – C : H. Influenzae. 71 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 4. Méningite à streptocoque b : Le streptocoque du groupe b ou Streptococcus Agalactiae est un cocci gram positif en chaînette qui colonise le tractus digestif ou urinaire de l'homme. C'est la première cause d'infection néonatale et d'infection hématogène chez les personnes âgées fragilisées. Les méningites surviennent surtout chez le nouveau-né de moins de 1 mois. Les femmes contaminées pendant la grossesse peuvent transmettre ce germe à leur nouveau-né pendant le travail ou après rupture prématurée des membranes. L'infection peut également succéder à une omphalite néonatale. Le taux de létalité des méningites à streptocoque b a été évalué à 7 % aux États-Unis [3]. 5. Méningite à entérobactérie : E.coli ou salmonelle Les entérobactéries sont des bactéries gram négatifs, mobiles ou non. Elles se rencontrent dans les infections méningées sur des terrains particuliers : nouveauné, dénutrition, drépanocytose. E.coli est responsable d'infections urinaires chez la femme enceinte, il est transmis au nouveau-né lors du passage dans la filière génitale et peut ainsi déclencher une infection materno-fœtale. L'infection à entérobactérie est un état septicémique avec, soit une atteinte méningée (E.coli), ou des signes gastro-intestinaux (salmonelle). 6. Méningites à Listéria monocytogenes : Listéria monocytogenes est un petit bacille gram positif à tropisme intracellulaire, remarquable par sa multiplication à basse température et sa résistance à de nombreux agents physiques et chimiques. La contamination se fait par voie alimentaire et par voie sanguine transplacentaire chez le fœtus. Les nouveau-nés, les femmes enceintes et les adultes immunodéprimés sont les plus 72 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant sensibles. Lors des méningites, le LCR est clair ou parfois purulent : formule panachée. En France, On a observé une diminution importante de l'incidence des méningites à Listeria depuis plusieurs années, parallèle à la diminution des formes invasives [7]. Cette diminution a suivi la mise en place de mesures de contrôle de la contamination par Listeria monocytogenes dans l'industrie agroalimentaire [41]. 7. Méningites à staphylocoques : Il existe deux principaux types de staphylocoques : le staphylocoque doré ou staphylocoque aureus : cocci gram positif, non sporulé, non capsulé et immobile, regroupé en amas et le staphylocoque coagulase négative qui est une bactérie pathogène opportuniste responsable d'infections graves, adhérant au matériel prothétique. Les méningites à staphylocoques sont relativement rares mais deviennent de plus en plus fréquentes du fait de l'émergence de souches nosocomiales souvent multirésistantes. Quelquefois elles succèdent à une infection primitive (folliculite, ostéomyélite, spondylite, arthrite purulente ou staphylococcie pleuropulmonaire) ou compliquent des affections neurochirurgicales (spina bifida, méningocèle, sinus dermique, hydrocéphalies valvées), mais la majorité sont d'origine nosocomiale. 8. Méningites à bacille gram gram négatif négatif : bacille pyocyanique Le pseudomonas aeruginosa ou bacille pyocyanique est un bacille gram négatif aérobie strict à mobilité polaire. Il est souvent inoculé directement et accidentellement dans les méninges par PL. Le pronostic est souvent grave et le traitement doit toujours être orienté par un antibiogramme car ce germe est résistant à de nombreux antibiotiques. 73 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 9. Méningites purulentes sans germe décelable : L'origine bactérienne est certaine, mais l'isolement de la bactérie reste impossible par l'analyse du LCR et des hémocultures. Certains cas sont dus à la bénignité de l'infection initiale. Dans d'autres cas, il s'agit soit d'une technique défectueuse, soit d'une utilisation à l’aveugle d'une antibiothérapie puissante et précoce devant toute infection aiguë de l’enfant. L'épidémiologie montre que la plupart de ces méningites sans germes sont dues au méningocoque [8,30]. Ces méningites sont généralement de pronostic bénin. 74 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant VI. VI. TRAITEMENT 1. Traitement curatif : Deux objectifs sont fixés : stériliser les foyers infectieux et prévenir les complications. 1.1. Principes Principes de l’antibiothérapie l’antibiothérapie : [32] L’administration urgente et adaptée d'une antibiothérapie est essentielle pour le traitement des méningites bactériennes. Son efficacité, c'est à dire la rapidité de stérilisation du LCR conditionne le pronostic [31,35]. Le délai diagnostic et le retard au traitement affectent le pronostic de façon variable suivant les études. Aucune conclusion formelle ne peut être dégagée à l'heure actuelle mais il est recommandé d'administrer les antibiotiques au plus vite une fois que le diagnostic est posé [22]. La concentration d'antibiotique dans le LCR doit être maintenue à des valeurs dix à vingt fois supérieures à la concentration minimale inhibitrice (CMI) spécifique du germe. Ce phénomène s'explique par l'augmentation marquée du temps de dédoublement des bactéries dans le LCR et par la faiblesse des défenses de l'hôte dans le LCR. L’administration intrathécale et intraventriculaire d'antibiotiques n'est plus justifiée, ce d'autant plus que ces techniques ne sont pas dénuées de risques. Les principaux antibiotiques utilisés sont les pénicillines, les céphalosporines, les aminosides, la vancomycine et les phénicolés. 75 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.1.a. BétaBéta-lactamines : • Pénicillines : Pénicilline G et pénicilline A (amoxicilline et ampicilline) : le passage méningé est de 20 à 30 % sur des méninges inflammatoires et de 10 % sur des méninges saines. Il faudrait tenir compte de cette diminution en cours du traitement. L'amoxicilline per os qui est absorbée à 90 % est proposée en relais du traitement veineux. Les effets indésirables fréquents sont les réactions allergiques, les éruptions morbilliformes, les troubles digestifs à type de nausées et vomissements, et parfois la fièvre. • Céphalosporines : Les céphalosporines de première génération n'ont aucun passage méningé efficace et parmi celles de deuxième génération, seul le céfuroxime a une activité prouvée dans les méninges. Les céphalosporines de troisième génération ont apporté une amélioration thérapeutique notable : le passage méningé est constant à taux variés mais efficaces, les CMI des germes sensibles sont en général très basse et le rapport CMI / concentration intrarachidienne est aussi bas. Ainsi, leur pouvoir bactéricide est important. Les principales céphalosporines utilisées sont la céfotaxime, la ceftriaxone, la céfopéraxone et la ceftazidine. • Pénèmes : Passage méningé important, utile contre le pseudomonas ticarcillinorésistant. 76 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.1.b. Glycopeptides : La vancomycine est utile dans les infections à staphylocoques méticillinorésistants et à pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline. 1.1.c. Aminosides Aminosides : Le passage méningé des aminosides n'atteint jamais les CMI des germes intéressés. Cependant, dans certains cas, de faibles concentrations d’aminosides jouent un rôle synergique avec les autres antibiotiques ayant une concentration efficace dans le LCR. Cette constatation n'est pas valable pour les trois germes courants des méningites purulentes de l’enfant et du nourrisson. En néonatologie, les aminosides sont utilisés pour traiter la composante septicémique des méningites bactériennes à E.coli. 1.1.d. Phénicolés : L’hémisuccinate de chloramphénicol et le thiamphénicol ont une bonne diffusion méningée mais des effets indésirables notables (cytopénie) et une présentation huileuse. Ils sont utilisés en dose unique dans certains pays en voie de développement. 1.2. Traitements Traitements adjuvants adjuvants - Anti-inflammatoires : les modèles expérimentaux animaux d'infection ont montré que la réaction inflammatoire méningo-cérébrale lors des méningites bactériennes est un facteur majeur contribuant à la morbidité et à la mortalité [36]. L'atténuation de cette réaction inflammatoire médiée par l'expression des cytokines pro-inflammatoires pourrait diminuer efficacement les nombreuses conséquences physiopathologiques des méningites bactériennes, tels que l'oedème cérébral, 77 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant l'augmentation de la pression intracrânienne, l'altération du flux sanguin cérébral, les vasculites cérébrales et les lésions neuronales [37]. Sur la base de ces observations expérimentales, de nombreux essais cliniques ont été réalisés pour essayer de montrer l'efficacité de l'adjonction de la dexaméthasone au traitement des méningites bactériennes (cf. chapitre sur la corticothérapie). - Traitement symptomatique de réanimation si besoin : solutés de perfusion, assistance ventilatoire, alimentation par sonde naso-gastrique, anti-convulsivants. - Antipyrétiques : (en cas de fièvre élevée) • Aspirine : 10 à 40 mg/kg/j en IV, 50 à 65 mg/kg/j per os. • Paracétamol : 60 mg/kg/j par voie rectale. - Anticonvulsivants : • Le diazépam en cas de crise convulsive à la dose de 0,5 mg/kg par voie rectale. • Le phénobarbital : pendant quelques jours en cas d’existence de troubles neurologiques (coma) [45]. - Traitement chirurgical : En cas de brèche communicant une cavité naturelle septique et l’espace sous aracnoïdien ou bien en cas d’une éventuelle complication de la méningite purulente. 78 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.3. Indications : [15, 38, 39, 39, 68] 68] Au Maroc, le traitement des MP communautaires aux 3 germes principaux a fait l’objet d’un consensus national en 1996 (méningites néonatales et à germes rares exclues). D'autres pays ont établi des conférences de consensus concernant la prise en charge des méningites bactériennes, notamment les États-Unis d'Amérique avec la publication en 1994 de « practice guidelines for the management of bacterial meningitis » [22], et la France avec la conférence de consensus en thérapeutique anti-infectieuse concernant les méningites purulentes communautaires établie en 1996 [15]. Le contenu de ces textes est détaillé en annexes (cf. annexe 2 et 3). La confirmation du diagnostic de méningite est obligatoire en milieu hospitalier et doit être bactériologique (LCR et hémoculture) ce qui permettra de sélectionner l’antibiotique le plus performant à moindre coût et de corriger éventuellement ce choix par le résultat de l’étude des sensibilités aux antibiotiques grâce à un réseau de surveillance national [68]. 1.3.a. Antibiothérapie probabiliste [68]: [68]: Elle doit être démarrée immédiatement après la constatation d’un LCR macroscopiquement louche, avant les résultats bactériologiques et après avoir effectué une ou plusieurs hémocultures si possible; Elle tient compte de 3 arguments : épidémiologiques (résistance des germes et leur fréquence selon l’âge), cliniques (signes d’orientation étiologique) et les arguments pharmacologiques (caractéristiques des antibiotiques principaux des MP, leurs indications et leurs limites d’action). 79 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant • Antibiothérapie probabiliste chez le nourrisson [68]: L’antibiothérapie doit viser l’H.influenzae (vue la fréquence importante de ce germe à cet âge 90 à94%). Le traitement probabiliste de choix est constitué par les C3G (céfotaxime ou ceftriaxone). Le thiamphénicol en deuxième intention. • Antibiothérapie probabiliste chez l’enfant [68]: Bien que le méningocoque et le pneumocoque soient les germes les plus fréquents à cet âge, c’est le pneumocoque qui doit être visé par cette antibiothérapie : à cause de sa virulence (encéphalite qui se traduit par des signes neurologiques de gravité : coma, convulsions…) et sa résistance aux antibiotiques (caractérisée par des facteurs de risque de pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline PSDP : âge > 4 ans, prise de béta-lactamines dans les mois précédents, immunodépression ou MP récidivante). - En absence de signes de gravité : l'amoxicilline (ou à défaut l'ampicilline) constitue le traitement de première intention. - En présence de signes de gravité : deux situations Absence de facteurs de risque d'un pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline : traiter par les phénicolés (car diffusent très bien dans le parenchyme cérébral). 