qui témoigne du dysfonctionnement prothétique et surtout grâce à la ponction–arthrographie avec examen bactériologique du liquide
articulaire qui permet le plus souvent à la fois de prouver le descellement, l’infection, et d’identifier le germe en cause.
4.3. L’infection (aiguë) « hématogène »
L’infection (aiguë) « hématogène » caractérise l’infection aiguë de la prothèse lors d’une bactériémie ou d’une septicémie. Le germe en
cause est souvent un S. aureus, un streptocoque β-hémolytique ou une entérobactérie. Le diagnostic d’infection de la prothèse est
parfois méconnu car le patient est souvent pris en charge en milieu médical dans un contexte septicémique parfois préoccupant mais où
l’on néglige une douleur parfois modérée de la prothèse. L’antibiothérapie efficace pour traiter une pyélonéphrite ou une pneumopathie
bactérienne sera insuffisante pour éradiquer une infection de la prothèse qui nécessiterait comme nous le reverrons une excision
chirurgicale des tissus infectés et une reprise de la prothèse en urgence suivie d’une longue antibiothérapie adaptée. Il existe une porte
d’entrée qui doit être recherchée activement et faire l’objet de prélèvements bactériologiques : cutané, urinaire, digestive, dentaire ou
pulmonaire. Le diagnostic d’une infection de prothèse au cours d’une septicémie repose sur la ponction articulaire qui doit être
systématique en cas de douleur de la prothèse.
4.4. Infection méconnue
La quatrième forme clinique correspond à la mise en évidence d’une bactérie dans plusieurs prélèvements peropératoires effectués
systématiquement lors d’un changement de prothèse dont le descellement avait été considéré comme mécanique et non septique. Les
prélèvements bactériologiques peropératoires devraient être systématiques lors de tout remplacement prothétique même si l’on pense
que le descellement n’est pas septique. Cette forme clinique souvent méconnue représente 11 % de la série de Tsukayama [3] ; elle
correspond à la pratique de notre groupe. Cinq prélèvements doivent être réalisés sur des sites différents lors du remplacement de toute
prothèse, que l’on considérera comme « étant infectée » si au moins deux d’entre eux sont positifs au même germe. Cette forme clinique
rend sans doute compte des interventions itératives de prothèses qui se descellent précocement et fréquemment sans infection évidente.
5. Diagnostic de l’infection de prothèse
S’il est souvent évident qu’une prothèse est infectée en cas de fièvre, de syndrome inflammatoire, de douleur majeure et de fistule, il est
parfois des cas où aucun des paramètres classiques de l’infection n’est positif. Le cas extrême étant celui d’une prothèse descellée dont
on ne s’aperçoit qu’elle est infectée qu’en peropératoire grâce aux prélèvements systématiques. Pour l’instant le « gold standard » reste
la réalisation des multiples prélèvements peropératoires. Et encore faut-il savoir dans certains cas critiquer un prélèvement positif en
dehors de tout autre signe d’infection et qualifier le germe isolé de « contaminant ».
5.1. Examens biologiques
L’interprétation d’une augmentation de la vitesse de sédimentation n’est pas univoque dans la période postopératoire immédiate. La C-
réactive protéine serait plus sensible mais elle est également élevée en postopératoire et met plusieurs semaines à se normaliser. La
polynucléose est souvent absente, surtout dans les cas d’infection chronique.
5.2. Examens bactériologiques
La ponction articulaire de la prothèse sous asepsie stricte et sous amplificateur de brillance permet d’analyser le liquide articulaire : des
chiffres de leucocytes supérieurs à 1700/mm3 ou un taux de neutrophiles supérieur à 65 % auraient respectivement une sensibilité
diagnostique d’infection de 94 et de 97 % et une spécificité de 88 et de 98 %. Mais cela n’est valable qu’en l’absence de maladie
inflammatoire sous-jacente (comme la PR) où le diagnostic est justement difficile [8,9]. Elle permet surtout de réaliser une analyse
bactériologique du liquide articulaire ou d’un produit de lavage–aspiration de l’articulation avec du sérum physiologique. L’arthrographie
affirme le descellement et en précise sa topographie. Elle permet, dans notre expérience, de faire la preuve d’une infection de prothèse
avant sa reprise avec une sensibilité de 83 % et une spécificité de 100 % [10]. Cette ponction que nous réalisons systématiquement
avant toute reprise de prothèse a surtout permis de poser le diagnostic d’infection dans sept cas sur 12 au sein de 66 patients chez qui
on ne suspectait pas cliniquement de surinfection du descellement, ce qui a modifié (complètement)
la stratégie de reprise de leur prothèse. Toutes les équipes n’accordent pas à la ponction préopératoire la même valeur que notre groupe,
préférant la biopsie synoviale et/ou les seuls prélèvements peropératoires. La ponction peut facilement être réalisée en salle de radiologie
par un radiologue entraîné pour la hanche comme pour le genou, articulation d’accès plus facile. Sinon elle doit être réalisée en salle
d’opération. C’est une urgence qui ne souffre aucun retard en cas de contexte septicémique. L’analyse bactériologique du liquide de
ponction et des lavages articulaires ou des prélèvements peropératoires fera l’objet d’une mise au point spécifique. Il faut cependant
insister sur l’absolue nécessité de réaliser ces prélèvements après arrêt de toute antibiothérapie depuis au moins trois semaines et sur la
faible valeur informative des prélèvements au siège d’une fistule en raison du risque de colonisation par des germes d’origine cutanée.
5.3. Analyse histologique
L’analyse histologique des prélèvements peropératoires est rarement réalisée en routine. Pourtant elle permettrait de faire un diagnostic
d’infection avec une sensibilité de plus de 80 % et une spécificité de plus de 90 % [9]. Il existe cependant d’importantes variations
interobservateurs et chez un même malade en fonction des sites prélevés. La biopsie au Tru-Cut® permet à certaines équipes de faire en
préopératoire le diagnostic d’infection de prothèse et remplace la ponction simple [11].
5.4. Examens radiographiques
Les clichés standard peuvent apporter d’importants éléments diagnostiques en montrant des modifications chronologiques sur les clichés
successifs que l’on aura soin de comparer les uns aux autres (Figs. 1 et 2). Des appositions périostées (Figs. 3 et 4) sont
particulièrement évocatrices d’un sepsis. Il en est de même d’une zone évolutive d’ostéolyse (Figs. 5 et 6), d’une résorption de l’éperon
de Merckel et d’un enfoncement d’une des pièces prothétiques. Aucun de ces signes n’est spécifique et tous peuvent s’observer en cas de
descellement aseptique sauf peut-être la périostite qui est particulièrement évocatrice d’un processus infectieux surtout chronique. La
réalisation d’une arthrographie (Fig. 6) permet de prouver le descellement qui sera suspect d’être septique en cas d’opacification d’un
trajet fistuleux. La scintigraphie au technétium en révélant une hyperfixation pathologique lorsqu’elle persiste au-delà de la première
année après la mise en place de la prothèse, ne permet que de suspecter le descellement mais n’apporte pas d’élément suffisant pour