80 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Présence de facteurs de risque d'un pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline : traiter par les céphalosporines de troisième génération (céfotaxime, ou céftriaxone). 1.3.b. Antibiothérapie quand le germe est isolé [68]: [68]: • Méningocoque : Le traitement de choix fait appel à l'amoxicilline (meilleure concentration au niveau du LCR que l'ampicilline) et à défaut l'ampicilline. Les phénicolés constituent une bonne alternative. La pénicilline G peut être utilisée à condition de rester vigilant, les souches de sensibilité diminuée ont été signalées. La durée du traitement et de sept jours. • Pneumocoque : Avant l’antibiogramme on se base sur des signes de présomption clinique. Le schéma est le même que celui de l'antibiothérapie probabiliste chez l’enfant. Par ailleurs en cas de facteurs de risque d'un pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline, on demande un antibiogramme [68]. La résistance est encore de bas niveau au Maroc. Mais en cas de pneumocoques très résistants (ce qui est exceptionnel) : le traitement se fait par la vancomycine (vancocine) (40-60 mg/Kg/j en IV continue) associée aux céphalosporines de troisième génération (céfotaxime 50 à 75 mg/kg/6h IV ou ceftriaxone 100 mg/Kg/j). [68] La durée de traitement est de dix jours. 81 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant • Haemophilus influenzae : Pour une meilleure efficacité et sécurité, le traitement doit faire appel aux céphalosporines de troisième génération (céfotaxime ou céftriaxone). Les phénicolés constituent une bonne alternative à condition de rester vigilant, on peut avoir une résistance aux phénicolés: si le germe est retrouvé à 48 heures de traitement, il faut recourir aux céphalosporines de troisième génération, et si la souche est non productrice de bêta-lactamases il est possible de revenir à l’amoxicilline. La durée du traitement est de dix jours. 1.3.c. Posologie quotidienne, voie et rythme d'administration des antibiotiques [68]: Peni G Amox. Ou Phénicolés Céftriaxone Céfotaxime (UI/kg/j) Ampi. (mg/kg/j) (mg/kg/j) (mg/kg/j) (mg/kg/j) Nourrisson - 200-300 70-100 80-100 200-300 Enfant 500000 sans 200-300 70-100 80-100 200 Toutes les Toutes les Toutes les Toutes les Toutes les 4 heures 6 heures 6 heures 12 à 24 h 6 heures IV IV IV IV IV dépasser15MUI/j Rythme Voie Tableau IX : Posologie quotidienne, voie et rythme d’administration des antibiotiques [68]. [68]. 82 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.4. Utilisation du chloramphénicol : Actuellement, le chloramphénicol est rarement utilisé dans les pays développés en raison de son métabolisme imprévisible chez les jeunes enfants, de son interaction pharmacologique avec le phénobarbital, la phénitoine, la rifampicine et l’acétominophène, et de la nécessité de monitorer sa concentration plasmatique pour éviter des valeurs toxiques ou infra-thérapeutique [30]. Pourtant, pour des raisons économiques, le chloramphénicol est fréquemment utilisé comme traitement empirique initial des méningites dans les pays en voie de développement. L'efficacité de cet antibiotique a chuté depuis que certaines souches d’H.influenzae sont devenues résistantes au chloramphénicol et que les pneumocoques multi-résistants ne sont habituellement pas tués par cet antibiotique [30]. Pour les méningites à méningocoque, un traitement court par le chloramphénicol est fréquemment utilisé dans les pays africains en dose unique avec un succès raisonnable [43]. 1.5. Corticothérapie associée : Chez le nouveau-né, un seul essai thérapeutique a été publié [44], ce qui ne permet pas de recommander l'utilisation de la dexaméthasone dans cette tranche d’âge [22]. Chez les nourrissons et les enfants, 15 études ont étés publiées [35,46-59]. La méta-analyse des essais cliniques publiés entre 1988 et 1996 par Baraff [60] montre que l’adjonction de la dexaméthasone (0,15 mg/kg toutes les 6 heures pendant 2 à 4 jours) est bénéfique pour les méningites à H.influenzae b. Si la dexaméthasone est commencée avant ou en même temps que les antibiotiques, elle semble également bénéfique pour les méningites à pneumocoque chez l'enfant. Le bénéfice clinique le plus important concerne le pronostic auditif. Chez les patients 83 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant atteints de méningite à H.influenzae, la dexaméthasone réduit globalement les séquelles auditives alors que chez les patients atteints de méningite à pneumocoque, la dexaméthasone semble être protectrice pour les séquelles auditives seulement si elle est administrée précocement. Des études dexaméthasone contre placebo montrent que la dexaméthasone diminue le taux de cytokines dans le LCR et les séquelles neurologiques, surtout dans les méningites à H.influenzae. À la vue de ces études, les conférences de consensus française et nord-américaine recommandent l’utilisation de dexaméthasone chez les enfants et les nourrissons atteints de méningite à H.influenzae b [22]. En effet l’administration de la dexaméthasone réduit le taux des métalloprotéinases de la matrice (MMP-9, MMP-8) dans le LCR de façon très significative, ces derniers jouent un rôle important dans la genèse des phénomènes inflammatoires [141]. L'administration de dexaméthasone doit être réalisée 10 à 20 minutes avant, ou au plus tard en même temps que la première dose d’antibiotique, à la posologie de 0,6 mg/kg/j IV en deux à quatre injections pendant deux jours. Des études ont montré que l’effet bénéfique de la dexaméthasone est similaire lorsque l'on administre ce traitement sur 2 (0,4 mg/kg toutes les 12 h) ou sur 4 jours (0,15 mg/kg toutes les 6 h) [52,64]. La dexaméthasone ne doit pas être administrée aux nourrissons et aux enfants ayant déjà reçu une dose d’antibiotique. En ce qui concerne méningites à pneumocoque de l'enfant, les effets bénéfiques de la dexaméthasone sont également observés. Cependant, l'utilisation de corticoïdes en cas de pneumocoque résistant à la pénicilline est critiquable car ils diminuent la pénétration des antibiotiques dans le LCR [63]. À ce jour, les données cliniques disponibles suggèrent que la dexaméthasone n’interfère pas avec 84 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant l’éradication du pneumocoque résistant si le traitement comprend une C3G et de la vancomycine [30]. Au vu de ses résultats, les guidelines nord-américains de 2004 ne tranchent pas quant à l'utilisation de la dexaméthasone chez l'enfant en cas de méningites à pneumocoque [22]. La conférence consensus française suggère l’utilisation de la dexaméthasone chez l'enfant en cas de pneumocoque à sensibilité normale à la pénicilline [15]. L’émergence récente de pneumocoques résistants à la vancomycine, le rôle potentiel de la dexaméthasone dans l'aggravation de l'apoptose des neurones de l'hyppocampe et la réduction des capacités d'apprentissage et de la mémoire spatiale dans des modèles animaux suggèrent toutefois une prudence visà-vis de ce traitement [61,62]. 2. Traitement préventif : 2.1. Les mesures prophylactiques générales : Malades : - La déclaration obligatoire de la méningite purulente. - L’hospitalisation et l’isolement du malade. - La désinfection des locaux. Sujets contacts : - La chimioprophylaxie de l’entourage en fonction de chaque germe. - La vaccination contre le méningocoque (groupe A et C), l’haemophilus influenzae et le pneumocoque, des sujets à haut risque. 85 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 2.2. La chimioprophylaxie chimioprophylaxie de contact : Méningites à méningocoque : Pour le méningocoque, la maladie peut se transmettre d’homme à homme avec un risque d'atteinte secondaire de 4 pour 1000 chez les sujets contacts vivant sous le même toit qu’un patient atteint de méningococcémie [65]. L'objectif de la chimioprophylaxie administrée en urgence est d'éliminer un éventuel portage nouvellement acquis chez les sujets susceptibles d’avoir été exposés aux sécrétions oro-pharyngées du patient et de prévenir la diffusion par des porteurs sains d'une souche pathogène dans la population. La prévention s'adresse donc aux sujets contacts : famille, crèche, pouponnière, voisins immédiats dans les écoles primaires et secondaires, personnel médical et paramédical en contact étroit avec l'enfant. La circulaire ministérielle n° DELM/36 du 25 février 2003 a précisé ses modalités (cf annexe 4). Elle repose sur la rifampicine à la posologie de 10 mg/kg en deux prises par jour chez les enfants et 600 mg par jour en deux prises chez les adultes pendant 48h et doit être administrée le plus rapidement possible [140]. La spiramycine peut être utilisée, en cas de contre-indication ou de non disponibilité de la rifampicine, à la dose de 25 mg/Kg 2 fois par jour pendant 5 jours sans dépasser 2 grammes par jour [140]. Méningites à haemophilus influenzae b : Pour l’Hib, la chimioprophylaxie est obligatoire pour le malade et les sujets contacts, tout spécialement les enfants de moins de 4 ans. Elle repose sur la rifampicine en une seule prise quotidienne pendant quatre jours [140]. 86 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Méningites à pneumocoque : Pour le pneumocoque, l'absence de propagation épidémique rend inutile la chimioprophylaxie des sujets contacts. La chimioprévention des méningites purulentes à pneumocoque doit être envisagée chez le drépanocytaire et l'enfant splénectomisé par une antibiothérapie à base de pénicilline V orale, d'extencilline ou de macrolides. Cette méthode, bien que n’éradiquant pas le portage, semble prévenir la survenue de la maladie, au moins durant l'administration des médicaments. 2.3. Vaccination : Méningocoque : L'infection à méningocoque peut provoquer de grandes épidémies, ceci en fait une maladie à déclaration obligatoire. On dispose actuellement de vaccins polysaccharidiques qui protègent en une seule injection sous-cutanée contre les méningocoques A et C, mais pas contre le méningocoque B. Cependant, leur immunogénicité est faible chez les enfants de moins de deux ans. Ils sont donc peu efficaces avant l'âge de 18 mois. En plus ce vaccin n'est pas en mesure de fournir une protection prolongée. Les utilisations de ce vaccin conjugué communément acceptées sont : - vaccination des groupes à haut risque d’infection pendant des périodes de temps limitées, comme les recrues militaires et les voyageurs en zone d’endémie. - les personnes travaillant dans les laboratoires de recherche. - la vaccination de masse en cas d'épidémie. Une fréquence des cas de méningite purulente d’au moins 15/100.000 pendant deux semaines consécutives 87 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant est hautement prédictive d'une épidémie majeure et devrait déclencher une vaccination de masse. Une vaccination est recommandée le plus rapidement possible et dans un délai maximum de 10 jours après le début de l'hospitalisation du malade, parallèlement à la chimioprophylaxie. Elle n’est proposée qu'aux sujets contacts suivants : - Les sujets contacts appartenant à l'entourage proche du malade, - Les sujets contacts qui se retrouvent régulièrement et de façon répétée dans la collectivité fréquentée par le malade, pendant les semaines qui suivent le dernier contact. Depuis janvier 2005, un vaccin polysaccharidique conjugué couvrant les sérotypes A, C, W135 et Y est mis sur le marché aux USA, il est recommandé en routine pour les adolescents et des groupes à risques [3,67]. Pour les pays d'Afrique sub-saharienne, Robbins aux USA conseille une vaccination universelle contre le méningocoque à deux fois dans l'enfance, suivie par vaccination avec le vaccin antiméningocoque tétravalent à l’âge de 2 et 6 ans [73]. Pneumocoque : La vaccination anti-pneumococcique doit être proposée aux enfants ayant une asplénie anatomique ou fonctionnelle et à ceux porteurs d'un déficit immunitaire. Il existe deux types de vaccins : - Vaccin polysaccharidique: Pneumo 23. C'est un polyoside purifié contenant les antigènes capsulaires de 23 sérotypes les plus fréquents dans les infections. 88 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Mais du fait de l’incapacité du nourrisson à produire des anticorps contre les antigènes polysaccharidiques, ce vaccin est inopérant avant l'âge de deux ans. Une seule injection de 0,5 ml est effectuée par voie sous-cutanée ou intramusculaire. - Vaccin conjugué : prévenar® immunogène dés les premiers mois de la vie. Le schéma est de trois injections au cours de la première année espacées de deux mois avec rappel à deux ans. Haemophilus influenzae : Deux types de vaccins sont disponibles : - vaccin polysaccharidique ou vaccin polyribose phosphate qui confère une immunité de 1 à 3 ans selon l'âge du sujet. Ce vaccin peu immunogène est peu efficace avant 18 mois. - Vaccins conjugués : c'est l'association d’un polyoside capsulaire à une anatoxine. Ce vaccin a permis d'améliorer la réponse vaccinale. Il est recommandé avant l'âge de six mois et en trois injections lors du deuxième, troisième et quatrième mois puis un rappel à 18 mois. Après l'âge de six mois, seules deux injections suffisent ; après un an, une seule injection suffit. Grâce à l’introduction du vaccin conjugué, l’incidence des méningites bactériennes à Haemophilus influenzae b a décliné de plus de 99 % dans les pays qui ont adopté une immunisation universelle [69,70]. Au Maroc on espère atteindre les mêmes chiffres depuis l’introduction de ce vaccin dans le programme national d’immunisation en janvier 2007. 89 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 2.4. Modification des facteurs de risque comportementaux : Il s'agit de l'amélioration des conditions d'hygiène générale : objectif jusque-là peu réalisable dans les pays en voie de développement du fait de l'amélioration du niveau de vie des populations qu'elle nécessite. Chez les nouveau-nés, la prévention passe par la lutte contre les infections materno-fœtales : meilleur suivi des grossesses, traitement des infections urogénitales de la femme enceinte et conditions d'asepsie lors des soins des nouveau-nés. 2.5. La surveillance des méningites bactériennes : Au Maroc la déclaration des cas de méningite est obligatoire, ce qui, normalement, doit nous donner des renseignements importants sur l’épidémiologie des méningites purulentes dans le pays. Cependant, les chiffres obtenus sont sous estimés en raison des oublis de déclaration des pathologies par certains médecins et de l’incapacité d’isolation des germes responsables des méningites par certains laboratoires. La surveillance épidémiologique est capitale à mettre en place afin notamment d'adapter les traitements aux germes rencontrés, que ce soit en curatif ou en préventif. Ces réseaux de surveillance sont aujourd'hui bien développés dans de nombreux pays, il faudrait également réussir à les mettre en place dans les pays plus pauvres. 90 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant VII. VII. ÉVOLUTION [71] L'évolution globale des méningites purulentes du nourrisson et de l'enfant s'est améliorée grâce à la meilleure prise en charge antibiotique et symptomatique. La surveillance doit être faite en milieu hospitalier pendant la période aiguë, la surveillance après l’hospitalisation devra être prolongée en quête d'éventuelles séquelles. L'évolution ne se conçoit que sous traitement antibiotique. Non traitée, la méningite purulente évolue inéluctablement vers la mort. 1. La guérison : C'est l'évolution la plus fréquente à l’heure actuelle. En 8 à 10 jours, parfois 15 à 21 jours, les phénomènes infectieux disparaissent. Le malade reprend conscience, les signes méningés s'estompent et le LCR se normalise. Selon la métaanalyse de Baraff concernant les méningites purulentes de l'enfant [71], 83,6 % des patients atteints dans les pays développés et 73,5 % dans les pays en voie de développement guérissent sans séquelles. 2. Le décès : Devenu rare en Europe : 4,5 % selon Baraff dans les pays développés [71]; il reste néanmoins fréquent en Afrique par infection septicémique sévère, coma prolongé, troubles végétatifs, convulsions subintrantes, hypertension intracrânienne avec œdème cérébral et engagement. Dans les pays en voie de développement, le taux de mortalité est estimé à 9,1 % par Baraff [71]. Au Maroc il atteint 10 à 11 %. 91 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 3. Complications générales : - Choc septique : le collapsus circulatoire périphérique et d'une des complications les plus sévère des méningites, il survient préférentiellement avec le méningocoque mais peut accompagner tous les autres types d'infections [72]. - CIVD (coagulation intravasculaire disséminée). - Complications infectieuses à distance : rares en Europe et fréquentes dans les pays en voie de développement. Cellulites. Péricardites aiguës septiques. Arthrite purulente contemporaine de l'installation de la méningite fréquente avec haemophilus influenzae b ou arthrite réactionnelle tardive d'origine immunologique fréquente avec le méningocoque [72]. - SiADH (Syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone anti-diurétique) : Dans le passé, les médecins pensaient que de nombreux patients atteints de méningite étaient également atteints de SiADH, un état qui nécessite l'instauration d'une restriction hydrique. Cependant, les résultats des études cliniques réalisées pendant la dernière décennie suggèrent que l'élévation de la concentration de l’ADH sanguine est une réponse appropriée de l’hôte à une hypervolémie non reconnu et que l'utilisation de solutés de remplissage peut être bénéfique [74, 77, 78]. Cette notion est importante car la pression artérielle systémique doit être maintenue à un niveau suffisant pour prévenir une mauvaise perfusion cérébrale. 92 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant - Ulcère de stress : complication très rare favorisée par l'adjonction de dexaméthasone au traitement antibiotique. 4. Complications neurologiques [8,9]: [8,9]: - Vasculites : l’inflammation de la paroi des vaisseaux méningés, parenchymateux et sous épendymaires peut provoquer la thrombose ou le spasme d'une artère, d'une artériole ou d'une veine avec en conséquence un ramollissement ischémique aseptique (parfois hémorragique si thrombophlébite) du parenchyme cérébral. La topographie et l'étendue des foyers de nécrose est variable, d'un ramollissement unique à des ramollissements disséminés donnant un tableau d'encéphalopathie multikystique. Les vasculites thrombosantes sont la cause essentielle des séquelles neurologiques et psychiques d'une méningite bactérienne. De plus, l'inflammation des parois de petits vaisseaux pénétrant le système nerveux permet parfois à l'infection bactérienne de gagner le parenchyme cérébral et de provoquer des foyers de nécrose septique ou une inflammation plus diffuse. Ces foyers sont probablement à l'origine des exceptionnels abcès cérébraux. Les vasculites jouent vraisemblablement un rôle prédominant dans la constitution des ventriculites, des empyèmes sous duraux, des collections péricérébrales aseptiques et de l’atteinte cochléaire. - Œdème cérébral : Il s'agit d'une complication redoutable et d'une cause possible de décès présent chez 5 à 15 % des patients atteints de méningite bactérienne communautaire [13, 75, 76]. Il provoque une importante diminution du flux sanguin cérébral, facteur possible de lésions ischémiques, ainsi qu'une hypertension intracrânienne pouvant entraîner une compression du tronc cérébral et 93 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant des artères cérébrales postérieures. Pour expliquer sa pathogénie, ont été évoqués un effet cytotoxique de l’infection, une perméabilité accrue des capillaires cérébraux ou une anomalie de résorption du LCR avec une augmentation de la pression hydrostatique [19]. Le diagnostic se fait devant l'aggravation ou la réapparition de trouble de la conscience, de vomissements et devant des signes d'hypertension intracrânienne : bradycardie, hypertension artérielle, disjonction des sutures, œdème papillaire. La conséquence la plus grave de l'œdème cérébral est la compression possible du tronc cérébral. On peut soupçonner un engagement cérébelleux par la constatation d'une raideur très marquée de la nuque et un engagement temporal en présence de deux des signes suivants : mydriase aréactive uni ou bilatérale, perte de la réponse oculomotrice normale en « yeux de poupée », déviation des globes oculaires, respiration de Cheyne-Stokes, attitude de décérébration ou de décortication. - Hydrocéphalie précoce aiguë : conséquence d'une fibrose arachnoïdienne, d’un obstacle à la résorption du LCR ou plus rarement d'une sténose inflammatoire de l'aqueduc, elle donne lieu à des signes d'hypertension intracrânienne. Elle est présente chez environ 10 % des patients atteints de méningite bactérienne communautaire [13, 75, 76]. 94 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Figure 8 : Images scanographiques montrant une hydrocéphalie quadriventriculaire. 95 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant - Collections liquidiennes péri-cérébrales : Elles surviennent chez plus d'un tiers des patients et ne sont généralement pas associées à des anomalies neurologiques permanentes. Elles sont découvertes lors d'imageries cérébrales mettant en évidence l'élargissement de l'espace entre le cerveau et la boîte crânienne [79]. - Signes neurologiques focaux : 10 à 15 % des patients atteints de méningite présentent des infarctus cérébraux [13, 30, 75]. Hémiplégie provoquée par un ramollissement cérébral aseptique par thrombose inflammatoire de l'artère sylviènne ou d'une de ses branches, par thrombophlébite, par collapsus circulatoire systémique. Elle est fréquente en cas de pneumocoque et d'haemophilus influenzae [80]. Déficit du champ visuel, conséquence d'une compression ou d'une thrombose d'une artère cérébrale postérieure. Tétraparésie liée à l'encéphalomalacie kystique. Des signes focaux transitoires peuvent résulter d’une l'inflammation méningée, d'une crise convulsive, d’une hypertension intracrânienne ou d'un engagement temporal. On peut également observer des paralysies des nerfs crâniens qui sont le plus souvent transitoires. - Ventriculites : surtout fréquentes chez le nouveau-né, elles sont caractérisées par la propagation de l'infection à la paroi des ventricules et à la région sous épendymaire. L'épendyme est détruit et une étroite bande de nécrose inflammatoire avec intense prolifération vasculaire et astrocytaire tapisse la paroi du ventricule. Une inflammation des plexus choroïdes est habituelle. La ventriculite est 96 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant responsable de la persistance de l'infection et d'une hydrocéphalie à évolution rapide. C'est habituellement devant l’incapacité de stériliser le LCR qu'elle est suspectée. - Abcès cérébral et empyème sous-dural : complications rares qui donnent lieu à la persistance de la fièvre, un mauvais état général, des troubles de la conscience, des troubles digestifs, des signes d'hypertension intracrânienne et parfois à des signes focaux. 97 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant sous-dural : (A) sans Figure 9 : Images scanographiques montrant in empyème sous produit it de contraste, (B et C) avec injection du produit de contraste. injection du produ 98 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Figure 10 : Echographie transfontanellaire montrant un empyème soussous-dural. - Crises convulsives, état de mal convulsif survenant chez un tiers des patients. Les crises convulsives difficiles à contrôler ou persistantes après le quatrième jour d'hospitalisation et des convulsions survenant pour la première fois chez un patient sont plus souvent associées à la survenue de séquelles neurologiques [72]. 5. Séquelles Séquelles neurologiques après la guérison guérison [8, 81]: 81]: - Surdité [83]: la surdité neurosensorielle uni ou bilatérale est la plus fréquente des séquelles de méningite purulente, survenant dans 10 à 30 % des cas [71, 82]. Elle est habituellement définitive et paraît être liée à une atteinte inflammatoire directe du nerf auditif et de l'oreille interne. Cette complication se constitue tôt dans la maladie et paraît être favorisée par un retard à l'installation du 99 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant traitement. La grande fréquence des anomalies auditives ignorées a fait instaurer la pratique systématique de tests auditifs chez tout enfant ayant eu une méningite purulente par audiogramme et potentiels évoqués auditifs à 1 et 9 mois après la méningite. - Cécité : complication plus rare et moins sévère que la surdité. Le plus souvent, le déficit visuel résulte d’une névrite optique liée à l'inflammation. Il existe parfois un œdème papillaire et des anomalies rétiniennes. Habituellement on assiste à une récupération de l'acuité visuelle, même après plusieurs mois. Plus rare est la cécité corticale qui est généralement transitoire. On réalise des potentiels évoqués visuels. - Ataxie : elle peut s'observer à la reprise de la marche chez le jeune enfant. Elle paraît le plus souvent liée à une labyrinthite. - Hydrocéphalie chronique reconnue devant une augmentation progressive du périmètre crânien, le recours à la chirurgie de drainage peut être nécessaire en cas d'évolutivité importante. - Séquelles neuropsychiques qui consistent en un déficit intellectuel (5 à 10 % des cas), en troubles de l'apprentissage sans atteinte majeure du quotient intellectuel (15 à 20 % des cas), en une épilepsie résiduelle dans 5 % des cas, en un retard global dans 4 % des cas et en troubles du comportement [71, 84, 86]. 6. Facteurs pronostics : Le devenir individuel des patients atteints de méningite purulente est corrélé à de nombreux facteurs, notamment l’âge, le délai et la stabilité clinique avant le début d'un traitement antibiotique efficace, le type des micro-organismes impliqués, 100 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant le nombre de bactéries ou la quantité de produits bactériens actifs dans le LCR au moment du diagnostic, l’intensité de la réponse inflammatoire de l'hôte, et le temps nécessaire pour obtenir des cultures stériles du LCR [85, 87]. Plus la réaction inflammatoire de l'hôte dans l'espace cérébro-méningé est importante, plus le risque de séquelles permanentes est élevé [30]. Le risque de décès ou de séquelles est augmenté si le patient a présenté des crises convulsives, des signes neurologiques focaux, un état de conscience altéré, une hypotension et si le germe en cause est le pneumocoque [39, 84]. 101 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant VIII. VIII. NOTRE TRAVAIL Notre étude a eu lieu au sein du service de pédiatrie du CHU Hassan II de Fès. Notre travail est une étude rétrospective portant sur une période de 2 ans, du 1er janvier 2006 à fin décembre 2007. MATERIEL ET METHODES : Nous avons effectué l’étude à partir de l’exploitation des dossiers des malades. 1. Critères d’inclusion : Sont inclus dans l’étude les enfants de 1 mois à 15 ans hospitalisés au service de pédiatrie au CHU Hassan II durant la période d’étude pour une méningite purulente. Le diagnostic de méningite purulente, évoqué devant une symptomatologie évocatrice et/ou l’aspect trouble ou purulent du LCR, est confirmé par l’existence d’une hyperprotéinorachie avec hypoglycorachie associées à une hypercytose. Nous avons colligé 51 dossiers. 2. Critères d’exclusion : Sont exclus de l’étude : - Les cas douteux ou non confirmés par l’étude du LCR. - Les dossiers inexploitables parce que très incomplets, des données essentielles n’y figurants pas. 3. Recueil des données : Les paramètres pris en compte dans les dossiers sont : - Le sexe, - L’âge en mois, - La date d’hospitalisation, 102 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant - L’origine urbaine ou rurale, le niveau socio-économique haut, moyen ou bas et le développement psychomoteur bon ou mauvais, - Les antécédents personnels et familiaux et la notion de porte d’entrée, - Le délai et le traitement éventuellement pris avant l’hospitalisation - La durée du séjour, - Le mode de début aigu, suraigu ou progressif, - Les signes fonctionnels motivants la consultation, - Les signes cliniques retrouvés à l’examen et les signes de gravité, - La chimie, la cytologie et la bactériologie du LCR, ainsi que la recherche des antigènes solubles, - Les autres examens complémentaires effectués (CRP, VS, hémogramme, ETF, TDM…), - Le traitement administré pendant le séjour, - L’association à une éventuelle corticothérapie, - Les modalités évolutives ainsi que les complication ou séquelles observées. 103 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant IX. IX. RESULTATS : 1. Résultats épidémiologiques : 1.1. Répartition selon la fréquence hos hospitalière pitalière et en fonction de l’année : 2006 2007 1055 937 Méningites 23 26 Fréquence 2,18 % 2,77 % Hospitalisations Tableau X : Fréquence hospitalière en fonction de l’année. l’année. 1.2. Répartition selon la période de l’année : Trimestre Nombre de cas Fréquence (%) Premier Deuxième Troisième Troisième Quatrième 13 11 11 14 26,5 22,4 22,4 28,5 Tableau XI: Répartition selon la période de l’année. 1.3. Répartition selon le sexe : Diagramme n° 1 : Répartition selon le sexe. sexe. 104 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.4. Répartition selon l’âge des patients : Âge Effectif Pourcentage Pourcentage 5 10,2 % 6 – 12 mois 11 22,4 % 1 – 3 ans 13 26,6 % 3 – 6 ans 7 14,2 % 13 26,6 % 1 – 6 mois 6 ans et plus Tableau XII: Répartition selon l’âge. Globalement, l’âge moyen est de 4 ans. 1.5. Répartition selon le terrain : - Selon l’origine : dans notre série 34 enfants (69 %) sont d’origine urbaine et 15 (31%) d’origine rurale, - La majorité des cas (36) avaient un niveau socio-économique bas, 12 avaient un niveau moyen et seulement un enfant était de haut niveau socio-économique, - Presque tous nos patients (46) de nos patients avaient eu un bon développement psychomoteur. 1.6. Répartition selon la porte d’entrée suspectée et les antécédents : Deux de nos patients avaient des antécédents personnels de méningite et 3 avaient une notion de méningite dans la fratrie. On a suspecté une porte d’entrée chez 16 enfants, soit 32,6 % des cas mais cette porte d’entrée n a jamais été confirmée. Ces portes d’entrée sont détaillées dans le tableau suivant : 105 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Porte d’entrée suspectée Nombre Pourcentage Broncho-pneumopathie 3 6,1 % Otite 5 10,2 % Angine 3 6,1 % Rhinopharyngite 5 10,2 % 16 32,6 % Total Tableau XIII III : Répartition selon la porte d’entrée. 2. Résultats cliniques : 2.1. Durée d’évolution avant l’hospitalisation : Le délai de consultation variait dans notre étude de quelques heures à 9 jours avec une moyenne de 2,55 jours. Délai Nourrisson et Grand enfant Population d’hospitalisation petit enfant > 3 ans globale 4 3 7 (14,3 %) 1 à 3 jours 15 15 30 (61,2 %) 4 à 6 jours 6 2 8 (16,3 %) 6 à 9 jours 4 0 4 (8,2 %) Moyenne 3 1,9 2,55 < 24 heures Tableau XIV : Répartition selon le délai d’hospitalisation. 2.2. Mode de début : Mode de début Nombre Pourcentage Aigu Suraigu Progressif 38 4 7 77,5 % 8,2 % 14,3 % Tableau XV : Répartition selon le mode de début. 106 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 2.3. Les ssignes ignes fonctionnels : Dans notre étude les motifs de consultation étaient très variés, nous les avons classés en fonction de l’âge des patients : Chez les nourrissons et les petits enfants de moins de 3 ans les singes fonctionnels les plus fréquents sont la fièvre, les vomissements, les troubles de la conscience et l’irritabilité. Le diagramme suivant résume les différents signes trouvés et leurs pourcentages : Diagramme n° 2 : Signes fonctionnels chez le nourrisson et le le petit enfant de moins moins de 3 ans. 107 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Chez les enfants de plus de 3 ans les signes les plus fréquemment retrouvés sont la fièvre (100%), les vomissements (85 %), les taches cutanées (40 %), les céphalées (40 %). Les autres signes sont disposés sur le diagramme suivant : Diagramme n° 3 : Signes fonctionnels chez l’enfant de plus de 3 ans. 2.4. Les traitements reçus avant l’hospitalisation : 12 de nos patients (24,4 %) avaient reçus un traitement antibiotique avant l’hospitalisation, et 23 ont reçus des antipyrétiques (46,9 %). 108 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 2.5. Les sig signes nes physiques : Les signes constatés à l’examen clinique ont été détaillés en fonction de l’âge Chez les nourrissons et les petits enfants de moins de 3 ans : Diagramme n° 4 : Signes physiques chez le nourrisson et le petit enfant de moins moins de 3 ans. 109 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Chez les enfants de plus de 3 ans : Diagramme n° 5 : Signes physiques chez l’enfant de plus de 3 ans. 110 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 3. Les aspects paracliniques : 3.1. Etude du LCR La ponction lombaire : dans notre étude la PL était réalisée chez tous les patients à l’entrée, et a été refaite 16 fois soit dans 32,7 % des cas. 3.1.a. Aspect macroscopique du LCR : Diagramme n° 6 : Répartition selon l’aspect macroscopique du LCR. 3.1.b. Etude cytologique du LCR : • Répartition en fonction du nombre de globules blancs dans le LCR : Le nombre des GB était compris entre 13 et 100000/mm³ avec une moyenne de 7143. Plus de la moitié de nos patients ont eu un taux de GB supérieure à 1000/ mm³ soit un pourcentage de 57,2 %. GB 0 à 50 51 à 200 (cellules /mm³) Nombre de patients pourcentage 201 à 1001 à 10001 à 1000 10000 30000 >30000 5 6 10 20 6 2 10,2 % 12,2 % 20,4 % 40,8 % 12,2 % 4,2 % Tableau XVI : répartition selon le nombre de globules blancs dans le LCR. 111 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant On note dans une grande majorité des cas une cellularité importante du LCR témoignant du processus infectieux. Par contre, dans notre étude, nous n’avons pas mis en évidence de lien entre le taux de cellules et la mortalité. • Répartition en fonction du type des éléments cellulaires : Dans notre étude le taux de polynucléaires variait entre 52 et 96 % avec une moyenne de 81 %. Il était : - Supérieur à 90 % chez 27 enfants, - Supérieur à 75 % chez 10 enfants, - Et entre 52 et 75 % chez 12 enfants. 3.1.c. Etude biochimique : • La protéinorachie : Elle a été dosée chez seulement 16 enfants, sa valeur se situait entre 0,15 et 3,9 g/l avec une moyenne de 1,54 g/l. Protéinorachie (g/l) Nombre de cas pourcentage < 0,4 0,4 - 0,99 1– 1,99 >2 Total 2 5 3 6 16 12,5 31,3 18,7 37,5 100 % Tableau XVII : répartition selon la protéinorachie. protéinorachie. Dans la majorité des cas 87,5 % le taux des protéines dans le LCR était supérieur à 0,4 g/l. • La glycorachie : Le taux de glucose dans le LCR a été dosé chez tous nos patients, il était compris entre 0,01 et 0,96 g/l avec une moyenne de 0,46 g/l. 112 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Glycorachie (g/l) < 0,3 0,3 – 0,49 0,5 – 0,69 ≥ 0,7 0,7 Total 20 10 10 9 49 40,8 20,4 20,4 18,4 100 % Nombre Pourcentage Tableau XVIII : répartition selon la glycorachie. Le rapport glycorachie/glycémie était compris entre 0,0068 et 0,92 avec une moyenne de 0,43, il était ≤ 0,6 chez 38 de nos patients soit un pourcentage de 77,6 %, autre témoin de l’atteinte méningée bactérienne. Dans notre étude nous avons constaté que tous les patients décédés ont eu une glycorachie inférieure à 0,2 g/l avec une moyenne de 0,11 g/l. • Chlorurachie : Dosée uniquement chez 9 patients, elle était normale avec des valeurs comprises entre 110 et 129 mEq/l et une moyenne de 120 mEq/l. 3.1.d. Etude bactériologique : 3.1.d.1. Examen direct : Il a était pratiqué chez seulement 30 patients soit 61,2 %. • Répartition des germes selon les groupes d’âge : < 3 ans >3 ans Tout âge Absence de germe 7 (43,8 %) 10 (71,5 %) 17 (56,6 %) Bacille Gram négatif 3 (18,8 %) 0 (0 %) 3 (10 %) 1 (6,2 %) 1 (7,1 %) 2 (6,7 %) 5 (31,2 %) 3 (21,4 %) 8 (26,7 %) 16 14 30 Cocci Gram positif Diplocoque Gram négatif Totale Tableau XIX : répartition des germes en fonction de l’âge. l’âge. 113 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Les pourcentages correspondent au pourcentage du germe par rapport au nombre total des patients au sein de la tranche d’âge concernée. Nous avons noté dans notre étude la grande fréquence des examens directs négatifs 56,6 %, ceci ajouté au pourcentage de cas n’ayant pas bénéficié de cet examen montre qu’il a était concluant chez seulement 26,5 % de nos patients. 3.1.d.2. Culture : La culture a était réalisée 13 fois, elle a était stérile après 48 heures chez 10 patients et elle a pu mettre en évidence un haemophilus influenzae b et deux méningocoques. 3.1.d.3. Antigènes solubles : Le dosage des Ag solubles a été fait chez 21 patients, il a été négatif 18 fois, il a montré 2 haemophilus influenzae b, 2 méningocoques du groupe A et un méningocoque du groupe B. 3.1.d.4. Résultats des différentes techniques associées : Germe ED seul en cause Culture Ag ED + ED + Ag Culture ED + seule solubles culture solubles + Ag culture + seuls solubles Total % Ag solubles Négatif 5 1 4 2 3 0 7 22 44,9 MNO 4 0 1 2 2 0 0 9 18,3 Hib 1 0 0 0 1 0 1 3 6,1 PNO 2 0 0 0 0 0 0 2 4,1 Total 12 1 5 4 6 0 8 36 73,4 24,5 2 10,2 8,2 12,2 0 16,3 73,4 % Tableau XX : répartition des germes en fonction de la technique utilisée. utilisée. Les pourcentages correspondent au pourcentage du germe et de la technique utilisée par rapport au nombre total des patients. 114 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Nous avons donc, toutes techniques confondues, pu confirmer 9 méningocoques, 3 haemophilus influenzae et 2 pneumocoques, soit un total de 14 et un pourcentage, par rapport à tous nos patients, de 28,7 % ce qui est faible. Ceci peut être expliqué par : - Les mauvaises conditions de prélèvement et d’acheminement, - La fragilité des germes : notamment le méningocoque, - L’équipement souvent insuffisant au laboratoire, - La technique d’examen surtout quand le personnel n’est pas spécialisé - Enfin le traitement antibiotique avant la PL. 3.2. Les autres examens biologiques : 3.2.a. La CRP sérique : Elle avait été réalisée chez 45 de nos patients (92 %) ce qui souligne son importance dans notre démarche diagnostique. Son taux variait entre 2 et 645,6 avec une moyenne de 105,7.Le tableau suivant résume les résultats de son dosage : < 20 20 à 59 60 à 99 100 à 199 ≥ 200 Total Nombre de cas 9 4 14 14 4 45 Pourcentage (%) 20 8,9 31,1 31,1 8,9 100 % Taux de la CRP (mg/l) Tableau XXI : répartition selon le taux de la CRP. Nous avons noté que 71,1 % de nos patients avaient une CRP qui dépassait 60 mg/l, et que chez 9 patients (20 %) son taux était normal, mais parmi ces derniers 5 enfants (11,1 %) avaient reçu une antibiothérapie préalable. Une CRP de contrôle avait été réalisée, 2 à 4 jours après, chez 24 patients (53,3 %). Nous avons noté que, dans la majorité des cas, son taux avait diminué de 60 à 70 %. 115 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 3.2.b. L’hémoculture : Aucune hémoculture n’avait été réalisée dans notre étude. 3.2.c. La VS : Elle a été demandée chez 7 patients et elle avait été toujours élevée avec des taux allant de 25 à 125 mm à la première heure et de 40 à 145 mm à la deuxième heure. 3.2.d. L’hémogramme : Pratiqué chez tous nos malades, il avait montré une hyperleucocytose chez 36 patients, une leucopénie chez un seul patient et il avait été normal chez 12 patients. 3.3. Les examens radiologiques : 3.3.a. La radiographie pulmonaire : Pratiquée chez 32 enfants, elle a été normale 27 fois, elle avait montré 4 cas de broncho-pneumopathie et un cas de cardiomégalie. 3.3.b. L’échographie transfontanellaire : Réalisée 6 fois, elle avait été normale 2 fois et elle avait montré 2 cas d’hydrocéphalies, un cas d’abcès intraparenchymateux et un cas d’hperéchogénicité des leptoméninges. 3.3.c. La tomodensitométrie : Réalisée chez 30 patients, elle avait été normale 11 fois et pathologique 19 fois, elle avait montré : - 3 cas d’hydrocéphalie, - 3 cas d’atrophie corticale, - 3 cas d’œdème cérébral, - 3 fois un élargissement modéré du système cistérno-ventriculaire, - 2 fois une prise de contraste exagérée des septas sous-arachnoïdiens, 116 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant - Une thrombophlébite cérébrale avec des lésions ischémiques et hémorragiques chez un seul patient, - Un cas d’empyème frontal, - Un cas d’AVC ischémique, - Un cas de spina bifida avec pneumocéphalie des espaces sous-arachnoïdiens, - Et un cas de sinusite maxillaire et frontale. 4. Traitement : 4.1. Traitement antibiotique : 4.1.a. Voie d’administration : Dans notre étude tous les patients avaient reçus une antibiothérapie par voie intraveineuse directe, pour les C3G, l’ampicilline et l’amoxicilline, et la gentamycine. 4.1.b. La durée du traitement antibiotique : Pour les C3G (céftriaxone) la durée du traitement était de 1 jour chez 4 enfants tous décédés à J1 d’hospitalisation ; de 15 jours chez un nourrisson de 2 mois ayant eu un empyème frontal ; de 21 jours chez 2 nourrissons le premier ayant eu des abcès cérébraux et le deuxième ayant eu une PL de contrôle positive après 10 jours de traitement par C3G ; enfin de 10 jour pour 31 patients soit 63,3 %. Pour l’amoxicilline et l’ampicilline la durée était de 10 jours chez tous les patients traités par ces deux antibiotiques. Pour la gentamycine la durée du traitement variait entre 2 et 5 jours chez 13 patients et était de 14 jours chez le nourrisson ayant eu des abcès cérébraux. La ciprofloxacine avait été utilisée une seule fois, chez un nourrisson ayant eu un empyème frontal, sur une durée de un mois. 117 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 4.1.c. Les doses et le nombre de prises des antibiotiques : Dans notre étude nous avons noté que les doses et le nombre de prises des antibiotiques étaient fixes chez tous nos patients : - Céftriaxone : 100 mg/kg/j en une seule prise, - Amoxicilline et ampicilline : 200 mg/Kg/j en quatre prises, - Gentamycine : 5 mg/Kg/j en une seule prise, - Ciprofloxacine : 30 mg/Kg/j à la SAP. 4.1.d. Le type d’antibiotique : Antibiotique Nourrisson et petit Grand enfant 3 – 15 Total enfant ans Ceftriaxone-gentamycine 9 (18,4 %) 3 (6,1 %) 12 (24,5 %) Ampicilline-gentamycine 0 (0 %) 1 (2 %) 1 (2 %) Ceftriaxone seule 18 (36,7 %) 7 (14,3 %) 25 (51 %) Amoxicilline seule 1 (2 %) 5 (10,3 %) 6 (12,3 %) Ampicilline seule 0 (0 %) 4 (8,2 %) 4 (8,2 %) Ceftriaxone-gentamycine- 1 (2 %) 0 (0 %) 1 (2 %) 29 (59,1 %) 20 (40,9 %) 49 (100 %) ciprofloxacine Total Tableau XXII : répartition selon le type d’antibiotique. Les pourcentages correspondent au pourcentage de ce protocole antibiotique par rapport au nombre total de patients. On note que 51 % de nos patients avaient été traités par une C3G seule et que dans 24,5 % nous avions utilisé une association C3G-gentamycine. 118 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 4.2. Les antipyrétiques : Dans notre étude, 43 patients (88 %) avaient reçu un antipyrétique généralement le paracétamol à la dose de 60 mg/Kg/j en 4 prises. Toutes les voies d’administration avaient été utilisées. 4.3. La corticothérapie : Elle a été utilisée chez 11patients sur une durée allant de 2 à 8 jours avec une moyenne de 3,5 jours. Nous avons constaté l’utilisation de l’hémisuccinates d’hydrocortisone à la dose de 5 mg/Kg toutes les six heures chez 7 patients et du dexaméthasone à la dose de 0,15 mg/Kg toutes les six heures chez 4 patients. Par contre aucune donnée concernant la prise de la corticothérapie avant ou après la première dose d’antibiotique n’a pu être précisée. 4.4. Les anticonvulsivants : Dans notre étude nous avons trouvé que 9 patients avaient présenté des convulsions au cours de l’hospitalisation, tous ont reçu une dose de 0,5 mg/Kg de valium en intra-rectal et 8 d’entre eux avaient nécessité un traitement par du phénobarbital (dose de charge et dose d’entretien). 5. Evolution : 5.1. Favorable : Chez 40 de nos patients, soit un pourcentage de 81,6 %, l’évolution était globalement favorable. Le délai d’apyrexie avait varié de quelques heures à 6 jours avec une moyenne de 2,22 jours. Une PL de contrôle avait été demandé chez 16 patients (32,6 %) entre le deuxième et le cinquième jour du traitement antibiotique et avait montré dans la plupart des cas une nette diminution de la cytologie et une réascension de la glycorachie. 119 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 5.2. Décès : Dans notre étude nous avons déploré 4 décès (8,2 %), tous des nourrissons. Les causes de décès étaient identifiées chez 3 patients : un arrêt cardio-respiratoire suite à un état de choc dans 2 cas et un AVC ischémique des territoires des artères cérébrales antérieure et moyenne chez un patient. Les décès sont tous survenus en moins de 24 heures. Nous avons remarqué que la glycorachie chez ces 4 patients était inférieure à 0,16 g/l avec une moyenne de 0,11 g/l alors qu’elle était de 0,43 chez les survivants. Par ailleurs, nous n’avons pas pu trouver de lien entre la mortalité et les autres paramètres étudiés : le délai d’hospitalisation, la pléiocytose, la protéinorachie et le taux des leucocytes sanguins. 5.3. Les complications initiales : Dans notre étude 19 patients (38,8 %) avaient développé des complications initiales : Convulsions : 8 malades (16,3 %), Etat de mal convulsif : chez un malade, Arthrite : 2 patients, Hydrocéphalie aiguë précoce chez un patient Infarctus cérébral chez un patient, Empyème chez un patient, Abcès cérébral chez un patient, Ataxie chez un patient, Strabisme chez un patient, Hématomes épiduraux chez un patient, Déshydratation chez un patient, 120 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 5.4. Séquelles : Nous avons noté des séquelles chez 5 enfants : 2 cas d’hydrocéphalie chronique, 2 cas d’atrophie cérébrale et un cas d’atrophie optique bilatérale avec cécité. Mais ceci n’est pas significatif car on n’a pas eu beaucoup de donnée concernant le suivi des survivants. 121 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant X. DISCUSSION : 1. Résultats épidémiologiques épidémiologiques : 1.1. Incidence hospitalière : Sur 1992 enfants hospitalisés au service de pédiatrie du CHU Hassan II durant notre période d’étude, nous avons recensé 49 cas se méningite purulente, ce qui représente une incidence hospitalière de 2460/100.000 malades hospitalisés, soit 2,46 % des admissions. Cette incidence est relativement faible par rapport à d’autres pathologies infectieuses comme les gastro-entérites aiguës et les pathologies respiratoires ; mais cela représente un poids énorme en égard à la lourdeur de la prise en charge : 12 jours en moyenne d’hospitalisation avec un traitement antibiotique à un coût relativement élevé, en plus du traitement adjuvant. Par ailleurs cette affection est responsable d’une mortalité toujours élevée dans les structures hospitalières malgré le plateau technique disponible, la difficulté étant de faire face à une urgence médicale. 1.2. Répartition selon la période de l’année : La MP sévit au cours de toutes les saisons mais la plus grande fréquence a été observée en automne et en hiver, ceci pourrait s’expliquer par l’augmentation des infections ORL durant ces périodes. 1.3. Répartition selon le sexe : Nous avons noté dans notre étude une répartition égale des cas selon le sexe ce qui est différent des résultats des études dans la littérature où on note une prédominance masculine non expliquée [102, 104, 142, 143]. 122 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.4. Répartition selon l’âge : Toutes les tranches d’âge sont touchées avec une médiane de 2 ans et un mois. Les nourrissons et les petits enfants de moins de 3 ans constituent 59,2 % de l’ensemble des cas de méningites colligés dans notre étude, ce qui est superposable aux études retrouvées dans la littérature, en effet dans une étude faite à l’hôpital Ibn Al Khatib à Fès entre les années 1999 et 2005 [102], les nourrissons de moins de 2 ans constituaient 54 % de l’ensemble des cas de MP. Dans une étude faite à Marrakech entre 1989 et 1997 [103], cette tranche d’âge constituait 53,7 % de l’ensemble des cas de MP. Dans une autre étude faite à Dakar au Sénégal et à Nancy en France entre 1998 et 2003 [104], la proportion des nourrissons et petits enfants était la plus forte avec respectivement 53,9 % et 63,8 % des cas. Il s’agit donc d’une affection fréquente tout particulièrement chez le jeune nourrisson. Cette vulnérabilité pourrait s’expliquer par un fréquent portage rhino-pharyngé des germes incriminés et par une résistance moindre du fait d’une immaturité du système immunitaire. Par exemple, pour l’haemophilus influenzae, chez les enfants de moins de 5 ans le portage rhino-pharyngé est important et l’absence d’anticorps anti-capsulaire est l’élément principal qui influe sur le risque de maladies invasives. Les enfants de plus de 6 ans sont en proportion plus touchés que les enfants de 3 à 6 ans avec 26,6 % des malades (contre 14,2). Dans l’étude faite à Marrakech [103], cette catégorie constituait 43 % de l’ensemble des MP (contre 21 %). Cela est lié à l’impact des épidémies de méningites à méningocoque. 123 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 1.5. Répartition selon le terrain : • Selon l’origine : seulement 31 % de nos patients étaient d’origine rurale. La majorité des 69 % des cas signalés en ville résident dans les quartiers marqués par la pauvreté, la promiscuité et les mauvaises conditions d’hygiène. • Selon le niveau socio-économique : dans notre série 94 % des cas avaient un bas niveau socio-économique. Bien que ce chiffre soit biaisé par le fait que la majorité des patients qui consultent dans notre service soient pauvres, celuici reste particulièrement significatif. • Selon les antécédents : Affections pneumologiques antérieures : 10,3 % chez les moins de 3 ans, 0 % chez les plus de 3 ans. Affections ORL antérieures : 17,2 % chez les moins de 3 ans, 40 % chez les plus de 3 ans. Ces deux affections peuvent donc, représenter des facteurs de risque de développer une méningite bactérienne dans notre contexte. 2. Aspects cliniques : 2.1. Durée d’évolution avant l’hospitalisation : Dans notre série seulement 14,3 % des patients ont consulté le même jour. Un court délai d’hospitalisation (≤3 jours) est constaté chez 61,2 %, ce taux doit être pris avec réserve du fait de la subjectivité de l’interrogatoire, les parents ne connaissant pas souvent le début exact des symptômes. Cependant 24,5 % des enfants viennent après un délai long (4 jours et plus) pour une affection qui est une urgence médicale, ce qui apparaît comme un risque certain d’évolution défavorable, ceci pourrait être expliqué par le bas niveau socio-économique des familles, le 124 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant manque d’éducation sanitaire et l’automédication. A Dakar ce taux était de 33 % et à Nancy, où le recours aux soins est plus aisé, seulement 9 % des patients consultent après un tel délai [104]. 2.2. Mode de début : Dans notre étude 77,5 % des patients avaient eu un début aigu, et seulement 8,2 % avait eu un début suraigu sous forme de troubles hémodynamiques, de purpura ou de troubles de la conscience. Le début progressif a été noté chez sept patients (14,3 %), mais parmi ces derniers, cinq (10,2 %) avais pris une antibiothérapie préalable. Dans notre étude nous n’avons pas mis en évidence de lien entre le mode de début et l’évolution défavorable. Les signes fonctionnels : 2.3. 2.3.a. Chez le nourrisson et le petit enfant moins de 3 ans : Signes fonctionnels Notre étude Idrissi Fès [102] Fièvre 100 % 95 % Vomissements 82,8 % 89 % Diarrhées 37,9 % 36,9 % Troubles de la conscience 41,4 % 46,1 % Cris incessants 17,2 % 12,3 % Convulsion 24,1 % 23 % Tableau XXIII XXIII : Signes fonctionnels chez le nourrisson et le petit enfant < 3 ans. ans. Chez le nourrisson et le petit enfant la fièvre, les vomissements, les diarrhées et les troubles de conscience étaient les signes fonctionnels les plus fréquemment 125 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant rapportés par les parents. On note presque les mêmes pourcentages dans l’étude de Idrissi à Fès [102]. Beaucoup d’autres symptômes avaient été retrouvés chez nos malades ce qui souligne la grande variabilité de la symptomatologie fonctionnelle dans cette tranche d’âge et les difficultés posées aux cliniciens dans la prise de décision dans cette tranche d’âge. 2.3.b. Chez l’enfant de plus de 3 ans : Signes fonctionnels Notre étude Idrissi Fès [102] 100 % 91 % Vomissements 85 % 40 % Céphalées 40 % 85 % Troubles de la conscience 65 % 30 % Toux, dyspnée 20 % 16 % Convulsion 30 % 22 % AEG 30 % - Fièvre Tableau XXIV : Signes fonctionnels chez l’enfant de plus de 3 ans. Dans cette tranche d’âge la fièvre, les vomissements, les troubles de la conscience, les céphalées et les convulsions constitues les principales plaintes fonctionnelles qui ont poussé nos malades à consulter. Chez le grand enfant le tableau clinique est plus typique et la pathologie est plus facile à reconnaitre. 2.4. Le traitement reçu avant l’hospitalisation : L’antibiothérapie préalable est retrouvée chez 24,4 % des cas, ce qui explique le délai de consultation élevé. En effet, le délai moyen de consultation chez les patients ayant eu une antibiothérapie préalable était, dans notre série, de 4,25 jours contre 2 jours chez ceux hospitalisés sans prendre d’antibiotiques. 126 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Une étude a été menée à Oxford pour voir si l’administration parentérale d’antibiotique était bénéfique dans le cas de méningite à méningocoque chez l’enfant [105]. L’administration de pénicilline était associée à une mortalité accrue et à un taux supérieur de complications chez les survivants. Toutefois, les enfants ayant reçu cet antibiotique étaient également ceux qui avaient les formes les plus sévères de la maladie. La prise d’antipyrétique est retrouvée chez 46,9 % des cas vu que la fièvre était le signe fonctionnel retrouvé chez tous nos patients. 2.5. Les signes physiques : 2.5.a. Chez le nourrisson et le petit enfant moins moins de 3 ans : Dans notre série les signes physiques les plus fréquemment trouvés sont représentés sur le tableau suivant : Signe physique Notre étude Idrissi Fès [102] 69 % 95 % Troubles de la conscience 55,1 % 46,1 % Raideur de nuque 34,5% 15,3 % 31 % 29,3 % Purpura 20,7 % 9,23 % Polypnée 44,8 % - Plafonnement du regard 20,7 % - Fièvre Hypotonie Tableau XXV : Signes physiques chez le nourrisson et le petit enfant < 3 ans. La fièvre était le signe physique le plus fréquent, elle avait été objectivée chez seulement 69 % des patients, vue la prise d’antipyrétiques avant la consultation, suivie des troubles de la conscience retrouvés chez 55,1 % des patients. Aussi, 34,5 % des patients avaient présentés une raideur de nuque, 31 % une hypotonie et 127 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 20,7 % un purpura. Les pourcentages retrouvés dans notre étude se rapprochent de ceux trouvés dans l’étude Idrissi [102]. 2.5.b. Chez l’enfant de plus de 3 ans : Dans notre étude les signes physiques les plus fréquemment trouvés sont représentés sur le tableau suivant : Signe physique Notre étude Kammoun Sfax Idrissi Fès [143] [102] Fièvre 85 % 96,9 % 91 % Raideur de nuque 80 % 84,4 % 81.8 % Troubles de la conscience 80 % 21,2 % 29 % Photophobie 45 % 18,8 % 26,3 % Signe de Kernig 40 % 61,6 % Signe de Brudzinski 35 % 69,6 % Purpura 40 % 6,1 % 25,4 % 7,3 % Tableau XXVI : Signes physiques chez l’enfant de plus de 3 ans. Dans notre série la fièvre et les signes méningés représentent la symptomatologie classique. En comparant avec les données de Kammoun et de Idrissi on trouve presque les mêmes chiffres sauf pour les troubles de la conscience et le purpura où on note un taux plus élevé chez nous. Cependant, ces études étant rétrospectives, les critères définissant les différents items ne sont peut être pas les mêmes, notamment en ce qui concerne les troubles de la conscience. 128 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 3. Les aspects paracliniques : 3.1. Etude du LCR : 3.1.a. Aspect macroscopique : Aspect Notre étude Idrissi Fès Elboudhiri macroscopique Marrakech Trouble 49 % 75 % 62,9 % Purulent 2,4 % 5,8 % 21,3 % 20,4 % 16,7 % 9,3 % 8,2 % 2,5 % 6,5 % Clair Hématique Tableau XXVII : Aspect macroscopique du LCR. L’aspect trouble est le plus fréquent suivi de l’aspect purulent et de l’aspect clair. Ce dernier est probablement lié à l’usage d’une antibiothérapie inadéquate avant l’admission ou pour une faible partie à une MP vue tôt, ce qui pose un problème de diagnostic différentiel avec les méningites virales. 3.1.b. Etude cytologique du LCR : Nombre de Notre Idrissi Fès Elboudhiri Lhost Lhost cellules par étude [102] Marrakech Dakar Nancy [103] [104] [104] mm3 0 à 50 10,2 % 5,9 % 0,4 % 2,3 % 18,2 % 51 à 200 12,2 % 35 % 4,7 % 11,5 % 12,1 % 201 à 1000 20,4 % 10 % 20 % 24,6 % 27,3 % >1000 57,2 % 49,1 % 74,9 % 61,5 % 42,4 % Tableau XXVIII : Nombre de globules blancs dans le le LCR. Dans notre série 89,8 % des patients ont un taux de cellules dans le LCR supérieur à 50/mm3. Il est classique de trouver en cas de méningite purulente une cytologie très évocatrice. Par contre, dans notre étude, nous n’avons pas mis en 129 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant évidence de lien entre le taux de cellules et la mortalité et les complications chez les survivants. Le taux de polynucléaires était supérieur à 75 % chez 75,5 % de nos patients. 3.1.c. Etude biochimique : 3.1.c.1. La protéinorachie : Dans prés de 56 % des cas on note une hyperalbuminorachie franche (supérieur à 1 g/l).dans les autres études on note presque les mêmes résultats : 53 % dans l’étude de Idrissi, 56 % dans l’étude Elboudhiri et 91 % des cas sénégalais et 76 % des cas nancéens dans la série de Lhost. 3.1.c.2. La glycorachie : Une hypoglycorachie franche (inférieure à 0,5 g/l) a été notée chez 61,2 % des patients. Le rapport glycorachie/glycémie était ≤ 0,6 chez 77,6 % des cas, autre témoin de l’atteinte méningée bactérienne. Dans notre étude nous avons constaté que tous les patients décédés ont eu une glycorachie inférieure à 0,2 g/l avec une moyenne de 0,11 g/l. 3.1.c.3. La chlorurachie : Elle a été dosée chez seulement 9 patients, elle est revenue normale chez tous. 3.1.d. Etude bactériologique : Dans notre étude nous avons pu identifier le germe dans seulement 28,7 % des cas, nous avons pu isoler 9 méningocoques, 3 haemophilus influenzae et 2 pneumocoques. 130 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Ceci peut être expliqué par : - Les mauvaises conditions de prélèvement et d’acheminement, - La fragilité des germes : notamment le méningocoque, - L’équipement souvent insuffisant au laboratoire, - La technique d’examen surtout quand le personnel n’est pas spécialisé, - Enfin le traitement antibiotique avant la PL. • Méningocoque : il occupe le premier rang avec 18,3 % des cas. Il est retrouvé essentiellement chez l’enfant d’âge préscolaire et scolaire. • Haemophilus influenzae : est le deuxième plus fréquent avec 6,1 % des cas. Il est retrouvé chez les nourrissons entre 6 et 12 mois. Dans les pays où vaccination contre hib est généralisée, la distribution selon l’âge a été modifiée, en France en 2001 par exemple, l’haemophilus représentait 2 % des germes impliqués chez l’enfant [106]. • Pneumocoque : il occupe le 3éme rang (4,1 %) dans notre série. Il est présent essentiellement chez le nourrisson et le petit enfant moins de 4 ans. Le pneumocoque est habituellement le deuxième germe le plus fréquent en Afrique dans les méningites purulentes de l’enfant en dehors des épidémies méningocoque. Dans les pays situés hors de la ceinture méningitique à et où la vaccination anti-haemophilus b est largement répandue, le pneumocoque est la première cause de méningite purulente chez l’enfant. La colonisation par au moins un sérotype de pneumocoque dépasse 50 % chez les enfants africains de 6 mois à 2 ans [6]. Le vaccin anti-pneumococcique vise à réduire cette incidence chez les nourrissons et les petits enfants particulièrement vulnérables. La mise en place du vaccin semble capitale du fait de la mortalité importante engendrée par le pneumocoque. 131 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 3.2. La CRP : Elle a été réalisée chez 92 % des patients, son taux était supérieur à 60mg/l chez 71,1 % de nos patients. Chez 9 patients (20 %) son taux était normal, mais parmi ces derniers 5 enfant (11,1 %) avaient reçu une antibiothérapie préalable. 4. Les aspects thérapeutiques : 4.1. L’antibiothérapie L’antibiothérapie : • Chez le nourrisson et le petit enfant (1 mois – 3 ans), on note préférentiellement l’utilisation des C3G seules (62 %), puis moins souvent l’association C3G + aminoside (31 %), puis la pénicilline A qui a été utilisée une seule fois chez un nourrisson de 16 mois ayant eu à l’examen direct un diplocoque Gram négatif. Le recours aux C3G en première intention est une pratique fréquente en Europe et en Amérique, conformément aux recommandations des sociétés savantes en maladies infectieuses. Cependant, dans les pays sous-développés, leur utilisation se heurte au problème du coût du traitement. • Chez les grands enfants (3 – 15 ans), quatre protocoles thérapeutiques ont été signalés. Viens au premier rang la pénicilline A seule (45 %), suivie par les C3G seules (35 %), puis l’association C3G + aminoside (15 %), ensuite l’association pénicilline A + aminoside (5 %). Akpede [27] a montré qu’au Nigeria, il n’y avait pas de différence notable dans l’évolution des méningites purulentes selon que l’on utilise Ampicilline seule, Ampicilline + Chloramphénicol ou les Céphalosporines de 3éme génération. Il conclut qu’il n’y a aucune urgence à recourir d’emblée aux C3G comme traitement de première intention. De même, Duke [77] recommande l’utilisation dans les pays en voie de développement d’une C3G en première intention puis un changement par le 132 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Chloramphénicol dans un deuxième temps, si le germe est sensible à ce dernier. Ceci permet de réduire le coût des traitements et évite une surmortalité attribuable aux haemophilus résistants au Chloramphénicol. Ce n’est pas le cas au Maroc, où d’après la conférence de consensus, il est recommandé de débuté l’antibiothérapie, dans cette tranche d’âge, par l’amoxicilline en l’absence de signes de gravité, dans le cas contraire il est recommandé de traiter par les phénicolés en l’absence des facteurs de risque d’un pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline (PSDP), et par les C3G dans le cas contraire. • Les doses administrées sont conformes à la conférence de consensus de 1996. 4.2. Sensibilité aux antibiotiques des différents germes : Malheureusement, dans notre étude, seuls deux antibiogrammes avaient été réalisés, ce qui nous ne permet pas de tirer des conclusions concernant la sensibilité des germes aux antibiotiques. Dans la littérature, l’actualité des méningites à pneumocoque est dominée par l’apparition, partout dans le monde, de PSDP. Cette augmentation pourrait avoir des conséquences dramatiques et doit pousser à conduire avec rigueur le traitement d’un nourrisson suspect de méningite purulente. Cette capacité de résistance du pneumocoque a été acquise par échange de matériel génétique avec un entérocoque. Au Sénégal, la sensibilité du pneumocoque à la pénicilline est de 88 % [26]. Au Qatar, elle est de 60 % avec 12 % de germes résistants à la céftriaxone [107]. Au Brésil, la sensibilité du pneumocoque à la pénicilline est de 85 %. A Sfax, Tunisie 27 % des pneumocoques ont une sensibilité diminuée à la pénicilline. 133 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Devant une méningite à pneumocoque, il est recommandé de traiter par les C3G, craignant un PSDP ou en attendant un antibiogramme. Certains auteurs proposent même, dans les zones à forte prévalence de PSDP d’associer d’emblée la vancomycine ou la rifampicine et d’obtenir la CMI du germe vis-à-vis de l’antibiotique utilisé en vue d’un éventuel changement (par l’imipèneme notamment). 4.3. La corticothérapie : Dans notre étude, nous n’avons que peu de cas traités par corticothérapie. Onze enfants ont été traités par corticoïdes. Il faut noter que cette corticothérapie a été administrée de façon concomitante au traitement antibiotique mais pas forcément avant la première dose d’antibiotique comme recommandé par les conférences de consensus. Nous n’avons pas pu trouver de lien entre la corticothérapie et la mortalité ou les séquelles chez les survivants. Si l’administration d’une corticothérapie brève et précoce est utile dans les méningites à haemophilus, son utilisation dans la méningite à pneumocoque est plus discutée. Le but est de réduire les séquelles auditives et neurologiques [15, 108]. Une étude récente menée par Ozen et coll. à propos des méningites à pneumocoque montre qu’à long terme les enfants ayant un QI < 85 étaient statistiquement moins nombreux dans le groupe ayant reçu de la dexaméthasone. De plus, les enfants ayant reçu des corticoïdes ont eu des meilleures performances académiques [55]. De même, une étude australienne récente montre que l’administration précoce de dexamethasone protège contre le décès et la morbidité sévère en cas de pneumocoque [109]. Par contre, en cas de méningite à méningocoque, la dexaméthasone ne réduit pas les séquelles et ne doit pas être utilisée [110, 111]. 134 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 4.4. Prophylaxie : Seule la vaccination est réellement efficace pour prévenir les méningites bactériennes de l’enfant. La chimioprophylaxie requiert une vigilance constante des personnels de santé et une capacité d’action rapide au moment approprié nécessitant des structures sanitaires satisfaisantes pour leur mise en place. Une étude réalisée au kénya après l’introduction d’un vaccin contre haemophilus influenzae montre que le taux d’immunisation des enfants diminue avec la distance entre le domicile et le centre de vaccination, en saison des pluies et lorsque la taille de la famille augmente [122]. Cette étude met bien en évidence les difficultés de la mise en place d’une politique vaccinale, même en omettant le problème principal qui reste le coût d’une vaccination massive. Les études concernant le coût de la vaccination sont très souvent en faveur de celle-ci car elles permettent une réduction du coût engendré par la pathologie en elle-même [123]. Ainsi une étude tunisienne réalisée en 2005 a permis de convaincre le gouvernement d’introduire la vaccination [124]. De même au Vietnam une étude réalisée en 2006 montre que l’introduction d’une vaccination contre haemophilus influenzae réduirait considérablement les coûts de santé causés par ce germe [124]. Une étude canadienne réalisée en 2005 montre qu’il persiste une mortalité non négligeable par méningite à haemophilus influenzae malgré une vaccination introduite en 1992. Les cas observés correspondent à des enfants trop jeunes pour avoir reçu la totalité des injections vaccinales. Par contre, la protection vaccinale se poursuit jusqu'à l’adolescence et n’apparaît pas être diminué par la coadministration des vaccins infantiles plus récents [126]. En France en 2001, la vaccination par le Prévenar® aurait été susceptible de prévenir 84 % des cas de méningite à pneumocoque en France [106] et 76 % des cas en Angleterre en 1999 [128]. En 135 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Europe, la prévalence des infections invasives à pneumocoque varie de 14 à 90 cas pour 100.000 enfants de moins de 2 ans, un taux qui devrait également diminuer grâce à l’utilisation du vaccin anti-pneumococcique [128, 129]. De même, en France en 2001, le vaccin méningicoccique conjugué aurait été susceptible de prévenir environ 1/3 des méningites à méningocoque [106]. Malgré l’introduction de vaccins efficaces, il faut rester très vigilant sur l’observance et instaurer une surveillance de l’évolution des germes incriminés dans les méningites bactériennes de l’enfant. En effet, il est capital de dépister les changements de sensibilité des germes et les éventuelles modifications des sérotypes incriminés pour effectuer d’éventuelles modifications des vaccins proposés [130]. Une étude brésilienne met bien en évidence ce phénomène avec l’apparition de nouveaux sérotypes d’haemophilus depuis l’introduction d’une politique vaccinale massive en 1999 [131]. De même au Burkina Faso, après vaccination de la population par le vaccin anti-méningococcique A/C, on a observé un portage important du sérotype W135 ce qui a montré la nécessité d’introduire un nouveau vaccin contenant également ce sérotype [132]. De plus l’efficacité d’un vaccin peut diminuer avec le temps, comme c’est le cas pour le vaccin antiméningocoque. En effet, 40 à 50 % des enfants et des nourrissons vaccinés contre le méningocoque C au Canada sont protégés 2 à 3 ans après l’immunisation [133]. En France en 2002, le Prévenar® couvrait 68 % des souches de pneumocoques associées aux septicémies et 61 % des souches associées aux méningites chez les enfants de moins de 2 ans [134]. En Afrique, la vaccination de masse contre le méningocoque n’est pas conseillée car trop onéreuse. Par contre il convient d’effectuer une surveillance 136 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant rigoureuse pour lancer une riposte rapide en cas d’épidémie. Cette stratégie correctement appliquée permet d’éviter 68 % des cas de méningite [135]. L’organisation mondiale de la santé recommande la vaccination au niveau de la ceinture africaine lorsque l’incidence hebdomadaire dépasse 15 pour 100.000 pendant deux semaines consécutives [136]. 5. Les aspects évolutifs : 5.1. Evolution globale : 5.1.a. Evolution favorable : Dans notre étude. Le taux de guérison sans séquelles est de 81,6 % avec un délai d’apyrexie variait de quelques heures à 6 jours avec une moyenne de 2,22 jours. 5.1.b. Complications initiales : Elles sont notées dans 38,8 % des cas. Elles sont dominées par les convulsions (16,3 %) et les complications infectieuses (empyème, abcès cérébral, arthrite…). 5.1.c. Séquelles : Le taux de séquelles dans notre série est de 10,2 %. - Une hydrocéphalie chronique est présente chez deux enfants (6,1 %), - Une atrophie cérébrale chez deux enfants (4,1 %), - Une cécité est rencontrée chez un enfant (2 %). Mais ces données sont biaisées par le fait que, malheureusement, la plupart de nos malades sont perdus de vu après la sortie de l’hôpital, ce qui rend impossible le dépistage au long cours du retard psychomoteur et des atteintes auditives. Une étude au Ghana concernant les méningites à méningocoque montre 6 % de pertes auditives, et une tendance accrue à l’asthénie ainsi qu’à l’insomnie au long cours. Globalement, la méningite à méningocoque est responsable chaque année de 137 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 100.000 cas de surdité par an en Afrique sub-saharienne [117]. Une étude néerlandaise a mis en évidence les facteurs de risque de développer une surdité séquellaire chez les patients atteints de méningite à autres germes que haemophilus : délai d’hospitalisation supérieur à 2 jours, absence de pétéchies, glycorachie inférieure à 0,6 mmol/l, présence d’un pneumocoque et ataxie [113]. 5.1.d. Létalité : Dans notre étude nous avons déploré 4 décès (8,2 %), tous des nourrissons. Les décès sont tous survenus en moins de 24 heures. Nous avons remarqué que la glycorachie chez ces 4 patients était inférieure à 0,16 g/l avec une moyenne de 0,11 g/l alors qu’elle était de 0,43 chez les survivants. La mortalité dans une étude réalisée à Cuba était de 10,5 % [114], de 8,7 % au Tchad [115], de 10,3 % en Egypte [116], de 31 % en Inde [117], de 41 % au Malawi [59] et de 28 % au Qatar [107]. 5.1.e. Globalement : Une étude menée à Khartoum au Soudan à propos des méningites bactériennes de l’enfant met en évidence une mortalité de 19 %, avec 33 % de séquelles neuropsychiques et 22 % de perte d’audition [118]. Une étude similaire au Vanuatu montre une mortalité de 16 % et 35 % de séquelle neuro-auditives parmi les survivants dont 39 % resteront handicapés [119]. En Angleterre, 15,6 % des enfants avaient des séquelles importantes avec un recul de 5 ans [120]. La méta-analyse de Barraff [71] reprend 45 études soit 4920 enfants à partir des publications de 1955 à 1993. Il a établi le pronostic de la méningite bactérienne chez l’enfant en fonction du protocole de l’étude et de la population du pays étudié : 138 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Cohortes prospectives de pays Cohorte non prospective ou développés cohorte de pays en voie de développement Moyenne IC à 95 % Moyenne IC à 95% Mortalité 4,5 3,1 – 6,3 9,1 6 – 13 Retard mental total 4,2 3 – 5,6 4,8 3,3 – 6,8 2 0,4 – 4,6 5 1,5 – 10,5 Spasticité / parésie 3,5 2,2 – 2,5 3,5 2,2 - 5,2 Convulsions 4,2 2,1 – 7 5 3,6 - 6,8 Surdité totale 10,5 8,6 – 12,7 11,1 9 – 13,4 5,1 3,6 – 6,9 3,3 2,3 – 4,4 83,6 78,9 – 87,5 73,5 68,3 – 78,2 Profond Profonde Normal Tableau XXIX : Pronostic des méningites bactériennes selon la métaméta-analyse de Barraff [71]. 5.2. Facteurs pronostiques : A la lumière de l’étude réalisée, nous pouvons retenir comme facteurs de mauvais pronostics les éléments suivants : un âgé inférieur à 2 ans, un délai d’hospitalisation supérieur à 4 jours, un niveau socio-économique bas et une hypoglycorachie inférieure à 0,2 g/l. Dans une étude égyptienne, les facteurs prédictifs de décès ou d’épilepsie mis en évidence sont « un score WHO » pour les méningites élevé (supérieur ou égal à 9), une hypoglycorachie (< 1g/l), la présence de fumeurs dans la famille, des crises comitiales généralisées, la tranche d’âge des moins de 1 an et les mères qui exercent un travail [116]. De même, une étude turque à montrer qu’une CRP élevée et la présence d’une altération de la conscience étaient des facteurs de mauvais pronostic [121]. Le risque de décès ou de séquelles est donc augmenté si le patient a présenté des crises convulsives, des signes neurologiques focaux, un état de conscience altéré, une hypotension et si le germe en cause est le pneumocoque [39,84]. 139 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Conclusion Les méningites purulentes de l’enfant restent à ce jour un problème préoccupant partout dans le monde, et tout particulièrement dans les pays en voie de développement où plusieurs facteurs contribuent à une surmortalité notable. Notre étude rétrospective de 49 cas de méningite purulente chez l’enfant de 1 mois à 15 ans colligés au service de pédiatrie au CHU Hassan II de Fès, au cours de la période s’étendant du 1er Janvier 2006 au 31 Décembre 2007, nous a permis de dégager les conclusions suivantes : Sur le plan épidémiologique, La MP sévit au cours de toute l’année, avec une recrudescence en automne et en hiver. Sur le plan clinique, le mode de début aigu était le prédominant (77,5 %), les vomissements (83,7 %), la fièvre (75,5 %), les troubles de la conscience (65,3 %) et la raideur de la nuque (53,1 %) ont été les signes cliniques les plus fréquents. Sur le plan bactériologique, le germe le plus fréquent était le méningocoque (18,3 % des patients), suivi de l’haemophilus influenzae (6,1 %) et le pneumocoque (4,1 %). La monothérapie aux céphalosporines de troisième génération était la plus utilisée (51 %), suivi de l’association C3G-aminoside (24,5 %). Sur le plan évolutif, la guérison sans séquelles a été retrouvée chez 81,6 % des cas, les séquelles ont été notées dans 10,2 % et le décès dans 8,2 %. Deux avancées importantes concernant les méningites purulentes ont été réalisées dans la dernière décennie : une meilleure compréhension des mécanismes 140 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant de la maladie et l’élimination des méningites à haemophilus influenzae grâce aux programmes de vaccination universelle vis-à-vis de ce germe. Cependant, l’émergence de germes multi-résistants est préoccupante avec notamment l’apparition de pneumocoques résistants à la vancomycine [184] nécessitant l’utilisation de nouveaux antibiotiques. De nouveaux antimicrobiens sont en cours d’étude clinique tels que les fluoroquinolones (gatifloxacine, moxifloxacine, garenoxacine) [185]. La trovofloxacine, qui n’est plus commercialisée dans de nombreux pays, avait des effets similaires à la ceftriaxone chez les enfants atteints de méningite, y compris ceux infectés par des pneumocoques résistants à la pénicilline [137]. Au Maroc, un des espoirs en termes de santé, est la généralisation de la vaccination anti pneumococcique pour espérer une diminution globale des cas de méningite et des résistances à ce germe. Le renforcement de la vaccination anti haemophilus permettra probablement la réduction de l’incidence des méningites surtout chez le nourrisson. En effet seule une couverture vaccinale correcte est en mesure de faire diminuer en fréquence ces infections redoutables. De nombreuses études ont été réalisées concernant le coût de la vaccination, elles sont quasiment toujours en faveur de celle-ci car la vaccination prévient de nombreuses hospitalisations qui ont un coût indirect important. Un effort universel doit être fourni pour fabriquer et administrer des vaccins efficaces pour les enfants surtout dans les pays en voie de développement. La qualité de la formation du personnel médical et paramédical est elle aussi capitale pour une prise en charge optimale [138] malgré des moyens parfois limités. Le développement de plateaux techniques adaptés, l’amélioration globale des conditions sanitaires et l’instauration d’un 141 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant réseau national de surveillance bactériologiques des germes responsables des méningites doivent rester une priorité dans notre pays. Le suivi des enfants ayant présenté une méningite purulente doit être long afin de dépister au mieux les séquelles éventuelles et de proposer une prise en charge adaptée. 142 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Résumé La méningite purulente, urgence thérapeutique majeure touchant avec prédilection les enfants, représente un problème de santé publique dans notre pays par ses fortes mortalité et morbidité. L’étude rétrospective de 49 cas de méningite purulente chez l’enfant de 1 mois à 15 ans colligés au service de pédiatrie au CHU Hassan II de Fès, au cours de la période s’étendant du 1er Janvier 2006 au 31 Décembre 2007, montre que : La MP sévit au cours de toute l’année, avec une recrudescence en automne et en hiver, Les nourrissons et les petits enfants de moins de 3 ans sont les plus atteints (59,2 %), Un court délai d’hospitalisation (moins de 3 jours) était le plus fréquent (61,2 %), Le mode de début aigu était le prédominant (77,5 %), Les vomissements (83,7 %), la fièvre (75,5 %), les troubles de la conscience (65,3 %) et la raideur de la nuque (53,1 %) ont été les signes cliniques les plus fréquents dans notre série, La ponction lombaire reste l’examen fondamental pour confirmer le diagnostic, L’aspect trouble du liquide céphalo-rachidien était le plus fréquent (49 %), Le germe fréquemment isolé est le méningocoque (18,3% des patients), suivi de l’haemophilus influenzae (6,1%) et le pneumocoque (4,1%), La monothérapie aux céphalosporines de troisième génération est la plus utilisée (51 %), suivi de l’association C3G-aminoside (24,5 %), 143 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant La guérison sans séquelles a été retrouvée dans 81,6 % des cas, Les séquelles ont été notées dans 10,2 % et le décès dans 8,2 %. A la lumière de cette étude, il se dégage que : Les facteurs de mauvais pronostic sont essentiellement le jeune âge, le retard de prise en charge, le niveau socio-économique bas et l’hypoglycorachie inférieure à 0,2 g/l, L’intérêt de la prévention qui consiste en le renforcement de la vaccination contre l’haemophilus influenzae, l’introduction de la vaccination anti-pneumococcique dans le programme national d’immunisation et le développement d’un réseau national de surveillance bactériologiques des germes responsables des méningites. 144 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Summary The purulent meningitis, the major therapeutic emergency getting with preference the children, represents a problem of public health in our country by its strong mortality and morbidity. The retrospective study of 49 cases of purulent meningitis at the child from 1 month to 15 years brought together in the service of paediatrics in University hospital Hassan II of Fès, during period extending from January 1st, 2006 till December 31st, 2007, shows that: The purulent meningitis rages during all year, with an recrudescence in autumn and in winter, The infants and the children of less than 3 years are the most reached (59,2 %), A short delay of hospitalization (less than 3 days) was the most frequent (61,2 %), The mode of the acute beginning was the dominant (77,5 %), The vomiting (83,7 %), the fever (75,5 %), the disorders of consciousness (65,3 %) and the stiff neck (53,1 %) were the most frequent clinical evidence in our series, The lumbar puncture remains the fundamental examination to confirm the diagnosis, The shady aspect of the cerebrospinal fluid was the most frequent (49 %), 145 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant The germ frequently isolated is the meningococcus (18,3 % of patients), followed by the haemophilus influenzae (6,1 %) and pneumococcus (4,1 %), The monotherapy in cephalosporins of the third generation is the most used (51 %), followed by the association C3G-aminoside (24,5 %), The cure without sequelas was found in 81,6 % of the cases, The sequelas were noted in 10,2 % and the death in 8,2 %. In the light of this study, it gets free that: The bad prognosis factors are essentially the young age, the delay of management, the low socioeconomic level and the hypoglycorrhachia lower than 0,2 g/l, The interest of the prevention which consists of the intensification of the vaccination against the haemophilus influenzae, the introduction of the antipneumococcic vaccination in the national program of immunization and the development of a national network of bacteriological surveillance of germs responsible for meningitis. 146 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant ـــــــــ ا"ب ا ا ،اي ال ،#$% 5 67ا% , -د23 3ا 1ر ع .ل ا,-ت واا) ا' ( '&. ا.را :ا:1د وأر (49) (%إ"ب ا ا ' .ال ااو أره "A (% Bوا .و 7 $ا @ 5%ال %آ> اD7:1 ا ا( ا% 3Gس $ل اة ااو (%اول ( '/آ-3ن ا 2006 3GإJ ( 31د'/آ-3ن اول ( 2007أن: • إ"ب ا ا '- 7ل ا' Oأ$ %-ل 5,ا MNوا7ء. • ا) Oوا RTأQ ( RSث -':ات ه Bاآ Gإ.(%59.2) %U • ا" ا D7:1ا 5ة )أ QQ ( RSأم( آ W3ه اآ-A G .% 61.2 '% • آ ا.ا -6ن دة ,أ @Xان .% 77.5 '% • ا (%83.7) Yوا (%77.5) Jوا)Tا%ت ا (%65.3) -و اS ) (%53.1آ W3ه ااض ا اآ .' 2 Gا1ت ا.رو.: • [آ .ا . #N7أ J ::ا>ل ا .'T • ا' 2ا@ RDا' Nا X.ه -اآ. %49 '% -A G • RGا-6رات ا Dا6وب اآ"1 Gب ا ا )( %18.3 -ع ا) .% - (Jا'> ) BQ (%6.1ا-6رات ا.(%4.1) -D • ا أد ا.واء -:-%ر'ت ا Rا \Gه اآ Gا(%51) 1: -:-: (% ^>% -ر'ت ا Rا \Gوا-6آ-ز .ا' ).(%24.5 • ا7ء .%ون , _- R%أ @Xا1ت ).(%81.6 • ا ( %10.2 .' 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Les méningites purulentes communautaires. communautaires. 166 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 167 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 168 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 169 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 170 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 171 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 172 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 173 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Annexe n° 3 : Guidelines Nord Américaine pour la prise en charge des méningites bactériennes, 2004. Management algorithm for infants and children with suspected bacterial meningitis. 174 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Recommendations for empirical antimicrobial therapy for purulent meningitis based on patient age and specific predisposing condition. 175 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Recommendations for specific antimicrobial therapy in bacterial meningitis based on isolated pathogen and susceptibility testing. 176 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Recommended dosages of antimicrobial therapy in patients with bacterial meningitis : Duration of antimicrobial therapy for bacterial meningitis based on isolated pathogen : a : Duration in the neonate in 2 weeks beyoned the first sterile CSF culture or ≥ 3 weeks, whichever is longer. 177 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant Annexe n° 4 : Chimioprophylaxie des méningites selon la Circulaire ministérielle DELM/36 du 25 février 2003. 178 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 179 Les méningites purulentes du nourrisson et de l’enfant 180